
Chapitre 15
Ecrit par Verdo
Chapitre 15
Quelques mois après notre voyage à Hawaï, Cynthia et moi franchîmes une nouvelle étape dans notre vie : nous nous mariâmes civilement. La cérémonie fut simple mais empreinte d’émotion, entourée de nos familles et de nos amis proches. Je me souviens encore de ce moment où nous avons échangé nos vœux devant le maire. Cynthia, dans sa robe blanche, rayonnait de bonheur. « Je n’aurais jamais cru trouver quelqu’un comme toi, Thierry, » murmura-t-elle, les yeux brillants. Je lui pris la main et répondis doucement : « Tu es tout ce que j’ai toujours désiré. »
Quelques semaines après notre mariage, Cynthia m’annonça qu’elle était de nouveau enceinte. Cette fois, elle était plus prudente, respectant scrupuleusement les conseils médicaux. Neuf mois plus tard, nous accueillîmes un magnifique petit garçon. Quand je le pris dans mes bras pour la première fois, un flot de joie m’envahit. « Comment allons-nous l’appeler ? » me demanda Cynthia, fatiguée mais souriante. Après une brève réflexion, je lui répondis : « DJiedzom. Cela signifie 'Je suis en joie'. C’est exactement ce que je ressentais en ce moment. » Elle hocha la tête, émue. Ce prénom était parfait.
Ma carrière aussi prit un tournant inattendu. Mon travail acharné fut récompensé lorsque je fus promu au poste de Directeur Financier et Comptable (DFC). Cette promotion était non seulement un honneur, mais elle nous offrait aussi de nouvelles opportunités. Avec mon nouveau salaire, je décidai d’acheter une maison spacieuse et moderne à la caisse, juste en face de l’université de Lomé. Déménager dans cet endroit symbolisait un nouveau départ pour notre famille. Les enfants étaient ravis. « Papa, notre nouvelle maison est splendide ! » s’écria Trinidad, pleine d’enthousiasme. Cynthia, quant à elle, s’occupait déjà de la décoration, ajoutant sa touche personnelle à chaque pièce.
Avec le temps, je décidai d’assouplir ma position vis-à-vis de Sena. Après une longue réflexion, je lui proposai de voir les enfants un week-end par mois. Elle accepta avec reconnaissance. Au début, Trinidad était réticente, me disant : « Papa, je ne veux pas la voir. Elle nous a abandonnés. » Cynthia intervint avec douceur. « Trinidad, je sais que c’est difficile, mais parfois, pardonner peut soulager le cœur. Essaie de lui donner une chance. » Finalement, Trinidad céda et, petit à petit, ses relations avec sa mère biologique s’améliorèrent.
En repensant à tout ce que nous avions traversé, je me rendis compte à quel point ma vie avait changé. Avec Cynthia, les enfants, et maintenant DJiedzom, j’avais enfin trouvé la stabilité et le bonheur dont j’avais toujours rêvé. Mon cœur était rempli de gratitude pour cette vie nouvelle que nous avions bâtie ensemble.
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La soirée organisée en mon honneur à la cité de Tabligbo restera gravée dans ma mémoire, non pas pour les raisons que j'aurais souhaitées, mais pour les événements tragiques qui s'y déroulèrent. C'était une belle soirée, marquée par les sourires et les applaudissements de mes collègues, heureux de ma promotion au poste de Directeur Financier et Comptable. La direction avait mis les petits plats dans les grands, avec un buffet bien garni, de la musique, et même des discours en mon honneur. Monsieur Gervais, fidèle à son habitude, avait pris la parole pour exprimer sa fierté de m’avoir vu évoluer au fil des années.
« Thierry, tu es un modèle pour nous tous, » avait-il déclaré, levant son verre. « Tu as prouvé que le travail acharné et la persévérance finissent toujours par payer. » Ces mots m’avaient profondément touché, et je m’étais levé pour remercier tout le monde. Je sentais que cette soirée marquait la fin d’un chapitre et le début d’un autre.
Je n'avais bu qu'un verre de vin, rien de plus. Pourtant, à peine une demi-heure plus tard, une douleur sourde s'était installée dans ma poitrine. Je m'étais dit que c'était peut-être le stress accumulé ou simplement la fatigue. Mais la douleur devint rapidement insupportable, irradiant dans tout mon corps. Mon souffle devint court, et ma vision se brouilla. « Thierry, ça va ? » s'était inquiété un collègue en me voyant vaciller. Je n'avais même pas eu la force de répondre. Tout devint noir.
Quand j’ouvris les yeux, deux mois s’étaient écoulés. Deux mois durant lesquels je n’avais été qu’un corps immobile, sans conscience du monde autour de moi. Le bruit des machines autour de moi me ramenait lentement à la réalité. J’étais dans une chambre d’hôpital. Cynthia était là, assise à mes côtés, les yeux rougis par les larmes et le manque de sommeil. Dès qu’elle remarqua que j’étais éveillé, elle éclata en sanglots.
