Chapitre 15
Ecrit par Auby88
Femi AKONDE
Je passe une journée de plus avec Aurore. Cela doit faire un peu plus de quatre mois que nous sommes devenus amis. Sauf que mes sentiments à son égard ont complètement changé. Aurore s'est infiltrée dans mon cœur. Comment ? Je n'en ai aucune idée. J'ai pourtant toujours été professionnel. Je pensais pouvoir l'éviter, mais je n'ai pas pu. Je suis amoureux d'elle, chaque jour un peu plus.
Dieu, qu'elle est belle ! Elle a ces yeux que je qualifierais de "revolver" comme dans la variété française "Les yeux revolver de Marc Lavoine". Elle possède des lèvres sensuelles au naturel et très attirantes. Quand à son corps, je le trouve divinement beau. Des courbes féminines qui ne me laissent pas indifférent. A mes yeux, ses cicatrices et ses jambes déficientes n'enlèvent rien à sa beauté. Pour moi, Aurore est parfaite. Aurore est une femme à part entière.
A chaque fois qu'elle me sourit, j'ai l'impression que mon cœur va exploser. Et quand elle rit, mon âme s'illumine. J'adore la voir gaie. Il n'y a rien de mieux pour un soupirant que de lire le bonheur, la joie de vivre sur le visage de celle qui fait battre son coeur.
Cependant, je ne suis pas idiot ; je garde la tête sur les épaules. Aurore n'est pas une fille pour moi. Je suis encore un débrouillard issu d'une famille modeste tandis qu'elle "vit sur de l'or". Jamais, je ne pourrai lui offrir ce "standing" de vie qu'elle a, même en travaillant comme un forcené.
"Seuls les oiseaux de même plumage volent ensemble", dit-on.
Par ailleurs, même si nous n'en avons jamais parlé, je sais qu'elle sort d'une relation qui l'a profondément affectée. Je doute qu'elle soit déjà prête à aimer à nouveau.
- Femi, tu m'écoutes !
Je quitte mes pensées.
- Qu'est-ce que tu disais ?
- Tu ne m'écoutais pas. Tu es tellement distrait aujourd'hui !
- Excuse-moi, Aurore. Je pensais à quelque chose qui me taraude l'esprit.
- Un problème ! On peut en parler si tu veux.
- Non, rassure-toi ! Ce n'est rien d'important.
- Tu en es sûr ?
- Oui, dis-je en souriant.
Elle me fixe. Je tourne la tête.
- Alors, on peut commencer ? J'ai hâte de rentrer dans l'eau.
- Oui, Aurore ! réplique-je.
En réalité, j'aurais préféré qu'on reporte cela à un autre jour. Au point où j'en suis, j'ai peur de ne pas pouvoir contrôler mon corps en étant trop près d'elle.
- Alors, allons-y.
Je me penche au-dessus d'elle pour la soulever du fauteuil de plage. Le maillot à deux pièces qu'elle porte, est fait dans un tissu léger qui laisse entrevoir les formes et des parties de ses seins. Quel supplice ! Je fais pression sur moi.
Avec elle dans mes bras, je descends les marches et la dépose sur l'eau. Mes bras maintiennent son dos. J'évite au maximum de la regarder.
Tout va bien, jusqu'à ce qu'elle insiste pour changer de position. (Soupir). Elle tient à rester debout dans l'eau comme moi. Je suis foutu.
Toujours avec mes bras, je la soutiens fermement, tandis que nous sommes debout dans l'eau. Dans cette position, nos corps se touchent. J'ai comme une décharge électrique qui réveille d'un coup ma masculinité. Je m'efforce de me concentrer mais c'est trop tard. Je sens mon membre se durcir dans mon maillot. Malheureusement, Aurore s'en rend compte et me sourit.
- Femi, j'ai l'impression que ton "petit monsieur" …
- Oh, je suis désolé Aurore. Ce sont les aléas du métier.
Je n'ai pas trouvé une autre explication à lui donner. Elle se met à rire. Je me sens tout honteux. Je fuis son regard.
- Les aléas du métier ! J'adore ton sens de l'humour.
