Chapitre 15
Ecrit par Annabelle Sara
Noura
-
Elle a quoi ?
-
Elle a dit qu’il était stérile, ai-je
répondu à mon mentor.
Elle n’était pas juste
surprise elle état courroucée.
-
Comment est-ce que cette femme peut
annoncer à son mari qu’il est stérile ? Qu’est-ce que cette femme a à la
place du cœur ? Une pierre ?
Elle était concernée je
le voyais, je le sentais à sa façon de prendre la défense de Paul Nana, mais
c’est quoi leur histoire à ces deux là ?
-
Je t’ai dis de ne pas sous-estimé
l’emprise de cette femme sur son mari, rends toi compte, elle lui a tout
simplement demandé de nous mettre à la porte et il l’a fait !
-
C’est normal ! C’est sa femme, s’il
n’avait pas fait cela il aurait montré qu’elle n’a pas d’importance… ce n’est
pas dans ses habitudes de faire cela !
-
Comment… comment tu sais tout ce que tu
sais sur cet homme ?, lui ai-je demandé.
Elle leva un regard qui
me sembla inquiet et me sourit.
-
Tu le sauras assez tôt !, fit-elle.
-
Ok… On fait quoi maintenant ? Notre
plan est complètement foutu là…
-
Véronique Nana n’a rien fait d’autre que
repousser l’évidence ! Elle a utilisé la technique de la terre brulée mais
nous allons contourner ce plan !
-
Ah bon ? En faisant comment ?
Elle m’observa un
moment et attrapa son téléphone.
-
Tu connais ton cycle ?
Sa question me parut un
peu déplacée, je suis certes sous ses ordres mais je ne vois pas à quoi lui
sert de connaitre ce genre de détail sur moi.
-
C’est quoi cette question ?
Pourquoi ?
-
Noura, rappelles toi qui je suis pour
toi !, cria-t-elle à mon adresse. Je t’ai tiré de la rue… J’ai fais de toi
ce que tu es aujourd’hui ! Tu me dois tout… donc quand je te pose une
question c’est pour une raison donc tu réponds simplement.
Son ton impérial et
condescendant commençait sérieusement à me taper sur le système mais je me
taisais toujours quand elle faisait cela.
-
C’est moi qui réfléchis toi contente toi
de suivre mes ordres… Tu connais ton cycle oui ou non ?
-
Oui, ai-je murmuré la tête baissée.
J’avais le sentiment d’être
revenu à l’époque où j’étais dans la rue et où je suivais les ordres des chefs
de territoire qui nous disaient ce que nous avions à faire. Je détestais cela
je n’ai jamais supporté l’autorité.
-
Et tu en es à quelle période ?
-
Je… je ne comprends pas…
-
Je viens de te demander de ne pas
réfléchir Noura ! Je viens de te demander de me laisser réfléchir et te
contenter de t’exécuter, me rappela-t-elle.
Je la regardais
vraiment dépassée et je n’arrivais pas à répondre parce que j’avais peur de
comprendre où elle voulait en venir.
-
Je ne sais pas…
-
Tu as déjà eu tes règles ?, me
demanda-t-elle en se levant.
Elle se dirigea vers la
porte des toilettes et ferma celle-ci en suite se retourna vers moi. Le regard
inquisiteur, elle attendait une réponse.
-
Oui, il y a une semaine je crois, lui
ai-je finalement répondu.
-
Ok alors ! Nous sommes dans les
temps, c’est la période idéale…
Mon mentor cette femme
que j’appréciais, vers qui je regardais comme un modèle, l’exemple de ce que je
rêve d’être, un jour. Forte, redoutable ! Pour la première fois je la regardais
et j’avais peur de ce que je voyais dans ses yeux. Je voyais ce que j’étais en
réalité pour elle. De la chair à canon !
Elle ne me mettait pas
en première ligne parce qu’elle avait confiance en moi mais elle le faisait
pour m’utiliser comme bouclier humain, je lui servais juste comme un appât pour
pécher le gros poisson !
-
Vous… vous voulez faire quoi ?
-
Véronique a abattu sa carte, nous allons
abattre la notre, elle a misé sur le fait que tu n’es pas enceinte… Alors nous
allons lui prouver que c’est faux ! On va l’avoir à son propre jeu !
