Chapitre 18

Ecrit par Meritamon



 Désir rebelle


Tahaa se fraya un chemin dans la foule compacte du bar et rejoignit Serena, un verre à la main, au milieu des lumières tamisées.

Il se plaça derrière elle et son torse effleura le dos de la jeune femme. Sans surprise, Tahaa la sentit se raidir quand il mit une main dans son dos que la robe dévoilait de façon scandaleuse.

Il se pencha sur la courbe gracile de son cou et la complimenta dans l’oreille.

-         Tu es magnifique dans cette robe. Tu l’as mise exprès pour me provoquer?

-         Absolument pas. Tout ne tourne pas autour de toi, Tahaa, répondit-elle sèchement.

Lui, l’air de rien : « C’est une très belle fête, en tout cas ».

-         Tant mieux si tu t’amuses. Nous avons travaillé très fort, mais c’est Idy qui crée véritablement cette magie, fit encore Serena, sans chaleur, sans se retourner.

Tahaa ne se formalisa pas par son attitude revancharde et s’en amusa même un peu.

-          Je n’ai jamais vu mon frère aussi heureux que sur cette scène. Je suis surpris qu’il joue de façon incroyable, commenta-t-il un brin envieux.

« J’en suis même jaloux. Tu as vu toutes ces filles qui sont en pâmoison devant lui, son look à la Ziggy Marley avec sa guitare, putain…qu’il est beau! »

Tahaa portait une chemise bleue nuit, et il avait relevé négligemment ses manches, révélant ses avant-bras puissants.

L’homme peul était si proche qu’elle perçut son eau de toilette et son souffle dans sa nuque. Ses yeux clairs avaient quelque chose de trouble.

 

Pour Serena, Tahaa représentait le danger. Il incarnait la passion puisqu’il était le seul homme qui lui donna envie pour la première fois d’expérimenter des plaisirs jusqu’ici interdits.

Malheureusement, il incarnait aussi les blessures du cœur alors qu’elle commençait à connaître un nouveau sentiment à ses côtés : la jalousie.

La jalousie envers Zeinab qui continuait d’aller et venir, de vivre sous le même toit;

La jalousie envers toutes ces femmes avec qui, certains soirs, Tahaa avait des rendez-vous pour trouver celle qu’il épousera.

Un soir, au détour d’une conversation anodine avec Nafy, Zeinab, involontairement, avait évoqué le penchant de Tahaa pour les jolies filles. La femme disait qu’il savait charmer et séduire. Une fois qu’il obtenait ce qu’il désirait, il se lassait de ses conquêtes et comme un enfant capricieux abandonnait son jouet au profit d’un autre.

Une fois qu’il obtient ce qu’il désire… pensa Serena avec effroi en l’entendant. Hier encore, Serena croyait savoir ce qu’elle voulait dans la vie. Hier encore, elle désirait se protéger contre les sirènes de la passion, se préserver du charme des hommes, et de cet homme en particulier. Aujourd’hui, aucune de ces certitudes ne subsistait.

« Salaud arrogant » murmura tout bas Serena, en se rappelant de ce qu’il lui avait fait.

 

*********

Trois jours plutôt.

Serena, après son travail, s’était promenée longuement dans la campagne verdoyante. Ses pas l’avaient menée en direction d’une source d’eau scintillante qu’elle avait découverte au milieu du bois quelques jours auparavant.

Une cascade dominait l’espèce de piscine naturelle dont l’eau était si claire qu’on pouvait apercevoir le fond tapissé de sable blanc. Le ciel du crépuscule se teintait d’or, de rouge et de violet; l’air était limpide, les oiseaux faisaient la fête dans les arbres avec leurs gazouillis.

La nature était en parfaite harmonie dans ce paradis perdu.

Après avoir vérifié qu’il n’y eut personne dans les environs, la jeune femme se déshabilla et frissonna un peu quand elle entra, nue, dans l’eau froide.

Elle nagea vers la cascade et l’eau se déversa sur elle en minces gouttelettes brillantes. Puis, pendant un moment, elle se laissa flotter en goûtant cet instant exquis de repos, de liberté et de paix.

Lorsqu’un craquement de branches sur le sol attira son attention. En levant la tête, son regard croisa celui de Tahaa. Et le temps sembla s’arrêter un moment.

Le premier geste instinctif de Serena fut de couvrir ses seins nus de ses mains.