« Thierry ! Tu es revenu ! Mon Dieu, merci ! » s’écria-t-elle en me prenant la main.
Ma voix était faible, presque un murmure. « Qu’est-ce qui s’est passé ? »
Cynthia hésita, cherchant ses mots. « Tu… tu as été empoisonné lors de la soirée à Tabligbo. Les médecins disent que c’est un miracle que tu sois encore là. »
Le mot "empoisonné" résonna dans ma tête comme un coup de tonnerre. Qui aurait pu faire une chose pareille ? Pourquoi ?
Les jours suivants furent marqués par une série de visites médicales et de tests. Les médecins m’expliquèrent que la substance utilisée était rare et difficile à détecter, mais qu’elle avait été identifiée à temps. « Vous avez eu beaucoup de chance, Monsieur Thierry, » m’avait dit l’un des docteurs. « Mais vous devrez rester sous surveillance médicale pendant un bon moment. »
Pendant ma convalescence, Cynthia ne quitta pas une seule fois mon chevet. Elle s’occupait de tout : les enfants, la maison, mes besoins à l’hôpital. « Tu es mon pilier, Thierry. Je ne te laisserai jamais tomber, » me répétait-elle souvent. Ses mots étaient mon réconfort dans ces moments d’incertitude.
Une enquête policière fut rapidement ouverte pour identifier le responsable de cet acte odieux. L’inspecteur en charge de l’affaire, un homme méthodique du nom de Komlan, m’interrogea dès que j’eus recouvré assez de force pour parler. « Monsieur Thierry, avez-vous des ennemis ? Quelqu’un aurait-il eu une raison de vouloir vous nuire ? »
Je réfléchis longuement avant de répondre. « Il y a bien eu des tensions dans le passé, notamment avec Yawavi, mais je doute qu’elle aille jusqu’à ce point. Tout ce dont je me souviens, c'est que l'assistante RH m'avait servi le verre. Ensuite, je ne me souviens de plus de rien.>>
Komlan hocha la tête, notant chaque mot. « Nous allons suivre toutes les pistes. En attendant, soyez prudent. »
Le retour à la maison fut un moment émouvant. Les enfants, Trinidad et Koffi, m’accueillirent avec des cris de joie. « Papa ! Tu nous as tellement manqué ! » s’écrièrent-ils en se jetant dans mes bras. Cynthia, bien que souriante, avait toujours une lueur d’inquiétude dans les yeux. Nous savions tous les deux que le danger n’était pas complètement écarté.
La vie reprenait lentement son cours, mais je ne pouvais m’empêcher de rester sur mes gardes. Chaque visite, chaque appel, chaque interaction me semblait suspecte. Je savais que quelqu’un, quelque part, voulait me voir tomber. Mais j’étais déterminé à protéger ma famille et à découvrir la vérité, coûte que coûte.
Cynthia, fidèle à son habitude, continuait de me soutenir. Elle me rappelait constamment pourquoi nous devions rester forts. « Thierry, tu as survécu à tant d’épreuves. Celle-ci ne sera pas différente. Nous y arriverons, ensemble. » Ses paroles étaient ma lumière dans l’obscurité, et je savais que, tant qu’elle était à mes côtés, rien ne pourrait nous abattre.
Quelques semaines plus tard, alors que je me remettais doucement de cette épreuve, les enquêteurs revinrent avec des nouvelles. L'inspecteur Komlan prit la parole.
<< Monsieur Thierry, nous avons des éléments nouveaux concernant l'enquête.>>
Je les invitai à s'asseoir, le cœur battant.
<<Nous avons interrogé Mademoiselle Akofa. Après plusieurs dénégations, elle a fini par avouer sa participation. Elle a été approchée par madame Yawavi, celle dont vous nous avez parlé. Elle lui a proposée une somme d'argent et la promesse d'une promotion en échange de votre empoisonnement.
Le nom de Yawavi résonna dans mon esprit comme un coup de tonnerre. Cette femme n'avait donc reculé devant rien pour me nuire.
<<Comment a-t-elle procédé ?>>
<< Elle avait dissimulé le poison sous ses ongles et l'a versé discrètement dans votre verre au moment de vous le servir.>>
Une colère froide monta en moi. Comment avais-je pu être aussi aveugle ?
<<Où est Yawavi maintenant ?>>
L'inspecteur baissa les yeux, visiblement embarrassé.
<<Malheureusement, dès que nous avons commencé à enquêter sur elle, elle a pris la fuite. Nous avons émis un mandat d'arrêt à son encontre, mais pour l'instant, elle reste introuvable.>>
Cette nouvelle m'accabla. Non seulement j'avais été trahi, mais la responsable courait toujours.
Pour assurer ma sécurité, la police mit en place une surveillance autour de ma maison et m'accompagna lors de mes déplacements. Malgré ces précautions, une inquiétude constante me rongeait. Yawavi était capable de tout, et tant qu'elle serait en liberté, je ne pourrais retrouver la paix.
Cynthia, quant à elle, redoublait d'attentions à mon égard. Un soir, alors que nous étions assis dans le salon, elle me prit la main.
