CHAPITRE 16 : L’emploi des grands moyens
Ecrit par delali
Rose BONOU venait ainsi d’expliquer, encore une fois, ce qu’elle désirait plus que jamais au « maitre holy visionnaire ». En effet elle avait l’habitude d’avoir recourt à ses services pour, selon elle, se protéger elle et les siens des attaques mystiques, mais aussi et surtout pour mettre toutes les chances de son côté et obtenir ce qu’elle veut. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, elle a toujours eu satisfaction de ses services. Le maitre holy visionnaire lui dit alors face à sa requête :
Ok. Dite moi, vous connaissez le nom de la fille ?
Oui, je l’ai écrit ici, voilà ça.
Ok. Accorde-moi une minute.
Il se met debout et revêt une tunique blanche, puis récite des paroles qui ont toutes l’air plus incompréhensibles les unes que les autres. Puis il se saisit de la Bible, l’ouvre et en lit quelques passages. Il revient s’asseoir par la suite et dit à la femme :
Voilà ce que nous allons faire. Tu m’accorderas un peu de temps pour préparer les choses. Tu feras tout pour rencontrer le jeune homme et le saluer en mettant dans ta main le parfum que je te donnerai. Ensuite ta fille, je te remettrai autre chose que tu mettras dans son eau de bain.
Ok.
Comme elle n’est jamais consentante, il ne faut pas qu’elle te voit faire. Ou peux-tu la convaincs avant ?
Ah papa, vous-même vous savez qu’elle n’acceptera jamais. Donnez-moi l’option où je n’ai pas besoin de son consentement.
Ok, c’est ce que j’ai dit. Mets ça sans qu’elle ne te voie. Pour la…. Fille Stella, laisse-moi faire. Je m’en charge. Je t’assure que quand j’en aurais fini avec elle, elle sentira mauvais devant ton beau fils.
Merci beaucoup papa. C’est ce que je veux même !
Pars tranquille, ne t’inquiète même pas.
Ok, papa. Que Dieu vous bénisse. Je vous ferai un gros cadeau comme d’habitude.
Il prend comme il l’a dit une trentaine de minute pour concocter les potions dont il a parlé, puis les as remises à Rose, qui prend congé de lui par la suite sans plus tarder.
***
Le lendemain à Cotonou
Marianne est fidèle à son poste comme d’habitude. Mais aujourd’hui elle est débordée de travail. Le fait qu’elles soient deux à ce service a fait que leur employeur ne s’est pas encore décidé à embaucher un responsable. Alors le travail n’est pas de masse légère, d’autant plus que Stella n’est pas arrivée en ce jour. Elle a avancé une excuse pour s’absenter. Marianne en est fort heureuse d’ailleurs, au moins cela lui évitera de supporter son infecte présence. Par contre s’il y a quelqu’un qui ne la lâche pas d’une seconde, c’est Samir. C’est seulement tôt ce matin qu’elle a décidé de lui transférer les captures d’écran de discussions houleuses qu’il avait eu avec Stella. Depuis ce moment, il ne cesse de l’appeler. Fatiguée de devoir voir son écran s’allumer à chaque fois qu’il appelait, elle décide de décrocher. On verra bien ce qu’il dira pour sa défense cette fois ci, se dit elle avant de décrocher.
Oui Samir, que puis-je pour toi ?
Ria, il faut qu’on parle…
De quoi ? demande-t-elle d’un air calme. De ton aventure avec Stella sous mon nez ?
Ria, c’est un malentendu tout…
Quoi ? Tu me diras que ce n’est pas tes écrits sur les captures d’écrans ? Que ce n’est pas sur ton lit, dans ta chambre qu’elle a fait toutes ces photos en étant en sous vêtement ?
C’est un grossier montage tout ça !!
Excuse-moi, mais j’ai du travail, je dois raccrocher…
Si tu raccroches, je débarque dans ton bureau tout de suite.
Elle le connait assez bien pour savoir qu’il mettra à exécution sa mise en garde.
Tu sais très bien que c’est par respect pour toi que je n’y suis pas encore arrivé !
Tu veux quoi Samir ?
Qu’on se voit pour que je puisse t’expliquer.
Ok, quand ? demande-t-elle en se disant que c’était le seul moyen d’écourter la discussion.
J’aurais dit à cette pause déjeuner, mais ta mère m’a fait appel, qu’elle voudrait me parler seul à seul. Alors, attend moi à la descende, je passerai te chercher.
