
Chapitre 131
Ecrit par Jennie390
⚜️Chapitre 131⚜️
Joyce décide d’aller cuisiner quelque chose pour Jules, elle s'arrête dans un supermarché pour faire les courses. C’est en arrivant dans le quartier de Jules qu’elle se souvient ne pas avoir pris la tomate pelée en boîte pour le riz sauté. Elle gare son véhicule devant le boutiquier, fait rapidement son achat et au moment de remonter dans la voiture, elle aperçoit la mère de Vanessa qui vient vers elle. Toute défraîchie, amaigrie, elle a l'air d'avoir pris 20 ans en plus. Dès qu'elle arrive devant Joyce, elle veut se mettre à genoux mais cette dernière l’en empêche automatiquement.
Joyce(outrée) : Oh maman toi aussi tu ne peux pas me faire ça !
-Je suis désespérée, fatiguée, je ne sais plus quoi faire, où donner de la tête.
Joyce : Maman ne me dit pas que tu veux te laisser dépérir comme ça à cause de Vanessa, une adulte.
-J’ai cru comprendre que Jules et toi avez un enfant, tu es mère donc tu peux comprendre l'amour maternel. Ce que Vanessa a fait est grave, très grave mais je vous en prie, pardonnez. Elle ne va plus recommencer. D’ailleurs elle n’en aura plus l’occasion, vu que son oncle viendra la chercher pour l'emmener au village, elle vivra désormais là-bas. Ça fait 2 mois qu'elle est en prison, je vais lui rendre visite tous les jours et à chaque fois elle me supplie en larmes de venir vous demander pardon de sa part.
Ce n’est pas une méchante fille, elle a juste été trop amoureuse au point de ne pas pouvoir lâcher prise quand Jules est parti. Ça n'excuse pas son geste, elle est allée trop loin… Mais s’il vous plait faites un effort. La liste des infractions mineures qui vont être jugées ce mois-ci est déjà sortie et le nom de Vanessa est dessus, elle passe devant le juge la semaine prochaine. Si Jules ne retire pas sa plainte avant le procès, elle peut être condamnée à un an de prison et dès qu'elle sera jugée ce sera trop tard.
Pendant qu'elle parle, ses yeux et son nez coulent à flot. Joyce à la poitrine qui se serre quand elle regarde cette maman dans cet état. Elle pense automatiquement à sa mère Justine qui pleurait jours et nuits pour Alexis. Elle se rappelle de la façon dont elle avait le cœur brisé en voyant sa mère souffrir autant.
Joyce : Maman ça va. S'il te plaît je ferai de mon mieux, elle va sortir.
-C'est vrai ma fille ? Eh mon Dieu !
Joyce : Maman je vais parler à Jules, il va retirer sa plainte. Par contre, je veux que vous respectiez votre part du deal, enfin du contrat. Elle va nous remettre tous les appareils où sont stockés les vidéos et les images. Ensuite elle s’en va, ou c’est à Moabi ou Mekambo…
-C’est Lebamba.
Joyce : Voilà, Lebamba ! Il faut qu’elle parte. Si on la fait sortir et qu’elle nous la fait à l’envers, cette fois-ci ce sera moi le problème de Vanessa. Et je peux vous assurer que Jules est mieux, parce que malgré la colère, il arrive à prendre des décisions réfléchies, raisonnables et très matures. Moi en colère, je me comporte comme la véritable immature et sauvage que je suis. Dans ce cas là, vous allez même regretter pourquoi votre fille n’est pas restée en prison parce qu'au moins là bas, elle est en sécurité.
-Non ma fille, elle va partir, elle veut partir.
Joyce : Très bien ! on est alors d’accord !
-Ma fille, que Dieu te bénisse abondamment.
-Amen ! Bon j’y vais… Prend soin de toi maman.
Joyce monte dans son véhicule et gare quelques minutes plus tard devant le domicile de Jules. Elle entre dans la maison et salue Taïssa, Dan et Jules qui regardent la télévision. Elle dépose ses courses dans la cuisine et va se changer dans la chambre avant de retourner nettoyer le poulet. Jules entre dans la cuisine et l’enlace par derrière en lui déposant de petits bisous le long de la nuque, elle frissonne mais n'arrête pas son nettoyage.
Jules : Comment vas-tu mon bébé ?
Joyce : Ça va.
Jules : Tu as bien dormi ?
Joyce : Oui.
Jules : Tu as rêvé de moi ?
