Chapitre 17

Ecrit par Annabelle Sara


 

Véronique

 

J’étais chez Miriam, j’avais encore en tête la conversation avec ma mère et celle avec Paul le soir où il s’en allait de la maison. Je ne lui avais pas donné l’opportunité de choisir comment nous aurions eut nos enfants et en plus j’ai décidé de les lui enlevé avec violence ceci juste pour me protéger d’une femme. Parce que si c’est mon couple que je voulais protéger j’aurais dû réagir à l’instant où j’avais compris ce qui se passait entre eux. Mais j’ai utilisé Paul pour  percer à jour cette femme.

Résultat mon mari est porté disparu, mes enfants me harcèlent de questions et malgré tout j’ai toujours cette épée de Damoclès sur ma tête qui pèse, j’ai besoin que quelqu’un me donne des conseils.

Miriam avait visiblement organisé une soirée chez elle, je n’étais pas au courant mais le décor avec des lumières tamisées, des banquettes couverte avec des tissue de soie, elle avait organisé une autre soirée échangiste ce soir. Ça devenait un peu trop fréquent à mon goût et je remerciais le ciel parce que j’étais arrivée bien avant que ses invités ne commencent à débarquer.

Elle sortie d’une pièce pendant que j’entrais dans sa salle de séjour décorée pour l’occasion, il y régnait une odeur de luxure.

-         Vévé ! Ma puce ça fait un moment que je ne t’ai pas vu…

-         Tata Miriam !

Elle me fit la bise, elle était très légèrement vêtue, elle pouvait se le permettre à son âge elle était bien conservée.

-         Alors ma fille chérie, tu voudrais me voir ?

-         J’aurais peut-être dû te prévenir avant de venir jusqu’ici…, lui ai-je répondu en balayant les lieux du regard.

-         Ah ma chérie, tu sais très bien que tu es la bienvenue ici ! Pas besoin de t’annoncer, ne me répondit-elle avant de se diriger vers son bureau pendant que je la suivais.

-         Tu organise encore une soirée ? Ce n’est pas un peu trop…

-         Ah ne t’en fais pas ma belle ! En plus cette fois c’est une commande spéciale d’un ancien membre qui voulait marquer le coup parce que c’est son anniversaire, alors… Voilà !

Elle m’invita à m’asseoir. Depuis le scandale chez moi, nous n’avons pas eu le temps de discuter toutes les deux, alors elle ignore tout de ce qui s’est passé chez moi.

-         Vévé, qu’est-ce qui se passe j’ai l’impression que tu ne vas pas bien !

-         Je ne… Je ne vais pas bien c’est vrai ! J’ai encore fait ce mauvais rêve dont je te parlais…

-         Celui où tu te fais aspirer par les sables mouvants ?, me demanda-t-elle.

-         Oui !

-         Hum… tu n’as pas cherché à voir quelqu’un pour t’expliquer ton rêve ?

J’ai souri.

-         Tu sais que je ne crois pas à ses choses Tata Miriam, ce n’est pas dans mes croyances. Mais… il s’est passé quelque chose depuis… ça va faire 3 semaines que mon mari a quitté la maison !

Elle me fit la bouche et les yeux ronds.

-         Quoi ?

-         Tata Miriam cette fille est venue chez moi ! Elle a débarqué une nuit avec ma belle-sœur pour annoncer à Paul qu’elle vient s’installer chez moi ! Apparemment sa maison a brulé et elle avait besoin d’un toit !

-         Dis-moi que ce n’est pas vrai, fit-elle en me regardant droit dans les yeux. Et qu’est-ce qui s’est passé ?

-         J’ai annoncé à mon mari qu’il ne pouvait pas être le père de son bébé parce qu’il est stérile…

-         Noooon ! Tu n’as pas fais ça Vévé !, s’écria-t-elle en se levant brusquement de sa chaise. Je t’ai appris mieux que ça ma fille !

-         Je ne savais pas quoi faire ! Elle avait réussi à lui retourner le cerveau et Paul allait lui céder…

-         Et c’est après ça qu’il a décidé de partir ? Tu n’as plus aucune nouvelles de lui ?

-         Aucune ! J’ai mis Rodrigue sur le coup et la seule chose qu’il m’a dite c’est qu’il se refait et qu’il va me contacter lorsqu’il sera prêt !

-         Ma belle ce n’est jamais bon de dire à un homme se genre de chose ! Tu n’aurais pas dû le lui dire directement… La meilleure astuce aurait été qu’il l’apprenne de la bouche de quelqu’un d’autre afin que tu puisses te défendre ! La bouche qui s’accuse ne peut plus se défendre donc… néanmoins maintenant tu as une idée de qui est cette fille et de ce qu’elle te veut ?

