CHAPITRE 111: PRENDRE CONSEIL.
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 111 : PRENDRE CONSEIL.
**ARSÈNE MFOULA**
Moi : (Regardant Leslie) Tu crois qu’il acceptera de me suivre ?
Leslie : (Soupirant) Je ne sais pas. Au pire des cas va avec les documents et s’il ne veut pas venir, tu lui diras simplement de les signer et c’est tout.
Moi : Oui, c’est pas bête comme idée. Au moins on met toutes les options de notre côté.
Leslie : Oui.
Moi : Où sont ces papiers ?
Leslie : Sur ton bureau.
Moi : Ok.
Je suis allé vérifier et j’ai vu la sous chemise dans laquelle il y a les documents de Lucrèce. Celui que ses parents avaient donné à Leslie et l’autorisation de sortie que j’ai faite rédiger. Tout ce dont nous avons besoin c’est sa signature sur le document et l’affaire est réglée. Les enfants doivent partir dans deux semaines et c’est le seul papier qui reste car on s’est occupé du reste. Nous avons pu le joindre au téléphone depuis un bon moment et nous l’avons invité à la maison. Les trois rendez-vous fixés, il nous a fait faux bond. La première fois il était censé venir lui-même, mais il ne l’avait pas fait. Les deux autres fois Lucrèce était aller le chercher mais il était dans ses humeurs et ivres, il avait donc refusé de venir. J’ai décidé d’y aller avec Lucrèce aujourd’hui pour le rencontrer et l’emmener avec nous jusqu’à Leslie. Si jamais il ne veut pas, je lui expliquerai moi-même la situation et je lui demanderai de signer les documents. J’ai plein de choses en tête en ce moment donc si on peut déjà évacuer ça aujourd’hui , ce sera un souci en moins.
Leslie : Tu as trouvé ?
Moi : Oui. Lucrèce est prête ?
Leslie : Oui, elle t’attend au salon.
Moi : Ok. (Lui faisant un bisou sur la bouche) À tout à l’heure.
Leslie : D’accord .
Nous sommes sortis tous les deux pour le salon.
Moi : Ma puce, on y va. (Aux garçons) Prenez bien soin de votre mère hein.
Eux : Oui papa.
Nous sommes sortis de la maison pour le véhicule et nous sommes partis direction Atsimi-Tsoss. Cela fait longtemps que je ne suis pas passé par là-bas, je pense que la dernière fois c’était le jour de l’enterrement de la maman de Lucrèce, après la réunion avec la famille, j’étais venu les récupérer Leslie et elle. Quand je pense que c’était devenu comme mon quartier ici, cela m’amuse. Comme quoi ‘’où se trouve ton trésor, c’est là-bas où est aussi ton cœur’’ c’est la vérité. Quand mon trésor était ici, j’étais ici tous les jours et depuis qu’il a été déplacé, j’ai oublié cette route.
Nous arrivons quelques minutes plus tard et je gare où j’avais l’habitude de le faire avant d’échanger avec les petits qui étaient déjà là à l’époque. Ils me taquinent un peu et je leur donne un billet de 10 mille puis je continue avec Lucrèce. On descend la pente et à un petit carrefour, on croise Bhernie avec un couple que je suppose être ses parents, du moins à en juger par la ressemblance entre le monsieur et lui.
Bhernie : (Souriant) Bonsoir tonton Arsène.
Moi : (Répondant à son sourire) Bonsoir Bhernie (Au couple) Bonsoir monsieur et madame
Lucrèce : Bonsoir tonton Euloge et tantine Aubierge.
Eux : Bonsoir.
Bhernie : (Au couple) C’est le grand frère de Lucia.
Le monsieur : (Me fixant en souriant) Ah.
Il m’a tendu la main et je l’ai serrée.
Le monsieur : Je vois effectivement la ressemblance avec elle, je suis le père de Bhernie.
Moi : Moi aussi j’ai vu la ressemblance avec votre fils, un bon garçon et nous l’aimons beaucoup.
Le monsieur : (Souriant) Merci beaucoup. Je suis content d’apprendre que mon fils se comporte bien en dehors de la maison.
Moi : Pour cela, ne vous inquiétez pas. Il n’y a rien à redire sur lui.
Le monsieur : Je suis rassuré. Nous aussi nous aimons beaucoup votre sœur. Que faites vous dans le quartier ? Vous êtes venus nous voir ?