Tahaa, visiblement surpris de tomber sur elle dans cet endroit improbable, esquissa un sourire et fut incapable de détacher son regard d’elle, de son corps nu.

Il revenait des plantations après une dure journée de travail et voulait se rafraichir dans la cascade d’eau.

Sans compter sur Serena qui l’en empêcha.

      -         Tu ne vois pas que c’est déjà occupé? lui lança-t-elle de façon agressive.

L’homme réagit avec un sourire railleur sur les lèvres. Il contempla le bassin d’eau avec convoitise.

      -         J’aime aussi cet endroit, c’est calme, d’habitude personne ne vient jamais ici. Je suis content que tu l’aies découvert.

 

Tahaa commença alors à ôter ses vêtements de façon naturelle sans se soucier des récriminations de Serena.

      -         Que… Que fais-tu? Demanda la jeune femme, soudain désemparée, de le voir exhiber son corps sans pudeur devant elle.

      -          Je dois me laver. La journée a été particulièrement éreintante.

      -         Non! N’entre pas dans cette eau! Je te l’interdis… continuait-elle de menacer, en reculant.

Serena le vit plutôt effectuer un plongeon parfait, puis ressortir de l’eau quelques secondes plus tard.

      -         Arrête de faire l’enfant, ok? Si ça te dérange tant que je sois là, pourquoi toi tu ne sors pas du bassin?

      -         Parce que j’étais là avant!

      -         Et moi je suis sur mes terres. Putain, j’ai horreur qu’on me dise quoi faire!

Abasourdie, la jeune femme chercha ses mots, furieuse.

      -         Je connais tes intentions, Tahaa Badr … Je sais que tu veux m’obliger à te céder comme l’autre nuit ! Mais je jure que… 

      -         Qu’est-ce que tu racontes? Je ne t’ai obligée à rien, c’est toi qui t’es offerte à moi. C’est toi qui m’as tenté et m’as proposé ton marché. Je n’ai pris que ce que tu m’offrais…

Serena ne put ajouter davantage, en quelques brasses, l’homme venait de combler l’espace entre eux. La jeune femme essaya de cacher maladroitement sa nudité avec ses mains, troublée même dans ses fibres.

Tahaa en fut attendri pendant un moment. Quelle fille farouche!

Pourquoi lui dissimuler son corps de rêve? Qui éveillait tant ses désirs? Elle avait un corps merveilleux, des courbes sensuelles et parfaites, des mamelons arrogants, des fesses fermes et bombées, des jambes vertigineuses...

      -         Il ne se passera rien entre nous deux, prévint-t-elle sur la défensive, comme il la dévorait du regard.

« Et je voudrais que tu te le mettes une bonne fois pour toute dans ton crâne buté! »

Tahaa éclata de rire. Il n’en revenait pas de tant de prétention.

       -         Tu as vraiment une très haute opinion de toi-même, Serena! Riposta-t-il. Je doute que tu m’intéresses bien longtemps. Une nuit devrait suffire pour te faire chasser définitivement de mes pensées!

La jeune femme se sentit défaillir par ses intentions: profiter d’elle et la jeter ensuite. Quel mufle!

Elle se contint et afficha le mépris qu’elle avait pour lui.

      -         Et qu’est-ce qui t’empêche de ne pas sauter sur moi à la moindre occasion? Ta bonne éducation, je suppose? Ou ton code d’honneur que tu es incapable de tenir!

Avec satisfaction, Serena aperçut un éclair de colère dans ses yeux clairs.

Elle continua de le défier malgré le danger pour qu’il comprenne qu’ils n’étaient pas du même univers, qu’il pouvait toujours courir et qu’elle ne lui appartiendra jamais.

     -         Qui crois-tu que je sois, Tahaa? Tu me confonds à une de tes paysannes qui se laissent coucher dessus sans broncher…

       -         Une de mes paysannes ?... Tu me fais rire! Je te conseille de te taire, Serena...

      -         Sinon quoi, Tahaa? Tu crois qu’en plus des corvées que tu me donnes dans ta ferme, je devrais subir des étreintes venant d’un grossier personnage de ta trempe? D’un séducteur de bas étage … non, mais tu t’es regardé?

Elle recula d’un pas face à Tahaa qui l’empoigna et la fit taire en l’embrassant.

La jeune femme essaya de lutter en vain pendant qu’il l’entraînait sur la berge, l’allongeait sur le sable fin et lui clouait les poignets au sol.

Tahaa la dévisagea avec colère. Pour qui se prenait-elle pour lui parler ainsi ?