Je me suis adossée sur mon siège, j’avais les nerfs à vif depuis que j’avais appris le nom de cette fille mais je ne voyais toujours pas qui elle est ni ce qu’elle cherche. Encore moins qui se cache derrière ce leurre.

-         Je connais son nom ! mais je ne sais ni qui elle est, ni ce qu’elle me veut et encore moins qui l’a envoyé !

-         Hum…

-         C’est une fille de la rue, qui a été récupérée par une femme mystérieuse qui fait peur même aux nangas ! Je ne sais pas qui sont ces femmes ni ce qu’elles me veulent !

-         C’est bizarre ! Ce n’est pas possible que ce soit les épouses de tes anciens partenaires, rien à voir avec tes employés ils ont une peur bleue de toi… Tu as pensé à quelqu’un du passé ?

Cette remarque fit écho dans mon esprit.

-         Du passé ?

-         Oui !, fit-elle. Réfléchissons deux secondes, ces gens savent ce que tu as fais pour avoir tes enfants donc ça fait au moins 12 ans qu’elle t’observe… à mon avis celle derrière cette histoire fait parti de ton passé !

-         Je ne vois pas ! Je t’assure je ne vois pas…

-         Bon ! Attends cette femme s’est d’abord rapprochée d’Armelle, ensuite elle est venue vers toi avec ce projet de bébé pour te pousser d’abord à la faute tu as flairé le piège, alors elle s’est attaquée à ton mari, semant la zizanie entre vous… Tu n’as été attaquée sur aucun autre point ? Rien ?

-         Rien ?

Elle se mit à réfléchir.

-         Qu’est-ce qu’elle gagne à t’éloigner de Paul ! Voilà la question que tu devrais te poser, ça fait trois semaines que vous êtes séparés et puis plus rien ! Alors poses toi la question c’était quoi le but de cette mise en scène ?

-         Nous séparer…

Un déclic se produisit dans ma tête. Il fallait que je termine ce que j’étais venue faire ici.

-         Elle sait tout de moi… Tata Miriam elle sait tout de moi ! Donc elle te connaît aussi…

Nous avons échangé un regard lourd de sens. La quinquagénaire se tourna directement vers on bureau et se mit à fouiller dans un tiroir fermé avec une clé qu’elle portait toujours sur elle.

-         Tiens, fit-elle en me tendant un dossier. C’est le tien, je vais te faire sortir du système ! Si cette femme a pour but de créer un rift entre ton mari et toi, il vaut mieux qu’il n’apprenne jamais cette partie de ta vie. Jamais !

-         Merci !

J’ai récupéré le dossier qu’elle me tendait, il y avait mes paramètres et ceux des hommes que j’avais rencontrés grâce au club de Miriam.

-         Je ne sais pas qui est cette femme qui s’attaque à toi mais à mon avis tu devrais aller la chercher dans ton passé…

Elle parlait encore que mon téléphone vibra dans ma main. Un message apparut et mon sourire revint instantanément sur mon visage.

-         Il y a quoi ?, me demanda Miriam intriguée.

-         Ça fait un moment que j’attends ce message ! Je dois y aller ! Je te mettrais au courant…

-         Non ! Vévé… je viens de te sortir du système… Nous ne devons plus jamais nous croiser !

Elle avait raison, j’avais mal, subitement je sentais qu’une part de moi allait se perdre. Cette femme durant des années avait été mon pilier, elle m’a tout appris, elle m’a guidé, conseillé, grondé, et aujourd’hui je devais pour le bien de ma famille décider de ne plus jamais m’approcher d’elle.

-         Nous ne pourrons plus jamais nous voir, ajouta-t-elle en me souriant.

-         Tata Miriam…

-         Ne sois pas émotive tu dois encore prendre soin de ce foyer que tu as bâti à la sueur de ton front… alors ne laisses pas tomber et avance !

Nous nous sommes embrassées, dix ans d’amitié auxquelles je devais renoncer.

-         Au revoir Tata !

-         Porte-toi bien ma petite !

   

Noura

J’étais attachée, balancée sur un lit, je sentais les gens se mouvoir autour de moi. La peur me poussait à feindre l’évanouissement. Je ne sais pas qui m’avait enlevé en pleine rue dans la nuit, mais je savais que si je restais calme le plus longtemps possible il ne se passerait rien, en tout cas pas tout de suite.

