Chapitre 16

Ecrit par Meyroma

- Perdre un petit être innocent, dont je ne soupçonnait même pas l'existence;

- frôler la mort de justesse suite à un accident ;

-Découvrir ensuite que ce n'était pas un accident, mais l'acte d'une psychopathe qui ne compte pas s'arrêter là ;

- Être source de chagrin et de déception de ma propre mère, l'auteur de ma vie...

Affligée par tant d'événements,  tous aussi tragiques et dramatiques les uns que les autres, je ne sais pas exactement combien de temps je suis restée inconsciente.

En ce moment, la seule chose qui me donne goût à la vie, est sans doute l'idée de mon mariage avec l'homme de ma vie.

Tiens, en parlant de lui, qui vois-je paisiblement endormi dans le fauteuil d'angle de ma chambre d'hôpital?

- Quel drôle de garde malade! Pensé-je en souriant affectueusement.

Il porte encore la même tenue qu'avant mon évanouissement, ce qui prouve qu'il est resté à mes chevets tout le temps que j'étais endormie. Son style très décontracté laisse penser qu'il était sûrement chez lui, à profiter en toute plénitude de son week-end quand il a été informé de mon accident et qu'il a accouru sans se changer.

Je profite de son sommeil apparemment profond, pour le dévisager, de fond en comble.

Je le trouve terriblement sexy dans son débardeur gris unis avec pour seul motif le logo de la marque Vintage et son Jean délavé, radicalement opposés aux costumes sur mesure qu'il porte chaque jour au boulot. Ses larges épaules, ses pectoraux bombés et ses bras musclés nus, sans compter ces cuisses saillantes moulés a perfection dans ce Jean donnerais à n'importe qu'elle femme l'eau à la bouche.

Je me touche les lèvres pour m'assurer que je ne suis pas effectivement entrain de baver d'adoration. Quelle honte!

Juste à ce moment, il ouvre les yeux et me prend en flagrant délit de contemplation.

- Alors ma belle, tu t'es bien rincé les yeux?  Me demande t'il d'une voix espiègle.

- Je n'avais pas même pas remarqué ta présence, retorqué-je en feignant d'être surprise.

- menteuse vas ! Dit-il il en se levant pour me couvrir de baiser.

Après les baisers et les câlins, quand le calme s'installe finalement, j'en profite pour lui parler de Fati. Je lui raconte dans les moindres détails le déroulement de tous les événements, de la première menace à l'exécution. Il m'écoute attentivement, serein, sans m'interrompre.

Quand enfin je met un point final à mon récit, c'est un Djibril furieux, impulsif et incontrôlable, qui se lève en jurant d'avoir la peau de Fati et sort de la chambre presque en courant.

J'aurais peut être mieux fait de ne rien lui dire? Commencé-je à penser avec remords.

Et s'il commettait l'irréparable ?

Et si son oncle s'interposait et que l'affrontement tourne au vinaigre  entre père et fils?

Comme si ma mère avait pressentis mes cris de coeur, elle apparaît dans ma chambre tel un ange, pile au moment où j'avais exactement besoin d'elle.

Sacrée maman, comment fait-elle pour répondre toujours présente même quand je l'appelle par télépathie?

Moi qui appréhendais le moment où j'aurais à affronter son regard, perçois à présent son arrivée comme une providence et je me jette dans ses bras sans même réfléchir.

Inconsciemment, le sentiment de honte que je ressens vis à vis d'elle cède place à une crise d'angoisse pour mon fiancé. Je suis plus désemparée que jamais.

- Maman... est le seul mot que j'ais pu articuler avant de fondre en larmes.

- Mina, je viens de rencontrer Djibril. On aurait dit un fou furieux, peut s'en fallait qu'il m'eclabousse. Qu'est-ce qui lui arrive?

Là encore, je m'attèle à la narration et lui raconte tout sans omettre aucun détail. Plus je lui raconte les faits, plus je réalise le grand fiasco qu'est devenu ma vie.

À la fin de mon récit, elle était bouche bée.

- Salam Aleykoum, nous interrompt la voix de mon oncle Mallam Habou.

-Wa Aleyka Salam, lui répondons nous.

Sans plus tarder, et sans même attendre d'y être invité, il se mêle à la discussion.

D'un ton dénué de tact, il se met à me réprimer sévèrement.

- Tout ceci est dû à ta négligence Yasmine. Je t'avais prévenu qu'un danger imminent te guettais et je t'ai même demandé de venir me voir pour trouver un antichoc afin de le contrecarrer. Mais non, mademoiselle était trop occupée à s'amouracher sans se préserver d'un quelconque mauvais œil. Pourquoi vous les jeunes de nos jours êtes si bornés. Vous négligez le côté spirituel et mystique des choses, alors que même nos ancêtres et les ancêtres de nos ancêtres depuis les temps des prophètes y croyaient.

Ses yeux rougissent de colère et des nerfs zigzagués se dessinent sur ses tempes. Je n'avais jamais vu mon oncle dans un tel état. Puis il continue sans aucune retenue.

- On aurait pu bêtement te perdre tu t'en rends compte? Dire qu'il a fallu que je fasse de longues nuits invocations pour que le mal qui t'était destiné s'atténue. Sans ta collaboration, toi la concernée directe, dont l'âme était visée, je n'aurais pas pu mieux faire. Crois moi, tu aurais perdu la vie dans cet accident, cette fille ne t'aurais pas épargné.

À ces paroles je sursaute en me demandant comment il a pu être au courant de tous ces détails?

Décidément, mon oncle en plus d'être un grand marabout doit certainement avoir des dons de voyance aiguisés.

Comme un accusé qui plaide coupable, je baisse la tête en guise d'abdication. J'avoue que je n'ai pas accordé autant d'importance qu'il le fallait aux avertissements de mon oncle et je le paye cher.

Voyant qu'il a assez remué le couteau dans ma plaie et que j'avais compris la leçon, mon oncle change enfin de sujet.

-Ta mère m'a annoncé la bonne nouvelle de tes fiançailles. Je te félicites et j'en suis très heureux. J'ai déjà fait mes consultations et je peux d'ores et déjà te rassurer que cette union vous sera très bénéfique. Vous avez toutes les bénédictions.

Ma mère qui était jusque là silencieuse ajoute:

-Vous avez ma bénédiction également ma fille. Saches que je te pardonne tous tes écarts. De toutes les façons, l'erreur est humaine. Chacun en fait d'ailleurs. Et quoi qu'il en soit, l'amour d'une mère est inébranlable, ni par aucun vent, ni par aucune tempête. Ce qui te touche m'atteins directement. Je serais toujours la pour toi, je te défendrai toujours, même au prix de ma vie.

A ces mots, je me jettes à nouveau dans les bras de ma mère et laisse couler des larmes d'émotions.

Jamais, oh grand jamais je ne saurais assez remercier cette noble femme qui m'a tout donné. Que Dieu la récompense !




Stage pré-embauche