Serena réalisa qu’elle se trouvait dans une fâcheuse situation, complètement nue, sous lui ; elle essaya de se débattre sans succès. La poigne ferme de l’homme la réduisit à l’immobilité.

      -         Arrête de te débattre, bon sang!

     -         Qu’attends-tu pour me violer, espèce de barbare? Personne ne nous entendra… s’entendit-t-elle lui dire, en émoi, une crainte dans la voix.

Tahaa faillit rire, mais il garda son sérieux. De quoi parlait-elle? Pourquoi il ferait une chose pareille?

      -         Je ne prendrais pas cette peine, Serena… Tu en as autant envie que moi. Il suffit de te regarder, fillette!

À ses mots, une fureur s’empara de la jeune femme.

      -         Je t’interdis…

Tahaa la fit à nouveau taire par un autre baiser passionné qu’elle lui rendit cette fois, le cœur battant, le souffle court.

Et sa résistance fondit lamentablement sous l’effet de ses caresses brûlantes, promesses de volupté, de son corps puissant qui l’enveloppait et de son sexe érigé qu’il frottait tout contre ses cuisses qu’elle gardait désespérément fermées.

      -         Ne bouge pas, laisse-moi faire...  lui intima-t-il comme elle lui résistait.

      -         Non… ne me touche pas… ne fais rien!

L’homme lui ouvrit les cuisses, caressa les plis humides de sa vulve d’une main experte; sa bouche gourmande papillonna sur ses seins, descendit sur la vallée de son ventre et prit le relais de ses doigts. Sa langue fouilla avec délectation l’intimité de la jeune femme.


Elle eut un petit cri étouffé, la tête rejetée en arrière, surprise par son plaisir et fut incapable de supporter l’hypersensibilité de cette zone électrisée.


Tahaa sut qu’il ne se lasserait jamais de la sensation que sa langue lui procura lorsqu’elle s’insinua entre ses parois labiales pour explorer plus avant l'entrée de sa vulve. Quel bonheur de parcourir ce sillon jusqu’à buter contre son bouton de clitoris, de le suçoter et en exacerber la sensibilité et ensuite le lécher en variant d’intensité.


Lorsque la respiration de Serena s'accéléra, que ses gémissements devinrent plus intenses et que ses jambes tremblèrent, Tahaa reconnut les prémices d'un tsunami.
Il reconnut dans ses yeux, ce plaisir physique que toute femme éprouve avec un homme.

      -         Tu aimes ça? Murmura ensuite Tahaa contre ses lèvres.

      -         Oui…

      -         Veux-tu que je continue?...

      -         …….

Elle ne put répondre que par un souffle rauque, accrochée à ses épaules, alors que les lèvres de l’homme s’étaient à nouveau emparées de ses seins, de ses mamelons sensibles qu’il léchait, mordait, roulait dans ses mains. Serena gémit sous le supplice.

       -          Serena, Réponds-moi! Exigea l’homme Peul.

      -         Oui! n’arrête pas… n’arrête pas, s’entendit-elle le supplier alors que toute retenue l’avait abandonnée, toute pudeur l’avait quittée.

C’est ainsi que sûr de son emprise et satisfait de la réaction qu’il recherchait, Tahaa mit fin délibérément à ses caresses.

Et le sourire narquois que Serena lut sur les lèvres de l’homme lui fit l’effet d’un bain glacé. Bien entendu, il se moquait d’elle et de sa faiblesse.

Serena, humiliée, essaya de se relever, mais il plaqua ses poignets au sol.

      -         Où crois-tu aller comme ça? On joue à présent à la sainte-nitouche? la nargua-t-il.

     -         Je croyais que tu en voulais plus. Quelque chose me dit que tu es finalement comme toutes ces filles qui ouvrent leurs jambes à la moindre caresse…. Comment tu les appelles déjà? des paysannes aux mœurs légères.

Serena Hann crut la terre s’effondrer sous elle. Humiliée par ce désir qu’elle n’avait su contrôler, elle sentit des larmes de rage et de honte emplir ses yeux. Elle haïssait cet homme pour le cocktail d’émotions qu’il était capable de créer en elle, du chaud et du froid qu’il insufflait. Elle le haïssait pour son arrogance et sa débauche!

 

     -         Relève-toi! Laisse-moi, espèce de débauché ! Essaya-t-elle de se débattre.

