CHAPITRE 145: VIDER SON SAC.

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 145 : VIDER SON SAC.

**REINE DIVOKOU MFOULA**

Lucrèce : (Venant avec Reinal vers moi) Tantine Reine l’héritier a faim et il a refusé le biberon.

Moi : Il est déjà quelle heure là ?

Lucrèce : 15h.

Moi : Je vois, ce n’est pas seulement la faim oh, c’est l’heure du coup de fil avec son père qui va certainement appeler d’une minute à


Je ne termine pas ma phrase que mon téléphone se met à sonner sur le comptoir.


Moi : Ah, qu’est ce que je disais ? Donne moi ça chérie.


Pendant que Lucrèce est allée prendre mon téléphone, je me suis assise sur le canapé qu’il y a dans la boutique. Comme il y a assez de va-et-vient dans la pièce à cause des différentes équipes qui travaillent, j’essaie de me positionner de sorte à ce que ma poitrine ne soit pas exposée aux yeux de tous, seule Lucrèce peut me voir. On évite les problèmes inutiles avec Abessolo. Je mets son fils au sein et je décroche à l’appel vidéo du père.


«Moi : Cc papa »

 « Alvine : (Souriant) Cc vous deux comment allez-vous ? »

«Moi : Nous allons bien. Ton fils mange comme tu peux le constater. »

 « Alvine : Passe lui le téléphone. »

« Moi : Abessolo ne me fatigue pas pardon, je lui passe quel téléphone, que là tu ne le vois pas ? »

«Alvine : Divokou ce n’est pas de ma faute si tu n’as pas été désirée par tes parents et que ceux-ci ne t’appellent pas. Mon enfant n’est pas comme toi, lui il a été désiré et très attendu. C’est pourquoi si son père qui l’aime veut parler avec lui, tu dois lui passer le téléphone. »


Lucrèce qui est juste à côté éclate de rire. Je préfère ne pas répondre aux provocations de cet homme. Comme c’est seulement son enfant qui a été désiré et les autres non, c’est bien. Koh passe lui le téléphone comme si son enfant de 3 mois connaissait tenir le téléphone pour lui parler. Le pire c’est que c’est ainsi qu’il fait. Quand il est loin de la maison, au boulot ou que c’est moi qui me déplace avec son fils, il appelle pour me dire de lui passer le téléphone parce qu’ils ont des choses à se dire. Au début c’était de manière intempestive mais j’ai dû le recadrer parce qu’il fallait que je travaille et lui aussi, du coup il a ses heures fixes où il appelle pour soi-disant parler à son enfant. La chose folle dans cette histoire c’est que Reinal s’est conditionné. Il s’est qu’à l’heure de la tétée, son père lui parle, soit par téléphone soit de vive voix. Du coup quand on lui donne le biberon à ces heures, il refuse mais aussi quand il tète et qu’il n’écoute pas la voix de son père, il le fait avec difficulté ou alors il rejette le sein pour pleurer. 

Je tourne le téléphone vers son enfant avec qui il parle pour lui raconter des histoires qu’il va chercher je ne sais où. Reinal tète en souriant de temps en temps et en regardant son père. J’intervenais quand c’était nécessaire sinon c’est leur moment à eux. 10 minutes plus tard, le petit lâche le sein et s’en va chez sa grande sœur qui lui fait faire son rôt avant de l’entraîner avec elle là où est installé son matériel de photographies. Je reste à parler avec mon homme.


« Alvine : Sinon le travail avance ? Vous serez prêts pour demain ? »

«Moi : Oui, il ne reste vraiment plus grand-chose à faire. On finalise les détails. »

 «Alvine : D’accord. Tu es toute excitée. »

 « Moi : Oui. Pas autant que la première fois mais oui. Toi tu viendras à quelle heure demain ? »

« Alvine : 11h. »

« Moi : Ok, il faudra que tu viennes déjà prêt vu que l’ouverture se fera à 13h. Ça t’évitera de passer à la maison, t'apprêter et revenir. »

«Alvine : Ne t’inquiètes pas, ma tenue est déjà prête et bien cintrée. Il se peut même que ce soit moi que les gens cherchent à acheter. »  

« Moi : (Riant) N’est ce pas ? Tellement ta beauté est légendaire. »