Pendant qu’elle parlait
je vis la silhouette de celui qui lui servait de garde du corps et de chauffeur
se matérialiser sur le pas de la porte. Hilaire avait un air détendu et il me
regardait avec cette lueur d’envie de posséder une proie dans les yeux qui me
donna immédiatement envie de vomir.
-
Non… vous ne pouvez pas me faire
cela ! Ça ne faisait pas parti du plan… Je devais me contenter de faire
semblant d’être enceinte…
-
Tu vois pourquoi je dis que tu devrais
me laisser réfléchir ? Si tu es vraiment enceinte, le château de Véronique
Nana va s’écrouler en moins de deux secondes… Paul va la mettre à la porte
pensant qu’enfin il a son véritable héritier et nous serons débarrassées de
cette femme…
-
Non ! Je ne peux pas…
Elle éclata de rire.
-
Noura, le traumatisme de tes viols est
une histoire ancienne aujourd’hui… Tu as baisé un nombre incalculable de fois,
fit-elle en me souriant.
J’étais assise sur le
bord de son lit, elle prit la main d’Hilaire et le dirigea vers moi.
-
Tu connais Hilaire, il fait peur à
première vue mais il sait être doux lorsque c’est nécessaire.
Elle s’accroupie devant
moi et prit mes mains.
-
Tu me fais confiance ?
-
Je ne peux pas…
-
Tu peux et tu vas !
Elle se leva
brusquement.
-
Noura je n’ai pas le temps de faire le
baby-sitting avec toi pardon ! Donc allonges toi et laisse Hilaire faire,
il sait ce qu’il a à faire… Je ne bouge pas je vais rester à coté !
J’avais envie de vomir
en l’entendant me parler de cette façon, sachant ce qu’une relation intime avec
un homme me coutait, connaissant mon histoire je n’arrivais pas à croire
qu’elle me mette dans cette position.
-
Non…
-
Hilaire fait ton affaire nous n’avons
pas que cela à faire, dit-elle en s’éloignait dans un coin de la chambre.
J’avais les larmes aux
yeux lorsqu’Hilaire me poussa contre le lit, mon corps entier rebondit au
contact du matelas. Il s’allongea sur moi, 1m80 et 120 kg de muscle, je n’avais
aucune chance avec cet homme. Je me suis carrée contre le lit le regard fixé sur
celle que j’avais toujours considérée comme mon ange gardien.
Les larmes dans mes
yeux coulaient comme une petite rivière, calmement sans bruit. A travers mes
larmes je pouvais enfin voir le véritable visage de cette femme. Elle était
prête à tout pour arriver à ses fins.
Sentir la violence du
membre d’Hilaire en moi était la preuve que je n’avais jamais quitté la rue, je
suis toujours cette petite fille qui faisait confiance aux mauvaises personnes
et qui se laisse distraire par les lumières de la ville, se faisant prendre
violemment pas surprise par des hommes viles et sournois.
Véronique Nana était
bien meilleure si on prend cet angle de mon histoire.
Elle me sourit et
murmura :
-
Ça va aller ma petite…
Véronique
-
Tu l’as retrouvé ?, ai-je demandé à
Rodrigue en débarquant dans son salon.
Il m’a conduite à
l’arrière pour que les oreilles indiscrètes n’écoutent pas notre conversation.
-
Véro… c’est comment ?
-
Je veux savoir si tu as trouvé mon
mari !, lui ai-je dit.
-
Oui… Je te rappel qu’il a un traceur sur
sa voiture, donc quoi qu’il arrive je sais où il va !
-
Merci Seigneur je n’ai pas dormi de la
nuit ! Il est où je dois aller le retrouver !
-
Non !
-
Hein ?
J’avais les gros
yeux ! Il avait dit quoi ?
-
Je ne peux pas te dire où il est ma
belle, répondit-il calmement.
-
Tu… Pourquoi ?
-
Il ne veut pas te voir ! Et je vais
te dire que je vais respecter sa volonté pour cette fois !
La rage bouillonnait
dans mes veines en écoutant Rodrigue. Il avait parlé avec mon mari ? Et de
quoi il se mêle ?
