Chapitre 18
Ecrit par sokil
Chapitre 18 :
Quand on aime on se sent survolté et emporté par tant de vagues d’émotions et de pulsations qui font vibrer le corps tout entier mais aussi, l’âme et l’esprit. D’un autre côté, il y a aussi des obstacles dont on doit pouvoir faire face quand on aime ; et celui qui a tendance à envahir notre esprit est le doute ; il est souvent omniprésent, on se pose sans cesse des questions à propos de l’autre, on remet sans cesse en question la relation. Il y a aussi des personnes souvent mal intentionnées qui contribuent à envenimer la situation, en cherchant à détruire tout ce qui avait été construit, toute une relation bâtie et établie sur des bases assez solides. Cette catégorie de personnes fait tout simplement partie des ennemis, des jaloux ; cette catégorie de personnes c’est tout simplement des gens comme Placide.
Son intention de me mettre les bâtons dans les roues n’en finissait pas. Son refus catégorique de ne pas vouloir pénétrer dans l’enceinte du presbytère ne m’étonna pas. Placide se croyait bien plus malin que quiconque en voulant semer le doute en moi lorsqu’il me confirma qu’il savait pour Jess et moi, mais plus grave, que Jess était son ami… C’est à ce moment précis que le doute peut nous envahir, et qu’on veut nous faire passer pour un maboul. Ma seule arme était la confiance que je devais avoir envers Jess et surtout ne pas afficher le moindre état de faiblesse face à l’adversaire sinon il prendrait le dessus.
- C’est faux ! Jessé n’est pas ton ami ! Tu t’es permis de nous écouter en plus !
- Tu as fait exprès de ne pas raccrocher pour que je vous entende ! Je ne te savais si expressive et si détendue au lit !
- Tu es mesquin !
- Faire ça avec mon ami…
- Un ami que tu as tenté d’empoisonner !
- C’est… C’est lui qui t’as raconté ça ? Ahahha !!! Jessé ! Ca c’est bien lui !
- Dis-moi plutôt pourquoi tu voulais me voir avant ! Tu as insisté pour me rencontrer !
- Et c’est ici dans ce lieu que tu estimes que je vais perdre mon temps à te parler ?
- Tu es déjà entrain de le faire ! Il vaut mieux continuer…
Placide ne semblait pas très à l’aise ; il s’agitait sans cesse ; il sorti de sa poche un paquet de cigarettes et un briquet, il alluma une rapidement et fébrilement, on aurait dit qu’il cherchait à se soulager d’un mal. Placide n’était pas un fumeur, ce qui me surprit d’ailleurs. Je ne fis aucune remarque préférant l’observer et garder tout mon calme.
- Je ne vais pas perdre mon temps ici ! J’ai cherché à te voir pour te dire que j’accepte de signer, mais à une condition !
- Je t’écoute…
- Tu peux sortir avec toute la planète entière… Mais pas avec lui !
- Je ne vois pas où est le rapport… Jess et moi…
- Écoute-moi !!! Merde !
- C’est écrit où ?
- Écoute-moi bien ! J’ai la possibilité de tout annuler si je veux ! En un simple clic je peux tout faire basculer, mais je suis humain et je pense que chacun droit à ce qu’il mérite ! Tu as droit au bonheur… Avec tout le monde mais pas avec lui !
- Et pourquoi ?
- Parce que Jessé est mon ami merde !!!
Nous étions à un endroit où l’on devait discuter calmement et non pour faire les palabres ; L’attitude et le comportement de Placide me confirma qu’il était peut être sous une emprise diabolique, agit par les forces du mal et sous influence de sa « Petite Fleur » adorée. Nous fûmes obligés de décaler de plusieurs mètres car il se mit à parler si fort et à balancer des insanités. Nous nous tenions pas très loin de son véhicule. Je gardais toujours mon clame, même si à l’intérieur ça bouillonnait comme une marmite d’eau à plus de cent degrés !
- Placide tu es malade ! Tu ne sais pas ce que tu fais ! Tu es … Possédé !
- Tu me fais rire, j’ai bien toute m’a tête… C’est … C’est toi qui perds la tête ! Tu veux jouer les sales putes …
- Placide arrête ! Signons ces foutus papiers !
