CHAPITRE 14: COURAGEUX OU NON??

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 14 : COURAGEUX OU NON ?

**MARWANE MEZUI**

J’ai soupiré une fois de plus avant de fermer les yeux et replonger dans mes souvenirs. Après que Blessing soit partie en me laissant en train de pleurer dans la voiture, j’étais resté là pendant près d’une heure de temps. Mon téléphone s’était mis à sonner et c’était Mommy, je n’avais pas eu la force de répondre, à la vérité je n’avais pas envie de parler à qui que ce soit et j’étais simplement descendu du véhicule pour partir de là. J’étais allé dans un petit motel où j’avais passé la nuit. Mommy m’avait appelé à trois ou quatre reprises en vain puis plus rien. J’avais regardé le plafond toute la nuit et le lendemain j’avais à nouveau fait le mort toute la journée sans prendre les appels de qui que ce soit. J’avais voulu partir du Ghana sans rien dire à Mommy mais malheureusement mes affaires étaient chez elle. J’avais attendu 1h avant mon départ pour m’y rendre.

Mommy : (Se levant après m’avoir vu) Marwane mon Dieu où étais-tu ? Je n’ai pas arrêté de t’appeler depuis 2 jours.

Moi : (Esquissant un faible sourire) Je sais et je suis désolé de n’avoir pas pris. C’est juste que j’avais besoin d’être seul.

Mommy : Viens t’asseoir.

Moi : Je ne peux pas car il faut que j’y aille. Mon vol est dans moins d’une heure. Je suis juste venu récupérer mes affaires.

Mommy : (Triste) Marwane il faut vraiment que l’on parle. Tu sais Blessing

Moi : (La coupant) Je n’ai pas très envie de parler de ça Mommy je t’en prie. Je veux juste prendre mes affaires et filer à l’aéroport pour ne pas rater mon vol.

Mommy : (Silence)

J’étais monté faire rapidement mon sac avant de redescendre. Mommy s’était levée pour me regarder assez triste.

Mommy : Ai-je encore le droit de te prendre dans mes bras et de prier pour toi ?

Moi : (Esquissant un faible sourire) Bien-sûr.

Elle avait pris mes mains et avait prié pour moi en demandant à Dieu de me protéger afin que mon vol se passe bien, d’apaiser mon cœur et que celui-ci ne se fasse pas corrompre et enfin que je retombe rapidement sur mes pattes pour aller de l’avant et poursuivre mes objectifs avant de me prendre dans ses bras pour un câlin.

Mommy : (Me caressant le dos) Je t’en prie Marwane ne te renferme pas.

Moi : Je ne le ferai pas. Je te promets de toujours prendre régulièrement de vos nouvelles. Tout ce que je vous demande c’est du temps.

Mommy : (Soupirant) D’accord. Fais un bon voyage.

Moi : Merci Mommy.

Elle m’avait encore gardé dans ses bras un petit moment avant de me relâcher. Elle m’avait caressé le visage et j’étais parti. J’avais pris un taxi pour l’aéroport et j’étais parti du Ghana pour le Gabon. En principe, j’avais encore une marge de 2 semaines de vacances avant de reprendre le travail. Je m’étais dit en partant que si jamais Blessing nous donnait une chance, j’aurais repoussé mon départ pour passer un peu plus de temps avec elle et dans le cas contraire, je serais rentré et j’aurais également eu quelques semaines pour moi afin de me remettre et c’était ce que j’avais fait. Personne à part Loyd n’était au courant de mon retour et il l’avait même su parce que Mommy l’avait appelé pour le lui dire. Il était venu me voir une semaine après que je sois rentré. Il avait cogné à la porte de mon appartement avant de se mettre à parler.

Loyd : (De l’autre côté) Mezui si jamais il te vient à l’idée de jouer les silencieux pour faire croire qu’il n’y a personne, c’est mort. Je sais que tu es à l’intérieur alors viens m’ouvrir.

Moi : (Silence)

Loyd : Mezui tu as 5 minutes pour ouvrir après quoi je vais défoncer cette porte et tu vas te débrouiller avec les frais de réparation.