« Alvine : (Sourire en coin) Tu en sais quelque chose petite. C’est là où tu meurs. »

«Moi : Pff. N’importe quoi. »

 «Alvine : C’est pour ça que tu luttais autant pour attirer mon attention non »

 «Moi : Je n’ai jamais lutté pour attirer ton attention vu que je l’avais déjà. »

 «Alvine : (Moqueur) Tu veux que je te rafraichisse la mémoire ? »

 «Moi : Pardon, j’ai du travail à finir. »

 « Alvine : (Riant) Ok. Bosse bien, on se rappelle ce soir. »

« Moi : D’accord . Toi aussi. Je t’aime . »

« Alvine : (Souriant) Je le sais. Je t’aime aussi ma Reine et prends soin de mon héritier »

« Moi : D’accord. »

Clic !

J’ai rangé mon téléphone et je suis retournée travailler. Aujourd’hui c’est essentiellement la vérification des derniers détails car tout a déjà été fait. Ça fait deux mois que je travaille sur ce lancement et là ce n’est que la concrétisation. Je suis montée ici hier avec Lucrèce et Olive. Cette dernière va rester ici pour s’occuper de la gestion de la boutique. Au lieu d’engager quelqu’un d’autre que je ne maîtrise pas et qui n’est pas familier avec mon mode de travail, Olive a accepté cette promotion en venant vivre ici et être à la tête de cette structure. Le reste du personnel que nous avons embauché est sur place ici. Comme elle a fait beaucoup de navettes ici le mois dernier pour superviser certaines choses, elle a eu le temps de s’entretenir avec l’équipe de quatre filles et l’agent de sécurité qui travailleront avec elle. Comme je le disais autrefois, Olive est la plus ancienne de mes filles et je lui fais pleinement confiance pour gérer mon business. On procédera comme quand j’étais encore en Italie et elle à Libreville. Pour ce qui est de la boutique de Libreville, elle restera sous mon contrôle et celui d’Esperance une autre qui a su se démarquer et qui occupe désormais le poste qu’Olive avait à Libreville. 

En ce qui concerne Lucrèce, elle m’aide avec le petit mais fait également des photos pour les pages réseaux de cette boutique. Que ce soit avec son téléphone ou son appareil, les images sont belles. Elle ne maîtrise pas les retouches et autres là mais c’est déjà bon le travail qu’elle effectue. Je la tiens occupée et elle a l’air de s’y plaire même si elle a de temps à autre des moments de vides dans lesquelles on constate qu’elle est perdue dans ses pensées mais ça ne dure pas car les tâches la ramènent très vite sur terre. J’ai l’impression en la regardant de me voir à son âge quand je vivais et respirais Alvine, rien d’autre n’avait véritablement de sens pour moi qu’être sa petite amie. Quand j’y pense aujourd’hui, j’ai le sourire aux lèvres car j’ai fait des choses pour cet enfant. Bref, je ne lui ai pas encore parlé, je finis avec l’ouverture de la boutique demain et après demain nous irons toutes les deux du côté de la plage de Sogara si le temps nous est favorable pour prendre des photos et discuter. Comme Abessolo sera là, il restera avec son fils.

 Nous avons travaillé jusqu’à 21h aujourd’hui avant de rentrer. Nous sommes descendues chez Olive qui a une maison de deux chambres avec tout à l’intérieur. Pour pouvoir être au même endroit et discuter sur certains points plutôt que d’aller dans un motel. Comme elle est toute seule ça ne pose pas un problème. Pour l’instant je dors avec Lucrèce et le petit mais demain, Lucrèce ira la rejoindre dans sa chambre et moi avec mes deux hommes dans la mienne. 

On est rentré en prenant de la bouffe à emporter car actuellement personne ne peut cuisiner. Je m’occupe du petit pendant que les deux autres prennent leur douche après je les remplace. On dîne ensemble en discutant sur l’heure à laquelle le service traiteur et le DJ viendront puis elles s’en vont dormir. Je reste à parler au téléphone avec mon homme qui m’encourage, me félicite et finit par prier pour moi avant de raccrocher.