     -         Tu penses me résister ? Tu sais que ta comédie ne marche pas avec moi. Si j’ai envie de t’avoir, Serena, il me suffit de claquer des doigts… ou de la langue, c’est selon.

Les larmes de la jeune femme roulèrent sur ses joues. Cet homme était cruel, il n’avait pas le droit de la traiter ainsi. Elle pensait qu’ils allaient s’entendre, qu’avec le temps ils s’apprécieraient, mais par sa faiblesse il se permettait de l’humilier, de la réduire en un vulgaire objet sexuel.

Tahaa n’était pas d’humeur à la consoler. N’avait-elle pas allumé ses désirs? N’y avait-elle pas répondu avec autant d’ardeur?

Quels étaient ces gens qui avaient élevé cette fille sans l’avertir du pouvoir de ses charmes? Parce que oui, lui Tahaa souffrait de ne pas l’avoir, parce qu’il avait promis de la préserver et la côtoyer tous les jours revenait à mettre en péril son Pulaaku, son code d’honneur. Pour cela, Serena méritait d’avoir une leçon puisqu’elle le privait de son plaisir, et qu’elle se vantait en plus de pouvoir lui résister.

En s’amusant de sa mine déconfite, Tahaa se releva. Les derniers rayons de soleil éclairaient son corps viril et nu, avec son érection encore visible. L’air s’était rafraîchi, les grillons crissaient à présent dans le crépuscule qui tombait. Avec dédain, Tahaa lui lança ses vêtements.

      -         Ne t’inquiète pas, nous aurons l’occasion d’en finir. À présent, si tu permets, je vais me laver.

      -         Tu es un être répugnant Tahaa Badr! Sans honneur et sans respect! lança Serena, pleine de haine.

Elle se rhabilla à la hâte en essayant de garder intact sa fierté, en se jurant de laver son affront.

En secret, Tahaa admira l’entêtement de Serena. Elle était si attendrissante lorsqu’elle était en colère. Et sa façon de lever hautainement la tête comme une reine. Tahaa se blâma de la blesser. Mais il fallait qu’il se protège d’une façon ou d’une autre de cette sorcière qui s’emparait de son cœur sans y être invité.

       -         Je vais m’assurer que tu ne m’oublies pas de sitôt.

       -         Et moi, je vais m’assurer que tu paies pour cet affront!

Il s’éloigna froidement et plongea son corps nu dans le gai bassin.

Serena resta plantée un moment, sans bouger, mesurant sa fureur. Elle ramassa les vêtements de Tahaa qui trainaient, son téléphone, son portefeuille et les clés de sa camionnette, les balança à l’eau.

        -         Débrouilles-toi pour rentrer à la maison...

Un juron de colère ébranla le silence. Avant que Tahaa revînt de sa surprise, Serena avait déjà enjambé la petite pente et avait disparu au milieu des arbres.

  

*********

 

Dans le bar, à ses côtés, Tahaa commença à bouger lentement au son de la musique. Idy chantait une reprise de Killing me softly des Fugees.

Tahaa semblait avoir oublié l’épisode de la cascade.

L’homme passa un bras autour de la taille de Serena et l’attira doucement mais fermement à lui. Les fesses de la jeune femme vinrent se loger dans son bassin, et sans résistance, elle fut entraînée dans le rythme lascif de la danse qu’il lui imposait, au rythme qu’il désirait.

Serena découvrit avec surprise que ses courbes se fondaient à la perfection contre son corps comme si elle avait été sculptée uniquement pour lui. Une chaleur diffuse inonda l’intérieur de ses cuisses. Une chaleur qu’elle apprenait à reconnaître, une émotion brute générée quand il la touchait.

-         Tahaa… murmura-t-elle, en lançant un coup d’œil paniqué autour d’elle.

Mais personne ne faisait attention à eux. La soirée était à son paroxysme, la musique entrainante et tout le monde dansait.

Il lui murmura à l’oreille, sans lâcher son étreinte, ses mains d’épouser discrètement ses hanches.

-         Arrête de te faire désirer, Serena. Tu sais que je vais finir par perdre la tête…

Serena se retourna et lui fit face pour lui demander à quoi il jouait.

-         La fille qui t’accompagne ce soir risque de s’ennuyer si tu restes à mes côtés. Va plutôt t’occuper d’elle, lui reprocha-t-elle.

Tahaa, attendri par sa jalousie, voulut mettre les choses au clair.

