Chapitre 19
Ecrit par Meyroma
Mademoiselle Yasmine Ben Saïd, Vous êtes en état d'arrestation pour tentative d'homicide. Vous avez le droit de garder le silence. Si vous ne voulez pas exercer ce droit, tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous. Vous avez le droit à un avocat. Si vous n'en avez pas les moyens, un avocat d'office pourra vous être accordé par la cour.
En attendant, priez fort pour que la victime survive...
Je regarde effarée, le vieux policier qui me récite ce discours d'arrestation que je connais pas coeur pour l'avoir entendu dans les épisodes de ma série préférée "esprits criminels", sauf que là, c'est moi la victime et c'est moi qu'on arrête.
Allô! On est où la? Stop Yasmine réveille de ce cauchemar!
Mais le craquement des menottes autour de mes poignets et le cris perçant des sirènes me rappellent à la triste réalité. Je suis bel et bien entrain de vivre la plus épouvantable nuit de ma vie.
Moi, qui n'ai jamais eu de relation avec la justice que de défendre les présumés coupables me retrouve aujourd'hui de l'autre côté du pont, sur le banc des accusés.
Comment peuvent-ils m'incarcérer alors que les événements parlent d'eux même et que mon innocence est flagrante ?
Malgré mon état de grande panique au moment des faits, j'estime avoir eu les bons réflexes en ma qualité de juriste.
Aussitôt que Fati s'est écroulé, inerte, noyée dans son propre sang, j'ai immédiatement saisi mon portable et appelée la police, l'ambulance et ma mère.
Ils sont arrivés presque simultanément, y compris le père de Fati. J'imagine que c'est la police qui l'a prévenu.
Fati était dans un état grave, à mi chemin entre la vie et la mort. Sur le coup, je la pensais déjà morte.
Dès que les policiers sont arrivés sur les lieux, elle s'est mise à murmurer d'une voix à peine audible, mais déchiffrable en me pointant de l'index.
- Sauvez moi, elle va me tuer. Aidez moi s'il vous plaît, protégez moi d'elle.
S'il y'a bien une qualité que je suis forcée de lui reconnaître, c'est son grand talent de comédienne. Elle avais l'air tellement crédible que j'en suis encore bouche bée. J'avoue que je l'aurais certainement crût si j'étais à la place des autres et que je ne connaissait pas son vrai visage.
Le policier à qui elle parlait me dévisagai d'un regard accusateur et tentait de la rassurer tandis qu'elle crachait du sang à chaque mot qu'elle prononçait.
- Calmez-vous mademoiselle, vous êtes en sécurité maintenant, laissez les médecins s'occuper de vous.
Derrière ses airs de victime, Fati me lançais un regard sournois et plein de defi qui semblait signifier:
- Je te détruirai Yasmine, même au prix de ma vie!
Puis elle perdu connaissance.
Cette fois, il ne fais aucun doute à mes yeux que Fati est une psychopathe comme on en voit dans les films.
Même dans l'agonie, elle ne lâche pas l'affaire.
Après les déclarations mensongères de Fati et l'état d'inconscience dans lequel elle est plongée, les policiers se sont immédiatement rués sur moi pour m'arrêter comme une vulgaire délinquante.
- Réfléchissez un peu. Si je voulais me débarrasser d'elle, vous aurais-je appelé ? Leur criais-je désespérément.
Mais ils faisaient tous la sourde oreille, préférant croire une psychopathe délirante.
Je me demande quelle école ont fréquenté ces policiers incompétents et dépourvus de substance grise.
Quant a Fati, Elle fut transportée à l'hôpital dans l'ambulance et me voilà assise, à l'arrière d'un véhicule de police, comme ces criminels que je vois dans les films. Cela fait une nette différence de voir les choses à la télévision et de les vivre dans sa chaire.
Ma pauvre mère n'a pas cessé de pleurer et clamer mon innocence.
- Ma fille ne ferais pas de mal à une mouche, disait-elle presque en suppliant mes bourreaux.
Par contre, le père de Fati qui jusque là s'était montré lucide dans sa relation avec moi a radicalement changé de position. il soutenait avec fermeté que j'avais agressé sa fille et que je devait le payer. Il était tellement hostile envers moi que j'en avait des frissons. J'ai vu dans son regard, surtout lorsque sa fille est tombé dans le coma une lueur de rage tellement prononcé qu'il aurait pu me dévorer cru s'il en avait eu l'occasion.
*****
Lorsque nous arrivons au poste de police, après m'avoir dépouillé des objets que je possédait à savoir mon téléphone portable et les clefs de ma voiture, l'agent de police me flanque sans égards dans une cellule.
L'endroit est tout ce qui peux exister de plus sépulcral au monde. Pour tour équipement, on y trouve un bat-flanc en béton sans matelas et un WC doté d'un muret de protection.
Moi qui suis supposée me marier dans dans deux semaines, au lieu d'être entrain de me pavaner dans les boutiques et les salons de beauté comme n'importe quelle future mariée me retrouve croupie dans ce trou noir à rat.
Quelle poisse!
Je suis en pleine lamentations sur mon sort quand un gardien vient ouvrir la porte de ma cellule
- Votre avocat est là, venez. M'annonce t-il.
Tout bêtement, un recoin de mon coeur fonde espoir qu'il s'agisse de maitre Djibril et je le suis en me hâtant.
- Bonjour, je suis Maitre Alio Abdoul Razak, se présente un jeune homme gringalet et timide dont les boutons de puberté sont encore saillants sur le visage. Même le nœud de sa cravate ne tiens pas assez.
J'aurais dû me douter que l'avocat commis d'office ne serait naturellement pas mieux que celui-ci.
A voir ce pauvre garçon dont même l'expression orale n'est pas encore mûre , je sais que je ne peux espérer aucun miracle de lui. Je me demande s'il en a encore terminé avec les bancs de l'école.
Ma défense dois sûrement être pour lui un exposé académique, pensé-je dépitée.
Je m'assieds quand même et entreprend de le congédier poliment, en prenant soin de ne pas le frustrer.
- Bonjour maître. Je vous remercie de prendre en charge mon cas, mais je vais me passer de vos service. j'ai déjà fait recours à mon avocat qui doit sûrement être en route.
- Vous êtes sur ? Me demande t-il presque soulagé.
- Absolument, en hochant la tête d'un signe positif.
- Alors je vous souhaite bonne chance. Si jamais vous changez d'avis, tenez me dit-il en tendant sa carte de visite.
Je me lève et retourne dans ma cellule en attendant l'arrivée de mon avocat, le vrai, l'unique...
Je suis sûre qu'il viendra au galop, sur son cheval blanc comme dans mon rêve dont je comprend maintenant toute la prémonition. Je l'attendrai patiemment...mon prince.