Moi : (Silence)

Loyd : (Après un moment) 4 minutes. (Un peu plus tard) 3 minutes. (Après) 2 minutes.

Je m’étais levé du sol où j’étais assis et j’étais allé me placer derrière la porte.

Loyd : 1 minute.

Moi : (Silence)

Loyd : Ok, tu l’auras cherché.

J’avais ouvert et je l’avais regardé dans sa position de celui qui s’apprêtait à casser ma porte.

Moi : Heureusement que je sais que tu es riche, tu allais non seulement me réparer ma porte et t’allais aussi me dédommager en m’achetant une voiture.

Loyd : (Souriant) Tu peux toujours courir. Il ne fallait pas ouvrir et je l’aurais cassée ta porte.

Moi : Hum.

Je m’étais retourné et j’avais rejoint l’endroit où j’étais précédemment assis.

Loyd : (Ramassant des choses qui traînaient ça et là) Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu étais rentré ?

Moi : (Mettant ma capuche sur ma tête) Parce que je n’avais envie de parler à personne.

Loyd : Hum.

Il s’était mis à ranger la vaisselle sale qui était ça et là avant de venir s’asseoir par terre à côté de moi avec 2 bouteilles de bières. Il avait décapsulé une qu’il m’avait tendu.

Moi : (La prenant) Comment tu as su que j’étais rentré ?

 Loyd : (Ouvrant la sienne) J’ai tenté de te joindre et je n’ai pas pu le faire, j’ai appelé Bless mais là non plus je n’ai eu aucun résultat alors je suis passé par Mommy qui m’a dit que tu étais rentré depuis une semaine maintenant et que tu n'allais pas bien.

Moi : (Buvant ma bière) Je vois.

Loyd : Les filles et elle ont essayé de te joindre car elles sont inquiètes pour toi.

Moi : La prochaine fois que tu les auras au téléphone, dis leur que je vais bien et que je vais les appeler d’ici là.

Loyd : Hum.

Nous avions continué à boire en silence.

Loyd : Tu me dis ce qui s’est passé ?

Moi : Il n’y a rien à dire.

Loyd : Tu lui as au moins dit ce que tu ressentais pour elle ?

Moi : Ça n’aurait servi à rien. Elle pense que les homos sont des animaux. Comment elle a dit ? ‘’des êtres abominables’’ pour être plus exacte et que jamais elle ne s’approcherait de ces gens. (Esquissant un faible sourire tout en essuyant une larme qui avait coulé) Malgré tout je me suis dit que peut-être ce qu’on avait partagé aurait pu lui faire changer d’avis sur la question et que si elle découvrait mon histoire, elle aurait compris pourquoi. Mais à peine j’avais voulu lui parler que j’avais vu ce dégoût sur son visage et elle s’était enfouie en demandant à Dieu de lui pardonner comme si le fait d’avoir été proche de moi l’avait souillée.

Loyd : Je suis vraiment désolé.

Moi : (Essuyant à nouveau mes larmes) C’est rien.

Loyd : Dans le fond, je sais qu’elle ne pensait pas ce qu’elle a dit. Et bien évidemment, ton passé ne détermine pas qui tu es.

Moi : (Silence)

Loyd : Je pense qu’il lui faut juste un peu de temps pour digérer cela. Blessing t’aime et nous le savons tous. Il faut seulement

Moi : Je préfère laisser tomber et me faire à l’idée que je me suis trompé. Les relations amoureuses ce n’est clairement pas fait pour moi. Je vais me concentrer sur autre chose.

Loyd : Ne sois pas pessimiste.

Moi : Je ne le suis pas. Je suis réaliste. Ma propre famille me voit comme un animal de foire.

Loyd : Marwane.

Moi : Tu sais que c’est la vérité. Ce n’est pas parce que je ne parle pas que je ne le sais pas. Je suis conscient de cela alors je ne peux pas en vouloir à Blessing de ne pas vouloir de moi dans sa vie. Je l’ai compris et j’ai décidé de l’accepter. Je ne peux pas changer mon passé, je vais vivre uniquement avec ceux qui voudront bien de moi et c’est tout. Je vais oublier toutes ces choses et avancer. Il me faut juste quelques jours pour complètement me vider de tout cela et je serai à nouveau d’attaque.