- Je te promets que cela ne se répètera plus. Il vaut mieux qu'on sorte de l'eau.
- D'accord. Mais tu n'as pas à te sentir gêné devant moi, encore moins pour si peu. C'est tout à fait naturel, Femi. Cela peut arriver à n'importe qui.
Si seulement, elle savait que c'est mon amour pour elle qui crée tout ça !
- Nous sommes certes des amis, mais tu restes avant tout un homme et moi une femme, conclut-elle en gardant son sourire.
Elle essaie de dédramatiser la situation mais moi je ne me sens plus à mon aise avec elle. J'ai pu reprendre contrôle de mon corps, mais j'ai peur d'avoir un autre épisode du genre.
Avec délicatesse, je la sors de l'eau et vais la poser sur le fauteuil. Je l'essuie en m'efforçant de penser à autre chose qu'à son corps à moitié nu exposé à ma vue.
Je lui tiens compagnie quelques minutes encore puis je prends congé d'elle plus tôt que d'habitude. Heureusement, elle ne s'y oppose pas. Il faudra que je me fasse un peu plus rare chez elle.
***********
Steve ANIAMBOSSOU
Je quitte mon bureau complètement exténué. J'ai urgemment besoin de me mettre quelque chose sous la dent. Mon travail à la banque est fatiguant, épuisant, mais chaque matin je suis pressé d'y revenir. Parce que j'aime mon métier et parce que c'est grâce à ce boulot que je vis très bien ma vie. Ce n'est pas n'importe qui loge dans un duplex et qui s'habille si élégamment dans des vêtements de marque. (Sourire).
D'ailleurs, au sein de la banque, je suis l'objet de tous les regards féminins. Mais je résiste autant que possible, car une seule femme me comble actuellement : ma Rita. Je suis complètement fou d'elle. Je n'ai jamais autant aimé une femme. Même pas mon ex.
En attendant d'atteindre l'agence de mannequinat où "ma fée" Rita m'attend, j'entame le paquet de chips de pommes de terre que j'ai acheté ce matin.
Ma fée ! C'est ainsi que j'appelais Aurore quand nous étions encore adolescents. C'était l'époque où j'étais tombé amoureux d'elle et où je ne jurais que par elle. Elle était mon tout, mon souffle de vie… Qu'est-ce qu'on peut être idiot, adolescent ! (Rire)
Aurore ! Je me demande ce qu'elle devient, je me demande si elle a réussi à surmonter ma trahison. Car oui, je l'ai trahie. (Soupir ). Mais qu'est-ce que j'y pouvais ? Notre couple n'aurait pas fonctionné longtemps. Et puis, on ne choisit pas pour qui son cœur décide de battre. Et le mien actuellement bat seulement pour Rita.
D'ailleurs, je la vois venir vers moi avec cette démarche gracieuse qui me rend dingue d'elle. Mais il n'y a pas que moi. Il y a aussi plein d'autres hommes qui l'admirent, qui la regardent avec envie, avec désir. J'avoue que j'en suis parfois jaloux. Mais bof, c'est le prix à payer pour être avec une aussi jolie fille qu'elle.
- Coucou, mon cœur ! commence-t-elle en ouvrant la portière.
Près de moi, elle vient s'asseoir.
- Bonsoir, ma fée ! Comment a été ta journée ?
- Fabuleuse ! dit-elle en souriant. Même si stressante. Je suis de plus en plus sollicitée. Si les choses continuent ainsi, j'aurai mon visage sur tous les panneaux publicitaires, mon nom sur tous les podiums de défilés et ma renommée dépassera les frontières béninoises.
Elle est si heureuse que je m'en réjouis aussi.
- On devrait fêter cela, Rita.
- Oui, bien sûr. Mais je ne veux rien précipiter, mon cœur. Et toi, comment était ta journée ?
- Assez stressante comme toujours, mais j'y suis habitué.
- Tu devrais prendre des congés. Ainsi, je pourrai mieux "m'occuper de toi" dès que j'aurai un temps libre à l'agence.
En parlant, elle me regarde coquinement. Je souris.
