Chapitre 17

Ecrit par Lilly Rose AGNOURET


 

« Comment vous sentez-vous, madame Anderson ? »

« Ma tête ! », fais-je en émergeant de mon sommeil. «J'ai mal au crâne. »

« Ne faites aucun effort. Votre tête a heurté un lavabo avant que vous n’atterrissiez au sol ! »

Mes yeux essaient de s'habituer à la lumière. Je regarde le médecin qui se tient debout devant mon lit. Il sourit en me disant :

« Vous garderez ce bandage pendant quelques jours encore. Interdiction de sortir, vous ne pouvez non plus voyager. Repos obligatoire. Je vous fais un arrêt maladie de 5 jours. Prenez ceci très au sérieux, madame Anderson. »

« D'accord docteur. Mais dîtes-moi, quelle heure est-il ? Où sont mes amis ? »

« Il y a un monsieur qui ne vous a pas quitté depuis que vous êtes arrivée à l’hôpital dans la nuit. Il est dans le couloir. Et pour l'heure, il est 15h. »

« Oh ! J'ai dormi tout ce temps. Il faut que je passe un coup de fil. Où se trouve ma collaboratrice ? »

« Vous n’appellerez personne. Je viens de vous parler de repos. Évitez-vous le stress de penser au travail. Votre collègue est entre de bonne main. Elle a heureusement été très vite prise en charge par notre service d'urgence. Son état est stable. Elle sera évacuée sur Londres aux frais de votre compagnie d'assurance. »

« D'accord. Maintenant, puis-je voir mes amis. »

« Je vous laisse. Je ferai entrer le monsieur qui est dehors. Mais, s'il vous plaît, pas d’agitation. Reposez-vous. Je vous envoie une infirmière qui relèvera tous vos paramètres vitaux. Je repasse vous voir à 20h. »

« Merci  docteur. »

Il sort et qui vois-je entrer dans ma chambre.

« Jalil !!! Que fais-tu ici ? Et qui te permet d'entrer dans ma chambre ! », fais-je en lui criant dessus.

L'intensité de la douleur redouble dans ma tête. Je suis obligée de me la tenir avec les deux mains. La rage se saisit de moi et je saute du lit pour aller agripper Jalil par le col de sa chemise en lui criant :

« Tu as vu ce que ta putain de femme m'a fait ! Je... »

Impossible d'en dire plus. La douleur dans mon crane est si forte que l'effort fournit pour aller taper contre la poitrine de Jalil Ratanga, m'envoie à genoux au sol. Il se baisse alors pour me prendre délicatement dans ses bras puis me repose sur le lit. Il prend soin d'ajuster mon oreiller avant de remonter le drap sur moi. Je reste silencieuse un long moment. J'espère que cette douleur s’atténuera !

Jalil me dit alors :

« Je te présente mes excuses pour tout le mal causé par Victoire. Je suis tellement confus. »

Je ne prends même pas la peine de tourner mon regard vers lui. Je préfère lui faire dos en espérant qu'il s'en aille. D'ailleurs, que fait-il là ? Qui lui donne le droit d'être là dans ma chambre ?

« Je suis vraiment désolé. Je ne sais pas quoi dire. »

« Ferme-là ! C'est sûrement ce que tu fais de mieux. Sors de ma chambre. Je ferai enfermer ta folle dès que je pourrai. »

Le silence tombe entre nous. J'ai comme l'impression que ce type n'a pas l'intention de sortir. J'aimerais qu'il me foute la paix. J'aimerais être seule et retrouver mes esprits. J'aimerais voir ma collaboratrice Lindsey avant qu'elle ne soit évacuée. J'aimerais...

Je n'ai pas le temps de laisser libre court à mes pensées car une main grande, douce vient de se poser sur mon bras nu. Je frissonne à ce, chose complètement stupide vu que cette main est chaude.

« Enlève ta main de là ! Sors d'ici avant que j'alerte la sécurité. Va rejoindre la dingue qui te sert de femme ! Quand je pense qu'un jour tu as été assez intelligent pour me mettre sur la balance face à elle ! Tu es sûrement le type le plus idiot qu'il m'ait été donné de rencontrer. »

Là, je ferme tranquillement les yeux, bien décidée à ne plus m’embarrasser de sa présence. Ce n'est vraiment pas possible. Les hommes sont-ils aussi idiots au point de supporter ça dans leur vie ? Une femme incapable de se tenir ! Tu n'as aucune preuve que je cherche à faire quoique ce soi avec ton époux et tu arrives comme ça tabasser quelqu'un ! Qui donne le droit à certaines femmes de se comporter de la sorte ?

