Chapitre 14

Ecrit par Annabelle Sara


Véronique

-         Tu  as dit quoi ?, me demanda Paul en me regardant droit dans les yeux sa sœur  qui était assise se leva.

Tous les yeux étaient braqués sur moi, je pouvais voir l’anxiété dans le regard de ma grande sœur, de la surprise dans ceux de Paul et sa sœur, mais cette fille, elle jubilait.

J’ai levé les yeux sur Paul.

-         Fais sortir ces femmes d’ici ! Cette histoire c’est entre toi et moi, lui ai-je dis.

-         Nous n’irons nulle part Madame, tu as commencé devant nous tu vas terminer devant nous…

-         Paul, ai-je continué en le regardant droit dans les yeux. C’est de notre famille qu’il s’agit ici alors je vais te le dire une fois encore, cette fille n’est  pas ce que tu crois et ce qu’elle raconte ce sont des histoires crois moi ! Nous devons parler mais elle ne peut et ne doit pas rester ici…

-         Elle porte l’enfant de mon frère…

-         Un enfant n’est pas un laissez-passer Carine ! cria Paul en repoussant brusquement sa  sœur qui le tirait par le bras.

-         Paul comment tu peux dire ça comme si je t’avais piégé ?, lança Michelle avec un regard larmoyant.

-         Tu ne m’as pas piégé… Tu fais donc quoi là ? Tu pouvais aller à l’hôtel et je me serais chargé de la facture ! D’où te venait le besoin de venir faire un esclandre chez moi ?

L’espoir renaissait en moi, il semblait retrouver un peu de lucidité. Mais je ne devais pas crier victoire avant que ces deux intruses ne soient sorties de chez moi.

-         Paul j’ai besoin de toi !, fit Michelle feignant les larmes.

-         Non, arrête-moi ton cinéma ! Tu as besoin de moi pour faire quoi ? Briser mon couple, ma vie ? Tu m’as appelé tout à l’heure et je te l’ai dit vas à l’hôtel je vais venir voir ce que je peux faire… à la place tu viens ici pour… Comment veux tu que je te fasse confiance ?

Michelle était hébétée, elle semblait surprise qu’il réagisse de la sorte, moi ça ne me surprenais pas beaucoup. Paul connais l’importance que j’ai dans sa vie, il sait ce que je lui ai apporté durant ces années de mariage, il serait idiot de le mettre en péril à cause d’une aventurière.

Cela dit je n’oubliais pas qu’à la seconde où tous seront partis je devrais me mettre à table et de cela je ne pouvais être certaine de l’issue.

-         Carine je ne vais pas te le dire une deuxième fois sors de ma maison avec cette fille !

-         Nana…

-         Sortez ! Ma’a Josiane appelle le gardien !

Il hurlait des ordres et ses yeux lançaient des éclairs, il voulait que tout le monde s’en aille pour régler mon compte, mais j’étais prête à subir tout châtiment qu’il me réserve du moment où cette femme s’en va d’ici.

-         Allez-vous-en !

-         Tu me chasse de chez toi Paul ?, demanda Michelle.

-         Vas-t’en, Michelle…

Carine et son alliée étaient bien obligées de partir parce que Paul n’avait pas l’intention de flancher, elles passèrent devant moi en me regardant droit dans les yeux, ceux de Michelle disaient « Ce n’est que le début ! »

-         Véro tu es folle, me lança ma sœur à mi voix au moment où elle sortait elle aussi de chez moi. Fais attention à toi…

Paul bouillonnait de rage et je savais que ce que j’allais lui apprendre n’allais pas arranger les choses entre nous mais je n’avais pas le choix je devais finir ce que j’avais commencé.

Il verrouilla les portes une fois que les étrangers furent partis, et se tourna vivement vers moi, j’étais toujours au même endroit que celui où je m’étais arrêtée lorsque les intruses étaient arrivées.

-         Alors tu m’explique ce que tu veux dire par si elle est enceinte ce n’est pas de moi ?

Le ton de Paul était calme mais il n’y avait aucune sérénité, il pouvait donc s’énerver à tout moment.

-         Véronique !

-         Oui… Elle ne peut pas être enceinte de toi…

-         Parce que ?, fit il en me regardant dans les yeux.

-         Tu ne peux pas avoir d’enfant naturel…

Cette fois j’avais nuancé, je ne voulais plus être brute comme quand cette fille était là.

-         Ce qui veut dire quoi ?, s’écria-t-il. Véronique j’ai deux enfants avec toi et tu me dis que je ne peux pas avoir d’enfants naturels ? Tu veux que je comprenne ça comment ?

-         Ce ne sont pas tes enfants biologiques… Ce sont tes enfants mais ils n’ont pas ton sang, ai-je murmuré.

Je n’avais pas réellement réfléchis à la façon dont j’allais lui annoncer cette nouvelle.

-         Tu te fous de moi !, cria-t-il. Tu… Véronique parle sinon ce que je vais faire risque d’être très désagréable !