C’est comme tu veux Samir.
Elle raccroche sans plus perdre de temps en se demandant quand est-ce que ce cauchemar prendra fin dans sa vie.
***
Au même moment, Cotonou
Samir est hors de lui. Les fichiers que Marianne lui a transférés ce matin ne peuvent venir que de Stella. Elle allait l’entendre celle-là. Il compose aussitôt son numéro, elle décroche à la deuxième sonnerie. Elle entame d’une voix pleine d’entrain :
Allo bébé ?
Ne m’appelle pas comme ça ? Qu’est-ce que tu me veux ?
Bébé excuse-moi, mais…
Je t’ai dit de ne pas m’appeler de la sorte.
Mais pourquoi tu es si en colère ?
Tu me poses encore la question ? Tu ne sais plus ce que tu as envoyé à Ria.
Je t’en prie !!! Pas ce matin hein Samir. Je ne veux plus entendre ce prénom de ma vie.
Je t’avais prévenu Stella. Et à quel moment as-tu pris des photos de toi sur mon lit ?
C’est quand tu venais juste de jouir entre mes cuisse Samir !!!
Tu es folle !
Oui, c’est pour cela que je te rends aussi fou. Tu sais que moi je suis prête à tout pour toi Samir, même te pardonner toutes tes infidé…
Prête pour quoi ? Tu me soules ! Notre entente était claire au départ, que des parties de jambes en l’air !
Laisse ce discours Samir, il faut qu’on se voie, je dois te parler.
Non, mais tu croyais que ton entrejambe seul suffirait à me détourner de Ria ?
Samir ! On se voit quand ?
Oublie ! Tu m’entends. Tu as brisé notre entente en révélant tout à Ria. Qu’est-ce que tu crois ? J’ai dépensé des millions pour elle ! Je ne ferai pas tant pour une femme et elle ne sera pas à moi, C’est Ria que je compte épouser, que cela rentre bien dans tes oreilles.
Il lui raccroche au nez en jetant sans délicatesse le téléphone sur son bureau. C’est vrai qu’il adore faire l’amour avec elle, il ne sait d’ailleurs pas pourquoi, mais cette Stella a vraiment l’art de l’irriter au plus haut point. Il se lève, se dirige vers son réfrigérateur, se sert une bonne bière fraiche pour se calmer les esprits. Il en a vraiment besoin, dans quelques heures, il doit rencontrer sa future belle-mère.
***
Au même moment, Cotonou
Stella tient encore le téléphone en main en le regard toute ahurie. Elle n’arrive pas à y croire, Samir lui a dit des choses horribles et lui a raccroché au nez. Maintenant plus que jamais, il faut qu’elle emploie les grands moyens.
Il dit quoi ? lui demande sa mère.
Cette dernière vient de la rejoindre sur la terrasse.
Maman, ça se complique. Ria est en train de me prendre Samir.
Tu dis quoi ? Comment tu as fait ? Tu m’as dit que tu le tenais non ?
Oui maman, mais on dirait qu’elle l’a gbassé* (*marabouter).
Ah bon ?
Mais oui ! Maman, je te dis qu’elle ne lui donne rien. Qu’elle et Samir on dit qu’ils se réservent pour le mariage. C’est avec moi que Samir est garçon, je lui donne tout et c’est elle qu’il veut épouser, elle ? Non ce n’est pas simple.
Ah là…
Maman, il n’y a plus de temps à perdre hein. Il faut qu’on aille chez le alpha* (*faiseur de miracles), c’est mon avenir qui est en jeu hein.
Ok, laisse-moi finir la cuisine et on y va.
Deux bonnes heures plus tard, les deux femmes quittent le quartier JAK à dos de zémidjan pour se rendre dans les bidonvilles du quartier Sèkandji. Elles descendent à au moins 500 mètres des habitations et terminent le chemin à pied. Une fois à l’intérieur de la demeure, elles sont obligées de prendre leur mal en patience. La liste d’attente est longue, elles sont nombreuses à vouloir consulter le célèbre et faiseur de miracles Alpha. Elles prennent donc place sur le banc qui fait office de salle d’attente devant la pièce de consultation.
Elles restent ainsi, la main au menton ruminant impatiemment ce qui les tracasse. Au bout d’une autre heure et demi, elles arrivent enfin à avoir accès à celui qu’elles qualifient de leur sauveur.
Soyez les bienvenues madame.
Merci alpha, répondent-elles en chœur.
