Chapitre 14
Ecrit par Nifêmi
"Un esprit solide dans le corps humain, c'est la plus grande force dans la plus grande faiblesse."
Citation de Socrate
Devant l’appartement de Ayomide, j’ai la crainte d’y pénétré. Je soulève le pot de fleurs à l’entrée pour récupérer le double et ouvrir. Dans l’appartement ; tout à l’air si calme. On dirait bien que l’appartement est vide. Je vais directement dans ma chambre pour me changer. Je constate que personne n’est venue s’installer ici à mon absence. Dieu merci.
Apparemment Banji n’est pas là. Il est surement allé courir avec eux. Je le connaissais sportif, mais ce qu’il est aujourd’hui je ne sais pas. Hier il paraissait moins musclé et un peu gras. Malgré son allure ; il reste toujours beau et séduisant. Mais son teint est plus éclatant. L’Europe est bon pour certain en tout cas. A qui pourrais-je laisser mes affaires et venir m’installer ici en Europe ? je me mets à rire seule.
Je profite du fait que je sois seule pour me passer la serviette à la taille ; et courir pour traverser le salon en direction de la douche. J’ai envie d’un bon bain chaud dans la baignoire. J’ouvre la porte et je la referme automatiquement en grelotant. Quel froid de canard ?
C’est occupé !
Je me redresse un coup et j’ouvre grandement mes yeux. Mon cœur bat et mon pouls s’accélère. Je reconnais la voix de Banji. J’appuie sur le poignet de la porte pour ressortir en silence lorsqu’il m’interpelle :
Folake ! c’était toi !
Je me retourne pour le regarder ; au lieu de foncer pour sortir. Il avait la tête hors du rideau de la séparation de douche. Il me regardait tout souriant. Je ressens une gêne qui ne dit pas son nom.
Je pensais que tu passais la journée avec ta fille ainée.
…
Si tu gardes silence ; je risque de sortir nu…
Arrête ! malgré ton âge ; tu te comportes comme un enfant. Et je ne suis pas obligée de te répondre.
Je ne suis pas aussi âgé que tu le penses ; je fais juste 45 ans
Je sais compter ; rétorquai-je
Tu n’as rien oublié me concernant.
Malgré mon avertissement, il sort quand-même nu. Je ne m’offusque pas ; au contraire je porte mes yeux dans son entre-jambe. J’avais du mal à décoller mes yeux pendant quelques secondes.
Désolé, ma serviette est accrochée derrière la porte. S’il te plait tends la moi.
Je détourne mes yeux pour prendre la serviette et la lui lancer. Il la rattrape au vol. je fais demi-tour pour sortir de la douche. Il me rattrape et me retourne vers lui et m’embrasse sans prévenir. Je ne le repousse pas et je le laisse faire. Je réponds à son baiser. Toute ma jeunesse volée a disparu, faisant place à ce premier amour que j’ai connu et qui n’a jamais disparu. C’était tout comme si Afoaka n’avait jamais existé. Je passe mes bras autour de son cou et ma serviette tombe. Je suis consciente qu’on risque l’irréparable ; mais le désir est plus fort. J’ai envie de lui ; je l’aime, je l’ai toujours aimé…
Il m’allonge par terre sur le carreau de la douche. Il me procure du bien. Depuis la conception de ma fille, je n’ai plus jamais tenu de rapport sexuel. Mais à cet instant je voulais juste qu’il me prenne comme la première fois ; je ne pensais à rien d’autre. Il m’écarte légèrement les cuisses s’introduit en moi :
Aa aie, murmure-je
Je ferai doucement comme la première fois, me rassure-t-il
Je choisis de lui faire confiance. Je ne sais plus ce que c’est le goût de l’amour. Je l’ai perdu quand il a disparu. Ce goût réapparait juste quand il a entrepris de m’embrasser. Je ferme les yeux pour en profiter de ce plaisir intense. Je ne calcule plus le temps qui passe. Dans un grognement que je lui reconnais ; je compris que c’était la fin.
Il plonge ses yeux dans mes yeux et m’embrasse encore une fois. Il dit :
Tu es toujours belle et sensuelle ; rien à changer en toi ma beauté !
Banji ! pourquoi tu m’as fui ?
Je n’ai jamais fui, dit-il calmement.
Et c’était quoi alors ta disparition ?
Il se redresse pour répondre, lorsqu’on entend la clé qui tourne dans la serrure. On se regarde :
Ils sont là, avions-nous dit en chœur
Il ramasse sa serviette et sort en courant. Je réalise que je viens de coucher avec le beau-père de ma fille. Suis-je aussi faible que ça ? et pile au moment où il voulait me répondre que les enfants rentrent. Décidément. Je vais tranquillement prendre mon bain sans remord aucun.
Après le bain, je vais m’enfermer directement dans la chambre. Je la garde jusqu’au soir ; car je n’ai pas envie de croiser Banjoko. Ma fille vient passer du temps dans ma chambre ‘ai profité de l’occasion pour lui dire que je devrais retourner au pays dans quelques jours. Elle n’était pas vraiment contente ; elle profite pour m’informer que Yoan et elle, dans six mois, qu’ils feront leur mariage. Je la félicite à contre cœur en promettant revenir pour les préparatifs. Yoan est certes bon garçon mais trop jeune d’une autre part je suis amoureuse du père de ce dernier. Ayomide me dit que Yoan a accompagné son père à la gare pour prendre son train pour la suite. Il était censé rester encore une semaine, mais il a dû leur trouver une excuse. Moi aussi je devrais rester plus longtemps mais je n’avais plus le cœur de rester ici, après ce qui s’était passé.
Nous sommes au jour de mon départ. Je suis émue, toute ma famille est présente mes filles et mes deux gendres à l’aéroport. On se fait des ‘’ au revoir ‘’ chaleureusement. Je me sens comme une traite ; j’ai envie de dire la vérité à mes filles concernant Banji. J’ai juste peur du regard qu’elles vont me porter. Je me résigne et je garde le silence. Tout compte fait je ne le reverrai plus jamais après le mariage de nos enfants.
Je retrouve mon cher pays qui m’a tellement manqué. Les activités reprennent normalement, après une semaine. Je pense à Banjoko plusieurs fois par jour. J’ai composé plusieurs fois son numéro sans avoir eu le cœur de lancer l’appel et je redépose le téléphone à chaque fois.
J’étais dans les cahiers de comptes, pour mieux me concentrer, je mets l’instrumental de l’album ‘’D’eux’’ de Céline DION. J’étais en train de savourer ‘’le ballet’’ quand mon assistante vient m’annoncer la visite d’un monsieur envoyé par mes filles depuis la France :
Madame ?
Oui ?
Vous avez une visite.
C’est encore qui ça ? Je suis occupée. Dis à la personne que je suis en réunion.
Désolée, mais je viens de lui dire que vous êtes, parce qu’il m’a dit qu’il vient de la France de la part de vos filles. Je me suis dit que cela devrait-être important.
Okay ! nous sommes dans l’après-midi, propose lui le menu et servez-lui une boisson à boire. Je viens dans quelques instants.
D’accord madame.
Je ferme les cahiers en prenant soin de marquer les pages. Si seulement je savais utiliser un ordinateur, j’aurais pu finir ces comptes depuis que je suis arrivée. Je regarde le miroir pour arranger mon physique, puis je sors rencontrer le monsieur en question. Dans la salle du restaurant, mes yeux croisent ceux de Banjoko, tout comme si il savait que j’allais sortir à cet instant précis. Quelle surprise ? Je ne m’y attendais pas dutout. Que vient-il faire ici ?