Loyd : C’est vraiment ce que tu veux faire ?

Moi : Oui. Je préfère me concentrer sur les choses positives. Je suis un dur à cuire et j’ai déjà traversé plus complexe que ça.

Loyd : Ok. Je suis là au besoin et si tu as envie de parler, tu sais que tu peux compter sur moi.

Moi : Je sais. Et je t’en remercie.

Loyd : Tu peux venir à la maison si ça te dit.

Moi : Et déranger ta relation de péché avec Lucrèce ? Non merci.

Il était resté avec moi jusqu’au lendemain et j’avais beau lui dire que ce n’était pas nécessaire mais il l’avait quand même fait. Cela m’avait fait du bien de voir qu’il s’inquiétait vraiment pour moi. Dans le fond, je le savais déjà mais qu’il me le manifeste à ce moment là m’avait fait plaisir. Il avait réussi à me faire changer les idées.

 En ce qui concernait Blessing, elle avait finalement bloqué mes numéros, le lendemain même du jour où on avait parlé ensemble. Et je ne lui ai plus jamais parlé. Ça n’allait pas fort mais j’avais décidé de ne pas m’apitoyer sur mon sort. Après les 2 semaines, j’étais retourné au travail et j’avais appelé Mommy pour lui donner de mes nouvelles. Elle avait une fois de plus voulu me parler de Blessing mais je lui avais dit de laisser tomber car j’avais décidé de passer à autre chose, que je ne pouvais pas la forcer d’être avec quelqu’un comme moi et que je ne l’en voulais pas. Elle n’avait pas insisté car elle avait bien vu que je ne voulais vraiment pas en parler. J’avais également parlé avec Julia et Johanna un peu plus tard et à la question de savoir pourquoi Blessing s’était renfermée dans son coin et de pourquoi j’étais parti du Ghana en plus d’avoir filtré tous leurs appels ainsi j’avais dit que j’avais essayé de parler avec Blessing de mes sentiments pour elle mais cela ne s’était pas bien passé.

Julia : Mais pourquoi puisque vous vous aimez ?

Moi : Parce que j’ai un secret difficile à supporter.

Johanna : Un secret ?

Moi : Oui.

Julia : (Arquant un sourcil)Et c’est quoi ce secret ?

Moi : (Du tac au tac) J’ai été homosexuel durant plusieurs années.

Elles : (Silence)

Moi : (Après un moment à les regarder) Et je l’ai dit à Blessing qui n’a pas supporté. Elle m’a demandé de ne plus l’approcher.

Elles : (Silence)

Moi : Je comprends que cela puisse être choquant et si cela vous dérange également d’être en contact avec moi, je comprendrai.

Elles : (Silence)

