Chapitre 9 : Testament

Maître Assou se tenait droit devant la famille. Moriane, assise dans le fauteuil principal de son père marquait bien son territoire. La main gauche accoudée au bureau, elle était drapée d'un pagne blanc kanvô et arborait des perles en or. Ces mêmes perles qu'elle avait reçu de son père le premier jour où il la posséda, faisant d'elle une femme mais en se permettant de la souiller. Ces mêmes perles qui en fait, n'étaient qu'une infirme partie de tous ces autres précieux qu'elle avait reçu de son ignoble de père chaque fois que ce dernier se cassait les reins en elle, la faisant gémir de hontes, de douleurs et de colères. Ces gémissements qui étaient aussi ceux de ses sentiments immondes qui s'étaient développer pour l'être avec le temps. Aujourd'hui, elle arborait ce collier et s'asseyait dans son fauteuil comme une vengeance, une manière subtile pour elle de lui adresser un baroud d'honneur dans l'au delà, lui signifiant qu'elle avait eue sa vengeance. Mais elle le savait. Cette vengeance serait plus agréable si elle prenait le contrôle de la compagnie. Et elle allait y arriver. Elle fit un petit sourire du coin des lèvres quand elle vit entrer Marvin et Murielle. 

Eux ? Non, ce sont ses frères mais si elle savait en son for que Marvin ne représentait nul danger, elle redoutait autant Meredith qui était aussi assoiffée de pouvoirs et de gloires. Autant qu'elle sinon plus qu'elle. 

Et Murielle ? Elle était assise en face dans un coin de la salle. Elle avait toujours donné l'air d'être sournoise. À ces côtes, Trevor lui tenait la main... Quelques fois, elle passait sa main sur son ventre. Serait-elle enceinte ? Et d'ailleurs ses deux là seraient ensemble ? Elle n'en avait que faire surtout si ils savaient se tenir à carreaux. Elle posa une fois encore son regard sur Trevor. Elle le trouva beau et bien. Mais elle le trouvait quand même superficiel et... interressé.

Un bruit de livres qui tombe lui fit tourner la tête. C'était son fils Ariel qui cherchait à s'occuper. Dans un coin du bureau, y'a Rockyath triturait son chapelet qu'elle faisait mine d'égrener. À ses côtés, se tenait le Père Florent. Lui, il aura toujours été présent dans la sphère familiale. C'est à cet instant que la porte s'ouvrit pour laisser entrer une Naimath et cet inconnu qu'elle voyait pour la première fois. Il adressa son plus beau sourire à tout le monde, sortit son insigne et se présenta à tous. Murielle eut un petit rictus, un semblant de hoquet à la vue de l'inspecteur. Elle mouillait presque de désir en le reluquant ainsi. 

Naimath était plus sûre d'elle. Elle portait une de ses nombreuses tenues qu'elle s'achetait à la volée.

Moriane posa un regard sombre dans la salle et se dit en elle même qu'elle n'hesiterait pas à détruire quiconque oserait lui barrer l'accès à la puissance suprême. Celle de diriger l'Empire familiale. Son plan était bien précis. Elle allait continuer à donner une rente à la famille..enfin pour ceux qui resteraient docile et ne chercheraient pas à lui nuire....

Elle jeta encore un coup d'oeil à sa montre. 11h12.

Il ne manquait plus que deux personnes. Tante Carmelle et son mari...

Chacun s'occupait comme il pouvait quand la porte s'ouvrit et elle apparut. Son regard fuyant n'avait pas changé. Tante Carmelle avait pris de l'âge. C'était bien la première fois qu'elle revenait dans cette maison depuis le décès de la maîtresse de maison. Même à la mort de son petit frère, elle avait préféré ne pas y mettre pieds. C'était encore la seule famille de leur père. Enfin celle qu'ils connaissent bien et tous. Elle vint prendre place aux côtés de Naimath.

La séance pouvait commencer...

Lorsque Maître Assou sorti le testament du Sieur Amoussou, les coups s'allongeaient et les regards plus perçants.

Il livra alors en substance ce qui suit :

<<Moi, Maurille Amoussou, en toute conscience, en toute liberté et en mon âme, je procède rédige le présent document en guise de dernières volontés et de testament. 

Ce document ne pourra etre lu que par Maître Assou et son exécution ne requiert que sa propre personne. Au cas où, il mourrait, ce testament sera exécuté par Maître Kyriel (Dédicace à toi, une des auteurs que j'apprécie le plus), l'associée de Maître  Assou.

Chers amis, si vous êtes bien rassemblés dans cette pièce, c'est  justement  parce que vous devez être  mes héritiers. 

