Chapitre 20: A la recherche de la vérité

Ecrit par MTB

Ce soir, en rentrant du boulot, je fis escale chez Antoine, un promotionnaire depuis le lycée. Nous avions bavardé de tout et de rien. Il me raconta comment sa nouvelle assistante l’avait piégé juste pour prendre sa place. Heureusement pour lui, les autres membres du comité de discipline avaient plaidé son bon comportement pour juste lui coller un avertissement au dossier. C’était une jeune assistante très belle et qui s’habillait tout le temps sexy. Ses différentes positions quand elle devait te remettre un dossier ou te rendre un service ne pouvaient te laisser indifférent. Il finit par tomber sous son charme mais ne pouvait pas se douter que c’était la maitresse du Directeur. Un soir qu’il quittait le bureau tardivement, il remarqua qu’elle était toujours là et pleurait silencieusement. Alors il s’est approché d’elle pour en savoir d’avantage et l’avait prise dans ses bras pour la consoler quand le Directeur sortit dans le couloir. Faisant dos à la porte du Directeur, il ne se douta de rien. L’assistante s’extirpa de manière rapide comme si on l’agressait. Puis elle courra pour quitter les lieux. La discussion avec le Directeur avait été très courte et menaçante en ces termes : «Alors on harcèle les assistantes maintenant et plus encore sur le lieu de travail ? On se voit demain au conseil de discipline ». Donc le conseil de discipline avait été convoqué par le Directeur et ce qui en partie l’avait sauvé, c’était aussi le fait que son assistante n’avait pas déposé de plainte. Ce n’est que quelques jours plus tard, qu’il surprit une conversation entre l’assistante et le Directeur pour se rendre compte que c’était un coup monté pour l’évincer de ce poste et que son assistante était en fait la maitresse du Directeur.

La nuit, je repensai à la dernière phrase de Moraine car j’avais la certitude qu’elle poserait la même question jusqu’à obtenir une réponse. Comment répondre à cela sans la vexer ? J’ai des sentiments pour une autre personne et il faut vraiment aimer pour s’engager dans la fondation d’une famille. En plus, le récit d’Antoine sonnait comme un avertissement avec les assistantes. On ne peut pas toujours tout savoir. Surtout sur un marché de l’emploi impitoyable de nos jours avec des chefs d’entreprise qui n’ont que faire de l’éthique en milieu professionnel. J’avais encore une semaine devant moi pour penser à tout et surtout me rassurer que Moraine ne faisait pas partie de ceux qui ma jalousaient discrètement au bureau.

Le temps passait et je me sentais de plus en plus mal à l’aise vis-à-vis de Cynthia. J’avais l’impression que tout ce que je ressentais pour elle était mort. Quelque part, cela m’arrangeait car je pourrais me venger sans remords. Puisque je ne serai plus affecté par ce qui lui arriverait. Pour moi, le caleçon d’aujourd’hui vaut mieux que le pantalon de demain. J’avais décidé que c’était déjà fini. Mais je devais lui donner une bonne leçon. Alors une idée me vint à l’esprit. Je pris mon téléphone, puis après avoir parcouru les photos d’Abidjan, j’imprimai quelques photos de son séjour. Je pris également deux enveloppes. Une des enveloppes avait son nom et son numéro de téléphone. La seconde portait mon nom évidemment.

Dans son enveloppe, je mis la photo de la boutique en prenant soin de taper à la machine la phrase qui suit : Est-ce que Charles sait qui tu es vraiment ?

Dans l’enveloppe portant mon nom ainsi que mon numéro de téléphone, sur une feuille vierge, la phrase était la suivante : Connais-tu vraiment Cynthia ? 

Puis je remis un billet de cinq mille francs à un jeune de leur quartier à qui je fis jurer de dire qu’un monsieur qu’il ne connaissait pas lui a remis l’enveloppe pour elle. Tout le week-end, aucune nouvelle de Cynthia. Son téléphone ne sonnait pas. Peut-être qu’elle avait fait une crise à cause de mon petit jeu ? Je savais qu’elle chantait à la chorale tous les samedi soirs. J’appelai un de ses amis qui m’informa qu’elle n’était pas restée pour la répétition car elle ne se sentait plus très bien après avoir reçu une enveloppe sans le nom de l’expéditeur. Personne ne sait ce que l’enveloppe contenait mais elle avait eu l’air tellement effrayée qu’elle tremblait.

Après avoir raccroché, je poussai un ouf de soulagement de savoir que mon plan fonctionnait. Ou du moins avait fait effet. Le tout est maintenant de savoir comme elle allait réagir. Mais connaissant la nature de la femme, il se pourrait qu’elle ait plus d’un tour dans son sac. Il me fallait lui mettre une pression supplémentaire pour ne pas lui laisser le temps de trouver une riposte. Le dimanche matin, je me rendis chez elle avec un air très interrogateur. C’était à l’improviste afin d’avoir l’effet de surprise voulu. Ce à quoi je ne m’attendais pas ce dimanche matin, c’était de la voir m’ouvrir le portail quand j’avais sonné. Elle sursauta comme si elle avait vu un fantôme.

-          Bonjour Cynthia

-          Bonjour mon cœur. Que fais-tu ici de très bonne heure ?

-          Tu ne me laisse pas entrer ? Je pourrai au moins saluer tes parents.

-          Oh excuse-moi chéri. Entre. Mes parents ne sont pas là actuellement.

-          Eh bien dans ce cas, nous pouvons profiter faire un petit truc sexy. Je suis presque certain que cela sera très excitant.

-          Mais c’est chez mes parents ici.

-          Allons, personne ne saura. Sauf si tu leur dis. Car je suppose que tout le monde est à l’église.

-          Oui tout le monde est à l’église mais ce n’est pas une raison.

-          Ou bien tu me caches quelque chose ?

-          Qu’est-ce qui te fait penser à cela ?

-          Tu trembles comme si tu avais peur de quelque chose.

-          Non, juste que je ne me sens pas très bien. C’est d’ailleurs pour cela que je n’étais pas à la messe.

-          Fred me l’a dit. J’avais essayé de t’appeler hier en vain. Et j’ai pensé que tu serais à la répétition mais il m’a informé que tu étais partie car tu ne te sentais pas bien. Apparemment tu as reçu une information qui devait être grave selon ses propos. J’espère que ce n’est pas si grave que cela.

-          Non, ne t’inquiète pas.

Je pouvais sentir son cœur battre encore plus fort quand j’avais évoqué son malaise à la répétition de chant chorale. Peut-être qu’elle pensait que j’allais l’interroger sur le motif mais je n’ajoutai plus un mot jusqu’à ce que nous soyons installés sur son lit. C’était dans une pièce assez large d’à peu près cinq mètres sur six. Un lit de trois places était placé juste sous la fenêtre permettant de contempler aisément le paysage qui se dressait dehors. Elle avait une belle vue sur la rue et les maisons voisines. Vu son emplacement, le soleil ne devrait pas trop la gêner. Des posters étaient placés un peu partout. On y trouvait un poster de Michelle Obama, de Marilyn Monroe, de la Reine Elisabeth 2, de Séréna et Venus Williams. Des femmes qui ont toutes marqué leur temps et continuent de le faire. Des modèles en quelque sorte. Il y avait aussi certaines de ses photos quand elle était encore au collège et d’autres clichés de la famille.

Je lui pris la main, la caressa longuement, puis prenant mon souffle et d’un air grave, je lui dis :

-          Cynthia, nous devons discuter.



à suivre...
LA FILLE DE LA DALLE