Puis il se concentre sur le tapis sur lequel il était assis. Il prend quelques pierres de couleur noir qu’il lance ensuite d’un jeu de main. Il reprend le scénario, deux, trois fois de suite, puis il s’adresse à elles :
Le fa ne ment pas. Il y a un problème…
Ah alpha, ça ne va pas… commence Stella.
Sa mère lui pose une main sur le bras pour l’inciter au calme et au silence. L’alpha reprend à l’égard de Stella :
Tu n’utilises plus l’huile pour le bas ?
Si ! A chaque fois avant d’aller chez lui, je me lubrifie avec. Lui-même dit que c’est pour moi seul qui est doux.
Mais où le problème alors ? demande l’alpha
Je ne sais pas. Je le cherche pour lui annoncer la nouvelle, il dit qu’il ne veut plus me voir, qu’il épousera cette fille-là.
Ok. Laisse-moi consulter encore.
Il s’empare à nouveau des petits cailloux noirs et les jette comme des dés sur un plateau de jeu, puis il reprend :
Je vois un voyage, la séparation…. Ne t’inquiète pas ! Reste tranquille, elle ne l’épousera pas.
Ah merci alpha, dit la mère de Stella.
Mais vous allez faire juste quelques sacrifices, et ne plus perdre de temps.
C’est-à-dire ? demande la mère
Vous allez prendre cette fiole. Toi ma fille tu la noueras au bout de ton pagne, avant d’aller annoncer la nouvelle. Vaut mieux que tout le monde le sache en même temps, ne dit pas forcément que lui en premier. Mais avant toutes choses, vous reviendrai ici demain pour qu’on termine les sacrifices.
Ok, c’est compris, répondent-elles en cœur.
Après avoir récupéré le précieux objet, la mère de Stella dénoue le bout de son pagne et remet une somme d’argent non négligeable au monsieur. Puis elles prennent congé pour laisser libre champ aux prochaines sur la liste.
***
Plus tard dans la soirée à La Línea
Mélina étouffe de sa main encore une fois un bâillement. Cela est bien un signe extérieur de fatigue. C’est bien normal, depuis qu’elle a mis pied ce matin dans les locaux de Royal DrawArt, elle n’a plus eu une seule seconde à elle. Elle n’a même pas pu bénéficier de sa pause entre midi et deux. L’urgence signalée par Alexandro lors de leur dernière discussion fait qu’elle n’ose même pas rechiner contre le fait qu’il la retienne presque prisonnière dans son propre bureau.
D’un commun accord, ils avaient décidé de mettre les bouchés doubles afin de boucler le projet sur lequel ils se trouvaient présentement, et ce avant l’arrivée de la nouvelle équipe artistique.
Il ne leur restait plus assez de temps, vu la masse de travaille. S’ils voulaient avoir une longueur d’avance, ils avaient intérêt à s’y mettre. Mais le fait que Mélina baille toutes les deux minutes déconcentre fortement Alexandro. Il se perd dans ses idées à la limite.
Essaie la gauche Dona…. Non, plutôt la droite… disait-il. Non pas comme ça ! Et si tu essayais un trait un peu plus épais ?
Comme ceci ? demande-t-elle nonchalante.
Oui… euuuh non, je voulais dire…
Et si on faisait une pose Alex ? dit-elle en se levant.
Il faut qu’on termine au moins ces plans de coupe ce soir, pour qu’on sache ce qu’on confie aux jeunes demain.
Oui, je sais, répond-t-elle en baillant encore.
A propos, tu les as déjà libérés ?
Oui, depuis.
Elle se dirige vers le seul sofa qui trône dans son bureau et s’y laisse tomber comme une masse. Alexandro se détourne d’elle pour se retourner vers l’écran d’ordinateur. Il faut qu’il trouve les meilleurs plans afin de boucler le travail cette soirée. Il s’y concentre 5 bonnes minutes et comme par illumination, il trouve une idée géniale. Il s’exclame alors :
Je pense avoir trouvé ! Et si on…
Il se retourne vers elle et se rend compte qu’elle s’est endormie presque recroquevillée sur le sofa. Il s’est tout de suite attendri en voyant son air lasse. Elle devait être vraiment à bout, cela fait déjà plusieurs jours d’affilés qu’ils enchainent ce genre de journée de travail.
Il la regarde, et malgré son air lasse, il la trouve vraiment jolie. D’ailleurs, c’est la première fois qu’il la voit endormie. Elle a l’air si angélique quand elle dort. Son regard se glisse ensuite sur tout le corps de la jeune femme. Elle porte une robe droite faite en tissu pagne Vlisco qu’elle apprécie tant.