 

« C'est dans ce monde que j'ai atterri en te quittant. Un monde dans lequel je n'ai de prise sur rien : ni sur mon couple ni sur  ma vie professionnelle. Tout est géré par les émotions de mon épouse ou l'argent de mes beaux-parents. »

Je ne vois pas où ce type veut en venir avec son monologue que je n'ai pas envie d'écouter, aussi, je décide de garder mes yeux fermés et de l'ignorer. Cela ne l'empêche pas de continuer.

« J'ai fait un saut dans le vide le jour où j'ai épousé Victoire. Je tiens le coup uniquement parce que j'aime la vie malgré tout. Je suis pris au piège par cette vie de couple. Pourtant, j'ai aimé cette femme. »

« Il faut vraiment être complètement débile pour raconter tout cela à quelqu'un qui n'en a rien à foutre. Ai-je la tête d'un psychanalyste ? Tu as voulu ce qui t'arrive parce que tu étais assez idiot pour cela. Alors, de grâce, épargne moi le mélodrame et sors de cette chambre. »

La douleur dans ma tête redouble au point que j'en viens à me rouler sur le lit et tomber par terre. Jalil vient vers moi précipitamment, me relève et comme tout à l'heure me repose sur le lit. A un moment, son regard plonge dans le mien et le temps d’une tierce de seconde nous nous jaugeons. Il finit par cligner des yeux et me dire :

« Pas un jour n'est passé sans que je ne pense à toi. Je me suis senti tellement abandonné que je t'en ai voulu. »

Sans qu'il ne s'y attende, j'ai le temps de me saisir de la carafe d'eau en inox sur le chevet du lit. Je lui en assène un coup sur la tempe droite. Ce n'est pas assez fort pour l’assommer et c'est mon bras qui en sort douloureux. 

« Fous-moi le camps avec ta connerie, ta femme et le reste ! Vous n'êtes que deux imbéciles sans intérêt. Qu'elle m'approche de nouveau et je ferai en sorte qu'elle le regrette toute sa vie. »

« Je suis profondément désolé, Marlène ! »

« Au diable ! Va au Diable ! »

« Je passe demain matin devant le conseil d'administration de la boîte. Je risque gros. J'ai déjà vécu deux fois cette expérience. Je sais que la chance tourne pour moi. Demain à midi, je serai sûrement sans emploi obligé de vivre aux crochets de ma belle-famille, avec ces deux beaux-pères que j'ai et qui régentent ma vie. Je... »

 

J'ai de nouveau fermé les yeux et laisse ce type parler avec les murs de cette chambre d’hôpital. J'aurais pu tout perdre d'un coup. Cette folle aurait pu être armée. Elle aurait pu me menacer d'un couteau ou d'une autre arme. Elle aurait pu...

Ma réflexion est suspendue par la déclaration de Jalil qui OSE me lancer :

« Je t'en ai voulu de m'avoir abandonné. Tu serais restée à mes côtés, jamais je n'aurais vécu cet enfer, cette honte. »

Je pense que maintenant, c'est moi qui ai besoin d'un psychiatre parce que ce type va me rendre folle. Au lieu de m'enflammer au risque d'y laisser un peu de santé, je décide de le prier calmement, oui doucement, de me foutre la paix. En vérité, je n'ai pas besoin d'entendre toutes les sottises qu'il a  envie de sortir. Je lui lance alors :

« Jalil, je ne suis pas ta mère... Et cette discussion là, ce retour dans le passé ne nous mènera nulle part. »

Je me tais pour reprendre des forces puis lui dis d'un très lentement :

« Va pleurer ailleurs. Et dis à ta femme que si elle veut apprendre les bonnes manières, je lui donnerai des leçons de civilité. »

Là, je tends le bras vers la bouteille d'eau minérale posée du une table haute à ma gauche. Impossible de faire le geste sans ressentir une douleur atroce. Je décide alors d'appuyé sur le bouton d'appel et une infirmière arrive moins de cinq minutes après.