-         Ne me menaces pas je vais t’expliquer… Calmes toi et écoutes moi stp…

-         Véronique, parles !

Je n’arrivais pas à le regarder dans les yeux mais je savais que je n’avais plus d’issues il fallait parler.

-         Tu es stérile Paul ! Je l’ai découvert au bout de deux ans de mariage, ta famille me mettait la pression pour te faire un enfant, ta sœur me faisait des remarques… Pendant nos deux prières années de mariage j’ai tout subi de sa part et tu le sais ! Je ne sais pas combien de fois je t’ai demandé d’aller faire des examens et tu as refusé…

-         Et tu as décidé que si je ne le faisais pas c’était parce que j’étais malade ?

-         Non… J’ai juste décide de prendre les choses en main !

-         Donc tu m’as fais deux enfants dans le dos ?, s’écria-t-il en posant les mains sur la tête.

Je n’allais pas lui dire que j’avais pris un de ses préservatifs après un rapport pour analyse mais à cette époque je devais ruser pour arriver à mes fins.

-         Ces enfants si je ne les avais pas fait nous ne serions pas où nous e sommes aujourd’hui ai-je lancé en m’asseyant sur un fauteuil.

-         Qui veut dire quoi ?

-         Que ta famille ne m’aurait jamais respecté… Et toi non plus !

Paul s’assit face à moi.

-         C’est toujours la faute des autres… Jamais la tienne !

-         Si tu avais accepté de faire ces examens tu saurais que tu es stérile…

-         Et comme j’ai refusé tu as couché avec un parfait inconnu pour avoir tes bâtards !

J’ai serré la mâchoire en l’entendant parler.

-         Alors qu’on soit claire tous les deux clairs ! Tu peux m’insulter et dire ce que tu veux de moi mais je t’interdis d’insulter nos enfants !

Il baissa la tête un moment se rendant compte qu’il avait exagéré.

-         Nos enfants ?

Sa voix était cassée, la nuit allait être longue.

-         Oui… Je n’ai pas couché avec un inconnu, je me suis fais faire une FIV avec un inconnu… Un ami médecin m’y a aidé !

-         Et tu penses que parce que tu n’as pas couché avec lui ça fait moins mal ?

Je ne pouvais pas répondre à cette question, ma réponse ne lui plairait pas.

-         Tu penses que j’ai moins mal ? Je devrais t’être reconnaissant d’avoir fais des enfants dans mon dos ? Sans mon avis…

-         Paul…

-         Non ! Tu es la pire chose qui me soit arrivé dans la vie Véronique… la pire ! Tu n’es pas une épouse mais une plaie que je traine et subis tous les jours de ma vie ! En plus d’être castratrice, vindicative et insoumise je me rends compte que tu es la pire manipulatrice que j’ai croisé de ma vie ! La pire !

Je le regardais hébétée, il avait raison je suis la pire manipulatrice qu’il ait rencontré mais il doit savoir que je l’aime et si je fais cela c’est pour son bien !

-         Donc tu aurais été mieux sans moi ?, lui ai-je demandé.

-         Oui…

J’ai souri ! Il n’est pas sérieux !

-         Tu crois vraiment que tu serais ici aujourd’hui si je n’avais pas été ta femme ?

-         Tu veux dire quoi ?

-         Nana… Mr Nana ! Je suis ta femme et laisse moi te le dire, tu n’aurais pas eut le millième de ce que tu as aujourd’hui si je n’avais pas été ta femme !

-         Et alors je dois te dire merci ?

Sa question me surprit, j’avais envie de lui répondre oui.

-         Je devrais te remercier pour tout ce que tu as fais pour moi ? Je suis stérile tu m’as donné des enfants… je ne travaillais pas tu m’as pistonné… Je ne savais pas gérer mes revenus tu m’as permis d’avoir une maison à mon nom! Et je suis qui ? Je suis quoi ? La marionnette de Mme Nana, la toute-puissante Véronique Nana !

Mon cœur venait pour la première fois de trembler, des larmes me montèrent aux yeux !

Il avait raison, ma mère m’avait prévenu.

-         Paul s’il te plait !

-         Je suis ta marionnette !

Il se leva et se dirigea vers la chambre.

-         Paul écoutes !

Je courais derrière lui, il fallait que j’apaise sa colère.

-         Tu connais ta famille, ce qu’ils auraient fait de toi et de ton nom si je n’avais pas pris cette initiative…

-         Oui Véronique tu es un ange qui me protège ! Tu me mens depuis des années pour mon bien ! Mon seul bien !

-         Paul…

-         Pourquoi… Pourquoi lorsque tu as reçu les résultats de ces examens tu n’as pas tout simplement décidé de venir m’en parler ? Pour que nous trouvions une solution ensemble ? Comme un couple ?

Il criait et je lisais la douleur dans ses yeux.

-         Véronique… Ai-je un jour essayé de te dominer ? Quand est-ce que j’ai pris une décision ici sans jamais me tourner vers toi ?, me demanda-t-il.