Voyez vous, je n'ai jamais été un tendre, j'ai fais d'énormes erreurs que je ne saurais me pardonner. Pourtant s'il fallait reprendre ma vie, je referai exactement les mêmes choses pour vous permettre de recevoir chacun cet héritage. Vous qui êtes si chers à mes yeux. Considerez aussi comme un acte de rémission de ma personne...

À chacun de mes cinq enfants, Moriane, Marvin, Murielle, Meredith et Naimath, revient 20% des actions des entreprises familiales. Moriane continuera de diriger l'entreprise mère. Murielle aura le poste de Directrice adjointe. Meredith continuera de diriger Agri-Vert. Marvin peut s'occuper de la filiale de recherches naissante s'il le désire. La présidence de l'entreprise sera assurée pendant deux ans et par rotation suivant le droit d'aînesse.

À ma tendre sœur, je cède en guise de dédommagement, la villa de Parakou et 50millions de francs CFA.

Rockyath, toi je te laisse la villa de Sikecodji et 50millions de francs.

Ariel mon petit-fils, je lui laisse cent millions de francs CFA pour ses études et deux villas à Porto-Novo.

Chacun de mes enfants recevra encore  compte personnel la somme de 200millions et deux villas chacun parmi celles de Djougou. Mais Naimath recevra en plus une somme de 100millions de francs CFA.

Enfin, Amos, inspecteur Zinsou, vous ne me connaissez certainement pas sinon dans les médias, pour avoir déjà accepté de résoudre mon meurtre, je vous remercie énormément. 

Le reste de mes biens matériels seront vendus et distribuer aux horphelinats, aux églises, aux hôpitaux et aux mosquées à raison de 25% par structure.

Ce testament ne peut être modifié et transcript mes dernières volontés avec exactitude.>>

Un silence lourd se fit dans la salle. 

Le Père Florent est le premier à se lever. Il affichait une mine sombre, rien ne lui avait été laissé et pourtant il avait été présent auprès de ce vieux fou jusqu'au dernier jour. 

-<<Merde ! Comment a-t-il pu ?>> Se demanda-t-il en se signant rapidement. Mais il avait quand même une belle consolation. Les cuisses de Y'a Rockyath et il se jura que la prochaine sera la bonne quand il la posséda. Ce jour là il réussira à planter en elle la graine. Ça ne pouvait qu'être elle l'élue. Il vint se rasseoir auprès d'elle en se jurant par tous les dieux de l'enfer qu'il ira retrouver ce vieux fou en enfer pour lui faire payer cet affront. Mais en attendant il va devoir amadouer Rockyath pour en avoir une part....

Kyriel observait la scène dans la salle. Tous semblait réfléchir après la lecture du testament. Elle se tenait debout auprès de Maître Assou... Quand le Père Florent posa les yeux sur elle, elle sentir une onde négative la traverser et la clouer surplace. Son réflexe fut de passer son doigt sur sa croix et murmurer : <<Vade retro Santana>>. Pourquoi ces mots, elle n'osait se le dire... Elle le fixait toujours quand la voix de Maître Assou les ramena tous à la réalité. 

-<<Bien! Je crois que nous avons fini à défaut d'une dernière chose.>>

Tous dressait la tête en guise de surprises. 

Que réservait encore leur père ?

Tante Carmelle s'engouffra dans son fauteuil tandis que Moriane était imperturbable. Murielle affichait un regard aussi sombre que Meredith alors que Marvin pianotait sur son portable. Il était indifférent à tout et ne se cachait pas pour l'afficher. Seule Naimath semblait impassible. Qu'était ce sentiment ? On ne pouvait le déchiffrer.

Le notaire reprit.

-<<Monsieur Amoussou a laissé à chacun de vous une lettre.>>

Il fit signe à Kyriel, qui se chargera de remettre à chacun l'enveloppe qui lui était destinée. 

La séance était levée. 

C'est à cet instant que Murielle se laissa aller. Elle en avait trop enmmagasiner. Elle ne pouvait supporter d'avantage. Elle vint vers Naimath et s'effondra dans ses bras. Naimath lui rendit son étreinte. Quelques secondes passèrent et les deux sœurs restèrent ainsi. Mais soudainement Naimath repoussa brutalement sa grande sœur. Elle l'observa pendant quelques secondes et la reprit dans ses bras... 

La petite venait de vivre le même cauchemar. Au contact de sa grande sœur, elle l'avait senti froide et livide comme un cadavre. Surtout elle avait remarqué que la vie qui grandissait en elle s'en allait aussi. Elle refit le même cauchemar cette fois-ci elle était consciente que sa demi-sœur allait mourir... Oui mais par qui...?

En quittant le domicile familial en ce jour, chacun avait son plan bien précis pour se débarrasser des épines que constituaient les autres.

Guerres fratricides...