Il voit encore son visage illuminé lorsqu’elle lui parle de ce qui a de la valeur pour elle et sa culture. S’il y a bien une chose qu’il apprécie en elle, c’est qu’elle était elle-même et s’accepte comme tel. Elle n’essaie pas de se façonner un visage en fonction de la personne qui est en face, juste pour plaire.
Puis son regard s’est attardé sur ses jambes, sa robe s’arrêtait à ses mis cuisses surtout à cause du fait qu’elle s’est allongée. Elle avait de magnifiques jambes galbées, trouvait-il. Elle avait le teint semblable à un cappuccino crémeux. Il la contemplait si bien qu’il s’est oublié en quelques minutes.
Le fait qu’elle s’est mise à bouger de quelques centimètres dans son sommeil ramène Alexandro à la réalité. Cela était signe que l’air conditionné commençait à se rafraîchir. Il regarde sa montre et se rend compte qu’il est resté près d’une vingtaine de minute à l’admirer. Il décide donc aller chercher un manteau dans son bureau pour revenir la couvrir. Il met à peine quelques minutes à revenir.
Lorsqu’il est là, il se rapproche d’elle, s’accroupit et entreprend alors de la couvrir lorsque celle-ci s’agite dans son sommeil. Très peu inquiet, il se rapproche tout de même de son visage quand elle ouvre les yeux brusquement. Surpris, il lui demande :
Mélina ? Tout va bien ?
Elle se redresse légèrement en se hissant sur un bras, mais semble encore endormie. Elle se met à appeler :
Alex ? Alex ?
Oui, je suis là. Qu’y a-t-il ? répond-t-il en cherchant son regard du sien.
Alex, non ! Non !
A ce moment Alexandro comprend qu’elle faisait certainement un cauchemar. Il s’assoit près d’elle et essaye de lui prendre le visage entre les mains pour la rassurer.
Dona ! Dona, je suis là, tout près de toi.
Elle ouvre grand les yeux à présent et les pose sur lui. D’une main, elle lui touche le visage en demandant :
Alex, c’est toi ?
Oui, Méli, je suis là.
J’ai … j’ai fait un cauchemar Alex…
Je sais, c’est fini maintenant.
C’était horrible Alex… je … j’ai cru que j’allais te perdre.
Alexandro avait l’impression d’halluciner. Serait-elle en train de s’en faire pour lui ? Ce qu’il lit dans ses yeux en ce moments lui donne l’impression qu’elle ne lui est pas du tout indifférente. C’est la toute première fois, depuis toutes ces années, qu’il a l’occasion de voir son visage d’aussi près. Elle est belle. Ses traits sont fins et réguliers. D’un geste du pouce, plein de délicatesse, il lui caresse les lèvres en lui disant d’une voix lente et suave :
Il … ne …m’arrivera rien …Dona…
Elle baisse une seconde le regard avant de le rediriger ensuite vers lui. Ils se regardent dans les yeux, puis Alexandro dévore les lèvres de la jeune femme du regard. Elles sont pulpeuses et douces au touché, il meurt d’envie de les gouter.
Il penche alors légèrement la tête et part à sa conquête. Tout doucement, il commence à sentir la douceur de ses lèvres pulpeuses sous les siennes, puis il y goutte avec sa langue, attendant qu’elle y réponde en ouvrant la bouche. Elle ne tarde pas à répondre à son appel. Il prend possession d’elle dans un long baiser langoureux.
Il l’entend gémir contre ses lèvres, et elle lui tient la joue d’une main. Cela ne lui donne plus envie de s’arrêter. Tout doucement, il l’incline vers le dossier du sofa, et descend une main sur ses jambes soyeuses.
« Qu’elle a une peau douce non de dieu ! » s’exclame-t-il en son for intérieur.
Le contact de la paume d’Alexandro contre la paroi de sa cuisse a donné comme une décharge électrique à Mélina, elle n’arrive donc pas à réprimer un frisson sous l’instant.
Alexandro la sent frémir avec une telle intensité contre ses lèvres, qu’il est saisi aussitôt de crainte…
Il se détache d’elle de quelques millimètres seulement, et ils se regardent tous les deux, droit dans les yeux, sans plus rien dire. Le silence de la nuit naissante les enveloppe, ils n’entendent chacun plus que leurs propres battements de cœur accélérés…
" humm"