Moi : Euh non, je suis là pour rencontrer Monsieur Benoît Ndong.
Le monsieur : Ah d’accord. Nous n’allons pas vous perdre plus de temps. À la prochaine.
Moi : D’accord . Passez un bel après midi.
Le monsieur : Merci. À vous aussi.
J’ai poursuivi avec Lucrèce, je ne sais pas pourquoi mais j’ai eu la vague impression que la mère de Bhernie me regardait étrangement. J’ai rapidement zappé ça de la tête et nous sommes arrivés chez le père de Lucrèce. Nous avons trouvé plein de petits enfants devant la maison et une jeune femme au début de la vingtaine qui ressemblait beaucoup à Lucrèce avec un gros ventre. Les enfants ont couru pour sauter sur Lucrèce en l’appelant '’tantine’’, je suppose donc que ce sont les enfants de sa sœur car Leslie m’avait dit que la grande sœur de Lucrèce avait 5 gosses et à en juger par la grosseur de son ventre, le 6e ne tardera pas à pointer le bout de son nez. Je regarde cette jeune fille et je ne lui donne pas plus de 22 ans. Vue comment les enfants là se suivent, tu comprends tout de suite qu’elle a enchaîné les grosses. Il y a d’ailleurs un qui marche à peine dans le lot. Elle ne doit vraiment pas chômer à ce rythme.
Nous : Bonjour.
Elle : Bonjour.
Lucrèce : Papa est là ?
Elle : Oui, il est dans sa chambre. Il se repose. Vous voulez le voir ?
Lucrèce : Oui. (À moi) Je t’apporte une chaise papa.
Moi : D’accord.
J’ai vu le regard que l’autre a lancé à Lucrèce lorsque celle-ci m’a appelé papa. Lucrèce est rentrée et est ressortie quelques minutes après avec trois chaises.
Lucrèce : (Après que nous nous soyons assis tous les deux) Il a dit qu’il arrive.
Moi : Ok.
Les enfants sont revenus vers Lucrèce et lui ont dit qu’ils avaient faim, qu’ils n’avaient pas mangé depuis le matin, il était déjà 14h. J’ai sorti mon portefeuille et j’ai donné à Lucrèce un billet de 5 mille.
Moi : Va leur chercher quelque chose à manger.
Elle est partie avec eux chez le boutiquier qui était non loin et est revenue avec un sachet de volaille, riz, tomate, cube et autres. Les enfants avaient également des pains au chocolat qu’ils mangeaient. Au moment où elle rentrait dans la maison, son père en sortait. Il est arrivé jusqu’à moi et je me suis levé pour lui serrer la main. Nous avons tous les deux pris place. Il avait l’aspect de quelqu’un qui était au bout de sa vie. La chemise mal boutonnée avec un côté qui dépassait l’autre, le pantalon déchiré au niveau de l’entrejambe, la barbe de je ne sais pas combien de semaines et lui-même sentait l’alcool et les urines pourtant il avait l’air de ne pas encore avoir bu.
Moi : Excusez-moi de vous déranger chez vous à pareille heure monsieur Ndong. Je m’appelle Arsène Mfoula, le compagnon de Leslie et c’est avec moi que votre fille vit.
M. Ndong : Oui, Leslie m’a dit ça quand elle m’a appelé au téléphone. Elle m’a dit que vous devez passer.
Moi : En effet. Elle devait venir elle-même mais étant donné son état de santé, ce n’était pas possible, c’est la raison pour laquelle je suis celui qui suis venu à vous.
M. Ndong : D’accord. Il y a un problème avec Lucrèce ?
Moi : Non, il n’y a pas de problème. Si je suis là aujourd’hui c’est pour obtenir une signature de votre part pour une autorisation de sortie. Nous comptons envoyer Lucrèce pour le reste des vacances avec nos autres enfants hors du pays et pour cela nous avons besoin de votre signature (Lui montrant le document) sur ce document pour lui permettre de voyager étant donné qu’elle est encore mineure.
M. Ndong : Elle part pour toujours ?
Moi : Non. Uniquement pour les vacances, elle reviendra à la rentrée pour les cours.
M. Ndong : Je dois donner l’argent pour ça ?
Moi : Non. Uniquement votre signature.
M. Ndong : J’espère que ce n’est pas quelque chose où on va venir me dire après que ma fille est maintenant devenue prostituée parce qu’on l’a vendu.
