Chapitre 14 : Au lendemain sombre

Ecrit par Moktar91

Chapitre 14 : Au lendemain sombre


Cotonou

Église Saint Michel 

Presbytère de l'Eglise


Florent se réveilla dans un soubresaut qui lui fit perdre pied quand il voulut se relever. 

Il toussota lentement avant de se rasseoir. À ses côtés, y'a Rockyath se tenait, cassée en deux de part son dos, elle lui massa lentement la tampe avant de lui administrer une décoction qui lui arracha un cri aiguë. Son visage se crispa et lui laissa échapper une larme. 

-<<Merde!>>, Grogna-t-il.

Son cri vint mourir dans les coins de son mur insonorisé. 

Il souffrait.

Il allait très mal.

Et elle le savait.

Elle devrait être à ses côtés et s'y employait.

Quand la dernière mixture fut appliquée, elle se leva et le laissa seul. Sa robe moulante lui allait parfaitement et ressortait ses courbes généreuses et aguichantes. Il s'imagina la prendre et lui donner tout le plaisir du monde... Et placer en elle cette germe de l'élu.

Quand il essaya de se tenir sur ses pieds, son réflexe fut d'aller se jeter devant son miroir dans la salle de bain. Il voulait voir les dégâts que lui avait infligés la petite Naimath. Il voulait l'étendu de son pouvoir et ses dégâts sur sa personne.

Ses doigts parcoururent le miroir et il ouvrit les yeux pour enfin se découvrir. Son visage dut tétanisé par l'horreur qu'il était devenu.

Florent était grillé au plus haut point et présentait sur quelques parties de son corps des plaies malodorantes qui lui fit boucher à lui même son nez. Il n'y comprenait rien. Comment une petite fille pouvait lui faire si mal ?

Deux jours sont depuis passés et toujours, aucune amélioration. Son regard se perdait dans une once de douleurs quand il sentit une main l'entourer. Elle vint se loger au creux de son entrejambe et s'y attarda. Ce dernier grossit et prit forme dans sa main. Un sourire vint se loger sur son visage radieux. Elle l'embrassa dans le cou avant de lui dire : <<Je t'aime>>.

Il se retourna vivement et lui fit face. Cette réponse, il ne l'attendait pas. L'effet de surprise le fit ramollir. Il n'avait plus envie d'elle. Titubant, l'homme alla se recoucher.

À cet instant, le bruit de son portable attira son attention. Le nom qu'il y lit ne lui fit guère plaisir. C'était le chef de la loge. 

Il savait qu'il devrait s'y rendre. 

Il laissa sonner le mobile et se recoucha.  

Demain est un autre jour...



Cotonou

Godomey-Togoudo


Deux jours sont passés depuis ces événements. 

En revenant des cours cet après-midi, la petite Naimath vit sa mère lucide. Une première depuis bien des mois. Elle était assise devant la cour, élégamment vêtue de son unique pagne cousue en boba. Ce seul pagne "tchigan" que lui avait légué sa mère... C'était une autre époque, celle où elle avait toute son innocence, toute sa joie de vivre et où pour elle l'avenir était tout tracé. C'était cette époque où elle n'avait pas encore connu l'homme qui fut son malheur et qui continue de lui pourrir l'existence. C'était une autre époque. Celle où elle n'était pas encore mère, celle où elle ne devrait pas se soucier d'une  enfant. 

En viyant sa fille rentrer, un sourire se dessina sur son visage. Dire qu'aujourd'hui, cette gamine lui sauvait la vie, deux fois déjà que Sa petite lui sauvait la vie et elle en était consciente. Aujourd'hui, elle était décidée à reprendre son rôle de mère et à s'y atteler. Elle se devait d'être là pour sa fille...

Naimath dépassa sa mère après une génuflexion pour la saluer. Elle ne fit pas cas de cette soudaine lucidité et de son accoutrement. Elle se dirigea vers la chambre pour se changer. Quand elle se dévêtit, elle sentit un regard dans son dos. C'était sa mère.

Quarante huit heures déjà qu'elle échappait à ses questions mais elle savait qu'il lui était impossible et qu'elle devrait lui répondre.

En se retournant vers sa mère, la Petite lui désigna la natte de raphia qui leur servait de lit, comme support pour cette conversation.

Elle se passa la main au visage et noua son pagne. Sans plus laisser le soin à sa mère, elle lui narra tout. À chaque fois, la dame tiqua et à la fin du récit de sa fille, elle pleurait à chaude larme. 

Naimath prit sa mère entre ses mains pour la consoler. 

Une image lui traversa rapidement l'esprit. Elle en avait eu le pressentiment ce matin à la récréation. Mais cette fois ci, c'était plus claire, plus visible et plus attardée comme pour lui signifier la réalité... Elle se voyait enceinte...

Elle secoua la tête en se levant et se dirigea vers les marmites...

La vérité sortira bien un jour...



Calavi


Amos se prélassait dans son lit. Deux jours sont passés et depuis cet incident il n'avait osé mettre les pieds hors de son appartement. Son esprit cartésien était mis à rude épreuve. Il doutait bien de ce que le monde n'était pas aussi rationnel qu'il le pensait. Il était conscient de la présence d'autres entités dans le monde. Mais jamais, il n'en avait fait l'expérience. Encore heureux que ce ne fut point une expérience amère ou douloureuse. Cette enquête lui donnait plus de mal que prévu. Il le savait. Il se devrait de reprendre sous un autre angle... 

Plus que jamais, il était conscient que le prêtre constituait bien une énigme, une pièce importante de ce puzzle qu'etait la mort de son père, mais à cela, une autre personne entrait en jeu : sa demi-sœur. Il lui fallait en savoir plus.

Quand il franchit cet après-midi la porte de son bureau, le désordre qui y régnait lui rappela que cette enquête était avant tout une question de famille. Il se devait de ne laisser entrevoir l'ombre d'un doute sur la question d'un conflit d'intérêt au risque de se voir retirer l'affaire. Il était un Zinsou, cet homme qui lui avait donné son nom et un avenir. Certes, en lui coulait le sang de l'inceste des Amoussou, mais cela, il n'en avait cure. Il s'était levé pour verrouiller son bureau quand ce dernier s'ouvrit sur Gisèle, une élève stagiaire qu'il avait sous ses ordres depuis un bout de temps. 

Elle le lessivait et il le savait. Il était beau gosse et s'en orgueillait assez souvent... Elle verrouilla derrière elle avant de venir se loger sur son bureau, le regard aguichant et la tenue qui déjà volait au sol.

-<<Un anti stress parfait !>> Avait-il murmuré avant  d'empoigner ses seins pour se perdre dans des spasmes inouïes.


De longues minutes s'étaient écoulés depuis. 


Les bruits à la porte devenait plus forts, répétés et intenses. On y cognait. Il se retira de Gisèle et alla se nettoyer. Au même instant, son portable se mit à sonner. Quand il vint ouvrir, il tomba sur Marvin qui s'engouffra dans le bureau et vint se loger au beau milieu de la pièce. Il ne prêta nullement attention à la demoiselle qui trônait derrière le bureau. Elle venait de porter son string et boutonnait sa jupe bleue. C'est dans un juron qu'elle s'en allait...


Quand il fut certain qu'elle était bien hors de son champ, Marvin vint refermer la porte. Il se plaça devant un Amos stoïque qui n'avait rien dit depuis, se permettant juste d'observer ses moindres faits et gestes.

Quand il fut assez proche de son demi-frere, qu'il ignorait, Marvin le regarda droit dans les yeux et déclara : <<Murielle a été assassinée...>>

Meurtres au paradis