Je ne savais pas prier, sinon j’aurais prié dans mon cœur, mais la prière ne faisait pas partie de mes habitudes, quand j’étais dans la rue je ne croyais même pas qu’un Dieu existait, alors maintenant que je me retrouvais dans cette situation je doutais réellement que Dieu écoute ceux qui ne sont pas les siens.

Je ne sais pas qui sont ces gens mais si ce ne sont pas les hommes de mon mentor alors s’ils me libèrent ceux sont les hommes de mon mentor qui me tueront.

Il y avait subitement du mouvement une personne entra dans la chambre alluma la lumière et j’entendis la voix d’une femme.

  

Véronique

 

-         Vous êtes sérieux ? Enlevez lui toutes ces cordes !, ai-je ordonné en voyant le corps tremblant sur le lit.

Rodrigue avait fait attacher les pieds et les mains de Noura, qui était allongée sur le coté dans le grand lit de la planque de Rodrigue et ses hommes de confiance.

-         Enlevez-lui ça !

-         D’accord Madame !, fit un des hommes en s’exécutant.

Il détacha les liens et s’éloigna de la jeune femme qui resta immobile dans le lit. Elle faisait semblant d’être évanouie mais j’avais perçu un mouvement de ses orteils à un moment.

-         Noura retournes toi !

Elle prit un moment pour soupeser l’ordre que je venais de lui donner. Puis elle se retourna avant de se recroqueviller dans un coin du lit, loin très loin de moi.

-         Ne me dis pas que tu as peur de moi !

-         Vous me voulez quoi ?, demanda-t-elle en criant.

Elle espérait surement qu’un voisin curieux l’entende et vienne à son secours.

-         Ce serait plutôt à moi de te poser cette question !, ai-je répondu en m’installant dans une des chaises qui faisait face au lit.

-         Pourquoi est-ce que je suis ici ?

-         Je crois pourtant que c’est évident… Je ne sais pas qui tu es ni ce que tu me veux alors, je t’ai ramené ici pour que tu me dises ce que je te dois !

-         Tsuip…

-         C’est une faveur que je te fais en me rabaissant à ton niveau ma chère… j’aurais pu donner un ordre différent en ce qui te concerne… je n’aurais pas perdu le sommeil !

Mon ton était assez menaçant pour qu’elle me prenne au sérieux ! Je n’avais pas envie de perdre du temps avec cette fille j’avais bien des choses à régler avec elle et le plus vite elle se mettrait à parler et le mieux ce sera pour elle !

-         Alors Noura… Comment, qui et pourquoi ! Voilà les trois questions auxquels tu vas devoir répondre au plus vite !

-         Et si je refuse ?

Elle me défiait, mais ce qu’elle ne savait pas c’est que j’arrivais à lire les comportements des gens. Elle n’avait pas peur de moi, elle ne pouvait pas avoir peur de moi vu qu’on s’était rencontré deux fois et les deux fois elle m’avait clairement lancé un défi juste avec son regard condescendant. Alors ce n’est pas à cause de moi qu’elle tremblait et je doute que ce soit à cause des hommes de Rodrigue.

-         Sortez les gars, ai-je dit aux hommes qui ont quitté la pièce.

Elle se détendit un peu en les voyant sortir, je ne sais pas si elle se disait qu’elle pouvait me maitriser toute seule alors je fis le geste qu’elle ne s’attendait surement pas à me voir faire.

J’avais une arme, à la main et je l’ai mis assez en évidence pour qu’elle l’aperçoive sans toute fois la braquer avec. Ces yeux se sont illuminés et moi j’ai souri en voyant sa réaction.

-         Tu t’imagines que je transporte des millions sur moi tard dans la nuit sans arme ? Tu viens de la rue moi j’ai été en stage dans la rue même en ayant un toit sur la tête…

-         Vous ne savez pas utiliser ça !

Pour répondre à sa provocation je me suis contentée d’enlever la sécurité de l’arme à feu, ce bruit distinctif la poussa à faire un mouvement en arrière.

-         Je t’ai dis que s’il t’arrivait quelque chose je ne perdrais pas le sommeil, lui ai-je rappelé en croisant les jambes dans ma chaise.

-         Vous voulez quoi ?, murmura-t-elle prête à parler.

-         Comment ? Qui ? Pourquoi ?

Elle me regarda droit dans les yeux on aurait dit qu’elle voulait  jauger entre le risque que comportait sa présence ici et celui qui l’attendait à l’extérieur.