Ma relation avec Abessolo va bien même s’il a décidé de me sevrer sexuellement. Depuis mon accouchement, il ne s’est plus rien passé. Les débuts c’était parce que mon corps devait se remettre de l’accouchement, l’eau chaude et tout mais au moment où je me suis sentie prête à reprendre, nous sommes tombés sous le coup du programme dans lequel il s’est engagé avec tous les autres. Il m’a expliqué les enjeux et je l’ai compris. Il y a des jours où je suis tentée de le toucher mais je me reprends. C’est vrai que ça me manque mais après je me dis qu’au-delà du soutien qu’il apporte à Arsène et Leslie, il le fait aussi pour nous vu le niveau d’implication de mon frère dans cette histoire alors je prends mon mal en patience. Je ne fais pas partie du programme parce que je ne suis pas chrétienne comme eux. Je prie et lis la Bible avec Alvine à la maison et je l’accompagne de temps en temps à l’église quand il me le demande mais ça s’arrête là, du coup je ne maîtrise pas trop ce qui se passe (…)

Alvine : (Me donnant un gros bouquet de fleurs avant de me prendre dans ses bras) J’arrive à temps n’est ce pas ? L’avion a pris un peu de retard.

Moi : L’essentiel c’est que tu sois là, on commence dans 10 minutes.

Alvine : Ok. C’est fou le monde qu’il y a dehors.

Moi : Oui. Il faut dire que nous avions beaucoup de clientes sur place qui effectuaient le déplacement ou passaient des commandes en ligne du coup la nouvelle de l’ouverture leur a fait énormément de bien. Le coup de com qu’Arsène m’a aussi fait a eu un autre impact. 

Alvine : Tu es prête ?

Moi : (Soufflant) Oui. (À mon équipe) C’est bon, on lance.

Olive : Ok madame. 


Elle a fait signe à l’agent de sécurité qui a ouvert les portes du magasin et les gens, principalement les femmes se sont précipités à l’intérieur. Après le petit pitch de présentation et bienvenue, je les ai invité à visiter les locaux chacune un verre à la main. Les articles sont partis comme des petits pains et nous avons eu beaucoup de commandes pour celles qui malheureusement n’ont pas pu trouver les choses qu’elles voulaient à cause de la rupture. Nous avons fermé les portes à 20h, nous avons libéré le DJ et le service traiteur. Ceux du nettoyage ont pris le relais pendant que nous faisions l’inventaire, remplir à nouveau les rayons avec d’autres articles et tout avant de rentrer à pratiquement 3h du matin. Nous avons personnellement déposé les employés chez eux avant de rentrer à la maison 1h plus tard, j’étais épuisée. On s’est lavé, Alvine a rapidement prié et on a jeté nos corps sur le lit pour se réveiller à 11h. Lucrèce était au salon avec le petit.


Moi : Bonjour ma puce.

Lucrèce : Bonjour tantine Reine.

Moi : Olive est déjà partie ?

Lucrèce : Oui. Elle est partie à 10h là.

Moi : La pauvre. Je ne l’envie pas. Tu as déjà mangé ?

Lucrèce : Oui. Votre petit déjeuner est là-bas.

Alvine : (Sortant de la chambre) Bonjour.

Lucrèce : Bonjour tonton Alvine.

Alvine : Tu as bien dormi ?

Lucrèce : Oui. 


Nous nous sommes attablés lui et moi pour manger. J’ai débarrassé et nettoyé par la suite avant de m’occuper du petit. 14h, nous étions prêtes à partir de la maison.


Moi : (Faisant un bisou à Alvine) Passez une bonne journée entre mecs.

Alvine : Ne vous inquiétez pas. 


Nous sommes parties avec Lucrèce. On s’est arrêté faire quelques courses pour s’alimenter et nous avons continué. Une fois à la plage, on a trouvé un coin tranquille avec une belle luminosité et nous avons fait des photos avec certains articles de la boutique. Nous avons à tour de rôle été modèles et elle avait l’air de beaucoup apprécié. On aurait dit qu’elle faisait ça depuis. 1h et demie plus tard on était assise et regardait les photos.


Moi : Elles sont réussies. Tu pourrais devenir mon modèle photo hein. Ça te dirait ?

Lucrèce : Je ne sais pas. Je veux bien mais je ne sais pas si papa et maman seront d’accord.