-
Tu es sérieux ?, Je te paye pour
des infos ou alors j’ai ajouté l’argent pour que tu te mêles de mes problèmes
de couple ?
-
Tu ne me demandes pas où nous avons
repérez ton homme ?
Il avait un ton
accusateur et des yeux en colère, il savait !
-
Je ne vois pas de quo tu parles !
-
Véroniques Nana tu as un cœur de pierre…
Massa !, fit-il en piaffant. Ton Mari s’est arrêté hier près du lac
municipal…
Mon cœur fit un bond.
Il était où ?
-
Tu te rends compte de ce qu’il avait
comme idée noire pour aller s’arrêter devant le lac municipal… Une chance que
nous n’étions pas loin ! Nous l’avons repéré assez rapidement !
-
Seigneur !
Mon exclamation le fit
éclater de rire.
-
Qu’est-ce que tu a fais à cet homme pour
le mettre dans cet état ?
-
Rodrigue s’il te plait je dois le voir…
-
Non, rétorqua-t-il encore une fois. Si
ça avait été une femme tu aurais fais pareil que moi ! Je ne te dirais pas
où il est ! S’il veut te voir il viendra te voir lui-même.
-
Il va bien au moins ?, ai-je
demandé
-
Oui, ça va aller… Il a besoin de
respirer et de réfléchir tranquillement ! Loin de toi !
Je comprenais tout à
fait que mon mari ait besoin de rester loin de moi le plus longtemps, mais nos
enfants avaient besoin d’un père et le week-end s’achevait bientôt.
J’allais partir
lorsqu’il me retint.
-
Je ne peux pas te dire où est ton mari,
mais je peux te parler de Noura, dit-il.
-
Noura ? C’est qui Noura ?, lui
ai-je demandé.
-
Tu la connais sous le nom de Michelle…
Mon regard s’illumina.
Enfin…
-
Noura ?
-
Oui !, confirma-t-il en souriant.
J’ai enfin des infos sur cette mystérieuse fille.
-
Dis-moi !
-
C’est une ancienne enfant de la rue, elle
est venue de l’Est lorsqu’elle avait 13 ans pour échapper à un oncle violent et
abusif , elle a passer près de 10 ans dans la rue avant de rencontrer une
femme, qui la commissionnait au départ et puis elle l’a finalement prise sous
son aile !
Je ne voyais toujours
pas où était le lien avec moi.
-
Qu’est-ce qu’elle me veut cette
Noura ?
-
Tu as écouté ou pas ? Je viens de
te dire qu’elle est sous les ordres d’une femme que je ne connais pas, personne
ne la connait… même dans l’ancien camp de Noura à l’hippodrome personne n’a pu
me dire à quoi ressemble cette femme… j’ai même utilisé l’argument universel,
mais personne n’a desserré les lèvres.
-
Soit ils ont peur de cette femme, soit
ils ne l’ont jamais vu…
-
Option une parce que si c’était le
contraire, ils auraient pris l’argent...
Noura une fille de la
rue qu’on avait habillé avec classe et élégance, pour venir mettre le bordelle
dans ma vie. Je ne sais rien de cette petite et j’ai beau chercher je ne comprenais
pas pourquoi on s’attaquait à moi.
-
Tu ne peux donc pas trouver qui est
cette femme ?
-
Le problème avec les gens qui vivent
comme une horloge c’est qu’ils ont un gros point faible… Il suffit d’un grain
de sable dans le mécanisme pour qu’il s’enraille et que tout s’arrêtent
brusquement.
Effectivement
maintenant que je sais qui est cette jeune femme, je pourrais voir comment la
convaincre de me dire qui est celui qui tire les ficelles dans l’ombre.
-
Tu peux me mettre face à cette
Noura ? lui ai-je demandé. Il faut que nous discutions toutes les deux.
-
Dès que possible !
-
Et Paul ?
-
Tu le verras quand tu le verras, pour le
moment, il a besoin de calme… Tu as un peu trop tiré sur la corde cette fois ma
belle ! Je n’ai jamais vu un homme brisé de la sorte…
-
Et si je te disais que je le
protégeais ?
-
Si c’est ça ta façon de protéger
quelqu’un que tu aime je ne veux même pas imaginer ce que tu fais à ceux qui
t’énervent !