Moi : Vous pouvez lire le document monsieur, il n’est aucunement question de cela. Votre fille est considérée comme la nôtre et je n’ai pas pour habitude de vendre mes enfants et encore moins de les prostituer.
M. Ndong : Ah je vous préviens seulement monsieur euh
Moi : Mfoula.
M.Ndong : C’est ça. Comme j’avais dit à Leslie la dernière fois, je ne vends pas mon enfant et je ne suis pas incapable de m’en occuper. C’est vous-même qui avez décidé de la prendre donc vous avez intérêt à bien la traiter.
Moi : Bien entendu.
M. Ndong : C’est où le document ?
Moi : (Sortant le papier) Il est là.
Il a pris et a jeté un coup d’œil rapide.
M. Ndong : (Criant) Qui est là ? Oh emmenez moi un bic et un sous-main là-bas je vais écrire.
Je lui ai moi-même donné le stylo et Lucrèce est sortie avec un cahier. Il a pris et a signé où je lui ai indiqué.
M. Ndong : C’est tout ?
Moi : Oui monsieur. C’était uniquement pour cette signature que je voulais vous voir.
M. Ndong : (Se levant) Dans ce cas, au revoir. Il faut que je retourne me coucher car j’étais en train de dormir.
Moi : (Me levant à mon tour) Ok, allez-y. Je suis également en train de m’en aller.
Il s’est retourné et est parti vers la maison. L’un des enfants était assis devant la porte en train de manger le pain.
Lui : (Faisant la grimace) Hum, papi Benoît a encore pissé au lit. Maman, papi a encore pissé au lit.
Lucrèce s’est présentée devant la porte et a enlevé le petit pour le faire rentrer dans la maison sans doute pour le gronder parce qu’il parlait très fort. Benoît est rentré et Lucrèce est sortie quelques minutes après avec le visage de quelqu’un qui luttait pour ne pas pleurer. Elle est arrivée jusqu’à moi et je l’ai tiré dans mes bras dans lesquels elle s’est immédiatement mise à pleurer.
Voix : (Derrière nous) Ça c’est pas le gars de la fille sauvage qui restait avec ses jumeaux là ?
Voix : C’est lui.
Voix : Ah, il sort maintenant avec Lucrèce ?
Voix : C’est comme tu vois là, ça t’étonne encore ? Qu’est-ce qu’on a jamais vu ? Tu sais que les hommes d’aujourd’hui aiment les petites filles.
Lucrèce qui a écouté ça en même temps que moi s’est extirpée de mon étreinte plus gênée qu’au départ.
Moi : Ne t’inquiètes pas. C’est toi qui prépare ou c’est ta sœur ?
Lucrèce : (Reniflant) C’est elle qui va préparer.
Moi : (Sortant 30 mille dans mon portefeuille) Tiens tu vas lui donner ça elle va se débrouiller avec les enfants.
Lucrèce : (Prenant) Merci papa.
Je lui ai souri et elle est partie pour revenir après, elle a rangé les chaises et nous sommes partis. Le chemin retour entre la maison et le véhicule était marqué par plein de commentaires désobligeants. Beaucoup pensaient que je sortais avec Lucrèce. D’aucuns approuvaient en disant qu’elle était bien plus belle que Leslie et d’autres disaient que Leslie avait pris le serpent qui l’a mordu en prenant son gars. Quelques rares personnes ont salué Lucrèce avec le sourire. Nous sommes partis de là pour chez nous, vivre dans des quartiers populaires ce n’est vraiment pas chose aisée car la mentalité est assez étrange.
Leslie : Il n’est pas venu ?
Moi : Il n’était pas en l’état. Le plus important c’est qu’il a signé le document donc il n’y a plus de problème.
Leslie : Dieu merci. (Regardant Lucrèce) Pourquoi elle a les yeux rouges ?
Moi : (Soupirant) Laisse moi m’asseoir. Lucrèce vient.
Leslie : (Nous regardant à tour de rôle) Qu’est-ce qui se passe ?
Moi : Rien de grave. Toi-même tu connais la mentalité des gens de ce quartier.
Leslie : (Silence)
Moi : Eh bien en me voyant avec Lucrèce, ils ont laissé entendre qu’elle et moi on sort ensemble et plein d’autres choses encore.
Leslie : Je vois.