Moi : Je vais parler avec eux quand on va rentrer et s’ils acceptent je t’embauche. À chaque fois que j’aurais un arrivage de marchandises, tu porteras pour faire des photos qu’on mettra sur nos pages et sur le site. Ce sera un bon petit moyen de gagner de l’argent en plus de tes études. 

Lucrèce : D’accord .

Moi : Et puis il faut voir avec ton père pour qu’il t’apprenne l’infographie et le montage photo et vidéo. Ça va bien te servir. Tu fais déjà de belles images, si tu apprends comment bien les retoucher et tout ce sera bien.

Lucrèce : Papa a dit qu’il va m’apprendre. 

Moi : D’accord. Aide moi à faire la sélection des images avant qu’on ne mange. 


Nous l’avons fait et quand j’ai jugé que c’était bon, on a posé ça de côté pour prendre à manger. Pendant que nous le faisions, j’ai décidé d’aborder le sujet.


Moi : Sinon quoi de neuf de ton côté ? Tu t’en sors depuis que ta tante chérie est partie ?

Lucrèce : (Petit sourire) Je me sens un peu seule depuis qu’elle n’est plus là et elle me manque mais bon, ça essaie d’aller.

Moi : J’imagine. (Souriante) Vous étiez toujours collées-collées en train de faire le kongossa sur les gens.

Lucrèce : (Riant) Ce n’est pas vrai.

Moi : (Riant) Tu crois qu’on ne vous voyait pas hein quand vous étiez cachées comme deux petites souris dans un trou en train de chuchoter ? Vous critiquiez tout ceux qui passaient.

Lucrèce : (Riant) C’est faux. On parlait de nos choses, on ne critiquait personne.

Moi : Sisi, vous étiez même les complices d’Alvine quand il venait voir ta mère pour comploter contre moi et vous avez même volé mon chéri Bhernie.


Elle a éclaté de rire.


Moi : Dis encore que c’est faux ? Que ta tante et toi vous n’avez pas comploté dans votre petit trou ?

Lucrèce : (Riant) Bon là c’est vrai.

Moi : (Riant) inh hein, c’est ce que je disais.


Nous avons encore ri un moment avant de nous reprendre.


Moi : Et toi, comment ça va avec le garçon que tu aimes ?


Elle a baissé les yeux.


Moi : Tu sais contrairement à tes parents moi aussi j’ai connu ça à ton âge avec Alvine et j’ai fait beaucoup de bêtises au point de même raté une année d’étude parce que je passais mon temps à penser à lui et pleurer parce qu’il ne me regardait pas comme moi je le regardais. 

Lucrèce : (Silence)

Moi : Ça fait longtemps que tu aimes ce garçon ?

Lucrèce : (Après un moment) Oui. Ça fait trois ans.

Moi : Je vois. Donc tu avais à peu près 13 ans quand tu as commencé à l’aimer.

Lucrèce : Oui.

Moi : Moi j’avais 10 ans quand je suis tombée amoureuse d’Alvine. (Souriante) Tu t’imagines un bébé de 10 ans avec un grand de 17 ans ? Parce qu’il avait 17 ans à l’époque. Mais moi dans ma tête, il n’ y avait aucun problème, c’était faisable. Je ne lui avais pas dit que je l’aimais mais j’étais toujours dans ses pattes quand il venait à la maison, je faisais les belles. 


Elle rit.


Moi : (Souriante) Tu ris hein. C’est ce que je faisais. Je disais à maman que je ne voulais plus les habits et les tresses de petites filles, je voulais porter les choses que les filles avec qui il sortait portaient, je voulais lui plaire. Mais partout où on partait il disait toujours que j’étais sa petite sœur. La façon dont ça m’énervait qu’il dise ça et je refusais en disant que c’était faux et que je n’étais pas sa petite sœur. Comme il refusait de me voir comme une femme, j’avais décidé de devenir rebelle. Pendant une année, entre mes 14 et mes 15 ans, j’avais commencé à fumer et boire, je me baladais même avec des gens qui se droguaient avec du chanvre et des comprimés ( elle écarquille les yeux) et j’ai même un peu consommé. Je savais que ce n’était pas bien et je n’aimais même pas vraiment ça. Mais je le faisais quand même parce qu’Alvine venait toujours me chercher là-bas et des fois il me frappait avant de me ramener à la maison. (Souriante) C’était vraiment stupide de ma part et je mettais inutilement ma vie en danger car j’aurais pu mourir ou me faire violer là-bas mais à ce moment je n'y pensais pas parce que tout ce qui m’intéressait c’était d’attirer l’attention d’Alvine et tu sais le pire dans ça ?