- J’ai posé ma condition ! Tu arrêtes de baiser avec lui…
- Sinon quoi ? Je vais te le dire calmement ; tu es jaloux de mon bonheur ; tu n’as fait que m’humilier, te jouer de moi en bourrant ma tête de mensonges ! Tu as voulu me rendre folle, tu as souhaité ma mort ! Je n’oublierai jamais le choc que j’ai eu quand j’ai découvert le pot aux roses ! Mais j’ai pu te pardonner ! Je t’ai pardonné le fait de m’avoir jetée comme une serpillière parce que tu as estimé que tu ne méritais plus de vivre à mes côtés, je paraissais si insignifiante à tes yeux ! J’ai pardonné à cette femme qui t’a rendu si dingue au point de me faire un enfant sur le dos ! Je… Je t’ai pardonné d’avoir tué notre enfant… Le bonheur que je vis actuellement semble te déranger ! Oui je couche avec Jess ! Mais ce que tu oublies c’est que lui il est différent et on s’aime … Ca te dérange ! Tu ne pouvais pas imaginer qu’un jour je m’en sortirai !
- Il y a des termes que je ne reconnais pas dans tout ce que tu dis là !
- Ca te regarde Placide ! Je ne suis plus là ! Vis ta vie et laisse-moi vivre la mienne en paix !
- Je n’ai pas de problèmes à te laisser vivre ta vie comme tu le souhaites, mais… Mais tu ne peux pas me faire ça ! Je ne … peux… pas l’accepter…
A un moment je pris vraiment peur qu’il me fasse du mal et m’attaque physiquement ; je finis pare me taire afin de ne pas attiser la flamme. Tout au contraire ça ne fit qu’empirer ; Placide se mit à me crier dessus, à me proférer des menaces ouvertes.
- Ne me pousse pas ! Ne me pousse pas à bout Jaïda !
- Laisse là tranquille ! Si tu touches à un seul de ses cheveux…
Au même moment Jess apparu et nous prit de court ; il avait insisté pour m’accompagner et m’avait promis de se tenir bien à l’écart.
- Jess ! Non va t’en ! Ne te mêle pas de ça !
- Ne t’en fais pas, ça ira !
Jess fit la sourde oreille ; il se rapprocha et se mit devant moi comme pour me protéger. Placide quant à lui, surpris de le voir afficha un sourire bête et hypocrite.
- Jessé !!!
- Placide !!!
- Je suis content de … te voir ! Malgré tout !
- Tu veux plutôt dire que tu es surpris de… me voir ! Tu t’attendais à ce que je me retrouve six pieds sous terre !
- Non ce n’est pas ce que j’ai voulu dire…
- Regarde-moi bien en face Placide et dis le moi !
- Ecoute Jessé ! Ecoute ! Je comprends que tu as encore ça en travers de la gorge.
- Tu veux dire par là que c’est moi en fait trop ?
- Exact tu en fais un peu trop ! Ce verre de vin et même ce repas n’avaient rien de…
- Tu viens de le dire toi-même ! Ce verre de vin …
- Ecoute Jessé ! Ce n’est pas une raison de m’humilier et de te venger de la sorte en baisant ma femme …
- On fait l’amour… On ne baise pas ! C’est déplorable que tu aies eu cette audace, celui de la laisser tomber. Tu peux dire et faire ce que tu veux mais jamais tu ne te mettras sur ce chemin, celui de nous séparer ! Que tu signes ou pas ces papiers de divorce je m’en fiche éperdument. Quant à nous deux, toi et moi, on va régler ça une fois à Londres, sur le terrain… Tu sais de quoi je parle ! Si tu ne veux pas que la police vienne toquer à ta porte tu ferais mieux de te tenir à carreaux !
Placide alluma une autre cigarette, comme pour nous narguer. Il maintint le même air, même sourire faux et jouait les faux courageux. Ensuite il nous pointa du doigt tous les deux sans oublier de nous balancer la fumée de sa cigarette.
- Moi aussi je me fiche pas mal de ce divorce ! Je vais signer de toutes les façons ! Toi Jaïda, on se voit la semaine prochaine, jeudi pour être précis ! Mais je fixe les règles !
- De quoi tu parles ? Quelles règles ?
- Tais-toi ! Et écoute-moi ! Entre lundi et jeudi c’est moi qui fixe les règles ! Je vous laisse !
- Et toi Jess…
- Jessé !!! Jess c’est pour les intimes !
- Soit !
Il se retourna, entra à toute vitesse dans sa voiture et démarra au quart de tour, on aurait dit qu’il fuyait quelqu’un ou quelque chose. Le souvenir de mon étreinte avec Jess lorsqu’il nous avait entendus au téléphone l’avait rendu fou. Jess avait aussi prit un risque en venant le défier, mais ça en valait la peine ; il était convaincu et persuadé que Placide signerait ces papiers à la date indiquée.
- Il est soupçonné dans une sale affaire là bas à Londres…
Je priais juste que le rendez- vous pris pour jeudi soit bel et bien confirmé et que son pseudo chantage ne tienne pas la route. Tante Sidonie m’avait également rassurée.