Moi : (À Lucrèce) Ma puce ne t’inquiètes pas et n’écoute surtout pas les commentaires des gens. Tu sais la plupart des gens sont tellement frustrés dans leur vie qu’ils cherchent les occasions pour essayer de nuire aux autres. Leslie et moi ne t’avons certes pas mis au monde mais pour nous cela ne change rien. Tu es et resteras notre première fille, ceux qui diront le contraire c’est leur problème et cela ne te regarde pas. Ceux qui pensent qu’on sort ensemble, libre à eux, ceux qui pensent que tu es une boniche, mendiante et toutes les autres bêtises qu’ils ont sorti tout à l’heure , c’est également leur problème. Pour nous, pour toi et les gens importants, tu es notre fille et personne ne changera ça, tu comprends ?
Lucrèce : Oui papa.
Moi : Allez viens là.
Elle est venue dans mes bras pour un câlin et une bise sur le front avant de monter dans sa chambre.
Leslie : Donc c’est ce que les gens ont dit ?
Moi : Oui. Il faut dire qu’elle était déjà suffisamment touchée par l’état de son père qui n’est vraiment pas beau à voir.
Je lui explique ce qui s’est passé là-bas.
Moi : Du coup, les réflexions des gens ont pu l’atteindre mais bon ça ira.
Leslie : Je comprends. J’ai vécu des situations semblables par le passé avec mes propres parents et les gens m’ont sorti les mêmes réflexions quand j’ai commencé à trainer avec Kelly.
Moi : J’ai pris quelques renseignements avec Loyd dernièrement sur leur état de santé et il me disait que ton père est malade.
Leslie : Il me l’a dit aussi. C’est parce qu’il mélange le traitement qu’il suit avec l’alcool et la cigarette. Loyd l’a emmené à l’hôpital aujourd’hui et il a été interné.
Moi : C’est vraiment grave alors ?
Leslie : (Soupirant) Je ne sais trop quoi dire. Mais dans tous les cas, il est préférable qu’il soit dans cet hôpital qu’à la maison. Au moins là-bas, les gens vont le surveiller et il sera forcé de prendre un traitement pour toute la période où il y sera.
Moi : D’accord. Ça ira.
Leslie : Je sais.
Mon téléphone s’est mis à sonner et c’était Al qui me demandait si on se voyait toujours et je le lui ai confirmé.
Moi : Je dois ressortir.
Leslie : Ta rencontre avec les gars ?
Moi : Oui.
Leslie : Ok.
Moi : Ta kiné vient à quelle heure ?
Leslie : 16h.
Moi : (Regardant ma montre) C’est dans une vingtaine de minutes. Allons mettre une tenue plus appropriée.
Je me suis levé et j’ai déposé le document que j’avais dans mon bureau avant de monter à la chambre avec Leslie. Je me suis lavé les mains avant de l’aider à se changer puis nous sommes redescendu tous les deux. Sa kiné est venue quelques minutes après et je les ai laissées toutes les deux dans la salle où Leslie fait ses exercices pour rejoindre Al et Paul dans un bar. J’ai besoin d’avoir leurs avis sur la situation que le médecin/ pasteur nous avons raconté à l’hôpital sur la famille de Leslie. Jusqu’alors je réfléchis dessus et je ne sais pas trop quoi faire. Les histoires de sorcellerie et autres, je sais que ça existe mais franchement cette affaire de malédiction générationnelle dans laquelle je me retrouve embarquer là, j’avoue de ça me dépasse. Je ne sais pas si je dois partir vers ce pasteur ou non, les choses de l’église et Dieu c’est Ebouma qui s’y connait donc je veux savoir ce qu’il en pense.
J’arrive sur place et ils y sont déjà. On se salue, je commande et on prend des nouvelles de tout le monde.
Moi : Avant même que je n’oublie parce que j’ai trop de choses dans la tête en ce moment (Regardant avec Paul) Essaye de me voir avec la personnalité et ses gens s’ils sont disponibles afin que nous organisions la rencontre dont je t’avais parlé.
Paul : Ok. Je leur parle et je te reviens.
Moi : Ok. Merci.
Alvine : (Me regardant) Tu as la tête de quelqu’un qui a de lourdes responsabilités sur ses épaules.
Paul : Tu m’enlèves les mots de la bouche.
Moi : (Esquissant un faible sourire) Si seulement vous saviez…