Joyce : Non.
Jules : Comment vont les autres à la maison ?
Joyce : Ça va bien merci.
Jules : Et tu cuisines quoi ?
Joyce : Poulet au four, riz sauté, banane plantain frites et une sauce tomate.
Jules : D’accord.
Joyce : Où tu voulais manger autre chose ?
Jules : Non du tout, je posais juste la question.
Joyce : Ok.
Jules se détache finalement d’elle et se place à côté pour bien l’observer.
Jules : Qu’est-ce que tu as ?
Joyce : Rien.
Jules : Tu es froide.
Joyce : Non je ne le suis pas.
Jules : Pendant que tu faisais tes courses pour ici il n’y a même pas 1 h, on s'est parlé et tu étais très chaleureuse. Très excitée de pouvoir enfin préparer pour moi.
Joyce : Je vais bien, je n’ai aucun problème Jules. Tu peux me laisser cuisiner en paix ? Il faut que je sois concentrée, d’ici là que la nourriture là soit trop salée, après on va m’emmener le nom.
Jules l’observe un moment puis capitule en bousculant la tête.
Jules : Ok je te laisse à tes casseroles. Mais tu n'as pas besoin d'aide ?
Joyce : Jules…
Jules : C’est bon oh j’ai compris.
Il la laisse seule dans la cuisine et retourne regarder le film avec les autres, Joyce continue sa cuisine avec un petit sourire au coin des lèvres. Elle espère que son petit stratagème va marcher, le bouder pour qu’il retire sa plainte, ou alors elle sera obligée d’inventer les dernières positions sexuelles pour le faire capituler.
Taïssa débarque 1 h plus tard dans la cuisine.
Taïssa : Tu as besoin d’un coup de main ?
Joyce : Euh… tu peux peut-être mettre la table.
Taïssa : Ok.
Ils passent plus tard à table, Joyce attend que tous les autres aient débuté la dégustation pour observer leur réaction.
Joyce :Euh…Comment vous trouvez ? Je sais que le poulet et le riz, ça n’a rien d’extraordinaire mais même ça je ne connaissais pas.
Taïssa : C'est très bon.
Dan : Oui c’est très bon, j’aime bien l’assaisonnement du poulet.
Elle regarde Jules, il froisse la mine après ses premières bouchées.
Jules : Ça peut aller, c’est bien pour un début, tu vas t’améliorer.
La déception se lit sur le visage de Joyce, elle déglutie difficilement. Elle a une envie de pleurer mais elle refoule rapidement ses larmes. Elle se sert un tout petit peu et commence à manger en silence. Les deux autres se regardent puis jettent des coups d’œil à Jules, ne comprenant pas pourquoi il a dit ça sur le repas pourtant c'est vraiment très bon.
Mais ce dernier continue à manger de manière nonchalante, totalement désintéressée.
Pendant tout le repas, Taïssa, Dan et Jules font la conversation mais Joyce est concentrée sur son assiette, le cœur lourd. Dès que le repas se termine, elle débarrasse la table avec Taïssa et dès qu’elle veut faire la vaisselle, cette dernière l’interrompt.
Joyce : Je voulais laver…
Taïssa : Tu as cuisiné, je vais donc nettoyer.
Joyce : Bon vu le repas moyen que je vous ai servi, ça ne compte pas vraiment.
Taïssa : Ton repas était très bon.
Joyce : Je suis sûre que tu me dis ça juste pour ne pas me vexer.
Taïssa (amusée) : Pour ne pas te vexer hein ?! Je pense que tu as dû remarquer que je ne caresse pas les gens dans le sens du poil, quand j’ai un truc à dire je le dis sans me soucier des réactions ou des sentiments. Je dis ce que je pense et si les gens ne sont pas contents je m’en fous. Je passe vroupp ! comme un bus plein. Si je te dis que j’ai aimé, c’est que j’ai vraiment aimé. D’ailleurs Dan aussi a apprécié et il te l’a dit.
Joyce : Oui mais ton frère, n’est pas de cet avis.
Taïssa(pouffant): Ça c’est son problème, si 2 personnes ont aimé c’est l’essentiel. Le gars peut caler en l’air. Allez vas-y, je vais faire la vaisselle.
Joyce(petit sourire) : Merci Taï…
Taïssa : Je t’en prie…
Joyce s’apprête à sortir et finalement s’arrête et regarde Taïssa en souriant.