- Il n’a pas le choix ! Il va seulement signer, il te fait du chantage ! Je suis sûre que cette Priscilla lui met la pression de son côté. Elle aussi en a marre de jouer éternellement les deuxièmes bureaux !
- Voilà !
Placide et moi nous étions censés nous séparer en bons termes selon les écrits, mais la réalité était toute autre. Sa jalousie manifeste qu’il afficha sans cesse depuis qu’il avait découvert ma relation avec Jess le mettait dans un état tel que je craignais qu’il ne change d’avis à la dernière minute ; je craignais aussi qu’il ne me fasse du mal. En journée lorsque nous nous retrouvions chez l’avocat il paraissait normal et faisait en sorte que les choses avancent ; mais tous les soirs il ne cessait de me rabattre les oreilles avec mon histoire avec Jess. Il me bombardait de messages, et me harcelait sans cesse.
« Tu te rendras compte que moi j’étais quand même un homme bien, contrairement à lui. »
« Tu n’es qu’une sorcière ! Et ce que tu fais ne m’atteints pas ! Tu penses avoir le dessus avec tes prières ! Mais ça ne me fait rien »
« Jessé n’est pas ton homme… Qu’est ce que tu fais avec lui ? Je ne suis pas sûr que tu prennes ton pied comme quand tu le faisais avec moi ! Montre-moi ses prouesses, moi je t’ai quand mise en cloque (enceinte) ! Lui qu’est ce qu’il attend ? Prouve-moi le contraire
Je les ignorais et parfois j’éteignais mon téléphone sur conseil de ma tante.
- C’est comme ça tous les soirs, je ne dors pas !
- Laisse-le s’agiter, il veut juste te faire peur ! Il va signer ne t’en fais pas !
Cette semaine fut a plus longue et interminable de toute mon existence. Après la décision rendue par le juge ce matin là, je poussai un OUF de soulagement ! Je me sentais enfin libre, libre de tous mes mouvements, libre dans ma tête et même dans mon esprit. Je pouvais dire que mon bonheur était sans pareil ! J’étais à présent une femme divorcée ! C’était confirmé ! J’avais sauté au cou de ma tante et j’avais pleuré de joie. J’avais pu obtenir une permission au boulot ; tous mes collègues connaissaient ma situation ; certains m’encourageaient et me soutenaient en l’occurrence mon patron, Mbela Victor qui me donnait sans cesse des conseils; il ignorait toujours ce qui se passait entre son fils et moi. Il y avait d’un autre côté la clique des Blandine et autres qui en profitaient pour alimenter les intrigues à tout va au sujet de ma situation matrimoniale.
Jess était au bureau, je lui passai un coup de fil, mais il ne décrocha pas, pensant qu’il était en réunion ou en pleine séance de travail. C’est surtout avec lui que je voulais savourer l’événement. Je l’aimais, je m’en rendais compte chaque jour qui passait ; lui aussi m’aimait, il me l’avait dit ce jour là devant l’ascenseur, et au lieu de rentrer chez moi, je m’étais retrouvée chez lui dans la soirée sous la couette. Lui aussi voulait qu’on parle de notre relation. On n’avait pas fait l’amour comme toutes les autres fois ; nous étions juste là côté à côte, face à face, les yeux dans les yeux.
- Jaïda… Je tiens vraiment à toi !
- Moi aussi Jess… Je tiens à toi !
Nous nous fîmes la promesse qu’une fois le divorce prononcé, nous irions nous détendre loin, très loin quelque part, juste pour un week-end afin de célébrer notre relation en toute liberté.
- En toute liberté ma chérie !
- En toute liberté !
J’étais à présent une femme libre et libérée des mailles de Placide. J’y repensais encore dans le taxi nous ramenant ma tante et moi du tribunal à la maison. Très souriante, elle l’était plus que moi ; je lisais sur son visage une sorte de satisfaction et un soulagement hors norme. Il ne manquait plus que Jess soit au courant, j’avais hâte. Depuis que ma tante avait su que je le fréquentais, je ne lui cachais plus rien ; ma sincérité et ma franchise la mettaient en confiance ; elle ne portait pas de jugement sur nous, préférant nous laisser nous découvrir nous même. La seule chose dont elle s’était plaint était qu’elle le trouvait distant et froid.
- Il ne vient jamais vers moi ! Même me saluer ! Chaque fois qu’il te raccompagne j’espère toujours qu’il va m’envoyer ses salutations mais rien !