Un malaise s’était créé et j’avais décidé de mettre fin à l’appel. J’avais soupiré et je m’étais dit qu’il valait mieux que j’oublie le Ghana. Le lendemain, l’histoire de Loyd et Lucrèce faisait le tour des réseaux. Cela m’avait tellement absorbé que j’avais arrêté de penser à mes propres problèmes. En voyant la situation de Loyd j’avais fini par me dire que je ne m’en sortais pas si mal. Pas que je me moquais de lui ni quoi que ce soit parce que naturellement nos cas n’étaient pas comparables. Bien qu’ayant partagé des choses avec Bless pendant près d’une année, notre relation n’en était pas une à proprement parler contrairement à Loyd qui avait vécu plus de la moitié d’une décennie et avait construit toute sa vie avec elle, sans compter l’impact que cela a eu dans la famille et même au-delà, ce n’était vraiment pas la même chose. Ce que je disais justement était que Dieu m’avait préservé d’un chagrin plus grand car je n’étais qu’au début. Je m’étais donc concentré sur Loyd et j’avais essayé de le sortir de cette situation. Ce n’était pas facile au début et j’avais dû aller voir le pasteur Lilian pour m’aider à lui parler. Il avait accepté de me suivre à Lambaréné et avait parlé avec Loyd pour le remettre sur les rails, ce fut le cas. Pendant cette période, Mommy est tombée malade et a essayé de me faire venir au Ghana pour me parler mais je n’y suis pas allé car je m’occupais de Loyd. Dieu merci ils se sont tous les deux rétablis et j’ai continué à prendre des nouvelles de Mommy. Elle m’avait un jour demandé si j’avais l’intention de revenir au Ghana pour éclaircir la situation avec Blessing et je lui avais dit que non, j’avais vu de la déception sur son visage mais elle n’avait plus insisté et c’était la dernière fois qu’elle et moi parlions de ce sujet. Nous étions restés en contact et l’on prenait de nos nouvelles mais c’était sans plus. Julia m’avait relancé durant cette période et s’était excusée par rapport au dernier échange que nous avions eu. Elle m’avait dit que leur silence n’était pas tant à cause de moi mais pour une histoire beaucoup plus profonde. Elle avait dit qu’elle ne me jugeait pas et était beaucoup plus admirative de ma personne. Elle s’était mise à m’appeler papa et m’avait demandé de venir au Ghana car il fallait vraiment que je parle avec Blessing qui faisait du vrai n’importe quoi mais tout comme avec Mommy, je lui avais dit que je n’allais pas le faire. Johanna m’avait aussi contacté un jour en étant très bouleversée et en pleurs. Elle me parlait d’une histoire en rapport avec leur père mais que je n’avais pas bien saisie parce qu’elle pleurait énormément et moi-même j’étais à l’église pour une rencontre avec les jeunes. Je lui avais dit que j’allais la rappeler et quand je l’avais fait plusieurs heures après c’est son mari qui m’avait répondu en disant qu’elle dormait déjà. Elle-même m’avait appelé 2 jours après et m’avait dit que ce n’était rien, que je ne devais pas m’inquiéter. Elle m’avait dit que dès que possible, je devais venir au Ghana. Je lui avais dit d’accord mais je ne l’ai pas fait. Les choses sont restées ainsi jusqu’à aujourd’hui.

Est-ce que j’ai réussi à oublier Blessing ? Oui et non. Oui parce que je suis arrivé à passer à autre chose, à vivre ma vie sans avoir à me morfondre et m’apitoyer sur mon sort. Non parce qu’après tout elle demeure la seule femme qui ait réussi à me faire ressentir des choses aussi forte pour elle et m’ait donné envie de construire une famille avec elle. C’est la seule qui a réussi à me faire croire qu’il y avait une possibilité mais bon. Je ne suis pas un vilain homme et bien évidemment je plais à des femmes, plusieurs m’ont même fait des avances de façon claire ou voilée mais je n’ai jamais donné de suite à cela car je l’ai dit, en partant du Ghana, je m’étais fait une raison, les relations amoureuses ce n’était pas fait pour moi. Je n’avais pas l’intention de vivre dans la fornication et je ne me voyais pas aussi revivre ce qui s’est passé avec Bless avec une autre femme alors j’ai zappé ça et j’ai continué ma vie simplement.

Blessing est en couple apparemment, il fallait s’y attendre. Elle a 31 ans et elle doit faire sa vie. Elle s’y prend même assez tard comparée à Julia et Johanna qui se sont mariées bien plus tôt. Je suis content pour elle même si je ne vais pas cacher que ça me fait un petit truc au cœur de l’apprendre. Je soupire une fois de plus avant de me redresser sur le lit.

Marwane : Allez Marwane, ressaisis toi. C’est sa vie et cela ne te regarde pas

Je me suis levé, j’ai retiré mes vêtements et j’ai fait un tour à la douche avant de revenir mettre des vêtements plus décontractés et descendre. J’ai trouvé Loyd qui terminait de parler avec ses employés.

Moi : (Remplaçant ces derniers dans la pièce) Alors ?

Loyd : On a eu une discussion. Je leur ai fait comprendre que je n’avais vraiment rien contre eux, que je n’avais pas l’intention de les renvoyer. Tout ce que je voulais était éviter des problèmes à l’avenir et pour cela Célia ne pouvait plus rester ici. Ils ont compris ma position et ont dit qu’elle ne reviendra plus. Ils se sont excusés pour son attitude et moi de leur avoir parlé comme le l’ai fait la veille. Tout est au beau fixe maintenant.