J’allais répondre lorsqu’il leva un doigt dans ma direction.

-         Et ne me parle pas de ce que j’ai fait avec Ernestine au restaurant parce que cette bêtise je l’ai fait après un nombre incalculable de discussion et de négociation avec toi… Pour une fois que je suis entré dans ton jeu j’ai vu ce que ça occasionne. Une petite a perdu son travail, j’ai eu ce que je voulais parce que tu as modifié ta façon de gérer ton restaurant tu es plus présente mais le prix de mon acte… Il est lourd !

-         Je ne voulais pas te faire du mal !, lui ai-je rappelé.

-         Non, mais tu as oublié qu’ici nous sommes censés prendre les décisions à deux… Mais quand tu as parlé c’est parole d’évangile !

Il se dirigea vers la penderie qu’il ouvrit en grand, écartant les deux battants.

Il va partir. Non !

-         La seule et unique chose que je te demande c’est de me considérer comme ton partenaire… Comme celui qui est à tes cotés… Qui partage peines et joies avec toi !, murmura-t-il en tirant un sac à dos.

Ce sac est toujours près au cas où il doit s’en aller. Au cas où il doit voyager pour une durée indéterminée.

-         Bébé…

-         Assez !, me coupa-t-il violement. Est-ce que tu comprends même ce que je te reproche ?

Il se retourna vers moi et me fixa, dans ma tête je cherchais mais je n’étais pas certaine de savoir pourquoi il me détestait là en ce moment.

-         Tu vois ?

-         Paul s’il te plait… on peut trouver une solution, on peut trouver un point d’entente mais ne part pas… Pas comme ça !

-         A quoi je te sers ici ? Tu prends tes décisions seule de façon unilatérale, je ne suis même pas un vase puisque même simple grossesse je ne peux pas te donner !

-         Ne dis pas ça !

-         C’est vrai ou pas ? Il a fallu que tu ailles te faire une FIV avec un inconnu pour avoir tes enfants…

-         Nos enfants !

Il me regarda et sourit.

-         Tes enfants, parce que tu as décidé de la façon dont ils allaient venir au monde sans me le dire, ma participation n’était pas envisageable alors mon avis et mon soutien l’était encore moins !

Chaque fois qu’il parlait j’avais l’impression de recevoir un coup de poing, mes yeux se sont mouillés et quand les larmes se sont mises à couler, il se mit à rire.

-         15 ans et pour la première fois je te vois verser une larme… Si tu avais été sensible même une fois depuis ce temps nous n’en serions pas là ! Porte ton armure My Lady Véronique ton visage inondé ne te donne pas bonne mine.

-         Paul s’il te plait pardonne moi… Je voulais protéger notre couple !

-         J’aurais moi aussi aimé pouvoir le protéger… te protéger, t’aimer, partager ta vie … mais tu nous as cloisonné, chacun dans son rôle ! J’ai fermé les yeux durant des années mais… j’aurais aimé dire mon mot chaque fois que tu prenais une décision pour le bien de notre famille ! Crois tu que je n’aurais pas été d’accord avec toi ?

Il sortit prestement de la chambre, je le suivais à la trace, en pleure, je pleurais et je n’arrivais pas à lui dire ce que j’avais sur le cœur. Qu’est-ce que je pouvais bien dire ? J’avais trop longtemps pris cet homme comme acquis, je l’ai pris comme une valeur négligeable alors que c’était tout le contraire.

La porte se ferma sur lui et je me suis écroulée contre le carrelage devant la porte d’entrée, j’avais mon téléphone alors j’ai composé un numéro.

Il ne sonna pas de fois.

-         Oui Véro, fit Rodrigue.

-         Mon Mari vient de quitter la maison… s’il te plait ne le perd pas…

-         Il est parti ?

-         Oui active le traceur je ne sais pas ce qu’il va faire garde un œil sur lui…

Rodrigue acquiesça et ne posa pas de question avant de raccrocher.

Cette soirée avait pris une tournure complètement inattendue pour moi. Je n’aurais jamais imaginé une conclusion comme celle-ci.  Je pensais que Paul et moi nous allions nous expliquer, il allait me faire la tête se fâcher et même tout casser s’il avait voulu, mais s’en aller ? Non ! Je ne pensais pas qu’il aurait fait cela.

Je suis allée me refugier dans notre chambre, je savais que je n’arriverais pas à dormir mais j’avais besoin de réfléchir au calme. Il ne me sert à rien de paniquer ou de me surexciter et finir par faire une bêtise.

Il est parti et je me demandais s’il n’avait pas raison, que ce serait-il passé si je ne l’avais pas traité comme un gamin qui ne réfléchit pas et si nous avions pris cette décision ensemble où en serions nous aujourd’hui ?

Peut-être pas séparés mais rien n’est moins certain.

Je me suis regardée dans le miroir

En me démaquillant, est-ce que je venais de briser à jamais mon mariage ? Si oui ? Que vais-je devenir ?

Véronique Nana va devenir qui ?

 
Et si demain mourrai...