Chapitre 16 : Premières pistes

Ecrit par Moktar91

Chapitre 16 : Premières pistes



Cotonou


Commissariat central de Cotonou


Assis en face du commissaire central, Claudette écoutait avec attention son collègue faire le debrief. Au fur et à mesure qu'il continuait, elle devenait plus sûre d'elle : Cette famille était bien timbrée et le meurtrier était bien parmi les cinq suspects principaux. 

Les premières interrogatoires ne laissaient guères de doutes. Les trois policiers s'entendaient et ne fit ressortir que trois suspects en fin de compte : Meredith, Moriane et leur mère. Elles n'avaient pas d'alibis et étaient toutes présentes au domicile familial à l'heure du crime. Oui car c'en était bien un de crime. 

C'était Marvin qui avait découvert le corps de sa sœur. Quand il fit son entrée dans le salon, elle était déjà étendue à même le sol. Son regard suppliant alla vers son frère qui se jeta à ses pieds. Son pouls était très faible et elle bavait, de ces baves collantes et gluantes que rejataient souvent les épileptiques. Il ne savait que faire. Il essaya de la soulever pour la porter vers sa voiture. Elle lui intima d'arrêter son geste avant de lui dire : <<Elle m'a tué.>>

Sa phrase alla mourir avec son dernier souffle qu'elle rendit. C'était la fin. Il la reposa à même le sol et pleura de tout son saoul... Quand il se redressa, il vit sa mère à l'escalier et qui les obervait. Elle portait en main un verre de whisky et semblait camouflé derrière elle, une des paires de la chaussure de sa fille. Marvin l'avait remarqué.



Ce récit tournait en boucle dans la tête de l'inspecteur. C'était déterminant. Il s'agit qu'un fils ne pouvait accuser sa mère sur un coup de tête. Forcément quelque chose clochait. 

Et ce quelque chose, il l'avait trouvé dans les interrogatoires du reste de la famille. 

La mère était évasive, parfois absente.


Elle avait mentionné être endormie et ne serait réveillée que par les cris de la domestique. Elle avait déclaré ne pas être plus émue ni attristée par le décès de sa fille. <<Je ne l'ai pas vu depuis des années donc ça ne m'émeut guère.>> Avait-elle déclarée. Amos ne comprenait pas sa réaction mais l'incident de la chaussure et du verre de whisky retenait son attention. 

Par contre Meredith n'a rien voulu dire. Elle avait laissé entendre à l'inspectrice Claudette ne rien savoir et ne rien vouloir savoir de sa sœur. <<D'ailleurs, il fallait bien qu'elle y aille>>, disait-elle le plus souvent en continuant par pianoter sur son portable. Elle quitta le commissariat plus tôt que prevu avant même la fin de l'interrogatoire arguant de son nom de famille qui faisait d'elle une quasi intouchable.

Moriane s'était montrée imperceptible à toute discussion. Elle avait juste déclarée être intéressée par la répartition de l'héritage de sa sœur. Cette dernière n'était pas mariée et n'avait pas d'enfants... C'était son seul souci. Une lueur éclaboussait son visage quand elle parlait d'argent. Rien ne l'intéressait de l'enquête en dehors du fait qu'elle avait déclaré avoir vu sa mère laver un verre à la cuisine. 

-<<C'était la première fois qu'elle venait à la cuisine depuis son retour. Donc voyez vous j'en étais étonnée>>, finit-elle par dire.

Elle avait ajoutée l'avoir vu vers 16h32. 

Amos releva la contradiction car à cette heure, <<J'étais encore endormi. Je me suis réveillée vers 16h50>>. C'était la déclaration de la mère.

Moriane insistait sur l'heure puisqu'elle avait reçu un message du bureau à cette heure précise...



En quittant le bureau du Commissaire, le couple s'engouffra dans la voiture de service. Ils avaient reçu tous deux un message plutôt du Docteur Kougblévi.



Cotonou


Centre National Hospitalier Universitaire HKM 


Salle d'autopsie Numéro 3


Le Docteur retira le drap qui couvrait la jeune femme. 

Les deux compères purent observer des incisions latérales de part et d'autre de la poitrine du cadavre et qui descendaient jusqu'au niveau du nombril. Elle était décousue, preuve que le médecin avait fini son travail.


Elle avait perdu de son éclat et la masse devant eux ne ressoetait plus l'éclatante beauté de la jeune femme qu'elle était. 

Le médecin les installa derrière son bureau et leur dit part de ses résultats.

-<<Le décès peut être situé entre 14h et 16h mais suivant la rigidité cadeverique, je la situerais avec précision vers 15h passé du quart. Je tiens à vous signifier qu'il s'agit d'un empoisonnement. La jeune dame avait bu du whisky quelques minutes avant. Elle n'avait rien mangé puisque ces tubes digestifs ne présentaient rien d'autres que de la pâte de maïs avec de la sauce d'arachide qu'elle a pris la veille. Le wisky est l'arme du crime. Elle contenait une forte dose de cyanure. C'est ce qui justifie la forte bave qui sortait de sa douche. En descendant des escaliers, elle a trébuché et en tombant, elle s'est cognée la tête. Cause du traumatisme révélant le sang sortant de son nez et de son crâne. Je ne puis vous dire qu'une chose. Elle est morte de façon brutale et ne s'y attendait pas. Si vous retrouvez le verre dans lequel elle a bu, on pourrait relever des empreintes pour les analyser.>>


Il ponctua sa dernière phrase en remettant un exemplaire du dossier à Claudette. 

En voulant quitter le bureau, les deux collègues furent interpellés une fois encore par le médecin.


Sa main sur ses verres qu'il retirait, il leur dit : <<J'oubliais de vous le dire, elle était enceinté de  cinq mois. C'est donc un double homicide.>>


Les deux coéquipiers le savaient. Le silence qu'il y avait dans la voiture parlait pour chacun. 


Ils allaient demander un mandat de perquisition...


72 Heures sont déjà écoulées depuis le meurtre...

Soixante douze bonnes heures et les choses pouvaient avancer maintenant...

Meurtres au paradis