- Il est comme ça ; je pense qu’il appréhende le fait de te rencontrer ! Tu te souviens au départ son oncle t’avait dit qu’il n’a pas le sens de la famille !
- Oui ! Mais ça ne l’empêche pas d’être poli !
- C’est l’impression qu’il donne…
Nous n’en avions plus reparlé jusqu’à ce qu’il nous surprenne lui-même. En rentrant cet après midi du tribunal, c’est sa voiture qu’on trouva garée devant l’immeuble où nous habitions.
- Tiens ! On dirait que c’est la voiture de Jess !
A peine descendues du taxi, il vint vers moi, m’enlaça et me fit un câlin sur la joue. La présence de ma tante ralentit nos mouvements, mais on pouvait bien lire sur nos visages, mais surtout sur le sien, la joie qui nous animait.
- Bonjour ! J’ai vu tes appels et j’ai su ! J’étais encore en réunion, j’ai voulu te faire la surprise en venant jusqu’ici !
- Oui enfin ! J’en ai terminé !
Ma tante s’était mise un peu en retrait et nous observait; Jess semblait ne pas lui prêter la moindre attention ; il me parlait, comme si plus personne n’existait autour de nous. Ce n’est que lorsqu’il la vit se diriger vers l’intérieur de l’immeuble qu’il me chuchota à l’oreille.
- Chérie ! Pourquoi tu ne nous présente pas ? Tu diras ensuite que je suis l’homme le plus impoli du monde !
- Mais justement ! Tu n’as pas daigné la saluer en premier! C’était la moindre des choses ; ce n’est pas poli du tout !
- Non au contraire… J’ai juste un peu peur ! Je suis gêné ! Ok je vais le faire !
Il se dirigea tout seul vers ma tante; je les regardais juste à distance se parler ; je ne sus pas ce que Jess parvint à lui dire et qui la fit rire aux éclats ; je souris à mon tour et les rejoignis. Tante Sidonie s’exclama juste après.
- Ton type ci hein ? Jaïda ! Il est très drôle !
- Ah bon ? Jess qu’est ce que tu lui as dit ?
- Rien ! Je me suis juste présenté ! Ahahah !
Notre relation devint encore plus poussée, mais plus ça évoluait plus je devenais exigeante, je faisais toujours des problèmes pour un rien et j’étais sur le qui-vive en permanence. Je n’étais pas complètement guérie, j’avais des séquelles encore très visibles Je failli piquer une crise lorsqu’un jour au bureau je surpris Jess en pleine conversation avec Blandine, ensuite il avait souri, rien de plus ; ce qui m’avait mise dans tous mes états. Une fois chez lui dans la soirée, j’avais pesté comme une malade jusqu’à ce qu’il me calme et que tout redevienne normal.
- Tu penses que les femmes manquent là dehors ? Si je veux vraiment me taper une fille digne de ce nom ce n’est pas une de tes collègues que je vais séduire !
J’avais l’impression de voir l’ombre de Placide planer partout autour de moi. Il suffisait que Jess ai un comportement que je trouvais suspect, je devenais par la suite enragée et j’étais très souvent au bord de la crise de larmes. Cette fois j’avais lâché une série de pleurs parce qu’il avait décommandé notre rendez – vous sous prétexte qu’il avait un diner d’affaires avec les clients de son père. Je ne l’avais pas cru. Il eut beaucoup de peine à me calmer et nous passâmes une nuit presque blanche ; Jess avait tout tenté, me consoler, me lancer des blagues, me proposer d’aller prendre de l’air, c’était peine perdue. Il finit par se décourager et me laissa seule dans la chambre. Je finis par me calmer toute seule avant d’aller le rejoindre au salon.
- Je peux m’assoir ?
- Tu fais comme tu veux !
- Jess… Je me sens très mal ; je ne sais pas ce qui m’arrive, j’ai l’impression qu’une force me pousse à réagir comme ça ! Je suis désolée de t’avoir craché toutes ses inepties !
- Je souffre du fait que tu n’arrives pas à me faire confiance…
- Je te demande pardon !
- Alors arrête ! Ne me confond et ne me compare surtout pas à lui ! Nous ne sommes pas pareils !
- J’ai compris ! Je suis désolée !
- Ca va viens là !