Lucrèce : Non. 

Moi : C’est que j’avais non seulement repris ma classe vu que je ne partais presque pas mais en plus cela ne m’avait pas fait avoir Alvine. Au contraire, cela lui faisait d’avantage penser que j’étais une petite fille qui ne mesurait pas les conséquences de ses actes. Alors je m’étais ressaisis et j’avais arrêté ça. J’avais décidé d’attendre dame nature. Les filles avec lesquelles il sortait avaient les formes et moi je n’avais rien, je m’étais donc dit que quand j’en aurais, il allait me regarder. Et à 16 ans, j’avais un corps de femme. Seins, fesses et taille bien en place. J’étais très excitée et je n’avais qu’une hâte, c’était qu’il descende pendant les vacances de France pour me voir et constater de ses propres yeux que j’avais grandi et que j’étais déjà une femme. Mais tu sais ce qui s’est passé à ce moment là ?

Lucrèce : Il n’est pas venu.

Moi : (Souriante) Au contraire, il était venu et il m’avait bien vu avec tous mes atouts de femme mais monsieur avait décidé qu’il n'aimait plus les noires.

Lucrèce : Oh.

Moi : (Riant) Vraiment oh. Alvine avait décidé qu’il ne voulait plus les filles avec la peau foncée, lui c’était maintenant les filles claires et les métisses voire même les blanches.

Lucrèce : Donc tu as laissé tomber ?

Moi : (Riant) Qui ? Je voulais le gars non ? Laisser comment. Je suis partie acheter une crème éclaircissante pour frotter et devenir claire.


Elle me regarde de travers et j’éclate de rire jusqu’aux larmes


Moi : (Essuyant mes yeux) Petite laisse, ta tante était trop amoureuse au point de penser à faire des bêtises mais heureusement dans ma folie j’avais encore un tout petit peu de raison car avant de frotter la crème là, je m’étais arrêtée pour bien regarder les filles en question et j’avais compris que frotter la crème n’allait rien changer car ce n’était pas la seule chose qu’il fallait. Il fallait aussi que je perde mes fesses et mes seins que je m’habille comme une prostituée et que je n’aie rien dans la tête car c’étaient les filles comme ça qu’il regardait. Alors je me suis arrêtée et j’ai pleuré, j’ai pleuré parce que j’avais compris que je ne pourrais pas être avec lui et j’ai pleuré parce que j’avais réalisé que je me faisais du mal toute seule. Alvine vivait sa vie et moi j’avais fait beaucoup de bêtises qui n’en valaient pas la peine. C’est un peu ce qui se passe dans ta tête et dans ton cœur maintenant n’est-ce pas ? Tu l’aimes et tu passes ton temps à penser à lui. 

Lucrèce : (Petite voix) Oui. 

Moi : Vous êtes sortis ensemble ?

Lucrèce : Comme un couple ?

Moi : Oui.

Lucrèce : Non, il, il ne veut pas de moi et (coulant des larmes) il m’a demandé de le laisser tranquille, il dit que je suis une gamine et qu’il préfère une femme de son âge.

Moi : C’est donc un adulte ? 

Lucrèce : Oui.

Moi : Tu lui as dit ce que tu ressentais pour lui ?

Lucrèce : Oui.

Moi : Et il a refusé de se mettre avec toi ?

Lucrèce : Oui. 

Moi : C’est une très bonne chose et tu sais pourquoi ? 

Lucrèce : Non.

Moi : Parce que non seulement cet homme est conscient qu’une relation entre vous deux n’est pas possible pour le moment car si ça se sait il pourrait se faire enfermer pour détournement de mineur. Il est dans la 20taine c’est ça ?

Lucrèce : Oui. 