Joyce : Tu sais sur certains points de ta personnalité, tu me fais penser à mon frère Alexis. Et puis j’ai par exemple capté vos regards à la fête. Quand il faisait son discours et qu’il a craché sa boisson, j’ai vu ton clin d’œil, son petit sourire. J’ai cru comprendre que tu avais mis quelque chose dans son verre qui l'a fait cracher. Je ne sais pas, vous avez enclenché une petite guéguerre ? Genre jeu du chat et la souris ? En tout cas, vous deux ensemble, ce serait explosif. Et le…
Taïssa(la regardant de travers): Eh mamiza ! Tu as une imagination débordante et très mal placée. Ton frère et moi ?! Je pense que tu as besoin de sommeil actuellement.
Joyce éclate de rire et sort de la cuisine. Taïssa prend une gorgée et de son verre d’eau.
Taïssa(chuchote) : Mieux tu vas dormir, ton esprit divague déjà trop. Moi et qui ? Yeuch !
Elle se met à faire la vaisselle en repensant à ce fameux anniversaire…
Taïssa : Tchuip ! Un rigolo comme ça !
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Jules raccompagne Dan à la porte et en entrant dans la chambre, il trouve Joyce en train de mettre ses chaussures. Elle soulève son sac à main et veut passer la Porte quand Jules lui barre le passage.
Jules : Et tu vas où comme ça ?
Joyce : Je rentre chez moi.
Jules : Pourquoi ?
Joyce : Je suis fatiguée je vais aller me reposer.
Jules : Et tu ne peux pas te reposer ici ? Quand tu venais, c’était dit que tu cuisines et tu pars ? Tu étais sensée passer le week-end, si j'ai bonne mémoire.
Elle avait prévu passer le week-end mais elle est déçue du résultat de son repas. Puis elle pense soudain à la mère de Vanessa.
Joyce : J’ai vu la mère de Vanessa aujourd’hui, enfin, du moins ce qu’il en reste, elle…
Jules : Je te pose une question et tu me parles de Vanessa ? Sérieusement ?
Joyce : Est-ce que tu l’as vu récemment ? Elle ne ressemble plus du tout à la femme qui est venue me rendre visite à la maison avec son frère il y a deux mois. Elle a perdu peut-être même jusqu’à 20 kilos. Elle est méconnaissable Jules.
Jules : Je t’ai demandé pourquoi tu partais ?
Joyce dépose son sac et s'assoit sur le lit.
Joyce : Je ne pars plus. Écoute…
Jules : Joyce je ne veux pas parler de ça parce que j’estime qu’il n’y a rien à dire de plus à ce sujet.
Joyce : Pourtant il faut qu’on en parle.
Jules : Il y a un truc que je ne comprends pas, pourquoi tu défends Vanessa ? Ce qu’elle a fait est très grave, je l’ai fait enfermer en partie pour toi. Si c’était seulement moi, peut-être que j’aurai réagi différemment. Mais cette vidéo existe à cause de moi, tu ne sais pas combien je m’en veux d’avoir fait une chose pareille. Je ne sais pas si je pourrais même me pardonner pour tout ça. Je connais la société de laquelle on vit, je sais comment les femmes sont jugées ou regardées donc j’imagine l’enfer que tu as subi. Savoir que cette idiote a ressortie ça, m’agace au plus haut point. Elle n’en avait pas le droit, je veux qu’elle reçoive une bonne leçon.
Joyce : Je n’étais pas contente en apprenant ce qu’elle a fait mais j’ai eu pitié de sa mère. J’ai une mère et j’ai vu comment elle a vécu l’incarcération d’Alexis, mon cœur se serrait à chaque fois que je la trouvais recroquevillée sur elle-même, en train de pleurer son fils.
Jules : Oui mais la différence c’est que ton frère était innocent, il n'avait rien à y faire. Ce n’est pas comparable.
Joyce : Oui je sais, mais là c’est moi qui te supplie, retire ta plainte. La pauvre femme est désemparée parce que la liste des personnes qui vont passer devant le juge dès la semaine prochaine est sortie et le nom de Vanessa y figure. Si elle est condamnée pour atteinte à la vie privée, elle peut prendre jusqu’à un an de prison et une amende d’un million. Sa mère va trouver l’argent là où ? Elle a déjà fait deux mois là-bas, s’il te plaît retire ta plainte, avant qu’il ne soit trop tard. Fais le pour moi, je t’en prie.