Là, je lui demande gentiment :

« Faîte sortir le monsieur, s'il vous plaît. C'est un imbécile ! Il a besoin de se faire soigner. »

L'infirmière me regarde dubitative puis me dit :

« Mais madame, c'est le gendre de mon patron. Je ne peux pas le mettre à la porte comme ça ! »

« Vous vous foutez de moi j'espère ! », lui dis-je outrée.

Elle baisse le regard et me réponds :

« Je ne veux pas de problème, oooh ! »

Là, je repose simplement la tête sur mon oreiller et appuie de nouveau sur le bouton d'appel. Une seconde infirmière arrive alors que Jalil a le temps de me dire :

« Inutile d'ameuter toute la clinique. Je vais m'en aller. Je te le répète, je suis désolé. »

« Tu seras bien désolé demain quand ils te foutront à la porte ! », lui dis-je.

« Calmez-vous, madame ! Vous avez les yeux tout rouges. Nous allons regardez cela. », me lance la seconde infirmière.

 

Mes amis arrivent une heure plus tard. Pédro essaie de me faire sourire en disant :

« Je pensais que les pays des blancs toutes les femmes prenaient des cours de boxe. »

Je le regarde et souris faiblement.

Christian est plus calme. Il me lance :

« Elle aurait pu te flinguer et en finir avec toi ! Qu'as-tu fait ? Tu t'es approchée de son type pendant la soirée ? »

« Même pas ! », lui répond Pédro. « Les dingottes n'ont pas besoin d'excuse pour agir. Vraiment, quand je pense à ta copine Lindsey qui va nous quitter comme ça sans vraiment avoir fait un petit tour du Gabon ! »

« Et le tour du Gabon, je suppose que c'est dans ta voiture qu'elle aurait dû le faire ! Tu n'en as pas assez des femmes, vieux ? Il faut maintenant que tu en viennes à rêver de payer aussi des pensions alimentaires en Europe. », le charrie Christian.

« Man, je ne me farcie que les mêmes femmes et les mêmes problèmes ici. Peut-être que mon avenir marital est ailleurs ! », dit Pédro.

« Ce type est fou ! », me fait Christian en riant. « Ne nous embrouille pas avec tes conneries. Nous avons un plan à mener. Nous devons garder l'esprit concentré, n'est ce pas Merlie. »

« Oui, en effet. Je vais devoir me reposer, sur ordre du médecin. Mais vous, j'aimerais que vos cerveaux travaillent et me dégotent un plan sans faille pour parvenir à mes fins. », fais-je en avalant une gorgée d'eau. « Vu que le programme de cette sortie pour la Pointe Denis n'a pas eu lieu, il faudrait que je puisse inviter Merveille Nyama pour lui parler. »

« Oui mais vu ton état, ce n'est pas évident. Il se peut que tu ne parviennes pas à argumenter pour la convaincre. Laisse-nous faire. », lance Pédro.

« Oui, Laisse-nous faire. Nous sommes dimanche, demain soir, nous lançons l'opération. T'inquiète, quand elle viendra vers toi, elle le fera avec douceur. Nous saurons comment lui parler de ta relation avec son père et aussi de cette histoire entre ta mère et lui. Il nous faut la mettre en boite si l'on veut qu'elle coopère et accepte ce prélèvement de plaquettes et tissus dont ton neveu a besoin. », me dit Christian.

« Je compte sur vous.... Je n'ai pas envie de revire tout ce passé... Je n'ai pas envie d'avoir à tout raconter à nouveau... J'ai mal au crâne ! »

« Tu ne veux pas qu'on aille faire sa fête à cette maboule de Victoire Ratanga ? Regarde la sauvagerie dont elle est capable. En plus tu es hospitalisé dans la clinique créer et dirigée par son père nourricier. Si elle veut te liquider, elle ne va pas se gêner ! », lance Pédro.

« Mec, sois pas con ! C'est quoi ces manières de penser. »

« Ah man ! Qu'est ce qu’on n’a jamais vu. Il suffit juste d'une seringue et hop, elle fait disparaître Merlie ni vue ni connu ! »

« Pédro ! Tu as vraiment réussi à me faire peur ! Mais on dit que c'est la meilleure clinique du pays. Je ne peux prendre le risque d'aller ailleurs ! »

« Moi je te dis que s i la folie de Victoire Ratanga ne s'est pas arrêtée et que son époux n'arrive pas à la maîtriser, elle viendra t'achever. », insiste Pédro.