-         Tu veux parler de ma nièce Maimouna? Elle a 17 ans, encore mineure et comme elle voulait venir au concert, ses parents m’ont demandé que je la chaperonne ce soir.

Serena bénit que les lumières de la salle soient assez tamisées pour ne pas révéler son embarras. Un sentiment de soulagement et de gêne de s’être ainsi découverte l’envahit. Elle s’était méprise sur sa relation avec la fille. Comme elle avait vite sauté aux conclusions !

-         Ne me dis pas que tu es jalouse, si? La taquina-t-il, amusé.

Elle releva la tête fièrement.

-         Tu fais ce que tu veux, tu es un homme libre.

Tahaa soupira et se passa la main dans les cheveux, de sa façon désinvolte.

-         Si tu veux savoir, il n’y a pas d’autres femmes. Il n’y en a pas eu vraiment depuis quelques temps…

Le cœur de Serena fit un bond dans sa poitrine. Des applaudissements chaleureux ponctuèrent la fin de la chanson.

-         Je ne suis pas aussi libre que tu le penses, Serena. Si cela peut te rassurer, c’est difficile pour moi de me désengager de cette histoire, parce que tu es dans mes pensées…

À ce moment, les lumières s’allumèrent, les confrontant tous les deux. Tahaa lui prit la main et la conduisit dans un coin tranquille pour lui parler.

-         Aussi, j’aurais souhaité que tu me dises plutôt que tu es vierge…

 

Tahaa avait fini par arriver à cette conclusion. Il avait l’expérience des femmes et c’était la première fois qu’on lui résistait de cette façon.

-         Tu n’as pas demandé non plus, rétorqua-t-elle.

-         Tu me fais passer pour un salaud.

-         C’est étrange, parce que c’est l’impression que j’ai eue quand tu as … que tu m’as…

Son éducation ne lui permettait pas de prononcer explicitement l’acte en question.

-         Que je t’ai léchée, termina posément Tahaa, amusé et attendri à la fois de la voir piquer un fard.

« J’ai adoré faire ça, si tu savais! C’est aussi un acte naturel entre deux personnes qui… »

Il marqua une pause. Il faillit dire, « qui s’aiment », il se rattrapa de justesse.

-         Entre deux personnes qui s’apprécient… qui ont du désir. Ne me dis pas que tu n’as pas aimé… que tu ne penses pas recommencer… ça serait me mentir.  Tu es troublée…

Serena se ressaisit et planta son regard sur lui, rancunière.

-         Tu m’as humiliée…

-         Et toi tu m’as provoqué.

-         Ce que tu m’as fait aucun homme n’a jamais osé…

-         Tu veux des excuses pour ça? Pourtant, tu m’as supplié de continuer, tu as oublié? Et tu me traites comme si je t’avais arraché ta virginité! Dis ce que tu attends de moi, j’en ai assez de jouer.

 

-         Que voudrais-tu que j’attende de toi, Tahaa Badr? … De nous deux…? Absolument rien.

Comme il la regardait abasourdi par sa résistance et son entêtement, elle l’abandonna sur place.

-         Je vais y aller, j’ai une annonce à faire sur scène.

Il la suivit des yeux lorsqu’elle monta sur l’estrade, qu’on l’applaudit avec chaleur. Elle et Idy s’enlacèrent.

Ses yeux ne la quittèrent pas quand elle annonça que son frère Idy allait signer un contrat avec un label musical, qu’il quittait la région pour devenir une future star de la musique.

Tahaa apprit cette nouvelle en même temps que la moitié des habitants de Diarri. Personne ne l’avait prévenu auparavant et on le mettait devant les faits accomplis. On ne lui demandait pas la permission, tout s’accomplissait à présent.

Tahaa comprenait à présent la raison des coups de fil que Serena passait tard en soirée, ses allers-retours au cyber café quand elle manquait de réseau, les messes basses avec Idy, les silences gênés lorsqu’il approchait.

Elle lui enlevait Idy. Foutue conspiratrice.

Serena avait constaté que Tahaa avait arrêté de sourire et c’est avec une méchante satisfaction qu’elle le vit déposer son verre sur le comptoir et quitter le bar.

Killing me softly with your lies.

Elle n’en avait pas terminé avec Tahaa Badr.

**************

Coucou, j'espère que vous allez bien.

Désolée du retard, je priais Sainte-inspiration de venir me bénir :-). Mais aussi un petit problème d'accès à mon compte. 

Si je devais donner un nom à ce chapitre, cela serait: désir rebelle.







      
L' héritière