Moi : Eh bien tu n’as pas le droit de sortir avec quelqu’un de plus de 18 ans avant que toi-même tu n’atteignes tes 18 ans. Si jamais tu forces une relation maintenant avec lui, tu l’en verras en prison et avec tes parents, tu sais qu’ils n’hésiteront pas à le faire n’est ce pas ?

Lucrèce : Oui.

Moi : Et je ne pense pas que tu aimerais que ce type aille là-bas ou je me trompe ?

Lucrèce : Non, je ne veux pas qu’il aille en prison.

Moi : Et le fait qu’il connaisse tes sentiments mais qu’il s’éloigne de toi prouve déjà que c’est quelqu’un qui ne veut pas profiter de toi parce qu’il y a des gens qui auraient pu dire qu’ils s’en foutent et vous sortirez ensemble en cachette mais il ne l’a pas voulu donc je peux supposer qu’il ne veut pas te faire du mal et c’est une très bonne chose. Maintenant tu te demandes que vas-tu faire de tous les sentiments que tu as actuellement dans ton cœur et comment faire pour le sortir de ta tête, n’est-ce pas ?

Lucrèce : Oui.

Moi : Je vais commencer par te dire ce que moi j’avais fait et que tu ne devrais surtout pas faire car ce serait une très mauvaise idée. Quand moi j’avais compris que je ne pouvais pas être avec Alvine, j’avais écouté le conseil de mes copines qui me disaient de sortir avec un autre garçon pour l’oublier et il s’avère que dans mon lycée, il y avait un garçon qui m’aimait bien et me draguait. Tout le monde me disait '’un clou chasse un autre '’, tu as déjà entendu cette expression ?

Lucrèce : Oui.

Moi : Voilà comme pour dire que pour oublier quelqu’un qu’on aime, il faut te mettre avec une autre personne, mais laisse moi te montrer quelque chose. (Enfonçant une brindille dans le sol) Disons que ça c’est un clou qui est enfoncé dans un mur, si je prends un deuxième et je le clou sur le premier, qu’est-ce qui se passe ?

Lucrèce : Le premier s’enfonce encore plus.

Moi : Et que se passe t-il avec le deuxième ?

Lucrèce : Le deuxième n’est pas solide et il bouge.

Moi : Exactement. Non seulement tu as deux clous au même endroit mais le premier s’est d’avantage enfoncé et le deuxième n’a aucune stabilité. Il en est de même pour les relations amoureuses. Si tu te mets en couple avec une personne alors que tu aimes quelqu’un d’autre, plus que ton cœur est déjà occupé, tu te feras du mal à toi-même parce que tu ne seras pas avec la personne que tu voudras. Ça va te créer plein de remords, tu seras obligée de faire semblant avec la nouvelle personne et tu feras des choses que tu n’aimeras pas. Au final tu seras toujours malheureux, tu souffriras et feras souffrir aussi cette autre personne parce que votre relation ne sera pas stable. Comme tu l’as dit avec le deuxième clou, ce n’est pas solide et une chose qui n’est de solide fini par se casser ou tomber. Ça ne marche pas. Je n’avais pas compris ça et je m’étais mise avec ce gars de mon lycée que je n’aimais pas, il avait fini par me tromper avec une de mes copines. Avec du recul j’avais compris qu’au-delà du fait qu’ils m’avaient trahi tous les deux, la vérité était que je n’accordais pas beaucoup d’importance à cette relation au point où la première tentation l’avait fait céder. Ce qu’il faut faire au lieu de mettre un clou sur un autre, c’est de retirer le premier pour que le deuxième puisse entrer. Et ça ça s’appelle guérir de ses sentiments tout seul. Laissez le temps faire son travail. Tu l’aimes et lui non, accepte. Dans mon cas, j’avais accepté que j’aimais Alvine mais que ce n’était pas réciproque car il m’aimait autrement. J’avais décidé d’accepter cette autre manière avec laquelle il avait décidé de m’aimer c’est-à-dire comme étant sa petite sœur et j’avais décidé de profiter de lui comme ça car à vrai dire il était un bon grand frère qui me protégeait et prenait soin de moi comme personne. D’un autre côté j’avais décidé de penser à ma vie, à ce que j’aimais et voulais faire en dehors d’Alvine. Et c’est là que j’ai repensé à ma boutique que je voulais ouvrir, mes études que je voulais finir, les voyages que je voulais faire, passer des bons moments avec ma famille et mes amies en gros profiter de la vie. Puis un matin j’ai constaté que je ne pensais plus du tout à Alvine comme avant, que ce que je pensais rater n’était pas réel, que j’avais une vie en dehors de lui et des belles et grandes choses à accomplir. N’est-ce pas ?