- Des congés ! Facile à dire, mais pas à faire. J'ai trop de responsabilités actuellement et il y a une vague de promotions en cours.
- Promotion ! Donc plus d'argent ?
- Oui, c'est cela Rita. Et je pourrai mieux te "gâter".
- Si c'est cela, alors travaille comme un dingue si nécessaire !
Je ne peux m'empêcher de rire. J'ai toujours adoré son humour.
* *
*
- Un restaurant italien ! s'exclame-t-elle.
- Oui. C'est nouveau. Mes collègues m'ont dit qu'ils y font de très bonnes pâtes italiennes. Juste une bouchée et on se croirait en train de voguer sur la Venise.
- Sérieux, Steve !
- C'est ce qu'on m'a dit et j'ai bien hâte d'y entrer.
- J'ai déjà l'eau à la bouche !
Je coupe le moteur, descends et vais ouvrir la portière à ma fée. Je lui offre mon bras et elle y enlace le sien. Tout heureux, nous nous dirigeons vers l'entrée du restaurant.
************
Madame Suzanne ZANNOU
Je converse avec Bella, dans sa chambre.
-…
- Ah ! Tu y vas maintenant ! Tu veux que je t'aide à choisir ce que tu vas mettre ?
- …
- Oui, tu dis ! Avec plaisir, ma fille.
J'ouvre le dressing de Bella et en sors une belle robe grise avec des paillettes dorées.
- Celle-là t'ira à merveille, ma petite peuhl !
-…
- Je t'en prie, ma fille. Allez, file t'apprêter. Je ne veux surtout pas que tu sois en retard.
-….
- Une doléance ! Laquelle ?
-…
- Tu veux que j'aille chez la coiffeuse ?
-…
- Toi aussi tu trouves que je me néglige trop ces temps-ci !
-…
- Ok. Tout à l'heure, j'irai me faire belle pour toi. Merci, ma princesse.
Hélène toque contre la porte. Je lui permets d'entrer.
- Suzanne, tout va bien ?
- Oui, dis-je pleine d'enthousiasme.
- J'ai cru que tu parlais à quelqu'un !
- Moi ! Mais non ! Je suis toute seule.
Elle semble déconcertée. En tout cas, je ne compte pas lui dire que depuis des jours, Bella me rend visite et me parle. Ma fille n'est pas morte. Elle est plus que vivante. Je passe la nuit entière et toute la journée à lui parler. Je ne dors donc plus. Je n'en ai même plus besoin. Je suis en pleine forme. Jamais, je ne me suis sentie aussi mieux. Je me sens revivre, renaître. (Sourire) . Chut ! Sinon Hélène me croira folle et voudra peut-être m'interner dans un asile psychiatrique. Hors, je ne veux pas m'éloigner de ma fille. Jamais plus, maintenant que je l'ai retrouvée.
- Tu es bien sûre que tu ne me caches rien ?
- Oui, Hélène !
- Alors que fait la robe de Bella sur son lit ?
- Rien de particulier. Je rangeais ses affaires, dis-je en lui offrant un large sourire. J'ai oublié celle-là.
- Je vois, mais je trouve que tu passes trop de temps ici.
- J'en ai fini. Sortons. Je suis pressée.
- Tu vas quelque part ?
- Oui, chez la coiffeuse. Pour me faire une belle coupe. Je me suis trop négligée.
Elle me dévisage.
- Qu'est-ce qu'il y a Hélène ? N'est-ce pas toi même qui me trouvait trop négligée ?
- Oui, mais ton changement est trop subit.
- Oh, voyons ! J'ai changé et c'est l'essentiel. Allons-y, je ne veux pas être en retard, dis-je en la tirant par le bras.
Je passe devant toute la maisonnée en gratifiant chacun d'un beau sourire. Je fredonne "La ballade des gens heureux de Gérard Lenorman" (Rire). Tous me regardent avec étonnement. Je n'y prête pas vraiment attention. Je suis heureuse et c'est l'essentiel !
Aujourd'hui, j'ai décidé de prendre ma voiture. Je me sens en pleine forme pour conduire. J'y mets la clé de contact. Elle démarre sans problème. Super ! En route !