Chapitre 19 : Mon frère de coeur
Ecrit par Auby88
David N'KOUE.
Il est déjà neuf heures quand je m'éveille après mes ébats torrides de la veille. Belvida, comme à son habitude est déjà partie. Je vais prendre une douche puis je me fais un café bien fort.
J'en suis à la dernière gorgée quand la sonnerie retentit dans mon appartement. Je réside à Cadjèhoun, pas loin de la clinique, au deuxième étage d'un immeuble. Je me lève sans grand entrain et vais voir qui cet intrus peut être.
- Qu'est-ce que tu me veux, Mélanie ? D'ailleurs, comment as-tu atterri chez moi ?
- Bonjour Mélanie ! Comment vas-tu ? rétorque-t-elle. Où as-tu laissé tes bonnes manières, cher ami ?
Je la fixe sans dire mot. En plus, elle porte une robe au décolleté plongeant et assez moulante qui ne me laisse pas de marbre. Je me demande pourquoi elle me torture autant.
- Tu ne comptes quand même pas me laisser dehors ?
- Entre ! Bonjour chère Mélanie, dis-je avec un ton empreint d'ironie.
Elle ne se fait pas prier. Elle s'introduit chez moi et scrute attentivement les lieux.
- Allez, dis ce qui te trotte dans la tête. Tu dois te demander pourquoi je vis dans un endroit aussi simple, pendant que je peux facilement me payer un duplex encore plus grand, plus moderne et plus luxueux que le tien ?
- C'est exact, David. Je sais que la richesse t'importe peu. Mais tu aurais pu trouver mieux, tu sais !
Je souris.
- Même si je t'expliquais, tu ne me comprendrais pas.
- Essaie quand même.
- Viens, Asseyons-nous.
D'une main, je balaie de côté la pile de vêtements qui traîne dans le canapé. Un soutien-gorge glisse et tombe à terre près de Mélanie. Elle le ramasse et me le tend, en me fixant. Je m'empresse de le prendre et de le cacher sous les vêtements. Ce doit sûrement être cette sotte de Belvida qui l'a oublié là.
- Alors, explique-moi pourquoi tu vis si simplement.
- Dans mon boulot de pédiatre, j'ai été et je continue d'être confronté à des cas qui m'émeuvent beaucoup : des enfants qui meurent parce que leurs parents n'ont pas assez d'argent pour les faire soigner, des enfants qui n'ont pas à manger à leur faim et qui vivent dans une indigence indescriptible... Face à tout cela, j'ai décidé d'investir mes sous dans les actions humanitaires plutôt que dans les choses matérielles. J'ai construit la clinique pédiatrique en anonyme avec d'autres collègues. Je suis l'investisseur principal qui s'occupe de l'achat du matériel médical ainsi que de la caisse de solidarité créée pour les enfants indigents. Grâce à cette caisse, ils sont soignés gratuitement à la clinique. A part cela, je viens en aide à quelques orphelinats et autres centres du genre où je parraine des enfants. Voilà en résumé ce que je fais de mon argent.
- Tu es un homme au grand coeur, David ! Et j'espère que tu trouveras une femme au coeur grand comme le tien. A moins que tu l'aies déjà trouvée. J'ai bien hâte que tu me la présentes.
Je vois déjà où elle veut en venir.
- Mélanie, ce n'est pas ce que tu penses. Il n' y a rien de sérieux entre … elle et moi.
- Je suppose que tu me parles de la propriétaire du soutien-gorge.
Elle ironise, je le sais. Moi, je ne me sens pas à l'aise. Je n'ai pas vraiment envie d'aborder un sujet pareil avec elle.
- Mélanie, il vaut mieux qu'on parle d'autre chose.
- Pourquoi ? C'est normal que tu aies quelqu'un dans ta vie et j'en suis ravie. J'ai bien hâte d'être belle-soeur, moi.
- Je te le repète. Il n'y a rien de sérieux entre nous.
- Cela se devine, vu l'état dans lequel se trouve ton salon.
- Mélanie, arrête ! rétorque-je.
Elle ne m'écoute pas.
- A l'avenir, je te conseille de mieux choisir tes partenaires sexuels, voire même d'arrêter de faire du libertinage et de t'engager sérieusement avec une seule personne. Tu es près de la trentaine, David !
- Mélanie, ça suffit ! Je ne mêle pas de ta relation avec qui tu sais, alors je te prie de faire pareil en ce qui concerne ma vie privée.
- Ah ! Je vois, dit-elle vexée. Tu m'en veux encore, n'est-ce pas ?
- Non, Mélanie. Je te l'ai dit hier et je te le repète : C'est ta vie et tu en fais ce que tu veux. Ce qui a bien pu se passer hier entre Charles et toi ne me concerne pas.
- Il ne s'est rien passé entre lui et moi. Et je doute que quoi que ce soit puisse encore se passer. Je le lui ai fait savoir.
Elle soupire longuement. Ses yeux sont tristes. J'ai mal pour elle.
- Tu l'aimes encore, n'est-ce pas ?
La réponse, je l'appréhende déjà.
- Je ne sais pas, David. Pendant longtemps, je le haïssais. Mais quand je l'ai revu, j'ai senti mon cœur battre à nouveau pour lui alors qu'il n'était pas sensé agir ainsi. Mon cœur était sensé continuer à le haïr.
