Chapitre 15 : Entre-chocs

Ecrit par Moktar91

Chapitre 15 : Entre-chocs



Cotonou

Commissariat central 


Le regard de Amos se liquefia à cette annonce. Il s'attendait à tout sauf à cette annonce surprenante. Son esprit ne fit qu'un tour. Comment pouvait-il en être ainsi ?

Qui pouvait bien en vouloir à ce point à la famille....? Sa famille...

Et qui était le prochain sur la liste ?

Nombres de questions s'entrechoquaient en lui.

Il vint se placer derrière son bureau, décrocha son téléphone fixe et demanda au légiste de le rejoindre sur place.


Quand il quitta son bureau, et avec lui sa coéquipière Claudette, il démarra sa voiture de service en mettant la sirène. Derrière son demi-frère suivait dans la sienne...



Cotonou


Résidence Amoussou


Un Vacarme assourdissant s'élevait dans la maison. Amos fit son entrée suivit de près par sa coéquipière.

Dr Kougblévi, le légiste principal de la police Républicaine au commissariat de Cotonou était déjà sur les lieux... Quand il entendit Amos, il se e redressa et referma la dernière tube qu'il avait en main. Elle contenait de la salive de la défunte qu'il venait de prélever. Son âge avancé ne lui permettait plus trop de faire de grands efforts. L'homme se redressa et après avoir serré la main à ses coéquipiers, leur signala qu'il en avait fini et que la scène du crime était leur propriété.

Claudette sourit car ce n'était pas la première fois qu'il utilisait cette qualification de "propriété" pour désigner un lieu de crime. 

-<<Comme si on allait y vivre>>, se dit-elle.

Autour d'eux, quatre agents de la police Républicaine étaient à la tâche. Qui pour placer les banderoles et qui pour questionner les personnes présentes.

Amos reporta son attention sur le corps. 

Sa sœur était entendue à même le sol dans une robe noire. Il y reconnut la griffe particulière d'un des plus célèbres créateurs de modes du Bénin. Elle était en position latérale et semblait s'être écroulée depuis les escaliers. Une mince filet de sang s'échappait de son nez. À l'arrière de son crâne du sang coulait, sûrement dû au choc lors de la chute. Sa bague de diamants dont elle ne s'était jamais séparée depuis qu'il la connaissait ne pensait plus à son doigt. Mais un détail plus frappant attira son attention : son pouce gauche avait disparu, sectionné et cautérisé. Il semblait tout frais et l'incision était d'une très grande précision.




Presque du sang ne s'échappait plus. 

Il tourna son regard vers sa coéquipière qui lui fit remarquer que de sa paire de chaussures, il n'en restait qu'une. 

L'inspecteur fronça les sourcils et se dirigea vers l'un des agents qui lui remit un bloc note qui contenait les diverses interrogatoires...


Quand on fit passer le corps quelques minutes plus tard, il était assis dans le jardin et à ses côtés sa coéquipière. 


-<<Ils sont tous potentiellement coupables>> lui dit-il.

-<<Tu n'as pas tord>> avait-il renchérit.

Son expression se durcit car amèrement il ne pouvait que constater qu'elle avait raison. Aucun d'eux ne semblait vraiment touché par la mort de la jeune femme.

Il se surprit à les observer à tout de rôle.

Moriane tenait à la main un verre de Scotch qu'elle sifflait. Son regard était indifférent, presque indécis. Elle scruptait un vide qui était devant elle. Elle jeta un regard sur son mobile qui vibrait en sa main. Quand elle décrocha, elle observa un silence et son visage changea d'expression. Elle vint vers sa mère et lui chuchota à l'oreille après avoir raccroché. Elle se leva et monta les escaliers. 

Comment pouvait-elle être aussi détendue alors que le corps de sa fille n'avait pas encore refroidi ? 

Amos secoua la tête et ne comprenait bien par la famille dans laquelle il s'était retrouvé. 

Le rire franc de Meredith le fit ramener à la réalité. Elle portait une jupe courte qui laissait entrevoir ses longues et belles cuisses et un corsage qui lui moulait la poitrine. Apparemment elle s'était changée, son portable en main qu'elle pianotait.

Le portail familial s'ouvrit et fit place à Naimath. Le jeune fille fit quelques part et vint se placer à quelques mètres de l'entrée principale.

Quand il vit sa sœur, Marvin alla la prendre dans ses bras. De grosses larmes lui échappaient et les deux se perdirent dans de longs instants qu'ils étaient les seuls à arrêter...

-<<Ne la touche pas ! >>

C'était leur mère. En descendant, elle avait vu le tableau peu ordinaire qui souffrait à eux. Son fils avec sa demi-sœur. 

Ce dernier ne répondit pas à son injonction et serra plus fort sa sœur. Sa mère vint alors lui toucher l'épaule pour lui signifier qu'il fallait arrêter. D'un geste brusque et vif, il se degagea de sa mère en la repoussant. Elle alla se retrouver sur ses fesses. Le regard haineux que lui lança son fils la fit reculer plus. Elle ne le reconnaissait pas. Marvin baisa le front de sa sœur et s'en alla à l'intérieur avec elle...

L'assistance restait de marbre.

C'est à cet instant que Amos remarqua des absences pour parfaire le portrait familial : Y'a Rockyath et le Père Florent était absent...


En quittant la maison de son père, le lieu du crime, il savait que les lendemains seraient plus sombres...

Meurtres au paradis