« Tu es même comment, type ? Pourquoi veux-tu qu'elle vienne tuer quelqu'un dans la clinique de son père. »

« Je dis ce que je sens. Je ne suis pas en phase avec  l'idée que Merlie reste ici. Ça sent mauvais. »

« Le médecin a dit que je pourrai sortir dans deux jours. »

« Aka, Merlie ! Si je te dis que mon  esprit n'est pas tranquille avec cette histoire !!! »

Là, le type réussit vraiment à me faire peur...

 

~~~ Il est 20h chez Jalil ce même soir.~~~

 

« Je te l'ai répété dix mille fois, fils : mais jamais tu ne m'écoute. Les femmes, il faut savoir les dompter. Sinon, jamais tu ne t'en sortiras. », me fait l'un de mes beaux-pères.

Le second, qui lui aussi est là ce soir, prend la parole et de façon péremptoire me fait remarquer :

« Tu as toujours été faible, mon pauvre. Tu vois où cela te mène aujourd'hui ! Tu es un homme où une mauviette. Comment se fait-il que tu sois incapable de maîtriser ton épouse. Ce n'est pas vrai ! Tu veux éternellement être la risée de tout le monde ! »

L'un est un grès grand professeur de médecine, réputé. Le second a été magistrat, puis ambassadeur, puis sénateur.

ET LES DEUX M'EMMERDENT !

Je me suis envoyé 3 verres de scotch après être rentré de l’hôpital. Il me fallait cela pour tenir la distance avec ces deux incapables qui m'ont refilé un cadeau empoisonné comme épouse, c'est à dire la fille qu’ils ont tous les deux pourrie et gâtée. Ce soir, contrairement à d'habitude, une fois par mois depuis que nous sommes mariés Victoire et moi, je décide de ne pas dîner avec eux. Je ne pourrai simplement pas les supporter. Si seulement l'un d'eaux pouvaient reconnaître, ne serait-ce qu'une fois, que leur fille est ingérable... Je peux toujours rêver.

Mr l'ambassadeur, qui m'emmerde au plus haut point et qui avant était mon patron, me lance :

« Une fois de plus nous allons devoir sortir le chéquier pour réparer tes erreurs Jalil ! Si tu tenais Victoire avec fermeté, jamais elle ne passerait son temps à casser la gueule à toutes tes maîtresses ! »

Là, le médecin lance :

« Si tu pouvais aussi les tenir tes maîtresse, on n'en serait pas là ! Quelle idée t'a piqué de retourner dans le lit de cette fille de bas étage, Si tu l'as autrefois abandonnée pour Victoire, c'est bien qu'elle ne méritait pas tes attentions ! Elle revient une dizaine d'années plus tard et arrive à te reconquérir parce qu'elle a appris à marcher sur des talons aiguille et qu'elle parle désormais du pidgin ? »

 

Depuis que nous sommes dans ce petit salon coquet dont les fauteuils sont robustes et en cuir noirs, et les murs parés de portraits de famille, et le plafond façonné par des mains de maître, je garde le dos tournés à ces deux types pour ainsi éviter de leur manquer de respect en les toisant. Là, piqué au vif, je fais volte face pour me retrouver face à celui qui vient de parler. Le grand professeur, représentant de L'OMS, grand, mince, quarteron, cheveux grisonnant sur les temps, il porte des lunettes qui imposent le respect. Je regarde l'autre qui est assis plus loin. Trapu, à peine 1 mètre 60. Il est originaire du Haut-Ogooué et en impose par sa petite taille et son regard assassin qui vous fusille sur place. Il a la voix grave, ne fait pas ses 70 ans. Ses dents blanches qu'il se fait détartrer à New York, contrastent avec la couleur charbon de son teint. Il porte une chevalière à cette main droite de laquelle il tient son verre de whisky.

Je passe de l'un à l'autre, mes yeux s'attardant sur leurs visages dont je soutiens le regard. Là, je leur dis alors :

« Je vous souhaite un bon appétit ! »

« Hey, petit ! Tu te prends pour qui ? », me lance Mr l'ambassadeur.