Jules : Et quelles sont les garanties que sa mère t'a données ? Qu’est-ce qui ne dit pas qu’en sortant de là, elle va recommencer à foutre la me*rdre. Si elle a accumulé la rancune peut-être qu'elle voudra se venger.
Joyce : Se venger ? Quand tu regardes Vanessa, tu penses qu’elle peut avoir la même mentalité qu'Imelda par exemple ? Je te demande parce qu'au fond, c’est toi qui la connais bien. Si honnêtement tu penses que c’est une mauvaise fille, quelqu’un qui va nous causer des soucis en sortant donc laisses-la en prison.
Jules(soupir) : C’est vrai qu’on ne connaît jamais vraiment les gens… Mais bon bref… Je vais retirer la plainte demain.
Joyce : C’est vrai ?
Jules : Bah évidemment… tu as passé les deux derniers mois à me rabâcher les oreilles sur cette histoire. Je veux la paix dans mon couple…
Joyce : Ah merci beaucoup. Sa mère a dit qu’ils vont nous remettre les appareils et on pourra effacer même jusqu’à dans son Cloud.
Jules : Ok…
Joyce : Merci…
Jules : Si tu as croisé sa mère chez le boutiquier, je suppose que tu as décidé de venir bouder ici pour que je cède. C’est pour ça que tu étais froide en arrivant…
Joyce : Oui bon l’essentiel c’est que tu as accepté de retirer ta plainte.
Jules : Tant que ce n’est pas fait, je peux toujours changer d’avis, donc doucement…
Joyce : Oh…
Jules : Et c’est aussi pour ça que tu rentrais à l’instant chez toi, pourtant on etait sensé passé le week-end ensemble.
Joyce : Ce n’est pour ça… Tu m’as vexée. Je sais que je ne sais pas préparer, mais je fais des efforts. Je veux apprendre pour toi. Et toi au lieu de m’encourager, tu as donné une réponse détachée. Même Dan et Taïssa, ont joué le jeu, ils ont complimenté mon repas pour ne pas me frustrer. Mais…
Jules : Ils ont complimenté ton repas parce qu’il était très bon.
Joyce : Tu…
Jules : J’ai répondu comme ça juste pour te rendre un peu la monnaie de ta pièce. Quand je suis venu te retrouver dans la cuisine, tu as été distante. Aussi froide qu’un glaçon.
Joyce : Tu es sérieux là ?
Jules(amusé) :Tu crois que tu es la seule qui peut jouer les immatures ? On se parle bien au téléphone et quelques minutes après que tu arrives, tu changes radicalement comme une bipolaire.
Joyce : Non je venais te faire changer d’avis sur Vanessa. En me disant que si je boude tu vas finir par m’écouter.
Jules : Par contre j’ai horreur de la manipulation, pas besoin de ça. Tu veux me faire adopter une idée ? Pour ça, il faut me convaincre avec des mots, des arguments. Des actes positifs, ne créé pas des problèmes entre nous en pensant que ça va me faire changer d’avis.
Joyce se lève et vient s’assoir sur lui à califourchon.
Jules(petite voix) : Je suis désolée, je ne venais pas avec de mauvaises intentions. Tu es fâché ?
Jules pose les mains sur ses hanches et lui fait un bisous dans le cou.
Jules : Non je ne suis pas fâché, mais ce n’était juste pas nécessaire.
Joyce(lui faisant un bisou) : Je suis désolée, je ne vais plus recommencer.
Jules lui prend le visage en coupe et pose les lèvres sur siennes. Leurs langues s’entremêlent sensuellement et fougueusement. Ils s’embrassent tout en se caressant l’un et l’autre avant de se détacher.
Joyce : Donc mon repas n’était pas trop mal ?
Jules : Je t’ai dit que ce que j’ai dit à table c’était juste pour te déranger. C’était bien préparé honnêtement. C’était bon.
Joyce(sourire) : Merci… Ça me fait plaisir. Mais je continue d’apprendre un peu un peu.
Jules : C’est bien. C’est en forgeant qu’on devient forgeron.
Joyce : Merci bébé.
Ils s’embrassent et font l’amour tout l’après-midi.
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Depuis que Ma Batou a lancé le sort à Imelda, cette dernière a passé les deux derniers mois à se gratter en permanence. Elle est écorchée de la tête aux pieds, elle est méconnaissable.
Elle est assise sur une natte pas loin du temple de Pa Opanga, où elle passe son temps à pleurer et à se gratter évidemment. Pa Opanga arrive accompagné de Ma Batou, dès qu'Imelda la voit, elle se met automatiquement à genoux.