Moi : Tant mieux. Ravi de savoir que maman Nicole continuera à préparer dans cette maison sinon on allait mourir de faim.

Loyd : (Se levant) Quand tu es à Libreville c’est maman Nicole qui vient te nourrir ?

Moi : (Prenant la télécommande de la télévision) Est-ce que je te gère même ?

Loyd : Tu paieras bientôt des charges dans cette maison.

Moi : (Riant) Envoie moi la facture, je n’attends que ça.

Il est parti et j’ai allumé la télévision pour tomber sur une vidéo de lui et Lucrèce en Chine. J’ai vérifié et je me suis rendu compte que son ordi était connecté à la télévision. Voici la raison pour laquelle il n’a pas dormi cette nuit, il visionnait ces images. J’ai décidé de regarder moi aussi et dans cette vidéo, Lucrèce recevait un parchemin d’une formation en acuponcture qu’elle avait faite avec d’autres personnes et apparemment elle était la meilleure de la promotion. On la voit recevoir le parchemin plus une petite broche qu’on colle sur son vêtement. Puis il y a la séance photo et une sorte de cocktail. À plusieurs reprises elle fait des signes à la caméra que Loyd qui filme tient. La cérémonie terminée, elle dit au revoir et s’en va avec Loyd. Ils montent dans une voiture et durant le trajet elle lui raconte comment elle a vécu ce moment plein d’enthousiasme comme s’il n’avait pas assisté. Ils sont arrivés à la maison et elle a sauté dans ses bras. Il l’a soulevée par les hanches avant d’aller s’asseoir avec elle sur le canapé. Elle était à califourchon et avait ses bras autour de son cou. Il lui a dit combien il était fier d’elle et que malgré la barrière de la langue au début, elle a su s’imposer. Et elle de lui répondre que c’est grâce à lui qu’elle l’a fait car ses encouragements au quotidien étaient ses boosters. Il lui a demandé ce qu’elle voulait comme cadeau pour la féliciter et elle lui a répondu que c’était lui qu’elle voulait, qu’il continue de l’aimer comme il le faisait et qu’elle voulait qu’il lui fasse l’amour comme il savait si bien le faire. Puis il se regardent avec de grands sourires avant de finalement s’embrasser de façon légère puis de plus en plus avec énergie. On le voit la caresser jusqu’à presser ses fesses avec une certaine poigne et la vidéo se coupe à ce niveau.

Moi : Tchuip. Vous avez d’abord filmé jusque là pourquoi ? Il fallait maintenant nous laisser suivre jusqu’à la fin pour qu’on voit vos choses de la fornication.