« Reste là, petit con ! Tu crois pouvoir tourner le dos à qui ? », me lance Mr le grand professeur de médecine. « Je te signale qu'une fois de plus, nous allons devoir jouer de notre influence pour que tu ne perde pas ce job demain face à ce conseil d'administration. »

Je ne dis rien et d'un pas ferme décide de sortir de cette pièce. Comme un automate et sans m'arrêter, je passe dans le grand salon où Victoire discute avec sa mère et l'épouse de son second père. L'un d'elle me retient en me disant :

« Jalil, tu s bien nerveux ce soir ! »

Ben voyons ! Tout va bien ! Je n'ai aucune raison d'être nerveux. Après tout, ce ne sont que 72 millions de francs CFA que mon entreprise versera à celle de Merlie ! Autant dire, rien du tout pour les personnes réunies ici ce soir pour ce dîner de famille. Je ne prends pas la peine de répondre et vais directement vers l’extérieur. Là, je presse le pas pour m'en aller de cette maison de dingue. Je monte en voiture, klaxonne pour que le watch m'ouvre le portail. J'avise par le rétroviseur intérieur, mon épouse qui arrive en courant. J'appuie sur le champignon avant qu'elle ne puisse atteindre la voiture.

Je conduis dans la nuit sans destination précise jusqu'au moment où, je parviens à me détendre quelque peu. Je décide alors de la suite des choses. Je prends mon téléphone et compose un numéro. Je lance simplement : J'arrive ! Je raccroche et continue de rouler simplement. J'arrive chez ma mère que je loge dans une belle petite maison à la cité Damas. Je gare mon véhicule devant son portail et continue à pieds pour héler un taxi. Direction, derrière la Prison.

Arrivée là, la porte d'une petite maison peinte en rose m'attend ouverte.

« Oh, mon chéri. Heureusement que j'étais libre, hein ! Les frangines sont venues me proposer d'aller manger quelque part là ! Mais dès que tu as appelé là, je leur ai dit qu'on se verra demain. C'est comment ? Je te sens tendu, vraiment ! »

Je regarde la femme face à moi ; elle est de taille moyenne, belle à couper le souffle avec cette poitrine aux seins ronds, fermes, dans lesquels ma tête venait se perdre il y a deux ans quand tout, absolument tout semblait s'effriter entre Victoire et moi.

Cela fait 2 ans que je ne suis plus venu pourtant, je me sens bien, apaisé, à la vue de cette jolie fille adouma, qui a été ma stagiaire il y a 7 ans et que j'ai placé comme assistante d'accueil chez Airtel Gabon.

Elle me sourit et m’entraîne vers le salon en me disant :

« J'ai fait un peu de boulettes de poisson avec des tubercules de manioc. Laisse-moi te dresser la table. »

« Je n'ai pas faim, Aïcha. Je veux juste un peu de chaleur. »

« Oh ! D'accord. Viens. Les enfants, mangent dans la cuisine. Allons dans la chambre. »

Quand nous arrivons là, elle fait très vite tomber sa robe et me dit :

« Hum, sinon, tu mas manqué, hein, Jalil ! Wèèè, aujourd'hui c'est vraiment mon jour de chance. »

Mon regard se délecte de son corps nu, alors qu'elle déboutonne ma chemise en me lançant des paroles douces. Elle me débarrasse de ma chemise puis se débrouille pour faire atterrir mon pantalon au niveau de mes c chevilles. J reste en silence, l'écoutant s'agiter autour de moi en me complimentant et me disant combien elle est heureuse de me revoir alors qu'elle ne s'y attendait plus. Elle finit par m’entraîner dans le lit alors que déjà je lui arrache un baiser.

Là, nous nous roulons sur le lit et enfin, le stress m'abandonne et je peux savourer ce moment en me réjouissant du fait que je suis un homme, contrairement à ce que ces imbéciles de beaux-pères pensent. C'est avec une douceur ineffable qu'Aïcha s’occupe de moi et me fait gémir de plaisir alors qu'elle tient mon membre viril dans sa bouche. Elle remonte vers moi et me dit alors :