- Je vois, le coeur a ses raisons que la raison même ignore ! dis-je en pensant à ce sentiment sans lendemain que j'éprouve pour Mélanie.
- Hier, j'ai décidé de l'effacer de mon coeur. Je ne sais pas encore comment, mais j'y parviendrai. Quant à toi, pense à ce que je t'ai dit. Tu n'as pas le coeur meurtri comme moi, pour te refuser à aimer. A moins que la femme idéale, celle qui peut faire battre ton coeur, n'a pas encore croisé ton chemin.
- Si, je l'ai rencontrée il y a quelques années.
- Pendant tes études universitaires ?
- Oui, dis-je pour ne pas éveiller ses soupçons.
- Et qu'est-ce qui s'est passé ?
- Je n'ai pas su la retenir. Un autre a volé son coeur.
Elle prend ma main.
- Je suis désolée pour toi. Mais sache que c'est plutôt elle qui a été aveugle et bien idiote de laisser un homme aussi bon que toi ! Tu es unique, David ! Je te souhaite de rencontrer celle qui t'aimera vraiment, à ta juste valeur, frérot.
Je souris malgré moi. "Frérot" ! Elle ne me voit qu'ainsi, que comme un frère. Il vaut mieux qu'on change de sujet.
- Dis Mélanie, as-tu eu des nouvelles de l'orphelinat ?
- Non, rien du tout. J'y suis retournée mais la vieille soeur n'a pas encore eu des nouvelles de la jeune religieuse. Mais je ne perds pas espoir.
- Oui, garde la foi.
- Au fait, en parlant de vieux, que sont devenus tes parents ?
- Ils sont retraités et vivent tous deux là où tu les a connus, plus unis que jamais.
- Je n'en doute pas. Tu pourrais m'y emmener tout à l'heure ? J'ai bien hâte de les revoir.
- Maintenant ? Tu ne pars pas au boulot aujourd'hui ?
- En principe, oui. Mais Franck saura se débrouiller sans moi.
- Je suppose que tu parles de cet pervers que j'ai rencontré à ton bureau ! Je me demande comment tu as pu à t'associer à cette racaille.
- Il est très bien professionnellement et je n'ai pas peur de lui.
- Méfie-toi de lui.
- Ne t'inquiète surtout pas, David. Je sais me défendre. Et si nécessaire, j'appellerai mon grand-frère à la rescousse.
Son "grand-frère" ! Évidemment, c'est de moi qu'elle parle.
- Alors, on y va ?
Je la fixe longuement.
- Qu'est-ce qu'il y a, David ?
- Ta robe n'est pas …
- Qu'est-ce qu'elle a ma robe ?
- Elle est trop décolletée. On entrevoit même tes … seins.
- Là, tu exagères David ! Cette robe est à la mode, je te signale. D'ailleurs, en quoi cela te gêne que je sois vêtue ainsi ?
- Je te rappelle que je suis un homme et que j'ai entre les jambes quelque chose d'assez sensible.
- Voyons, David ! Je suis ta soeur, réplique-t-elle toute étonnée.
- Tu es "comme" ma soeur. C'est différent.
- De toute façon, je n'ai pas peur de toi. J'ai entièrement confiance en toi et je sais que tu ne me sauteras jamais dessus.
J'inspire profondément.
- Oui, c'est vrai mais je ne t'emmène nulle part habillée ainsi. Je te rappelle aussi que mes parents sont assez conservateurs, Mélanie.
- T'es vraiment ringard, David !
Elle semble contrariée. Je finis par lui faire une proposition.
- Il y a pas loin d'ici un prêt-à-porter, chic comme tu les aimes. On y passe et j'en profite pour t'offrir une robe ou autre vêtement que je choisirai avec toi.
Ses yeux semblent s'illuminer.
- Vraiment !
Je hoche la tête. Elle se lève aussitôt, prend son sac et vient tirer ma main.
- Pas une minute à perdre. On y va. Je ne veux surtout pas que tu changes d'avis.
Nous prenons ma voiture. La sienne reste garée devant chez moi.
Je la conduis dans un prêt-à-porter très classe de Cadjèhoun. Je choisis une robe assez belle à mon goût, avec une sorte de bavette à l'avant.
Son refus ne se fait pas attendre.
- Jamais je ne porterai cela. Je ne suis pas une nonne, je te signale.
Je ne la contredis pas. Je la laisse choisir.
Elle essaie divers vêtements pendant que j'appelle ma mère. Je l'informe que je compte passer lui rendre visite. Mélanie opte pour un "top crop" en pagne et une jupe droite noire, qui dessine ses légères courbes sans trop les dévoiler. Et sa poitrine reste bien couverte, ce qui me convient. Fascinée par elle, je suis. Elle est tellement belle !
Elle choisit aussi des bijoux et une paire de talons assortis aux vêtements qu'elle porte. Je ne m'y oppose pas. Je la laisse faire.
La facture sous mes yeux me fait sourciller, mais je la règle quand même. Je sens déjà les yeux moqueurs de Mélanie sur moi.
- Merci David ! Comment me trouves-tu ? me demande-t-elle se tournant et se retournant devant moi.
- Disons que tu es habillée convenablement pour visiter mes parents.
- C'est tout ce que tu trouves à dire ?
- Oui, dis-je. Il est temps qu'on y aille !
Elle secoue la tête. Je m'avance vers la sortie. Elle me suit...