Je suis sorti de cette vidéo pour regarder une autre, il s’agit de celle de leur mariage clandestin là. Je connais cette vidéo car je l’avais déjà vue plusieurs fois avant pendant sa grande phase de dépression. Pourtant je me suis encore bien calé sur le fauteuil pour la visionner. Je regarde et moi-même je souris comme un maboule car je trouve ça beau. C’est de la pure folie et il faut vraiment être un Loyd pour faire ce genre de choses mais n’empêche que c’est beau à voir. Dans la vidéo ça se voit qu’il est nerveux jusqu’à ce qu’il voit Lucrèce sortir du couloir. Ses yeux se mettent à briller et il fait un gros sourire qui ne le quitte plus jusqu’à ce qu’elle le rejoigne. Ils se mettent l’un en face de l’autre puis prononcent leurs vœux. Je ne peux m’empêcher de penser que l’amour et la folie sont deux faces de la même pièce car on ne peut faire une telle chose si ce n’est pas la folie qui nous guide mais à les voir comment ils sont heureux et tellement confiants, tu te dis que ce n’est pas grave. Tout comme la vidéo précédente, celle-ci se coupe au moment où ils s’apprêtent à passer à l’acte. Je me mets à me questionner sur ce qu’il peut bien ressentir en faisant ces choses ? Est-ce la même chose que je ressentais quand j’avais des rapports sexuels par le passé ? Je finis par me dire que non. Le pasteur Lilian dans ses enseignements aux célibataires sur la sexualité, disait que le sexe n’était pas simplement que physique. Mais que c’était avant tout la connexion de 2 âmes qui s’aiment et se désirent mutuellement. Que cela avait quelque chose d’irréel, de mystique. Le sexe allait au-delà de la pénétration, mais un simple regard, un sourire, un touché, même un soupir de l’être aimé suffisait à embraser nos sens et c’était ces petites choses qui rendaient le sexe si spécial. Je n’avais jamais connu une telle chose avant. La seule fois que j’ai plus ou moins expérimenté un truc qui s’apparentait à cela c’était au Cap Vert avec Bless et j’avoue que cela n’avait rien à voir avec ce que j’avais connu avant. Et là sans que je ne me contrôle, je revois cette scène d’il y a 4 ans où Bless sort toute nue de la douche pour venir se poster devant moi. Je la revois s’approcher en me fixant dans les yeux, se mettre au dessus de moi, sourire, me susurrer des choses à l’oreille avant de se redresser pour enfiler sa serviette. Je me revois la saisir par la taille et la renverser sur le lit, je me revois l’embrasser et caresser ses courbes. Je me rappelle comment son corps qui était froid à cause du bain s’était rapidement réchauffé au contact du mien, je me souviens des soupirs de désir que nous avions à ce moment là, je me rappelle le frisson que nous avons ressenti, je me souviens de comment je bouillonnais à l’intérieur de moi et l’excitation que j’avais à l’idée de lui faire l’amour. Clairement cela n'avait strictement rien à voir avec mes expériences passées. J’ai ouvert mes yeux et je me suis rendu compte que j’étais en érection. Voilà ce qui se passe quand on commence à voir les choses des fornicateurs, on finit par avoir des idées de fornication et notre corps réagit. J’ai éteint la télévision et je me suis levé pour partir de là avec espoir de rapidement me changer des idées. J’ai croisé Loyd qui redescendait et m’a regardé avec un sourcil interrogateur.

Loyd : Qu’est-ce qui se passe ?

Moi : Tu oses me le demander ? Espèce de fornicateur.

Loyd : (Surpris) Pardon ?

Moi : (Le dépassant) Tchuip.

Je suis sorti de la maison et je suis allé vers la piscine dans laquelle je me suis jeté sans réfléchir. Cela a eu le don de me calmer. J’ai fait quelques brasses puis je suis sorti. Loyd était debout non loin et a repris la parole.

Loyd : Je peux savoir à quoi tu joues ?

Moi : J’avais besoin d’une séance de purification après avoir regardé tes vidéos avec Lucrèce (essuyant mon visage avec ma main) Je vais beaucoup mieux. Et tu devrais d’ailleurs arrêter de suivre ces choses car ce sont de véritables appels au péché.

Loyd : Hum.

Moi : Si tu veux revivre ça en bonne et due forme, il te suffit de remonter sur Libreville car Lucrèce y est.

Il s’est retourné pour y aller.

Loyd : Quand ta vie sera un propre exemple, on reparlera de la mienne.

Moi : Ma vie est un exemple.

Loyd : Si tu le dis. Et je te préviens, tu n’as pas intérêt à mouiller ma maison sinon je te fous à la porte.

Moi : J’aimerai bien voir ça.

Il est parti et je me suis dirigé vers la penderie de la piscine afin de me changer, j’ai troqué ma tenue contre une serviette propre, puis un peignoir. Mes vêtements étant propres, je suis directement aller les étendre à la corde avant de rentrer à la maison où je suis allé enfiler de nouveaux vêtements. J’ai rejoint Loyd en bas et nous sommes passés à table vu que la nourriture était déjà prête. Nous avons passé le reste de la journée sans incident et plus tard dans la soirée, nous avons finalement parlé de la prédication du matin.

Moi : Et donc pour toi recommencer en faisant les choses bien, c’est rester loin de Lucrèce ?

Loyd : Tu as bien fait pareil avec Blessing.