-         Tout ce que je peux vous dire c’est que je devais trouver un moyen de vous éloigner de votre mari… De réunir assez de preuves pour le pousser à vous quitter…

-         Au départ il fallait que je t’aide à tomber enceinte !

-         Oui… et si ça marchait je devais vous exposer !

-         C’est quoi ce plan de débutante ? Vous vouliez seulement me séparer de mon mari ? Tu racontes quoi là ? C’est tout ?

-         Cette séparation devait être définitive…

-         Noura je sens que tu me prends pour une idiote !

-         Je vous dis ce que je devais faire… Je n’ai pas dis que c’est tout ce qui était prévue !

Lorsqu’elle me dit cela j’ai pris une seconde pour me calmer et respirer, des cas comme celui-ci il ne faut pas réagir avec impulsivité.

-         Vas-y !, ai-je dit en rangeant mon pistolet dans la poche de ma veste tout en gardant la main le plus proche possible de l’arme.

-         Je veux des garanties !

-         Pardon ?

-         Si je vous dis ce que je sais je mets un avis de décès sur ma tête… Alors je veux quelque chose en retour, dit-elle en me regardant droit dans les yeux.

-         Tu as peur de ta Patronne ?

-         Comment vous savez que c’est une femme ?

J’ai ri en la voyant surprise, elle ne savait vraiment pas à qui elle s’était attaquée.

-         Noura je suis Véronique Nana ! Je sais tout ce qu’il y a à savoir, si je pose des questions c’est pour cerner le personnage et ne pas juste t’envoyer pourrir alors que tu mériterais une autre chance pour faire les choses bien !

Elle me regardait et elle comprenait qu’elle devait saisir l’occasion.

-         J’ai besoin de garanti !

-         Je peux te faire quitter le pays… je connais du monde ! Tu peux te réveiller en Jamaïque demain matin, pas besoin de visa pour y aller et puis  personne n’irait te chercher là-bas !

Elle hocha la tête.

-         Qui est cette femme ?

La question qui me démangeait.

-         Je préfère répondre à une autre question !

-         Laquelle ?, ai-je demandé impatiente.

-         Pourquoi veut-elle vous séparer de votre mari ?

Ça aussi c’est une bonne question.

-         Pourquoi ?

-         Pour mieux s’occuper de sa cible… Qui n’est pas vous !

Je me suis retenue de m’exclamer.

Je n’avais pas vu venir ce scénario.

-         Je réponds à cette question parce que je ne peux pas vous dire qui est mon mentor ! Je ne connais pas son nom, je ne connais rien d’elle, je l’appelle Mamy… Quand elle m’y autorise ! Mais je sais que ce n’est pas vous sa cible !

-         C’est Paul !

-         Oui la cible c’est Paul Nana… Elle a un vieux contentieux avec lui ?… Je n’en sais rien ! Mais je sais que vous étiez un obstacle pour l’atteindre, alors elle voulait vous éloigner de lui pour lui faire du mal… ou tout ce qu’elle a prévu de lui faire !

La clarté qui m’envahit sur le coup me poussa à me lever, depuis le début je faisais fausse route, je croyais que c’était moi la cible et pourtant non ! J’ai tapé deux fois sur le mur et la porte s’est ouverte sur les hommes de Rodrigue qui attendaient derrière.

J’ai sorti le pistolet de ma poche et l’ai remis à l’un d’eux.

-         Nous avions une entente !, me lança Noura paniquée de me voir m’en aller sans donner d’ordre aux hommes.

-         Oui… Mais je t’ai dis que quoiqu’il t’arrive je ne perdrais pas le sommeil !

-         S’il vous plait Véronique… S’il vous plait, cria-t-elle en rampant dans ma direction dans le lit. Elle va me tuer si vous me relâcher dans la rue ! Si vous saviez de quoi elle est capable, vous au moins vous avez un cœur… vous êtes une mère…

Elle avait des larmes aux yeux.

-         Elle a mon âge cette femme ?

-         Plus vieille… Elle pourrait être votre mère !

Des petites informations qui résolvaient le puzzle dans ma tête.

-         Je vous en prie !, supplia Noura.

-         Appelles Rodrigue ! Il doit me dire où se trouve mon mari… dit lui aussi qu’un colis doit sortir du pays ! Espérons que tu sauras mieux choisir les gens avec qui tu t’associes et surtout ceux à qui tu t’attaques !

Je lui donnais une nouvelle chance de vivre et surtout de choisir son destin, sachant que moi j’allais devoir ouvrir une boite fermée depuis des années si la personne qui est derrière cette histoire était bien celle que j’avais à l’esprit.

 
Et si demain mourrai...