Imelda(pleurant) : Pardon, j’ai retenu la leçon. Je vous en prie Madame ayez pitié de moi.
Ma Batou : Personnellement je ne peux pas avoir pitié de toi. On dit souvent que le sorcier n’a pas pitié des gens, surtout pas des sorciers comme lui. C’est vrai que tout le mal que tu as fait, tu l’as fait naturellement sans passer par la sorcellerie, mais je te considère quand même comme une sorcière. Je ne vois aucune différence entre toi et moi… Mais je vais arrêter le sort que j’ai lancé parce qu'Opanga vient tous les jours me parler de toi. Il me fatigue.
Imelda : Oh merci… Merci beaucoup Madame, j’ai retenu la leçon.
Ma Batou : Mais je sais que tu sais que ton calvaire n’est pas fini. Tu es destinée à souffrir jusqu’à très longtemps, le sang réclame vengeance.
Elle discute avec Pa Opanga pendant quelques minutes avant de s’en aller. Ce dernier se tourne vers Imelda.
Pa Opanga : Elle va retirer ce qu’elle t’a lancé, j’espère vraiment que tu as retenu ta leçon concernant cette histoire. Ce n’est pas à tout le monde qu’on manque de respect.
Imelda : J’ai compris…
Pa Opanga : Il faut te préparer à partir d’ici, tu as suffisamment duré dans mon environnement.
Imelda : Mais je vais aller où ?
Pa Opanga : En quoi ça me concerne ? Je dois te garder ici en vertu de quoi ? C’est moi ton père ? J’ai été plus que généreux en te gardant ici pendant deux mois, il est temps pour toi de partir.
Imelda(pleurant) : Mais Pa Opanga…
Pa Opanga : Tu as jusqu’à demain pour partir d’ici, je ne veux pas me répéter. Et un conseil, en arrivant à Mouila, va dans un hôpital pour couper le bras là sauf si tu veux que ton corps pourrisse entièrement.
Pa Opanga tourne le dos et Imelda se recroqueville sur la natte, toujours en larmes. Où va-t-elle aller ? Comment va-t-elle s’en sortir ?
Elle reste toute l’après midi à repenser à sa vie, à ce qu’elle est devenue, au calvaire qu’elle vit depuis des mois. Elle décide alors de tout arrêter, de mettre fin à cette vie de souffrance. Elle finit par se lever et à marcher dans le village à la recherche d’un renseignement. Elle trouve finalement ce qu’elle cherche et l’achète. Elle se rend chez le boutiquier où elle prend une petite bouteille de lait. À la tombée de la nuit, assise dans la voiture, elle verse tout le poison pour les rats qu’elle a acheté dans la bouteille de lait.
Imelda(en larmes) : Je n’aurai jamais imaginé avoir une telle fin, même dans mes pires cauchemars. Mais je ne peux plus continuer ainsi, je préfère la mort qu'autre chose.
Elle prend son courage et boit le lait d’un trait. Elle s’allonge sur la banquette arrière en attendant les douleurs qui vont suivre. Au bout de cinq minutes, elle a la sensation que ses intestins sont broyés. La douleur est foudroyante, elle crie, se tord, pleure. Elle ressent des palpitations, elle sue à grosses gouttes et elle a du sang qui sort du nez. Elle fait pipi et la diarrhée sur place.
Imelda(criant) : J’ai mal ! Que je meurs déjà, la douleur est insupportable !
Elle subit les douleur pendant toute la nuit, toujours plus fortes que les précédentes. Le jour se lève et elle est toujours dans le même état.
Imelda : Pour Tata Simone, je n’avais mis qu’un sachet. Moi j’en ai pris 3 pour être sûre que ça me tuerait vite mais… Aaaaaaaaah mon ventre, c’est quel calvaire comme ça ? !
Puis tout à coup, un souvenir du jour de la mort de Michelle lui revient en tête. Cette dernière l’avait regardé droit dans les yeux, en larmes.
« Je te jure que même la mort tu vas chercher, ça ne viendra pas.Je suis la meurtre de trop».
Imelda reste là, couchée, incrédule. Après tout ce qu’elle a ingurgité, elle aurait dû être morte à l’heure actuelle.
Imelda : Je ne peux pas être condamnée à vivre ça éternellement…
À ce moment Pa Opanga ouvre la portière de la voiture et il se tient automatiquement le nez.
