Chapitre 11
Ecrit par Meyroma
Me voilà seule, essoufflée, épuisée, anéantie au milieu de nulle part, dans une immense forêt où le paysage n'évoque que ténèbres et épouvantes.
Il y'a ces longs arbres alignés en une interminable allée ombreuse et zigzaguée dont les feuilles sèches, jaunes orangées laissent découvrir un ciel gris parsemé de chauve-souris.
D'un écho lointain, on entend de terrifiants hurlements de loups semblables à un avertissement d'un danger imminent.
Soudain, je me remet à courir et je me vois poursuivie par des reptiles géants de diverses espèces les unes plus effrayantes que les autres. Nonobstant tous mes efforts, je fini par tomber et un gros serpent noir se précipite pour me mordre de ses crochets venimeux.
A bout de force, je m'écroule et attend patiemment la mort quand surgit une sorcière toute de noir vêtue, dont le visage ne m'apparaît que comme un flou mirage. A ses longs ongles pointés sur moi, je comprend qu'elle est venue avec pour ultime mission de m'achever. Elle m'enfonce alors ses ongles dans la chaire, jusqu'au tréfonds des entrailles et m'éventre sans pitié.
Dans l'agonie, à un pas près de la mort, arrive à ma rescousse un homme masqué à l'allure d'un prince, sur un cheval blanc...
Je gémis de toutes mes forces quand soudain je sursaute de mon lit, à l'appel de mon nom.
-Mina, réveilles toi! Quel est ce cauchemars qui te fait tant gémir ?
Je me blottis dans les bras de ma mère, toute en sueur avant de réaliser que ces événements horribles que je viens de vivre, n'étaient qu'un rêve.
J'en tremble encore !
- Habilles toi et viens raconter ton rêve à ton oncle mallam Habou. Ça tombe à pique puisqu'il est venu nous rendre visite ce matin. Si une interprétation mystique s'y cache, il saura te la dénouer.
Ma mère fait partie de ces personnes à l'affût du moindre signe, tombant parfois dans la superstition. Il y'a des fois où ses craintes s'avèrent fondées, mais moi je préfère attribuer chaque événement qui arrive au destin, plutôt qu'à une quelconque cause mystique.
Mon oncle Habou m'écoute attentivement pendant que je lui fais le récit de mon cauchemar. Mais son regard hagard ne présage rien de bon.
- Ma fille Mina, moi même qui suis un grand marabout digne de ce nom, ton rêve me donne la chair de poule. En songe, le serpent symbolise la grossesse. Si ce serpent t'avait loupé, tu aurais pu y échapper. Mais s'il ta mordu dans ton rêve, c'est que tu tomberas enceinte, si tu ne l'est déjà. La sorcière qui t'a étripé est une redoutable ennemie qui essayera de te tuer. N'eût été l'intervention de l'homme en blanc, elle y serait certainement parvenu.
Il s'arrête un instant, me fixe et continue:
- Il faut redoubler tes invocations et faire aumône de lait et de dattes. Quand à moi, je travaillerai sur ton cas, mais je t'assure que c'est très délicat. Dis moi, quel est ce homme qui est entré dans ta vie? Qui est cette femme qui te veux du mal?
Je lorgne rapidement à droite et à gauche pour m'assurer que personne ne nous écoute. les fracassements des ustensiles dans la cuisine me rassure que ma mère est occupée là-bas et qu'il es impossible qu'elle ait entendu notre conversation.
- Tonton, tout ce dont nous venons de parler doit strictement rester confidentiel. Pour le moment, on arrête là. Je vous rejoindrai à la maison plutard pour qu'on en parle en toute intimité. Ici, les murs ont des oreilles lui chuchoté-je en lorgnant encore comme une voleuse.
-D'accord, ça marche je t'attendrai alors.
Ma mère nous rejoint juste à ce moment.
- Alors, qu'es ce que j'ai raté ? Mettez moi dans le bain, dis t'elle en s'asseyant a côté de nous.
Mon oncle se lève alors et lui répond avec un sang froid qui confirme l'art des marabouts dans le mensonge.
- Bof, rien d'inquiétant Mouna. son cauchemars est sûrement dû à la fatigue. Je vais vous laisser, ma très chère. C'était juste une visite de courtoisie pour souhaiter bon retour à ma nièce. Maintenant, je demande la route.
Sur ce, il joint l'acte à la parole.
-Alors ? M'interroge ma mère espérant un compte rendu détaillé de ma part.
N'y compte pas ! Pensé-je.
- Maman je suis déjà très en retard. Je te raconterait tout à mon retour. Tu devrais déjà être entrain de vendre les galettes. Allons, on en reparlera.
Avant qu'elle riposte, je fuis en la laissant seule, hébétée.
Au bureau, je n'arrête pas de penser et repenser à ma conversation avec mon oncle.
Et si c'était vrai que j'étais enceinte? Après tout, j'ai bien fait l'amour avec Djibril. Une seule fois suffit pour contracter une grossesse, nous l'avons bien vu en cours d'anatomie à l'école.
Debout près de la fenêtre de mon bureau, fixant le vide, perdue dans mes pensées, je sens une paire de mains chaudes m'enlacer par la taille et une silhouette imposante me couvrir de son ombre.
Instinctivement, je reconnaît l'exaltant parfum de maitre Djibril. Nous restons ainsi, comme au Nigeria et une vague de nostalgie me submerge.
- Qu'es ce qui te préoccupe ma chérie ?
Je rêve ou il m'a bel et bien appelé sa chérie?
Ces deux mots magiques me font l'effet d'un philtre d'amour. Une sensation de chaleur prend naissance au coeur de mon intimité et se propage sur chaque surface de mon corps.
Au comble de l'excitation et des émotions entrechoquées, une fine pluie de larmes déferle sur mes joues.
-Viens, assieds-toi me dit-il en m'installant sur la chaise avant de s'agenouiller devant moi.
Il prend délicatement mes mains et les pose sur son torse.
-tu sens ça ? Ce coeur que vois tu, ne bats que pour toi Yasmine. S'il y'a bien une chose qui peux me tuer à petit feu, c'est de voir tes si beaux yeux qui devraient rayonner de joie, noyés par des larmes de chagrin, surtout si j'en suis le coupable.
Je le regarde stupéfaite, le scénario de l'instant présent me paraissant un rêve d'où je n'ai pas envie de me réveiller.
- Yasmine, après de longues et mures réflexion, j'ai pris une décisions.
Mon coeur bat la chamade et une crampe de stress me prend au ventre.
Il continue :
- Depuis ce qui s'est passé, je n'imagine pas ma vie aux côtés d'une autre femme que toi Yasmine. Tu es celle que je veux, celle que je désire, celle que j'aime comme un fou, celle dont J'ai besoin. Je voudrait que tu m'accordes un peu de temps, Pour annoncer à mon père adoptif, de la manière la plus délicate qui soit, que je ne suis plus disposé à épouser sa fille. Je voudrais trouver la formule adéquate pour me rétracter de cet engagement de façon méticuleuse et pacifique. Je te demande juste un peu de temps Yasmine.
Je suis tellement dépassée par les événements que je reste figée, à le regarde ébahie. pour toute réponse je me relève de la chaise, l'aide à se relever et l'embrasse avec toute la force de mon amour pour lui.
Enfin, j'aperçois une lueur au bout du tunnel.