« Hum, mon chéri, il faut qu'on parle un peu. Tu n'en as pas marre de souffrir ? L'enfant que tu cherches là, je peux te le donner. Mon ventre est là, libre. Toi même tu sais que je suis capable. Tu vois bien mes trois enfants. Hein ! Laissons la capote à  côté, Jalil ! Tu ne vas pas passer toute une vie à aller éjaculé dans un pot là-bas dans cliniques là en France ou je ne sais où, pour rien. Aucun résultat. »

Je la regarde sans rien dire. C'est sûrement la dixième fois qu'elle me fait cette proposition. La dernière fois qu'elle me l'a sortie, je suis parti sans plus revenir. C'était il y a deux ans. Elle se redresse sur ce lit, me regarde en prenant soin de caresser de garder en main, mon sexe tendu qui a soif que prenne fin la torture de ses mains sur son encolure. Là, elle me dit :

« On dit quoi Jalil ! Vraiment, tu me fais pitié, mon chéri. »

« Elle te tuera. »

« Elle va me trouver où pour me tuer ? Elle me connaît ? »

« Elle en est capable, Aïcha. Je ne veux pas qu'il t'arrive du mal. »

« Mon chéri, je t'ai déjà expliqué le plan. Dès que l'enfant est dans le ventre, j'enlève le corps et je retourne tranquillement chez ma mère à Lastournville pour attendre l'accouchement. Elle va me trouver où ? »

Je la regarde, lève ma main pour lui  caresser les cheveux, qu'elle garde tressés en  nattes avec des cauris au bout.

« On dit quoi, Jalil ! C'est pour ton bien que je fais ça. Tu as le droit d'être heureux. »

J'ai toujours été troublée par la candeur d'Aïcha. Je lui répète encore :

« Elle te tuera. »

« Ah, pardon ! Elle va me trouver où ? Est ce que depuis qu'on couche ensemble là, tu m'a déjà vu prendre le téléphone pour la narguer ou bien même aller la provoquer à son bureau. Je n'ai pas besoin de tout ça. Tu as toujours été cool avec moi, je veux juste te rendre heureux. En tout cas, toi-même tu me connais, hein ! Si c'était pour te créer les problèmes, j'aurais déjà fais ça depuis. Papa, c'est à toi que je pense. Tout le temps là, mettre la capote pour après aller jeter tout le sperme là à la poubelle alors que tu n'as pas d'enfant ! Il faut penser à demain. Qui prendra soin de toi quand tu seras vieux ? »

Elle hausse les épaules puis, sans plus perdre de temps, se remet à chérir le moindre centimètre de on cors, appuyant de ses baisers, mes lèvre, la base de mon cou, mon nombril...

Je finis par la renverser sur le lit pour entrer en elle en douceur sans plus me poser de question. 

« Oooh, Jalil ! », gémit-elle. « Je te dis que cet enfant tu le mérites, bébé ! »

 

Il est minuit quand j'arrive chez moi. Je n'ai pas pris la peine de récupérer mon véhicule et suis rentrer en taxi. Je vais directement dans la salle de bains et me jettes sous un jet d'eau tiède sans me soucier le moins du monde, de l'absence de Victoire. J'enfile mon pyjama et décide d'aller dormir dans la chambre d'amis. Je ferme la porte à double tour et m'installe confortablement dans le lit après avoir mis le split en marche.

Là, alors que je suis sur le point de fermer l'œil, mon téléphone sonne. Au bout du fil alors qu'il est minuit et demie, ma mère se lamente :

« Ah mon fils, où est-ce que tu es ? Qu'est ce que ta voiture fait devant chez moi ? Ta femme est là dans la maison en train de tout casser. La télé, cassée, les assiettes, cassées ! Toute la maison ressemble à un chantier. Ah Jalil, c'est comment ? »

Je suis peiné pour ma mère mais j'ai le moral remonté à bloc alors je décide de ne pas me laisser saloper l'esprit par la folie de Victoire. Je réponds simplement à ma mère :

« Maman, qu'elle casse ! Demain, elle sera la première à tout te racheter. Je viens te voir en fin de journée, demain. Je pense qu'il est temps que tu voyages un peu pour aller te changer les idées. Va dans ta chambre et ferme la porte à double tour. A demain. »

...CA VA SE SAVOIR