Pa Opanga : Je vois que le fait d’avoir accepté de te laisser rester ici a été mon erreur depuis le début. Jusqu’à c’est chez moi que tu veux te donner la mort ? Ça ne va pas ?
Imelda : Je suis fatiguée de cette vie, c’est de pire en pire. Je veux mourir…
Pa Opanga(grondant) : Tu n’as pas encore compris que tu vas souffrir copieusement avant que la mort n’accepte de te prendre ? Mais ce ne sera pas chez moi. Tu sors de la voiture tout de suite et tu fous le camp d’ici, je suis très sérieux.
Imelda(pleurant) : Pa Opanga, la voiture ne peut plus fonctionner. Il me reste à peine 3500F, je vais faire comment. Aide moi !
Pa Opanga : Ça c’est ton problème ! Si dans les 15 prochaines minutes, tu n’es pas encore partie, je vais te brutaliser.
Il termine de parler et s’en va. Imelda sort du véhicule et s’assoit par terre. Elle pleure pendant de longues minutes, puis Pa Opanga revient accompagné d’un jeune homme, son fils.
Pa Opanga : Allez, fais la dégager d’ici j’en ai marre.
-Ah enfin ! Depuis que tu la gardes ici et tu ne la chasses pas malgré l’odeur, maman pense que peut être tu couches avec elle. Que comme c’est ta copine, tu ne veux pas te séparer d’elle.
Pa Opanga(le regardant de travers) : Ta mère n’est pas un peu folle par hasard ? Elle m’a bien regardé ? Ou plutôt est ce qu’elle a bien regardé celle là ? Tchuip ! Allez emmène là loin d’ici !
-Oui papa ! Elle sent mauvais !
Imelda : Pa Opanga pardon, je n’ai nulle part où aller, je…
Elle ne termine pas sa phrase que le jeune homme la tient pas le bras et commence à la tirer.
Imelda (pleurant) : Pardon laisse moi prendre mes affaires s’il te plait !
Il la lâche, elle récupère dans la voiture son sac et son téléphone.
Imelda : Ayez pitié de moi je n’ai nulle part où aller, s’il…
Le jeune homme ne lui répond pas, il la tire par le bras jusqu’à la grande route.
-Si tu sais ce qui est bon pour toi va t'en d’ici sans revenir. Tu sens tellement mauvais, tu ressembles à la malchance. Si je te revois dans ce village, tu vas voir.
Imelda reste assise au bord de la route, avec son sac. Elle a tellement pleuré qu’elle n’a même plus de larmes. Elle a toujours affreusement mal au ventre avec un terrible mal de tête. Il finit par pleuvoir, elle reste là assise sous la pluie vu qu’elle n’a nulle part où aller s’abriter. Plusieurs heures plus tard, aux alentours de 14h, elle se met à marcher pendant un bon moment quand elle tombe sur une rivière. Elle dépose ses affaires sur la berge, se déshabille et plonge au bord pour se laver.
En plus de son odeur habituelle, elle a fait pipi et les selles sur elle hier soir. Donc actuellement son odeur est carrément indescriptible. Elle n’a pas de savon mais elle se frotte dans l’eau pendant de longues minutes. Quand elle revient vers la berge, elle récupère les vêtements qui étaient dans son sac. C’est après s’être habillée qu’elle se rend compte que sont téléphone et son portefeuille où il y avait ses derniers 3500F ont disparus.
Imelda (paniquée en larmes) : Non ! Non ! Pas ça ! Comment je fais ? Je n’ai plus rien du tout ! Ça c’est quelle vie ?! Michelle je te demande pardon d’où tu te trouves. Je pense avoir déjà trop souffert, j’ai reçu ma leçon… Ooooh mon estomac ! Aiiiiiiiie!
Vu que le soleil commence à se coucher, elle n’a d’autre choix que de quitter la rivière et de repartir vers la route principale. Elle marche pendant des heures, l’estomac lui fait atrocement mal et en plus elle a soif, mal aux pieds et à la tête. Elle essaye de faire l’auto stop mais aucun véhicule ne veut s’arrêter. De temps à autre, elle regarde son bras, la pourriture va bientôt atteindre l’épaule. Elle bouscule la tête en pleurs.
Elle marche encore pendant de longues heures puis elle décide de s’assoir sous un arbre.
Imelda (triste) : Apparemment je vais dormir ici dans la nuit noire, exposée au danger. Au point où j’en suis, je n’ai même plus peur que quelque chose puisse m’arriver tellement je veux mourir donc que le danger vienne même.