J’ai baissé la tête,
depuis hier je baisse la tête, c’est quand Paul est sorti de la maison que je
me suis rendu compte de l’importance de cet homme pour moi. Que je me suis
rappelée que je ne suis pas parfaite, mais j’ai besoin de lui pour être
meilleure
-
Tu peux quand même lui dire que j’étais
là ?, ai-je demandé.
-
Bien sûr !
-
Et… Dis lui que les enfants seront de
retour à la maison demain soir… Lorsqu’il le sentira nous l’attendons à la
maison, nous avons besoin de lui !
-
Donnes lui le temps de récupérer Véro,
il en a besoin !, déclara Rodrigues.
Je comprenais par là
qu’il ne parlerait pas avec Paul de moi et des enfants.
Peut-être qu’il avait
raison, j’avais besoin de remettre de l’ordre dans ma vie avant de prouver à
mon homme qu’il est important et que je n’avais pas agi dans le but de lui
faire du mal au contraire.
L’idée qu’il soit allé
au lac municipal hier nuit me donnait froid dans le dos. J’avais besoin de
discuter avec quelqu’un, mais je savais que Tata Miriam n’était pas chez elle.
Depuis les événements d’hier, je ne lui ai pas encore parlé de ce qui se
passait mais en même temps je savais qu’elle m’avait sorti du club donc je ne
devais pas aller chez elle ou la contacter.
J’étais assise dans ma
voiture et je faisais défiler mes discussions sur whatsapp quand je me suis
rendue que je n’avais pas effacé le numéro d’Oluwa, il était d’ailleurs
connecté. Sans réfléchir j’ai lancé un appel vidéo. Au bout de deux secondes je
me suis dit que c’était réellement une mauvaise idée.
Il ne décrochera
pas !
Il a décroché !
En voyant son visage
souriant au moment où il a pris mon appel, m’arracha un sourire, enfin un
visage qui ne me faisait pas de reproches. Depuis hier nuit je vois des gens
déçus par mes décisions.
-
Hello !, fit-il.
-
Hi…
Ma voix avait une
intonation bizarre et il s’en rendit compte.
-
Ça va ?, demanda-t-il.
Il semblait réellement
inquiet et sa sollicitude me toucha au point où sans m’en rendre compte je me
suis mise à pleurer. Il a fallu que je pleure devant cet homme.
-
Miss Véro… Qu’est-ce qui se passe ?
Qu’est qui ne va pas ? Ton mari ?
-
Non… Ce n’est pas lui ! C’est
moi ! C’est de ma faute si je suis dans cette situation !
-
Explique !
Il a fallu une simple
exhortation pour que je m’ouvre à cet homme et lui parle de ma vie comme s’il
s’agissait d’un ami de longue date. Il écoutait sans rien dire pendant que je
lui expliquais que je n’avais rien fait dans l’intention de nuire mais que je
pensais que si mon mari n’avait pas su pour les enfants ça aurait été mieux
pour nous.
-
Ton mari ne réalise pas la chance qu’il
a de t’avoir ! Oui tu as menti et tu as triché mais c’était par
amour !
Hier encore je pensais
comme lui, mais je commençais sérieusement à douter de moi-même là sur le
moment.
-
Il a essayé de se suicider hier nuit… Si
je n’avais pas envoyé un ami à ses trousses je n’imagine pas où nous en
serions!
-
Parle-moi de cette autre femme, son objectif
c’est quoi tu sais ?
-
Non ! Je ne sais pas ce qu’elle me
veut…
-
Ne te laisses pas abattre ! Ton
mari doit savoir qui tu es déjà, il doit pouvoir interpréter tes gestes
d’amour… ça n’a pas besoin d’être comme lui il veut pour que ce soit valable.
Donne-lui du temps pour se faire à l’idée…
Je ne sais pas comment
cet homme fait pour être à la fois super amant et de bon conseil.
-
Ecoutes, j’ai peur que quelqu’un soit
entrain de tisser un piège contre toi donc fais attention à toi et si jamais tu
as besoin d’un service, je peux t’aider en te faisant sortir ta famille et toi
du pays…
-
Merci !
-
Si tu as besoin de moi je répondrais
toujours présent !, déclara-t-il.