<<Thierry, je sais que cette situation est difficile, mais nous devons rester forts pour les enfants et pour nous-mêmes.>>
Je serrai sa main en retour, reconnaissant de son soutien indéfectible.
<<Tu as raison, Cynthia. Ensemble, nous surmonterons cette épreuve.>>
Les semaines passèrent, et malgré l'ombre de Yawavi planant sur notre vie, nous tentions de reprendre une existence normale. Les enfants, Trinidad et Koffi, semblaient s'adapter à la situation, même si je percevais parfois une lueur d'inquiétude dans leurs yeux.
Un matin, alors que je prenais mon petit-déjeuner, mon téléphone sonna. C'était l'inspecteur Komlan.
<<Monsieur Thierry, nous avons du nouveau concernant la suspecte.>>
Mon cœur s'emballa.
<<Qu'avez-vous découvert ?>>
<<Nous avons reçu des informations selon lesquelles elle aurait été aperçue dans une ville frontalière. Nous collaborons avec les autorités locales pour organiser son arrestation.>>
L'espoir renaissait en moi. Peut-être que cette cavale toucherait bientôt à sa fin.
Les jours suivants furent marqués par une attente fébrile. Chaque coup de téléphone me faisait sursauter, espérant que ce soit l'annonce de l'arrestation de Yawavi. Cynthia partageait mon anxiété, mais elle restait une source de réconfort inestimable.
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Un matin, alors que je profitais d’un moment de calme dans le salon, Cynthia vint me prévenir qu’un groupe de personnes venait d’arriver devant notre maison. En m’approchant de la fenêtre, je reconnus la famille de Sena : ses parents, ses frères et sœurs, et Sena elle-même. Je n’étais pas surpris, mais je ressentais une étrange tension. Leur visite n’augurait qu’une seule chose : des excuses.
Je sortis pour les accueillir, affichant une neutralité que je peinais à maintenir. Le père de Sena au regard sévère, prit la parole en premier.
<<Thierry, nous sommes venus te demander pardon. Nous avons beaucoup réfléchi, et nous nous rendons compte que nous avons mal agi envers toi depuis le début.>>
Sa voix, chargée de regret, résonnait dans l’air calme de la matinée. Il poursuivit :
<<Nous avons soutenu Sena même lorsque nous savions qu’elle avait tort. Nous n’avons pas pris en compte tes sacrifices pour elle et les enfants. Mais ce qui nous indigne encore plus, c’est le comportement de Yawavi. Elle a non seulement détruit ton couple, mais elle a aussi mis ta vie en danger. Nous n’avons plus de mots pour exprimer notre honte.>>
Sena, qui jusque-là avait gardé la tête baissée, releva timidement les yeux vers moi.
<<Thierry, je suis désolée. J’ai écouté Yawavi au lieu de te faire confiance. J’ai gâché notre mariage et je t’ai abandonné. Aujourd’hui, je comprends à quel point j’ai tout perdu, et c’est entièrement de ma faute.>>
Je pris une profonde inspiration avant de leur répondre, gardant mon ton calme mais ferme.
<< J’entends vos excuses, mais avant de dire quoi que ce soit, il est essentiel que mes propres parents et le reste de ma famille soient présents. Nous devons traiter cette affaire en famille, car c’est une question qui touche tout le monde, pas seulement moi. Mon père et ma mère ont subi cette histoire tout comme moi.>>
Il y eut un moment de silence. Les parents de Sena échangèrent des regards, puis son père acquiesça.
<<Tu as raison, Thierry. Nous reviendrons une autre fois avec tout le monde.>>
Ils prirent congé, laissant derrière eux un mélange de soulagement et de tension. Cynthia, qui avait observé la scène à distance, vint me rejoindre.
<<Tu as bien fait, Thierry. Il faut que cette affaire soit réglée une fois pour toutes.>>
Je lui souris faiblement. Elle avait raison, mais ce chapitre de ma vie semblait encore loin d’être clos.
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Je pris officiellement fonction en tant que Directeur Financier et Comptable à la direction générale de l’entreprise, à Lomé. Le premier jour dans mon nouveau bureau fut étrange. La vue sur la ville, les responsabilités accrues, tout cela me rappelait à quel point ma vie avait changé. Je pris un moment pour remercier Dieu, Cynthia et tous ceux qui m’avaient soutenu dans ce parcours tumultueux.
En rentrant ce soir-là, Cynthia m’accueillit avec un sourire chaleureux.
<<Alors, comment s’est passée ta première journée en tant que DFC ?>>
Je posai ma mallette et l’embrassai tendrement.
<<Fatiguant, mais satisfaisant. Je pense que nous sommes enfin en train de construire quelque chose de solide, malgré tout ce que nous avons traversé.>>
Elle hocha la tête, et nous passâmes la soirée à discuter de nos projets pour l’avenir. Malgré les épreuves, je savais que nous étions sur la bonne voie, ensemble.
À suivre…
Écrit par Koffi Olivier HONSOU.
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