Elle reste là adossée à l’arbre toujours dans la douleur atroce de l’estomac, la faim, la soif…
Imelda (pleurant) : Michelle je t’en prie, libère moi…
♤~~~~~~~♤
Jules et Joyce sont assis à la terrasse, depuis plus d’une heure, ils jouent au damier. Entre rires, bais*ers, tricheries et coups bas, ils passent un bon moment ensemble. Pendant ce temps, Taïssa est dans la cuisine en train de faire un gâteau quand son téléphone sonne, c’est sa mère.
Taïssa : Allô Ma…
-Taï mon bébé, ça va ?
Taïssa : Oui Ma ça va et toi ?
-Moi ça va, à part les enfants ci qui me fatiguent.
Taïssa : C’est toi la maman, tu vas supporter.
-Vraiment ! Mais je demande hein, tu ne rentres pas ?
Taïssa : Hein ?
-Fien ! Tu n’as pas entendu ma question ?
Taï : Si j’ai entendu, mais..
-Les cours ont recommencé depuis, tu ne veux plus terminer le Master ? C’est à la fin que tu veux tout abandonner ?
Taïssa : Je ne veux pas arrêter, depuis que je suis ici, je suis mes cours en ligne. Même pour le mémoire, je peux commencer à le rédiger d’ici avant de venir pour la soutenance.
-Toi la fille ci, c’est quoi qui te retient là bas ? Ou c’est plutôt qui ?
Taïssa : Rien de spécial, je me change un peu les idées.
-Tu te changes les idées pendant des mois ? Ou alors c’est un homme qui te retient là bas ?
Taïssa : Wêêê ! Personne ne me retient…
-En tout cas ! Au fait, je vois une femme sur le profil WhatsApp de Mbarga. Ce n’est pas la mère de la petite ?
Taïssa : Oui c’est elle, Joyce. Pourquoi ?
-Pourquoi ? C’est l’amour pour leur enfant qui fait qu’il la met en profil ou il y a autre chose ?
Taïssa : Ils sont en couple…
-Couple comment ? Mbarga veut mourir ? Elle l'a d’abord envoyé en prison pendant des mois après ça il est parti à l’hôpital. Tout ça il a oublié ?
Taïssa : Bon pour la prison soyons honnête, on aurait fait pareil. Pour l’histoire de l’hôpital, ce n’était pas intentionnel, elle…
-Ekie ! Tu la défends maintenant ?
Taïssa : Non mais… Ce n’est pas une méchante fille maman, elle est plutôt cool. En plus, ils s’aiment, il faut s’y faire.
-Humm ! En tout cas… Il est même où ?
Taïssa : Il joue au damier avec sa chérie en amoureux.
-Passe le moi.
Taïssa sort et remet le téléphone à Jules.
Jules : Allô Tata… Comment vas-tu ?
-Mbarga bonjour, moi ça va. Mais apparemment toi, ça va même très très bien.
Jules : Pourquoi tu dis ça ?
-Je vois que tu as repris avec la gabonaise ci encore.
Jules : Tata…
-Mbarga tu n’es plus un enfant, je ne vais pas décider pour toi. Si tu es bien avec elle, c’est tant mieux. J'espère seulement que tu es sûr de toi. Depuis que ta mère n’est plus, c’est moi ta mère. Il ne faudrait pas qu’elle soit fâchée avec moi parce que je n’ai pas su avoir un regard sur la femme que tu choisis pour ta vie. Donc je ne veux pas entendre demain qu’elle a encore essayé de te faire un truc. Je ne dis ça que pour ton bien, le genre de relation où ta vie n’est pas en sécurité là, il faut quitter dedans.
Jules : Ça n’arrivera pas, ne t’inquiète pas. Et je t’assure que tu vas l'apprécier…
-En tout cas, on verra bien. Au fait, il y a tes frères qui veulent te voir. Pense à venir leur rendre visite ou alors tu les fais venir. Vous vous parlez régulièrement au téléphone, mais ce n’est pas suffisant.
Jules : J’ai compris, je vais m’arranger.
-D’accord. Et comment va ta fille ?
Jules : Elle va bien. Je vais programmer un voyage pour que tu puisses enfin la voir.
-D’accord. Bon je te laisse. Prenez soin de vous.
Jules : Bisou Tata…
Clic !