Lucrèce : Oui. 

Moi : Pour le moment, une relation avec ce type n’est pas possible car tu es mineure. Même si lui aussi il t’aime et veut être avec toi, il ne peut pas le faire car la loi l’interdit . Il vous faudrait attendre deux ou trois ans, quand tu seras majeure pour penser à envisager quelque chose, tu comprends ?

Lucrèce : Oui.

Moi : Laisse le avec d’autres femmes s’il le veut. Alvine aussi avait fait comme ça, il a tourné mais au final, il a fini à mes pieds au moment qu’il fallait sans aucun effort de ma part. 

Lucrèce : (Silence)

Moi : Si vraiment c’est lui que tu veux et que lui aussi veut de toi alors attend quand tu auras l’âge requis pour votre bien à tous les deux. Et si jamais à ce moment là, il ne veut toujours pas de toi et préfère une autre bah ce sera un idiot finit qui ne mérite pas d’avoir une jeune femme aussi belle, brillante et talentueuse que toi. (Elle sourit) Bah oui, les femmes de notre famille sont ainsi et ce sera lui le vrai perdant de l’histoire. Et si avec le temps, tu réalises aussi que tu ne veux plus de lui, tu pourras tranquillement te mettre avec quelqu’un d’autre pour commencer une relation saine. D’accord ?

Lucrèce : D’accord .

Moi : (Après un moment) Tu me promets de te reprendre et appliquer mes conseils ?

Lucrèce : Oui.

Moi : Et ton année ?

Lucrèce : Je vais me rattraper et la valider avec mention.

Moi : (Souriante) C’est une promesse ?

Lucrèce : (Répondant à mon sourire) Oui. 

Moi : Ça va mieux ?

Lucrèce : Oui, je voulais parler avec quelqu’un mais je n’avais personne.

Moi : Maintenant tu m’as moi, si jamais tu as envie de parler de ce qui se passe dans ta petite tête et dans ton petit cœur sans avoir peur des représailles tata Reine à la rescousse car je m’y connais en conneries amoureuses.

Lucrèce : (Me faisant un câlin) Merci tantine Reine.

Moi : (Refermant mes bras sur elle) De rien ma puce, je suis là en cas de besoin. Bon aller, on finit de manger ?

Lucrèce : Oui. 


On a fini nos amuses bouches, avant d’aller tremper nos pieds dans l’eau, faire d’autres photos avec le couché du soleil juste pour le kiffe avant de ranger nos affaires. Deux hommes se sont approchés de nous pendant qu’on le faisait.


L’un : Bonsoir belles dames.

Moi : Tu connais Abessolo ?

Lui : Pardon ?

Moi : Je te demande si tu connais l’homme qu’on appelle Abessolo ?

Lui : Euh non. 

Moi : C’est pourquoi. Abessolo hein, c’est un homme qui n’est pas très grand de taille mais est très dangereux quand quelqu’un veut s’amuser avec sa source. Si tu le prends et tu le mélanges avec un autre homme qu’on appelle Mfoula, c’est le désordre assuré donc passez avec votre affaire de bonsoir belles dames là, vous êtes encore trop jeunes pour mourir inutilement. 


Ils me regardaient plein de confusions pendant que Lucrèce riait aux éclats. 


Moi : (Ramassant le dernier sac) Chérie rentrons.


Nous sommes partis en les plantant là. On a mis les choses dans la voiture et on a mis le cap pour la maison. Quand nous sommes arrivées nous avons trouvé Abessolo avec son fils attaché sur le dos avec un pagne qu’il a trouvé je ne sais où. Il était en train de lui expliquer je ne sais quoi. On le regardait avec les grands yeux.


Alvine : Quoi ?

Moi : Tu as mis Reinal au dos ?

Alvine : Oui. C’est comme ça qu’un père porte un enfant qu’il a désiré.

Moi : eau quai…


SECONDE CHANCE