Moi : Ce n’est pas la même chose. Entre Blessing et moi, il n’y avait rien de concret, il n’y a donc rien à recommencer. Toi tu as tout un patrimoine avec elle.

Loyd : Et celui-ci sera divisé en deux. Tout compte fait, je verrai Lucrèce afin que nous discutions de cela et pas pour recommencer quelque chose avec elle.

Moi : C’est fou comme tu préfères fuir pour les petites choses.

Loyd : Toi qui ne fuis jamais c’est pour ça que depuis ton retour du Ghana tu n’as jamais eu le courage de recontacter Blessing ne serait-ce que pour lui dire bonjour ?

Moi : Elle a bloqué mes numéros.

Loyd : (Prenant son téléphone et le posant sur la tablette devant moi) Voici le mien, appelle. Si tu es aussi courageux que tu prétends l’être, prouve le moi.

Moi : (Silence)

Loyd : (Après un moment) Tu ne le fais pas ? (Récupérant son téléphone) Attends, je vais même te faciliter la tâche et l’appeler pour toi.

Il a lancé l’appel sur son numéro en mettant le téléphone sur mains libres. Ça a sonné un moment mais elle n’a pas décroché. Il l’a refait une deuxième fois pour le même résultat.

Loyd : (Posant son téléphone) C’est vraiment ton jour de chance qu’elle ne décroche pas. J’aurai moi-même vérifié si tu parles juste pour parler ou si tu es capable d’appliquer ce que tu dis.

Moi : Je suis passé à autre chose depuis longtemps. Si je ne l’appelle pas, c’est non seulement parce qu’elle a bloqué mes numéros comme je l’ai dit mais aussi parce que je n’ai pas envie de lui imposer ma présence.

Loyd : (Esquissant un faible sourire) Comme si cela t’a déjà dérangé d’imposer ta présence à quelqu’un .

Moi : Que veux-tu dire par là ?

Loyd : (Se levant) Bonne nuit Mezui.

Moi : Reviens ici, on n’a pas fini de parler.

Il a soulevé sa main et est parti.

Moi : Qui fait rentrer tes affaires ?

Loyd : J’ai un petit frère dans cette maison qui m’impose sa présence depuis que je le connais, il faut bien qu’il me serve à quelque chose.

Moi : C’est ça.

Loyd : (Dans la maison) N’oublie pas de mettre mes téléphones en charge j’en aurai besoin demain matin.

Il a disparu de mon champ de vision et je suis resté en train de sourire tout seul sur les fauteuils de la terrasse. J’ai pris mon téléphone et je me suis connecté. J’ai répondu aux messages WhatsApp qu’on m’avait envoyé et j’ai aussi parler avec Olivia qui était en ligne. J’ai pris de ses nouvelles en lui disant que je verrai comment monter là-bas pour la voir car il n’y a pas longtemps qu’elle a accouché de leur deuxième enfant. Et oui, quelques mois après leur mariage, elle est tombée enceinte et a eu un petit garçon. C’était dans la période de grande dépression de Loyd. Je n’avais pas pu aller la voir. Elle a eu une autre grossesse et elle a accouché le mois dernier d’une fille. Il faut que j’aille la voir pour la féliciter comme il se doit. J’étais en train de parler avec elle quand l’un des téléphones de Loyd s’est mis à sonner et c’était celui qu’il avait laissé sur la table. Je me suis redressé pour regarder l’identité de l’appelant et c’était écrit ‘’Bless Dumelo’’. Mon cœur a raté un battement et s’est mis à cogner fortement dans ma poitrine. Je me suis demandé ce que je devais faire. Ça a sonné un bon moment puis l’appel s’est coupé. Je me suis levé et me suis dit que c’était tant mieux, seulement elle a rappelé une deuxième fois. Je me suis décidé à décrocher sans parler.

«Blessing : Allô Loyd, j’ai vu tes appels en absence. »

 « Moi : (Le cœur battant, soupirant) »

« Blessing : Allô ? Loyd tu m’entends ? »

« Moi : Ce n’est pas Loyd, c’est Marwane. »

« Blessing : (Silence) »….

 

 

 

 

L'AMOUR SUFFIT-IL? T...