Joyce(petit sourire) : Ta tante a beaucoup de réserve vis-à-vis de moi, ça va être chaud pour moi hein !
Jules : Tu entendais ?
Joyce : Le micro de Taïssa est fort…
Jules : Elle s’inquiète juste pour moi, elle n’est pas méchante. Je sais que vous allez vous apprécier.
Joyce : Ok je…
Elle est interrompue par la sonnerie, elle va ouvrir le portail et tombe sur Vanessa, sa mère et son oncle. Elle les laisse entrer, ils saluent et prennent place à la terrasse.
L’oncle : On tenait d’abord à vous dire merci. Merci d’avoir retiré la plainte. Ce qu’elle a fait est très grave donc merci d’avoir évité qu’elle passe devant le juge et qu’elle passe plusieurs mois en prison.
La mère : Oui mon fils, c’est Dieu qui va te remercier pour ton geste. Tu n’étais pas obligée de l’épargner, merci infiniment. On est ici parce que j’ai fait une promesse.
Elle regarde Vanessa qui tient un sac. Cette dernière reste un moment silencieuse, puis elle ouvre le sac et sort l’ordinateur portable, son téléphone et une clé USB.
Vanessa(petite voix triste) : Je suis déso…
L’oncle(grondant) : Parle fort hein ! Il faut bien ouvrir ta gorge et parler correctement !
Vanessa : Jules, toi personnellement tu me connais, tu sais que je ne suis pas mauvaise. Je t’ai tellement aimé que je n’ai pas accepté que tu veuilles tout arrêter. Ce qui m'a poussé à dépasser les bornes, je suis allée trop loin. J’ai posé un acte que je n’aurai pas aimé qu’on me fasse. Je vous demande pardon… À toi et aussi à Joyce. Joyce, maman m’a dit que c’est toi qui a convaincu Jules pour moi. J’ai tellement eu mal et j’ai eu honte, que ce soit la personne que j’ai voulu nuire qui me sauve la mise. Je vous demande pardon du fond du cœur. Voici tous mes appareils, tous les supports où il y a des copies de la vidéo, les photos.
Jules : J’ai compris… Maintenant je veux que vous respectiez votre part du marché. Que tu partes…
L’oncle : Ne t’en fais même pas. Je suis venu comme ça pour la chercher. Elle part avec moi, les plantations l’attendent là bas. Elle fera ça tous les matins et le soir elle va aller vendre les aubergines et les avocats au petit marché. Les week-end, elle ira avec mes fils pêcher les silures dans la lagune. Elle sera bien occupée, vu qu’ici elle s’ennuie.
Mère: Bon on ne vous dérange pas plus longtemps, on était juste là pour ça. (Elle regarde Joyce) : Ma fille que Dieu te bénisse abondamment..
Joyce : Je t’en prie maman, rentrez bien.
Tous : Merci.
Ils se lèvent et Joyce les raccompagne à la porte. Vanessa jette un dernier coup d’œil triste à Jules avant de tourner le dos et sortir. Joyce revient s’assoir près de Jules.
Joyce : Merci beaucoup bébé. Au moins on a apporté la paix à une maman. Et on a tous les supports, comment on va procéder ?
Jules : On va tout effacer sur les appareils, et même sur les Cloud dès que tout sera vide, on jette tout ça. Et je tiens encore à m’excuser Joyce… Si on en est là aujourd’hui, c’est à cause de moi. Si je n’avais fil…
Joyce : On ne va pas ressasser le passé. Moi je t’ai pardonné parce que je t’aime et je veux que tu te pardonnes aussi.
Jules : Mais tu sais que dès qu’un truc est passé sur les réseaux sociaux, c’est difficile que ça disparaisse totalement. Il y a toujours des gens qui les archivent et quand on s'y attend le moins ça ressort. Comment…
Joyce s’assoit sur lui à califourchon et colle son front au sien.
Joyce : Écoute, si un jour ça arrive, on va traverser ce barrage ensemble, on trouvera des solutions. Pardonne toi Jules Mbarga parce que moi je l’ai déjà fait. Tu n’es plus l’homme qui a pris cette vidéo, tu as changé, je le crois fortement. Tout le monde fait des erreurs et beaucoup méritent une deuxième chance. Est-ce que tu as compris ?
Jules : Merci d’être celle que tu es, merci de m’avoir accepté à nouveau dans ta vie après tout ça. Je t’aime Joyce…
Joyce(avant de l’embrasser) : Moi aussi je t’aime…
Bonne lecture.