J’avais définitivement coupé les ponts avec Placide ; sa vie et tout le reste ne m’intéressait plus. J’avais su qu’il était retourné en Europe lorsque la série de messages pleins d’obscénités, d’injures et de menaces qu’il m’envoyait au quotidien avaient cessé. Mais je n’avais pas le cœur tranquille… Je sentais qu’ils étaient revenus, mes vieux démons. Ils me suivaient sans cesse surtout dans la nuit pendant mon sommeil ; mes vieux démons forçaient la porte d’entrée ! Autant je combattais spirituellement autant la tentation était plus forte quand je baissais un peu la garde ; il suffisait juste que je maintienne et que je persévère qu’ils ne réussissaient pas à me dominer. La personne qui en souffrait le plus hormis ma tante était Jess ; je déversais tout sur lui, mes peines, mes colères et surtout mes sautes d’humeur. J’avais obtenu un repos maladie à cause de ces migraines qui avaient repris le dessus et aussi à cause de la forte fièvre qui m’avait terrassée pendant toute une semaine.
Au bout de deux semaines, je pus recouvrer la guérison complète et je pus reprendre mes activités. Jess était presque arrivé au terme de sa mission, il ne lui restait que deux mois et après c’était terminé, il devait repartir. Le temps était très vite passé et nous ne parlions jamais de cet éventuel départ ; il me disait toujours qu’on devait vivre le temps présent et le rendre meilleur. Mais son départ imminent m’attristait beaucoup, bien que nous avions décidé de passer tout le reste de son séjour ensemble afin de savourer les derniers moments.
- Chérie ! N’y pense pas ! Tout ira bien…
J’étais triste et malheureuse que tout soit si vite passé ! Jess s’en allait dans la soirée ; son vol était prévu pour 21 heures. A l’aéroport on ne gérait la présence de personne ; il m’embrassait sans cesse et me tenait dans ses bras ; nous ne nous étions pas lâchés d’une semelle, nous nous étions tenus la main jusqu’à ce qu’il embarque ; il n’avait pas détaché son regard du mien jusqu’à ce qu’il disparaisse de mon champ de vision. Dans la voiture qui me ramenait et qu’on avait louée pour l’occasion, je tenais encore son pull over qu’il avait oublié dans mes mains ; je le humais sans cesse, me remémorant ce qu’on avait pu faire pendant tous ces derniers mois, tout ce qu’on avait pu construire sans que personne ne s’en rende compte. Les larmes perlaient le long de mes joues pendant que ses paroles de ce matin résonnaient encore dans ma tête…Nous l’avion pris ce bain ensemble, le dernier. La chaleur que dégageaient nos corps humides suffisait amplement à nous sécher lentement. Son visage près du mien et ses baisers me consolaient ; ses mains posées sur mes hanches me rassuraient et moi les miennes posées sur son torse confirmaient cette intimité si profonde qui nous liait.
- Je ne te promets pas la lune chérie ! J’aime être objectif ! Souviens-toi bien d’une chose… Je t’aime !
- Je t’aime aussi… Mais les séparations j’en sais quelque chose… Placide m’avait tenu le même langage quand il partait et c’est comme ça que mon mariage est fini ! Tu t’en vas, c’est normal tu as une vie là bas et tes enfants, tu dois te battre pour eux !
- Oui mais je ne suis pas Placide ! Je suis moi, Jess. Mes enfants comptent beaucoup pour moi c’est vrai ; avec toi j’ai aussi beaucoup appris, et c’est tout ça qui me donne la force de me battre pour eux, pour toi et pour moi ! La technologie a tellement évolué ; avec tous ces réseaux sociaux je serai toujours près de toi !
«Tu m’as donné la force de me battre pour eux, pour toi et pour moi… Je serai toujours près de toi via les réseaux sociaux !» C’était tout ce qu’il m’avait dit de concret, pour le reste je devais continuer de vivre; il ne m’avait pas dit quand il comptait revenir, ni s’il envisageait de construire un avenir avec moi. La seule chose que je pouvais faire était d’espérer et de garder le contact avec lui.
Un mois plus tard, Jess était toujours présent, on communiquait tous les jours au téléphone et même sur ces fameux réseaux sociaux, je sentais sa présence et pas un jour ne passait sans qu’on ne se parle, sans tenir compte du décalage horaire. Même cette nuit à trois heures du matin lorsque la sonnerie du téléphone me réveilla, je souris et je décrochais naturellement en lui lançant une phrase des plus coquines.
- Allo ? Huuuumm mon chaud lapin ! Tu me réveilles en pleine nuit… Je sens que tu veux ta petite séance de strip et de câlins n’est ce pas ?
- Allo ! Eh bien tu peux dire à ton chaud lapin que moi Placide Danga je ne me laisserai pas faire… Je détiens toutes les armes avec moi
- Qu’est ce que tu me veux ?
Figure-toi que j’ai encore en ma possession des choses qui t’appartiennent… Ils sont dans un sac en plastique, tes ongles, tes cheveux, les poils de tes aisselles et même … Tes poils pubiens…