CHAPITRE 193: APLANIR LES ANGLES

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 193 : APLANIR LES ANGLES 

**REINE DIVOKOU MFOULA**

Nous sommes toujours dans notre câlin de groupe lorsque Rainha sort.


Rainha : J’ai quitté Ulrich.


Nous nous sommes détachées d’elle pour la regarder en silence. J’ai regardé son doigt et j’ai pu remarquer qu’effectivement elle ne portait plus la bague de fiançailles qu’il lui avait offerte et dont elle ne s’en séparait pour ainsi dire jamais.


Rainha : (Essuyant ses larmes qui avaient coulées) Je l’ai fait après ma sortie de l’hôpital. Le temps que j’y ai passé et quelque part l’échange que nous avions eu ce jour m’avait permis de voir qu’il n’allait jamais changer. Il était venu me voir avec ses excuses et ses présents comme à son habitude mais j’ai refusé. (Sourire triste) Et figurez vous qu’il m’avait demandé de lui rendre tous ses biens.


Nous écarquillons les yeux de surprise.


Rainha : Oui. Il m’avait dit que si je ne voulais plus de lui je devais lui rendre tout ce qu’il m’avait offert. Et je l’ai fait. Ce que je n’ai pas pu rendre en matériel, je l’ai rendu en numéraire. Et vous ne devineriez jamais ce qui s’est passé par la suite.

Nous : Quoi ?

Rainha : D’abord il m’a dit que je faisais la plus grosse erreur de ma vie et que jamais plus je ne trouverai un homme de sa trempe qui pourrait me donner tout ce qu’il me donnait. Au bout d’un mois et demi, il a commencé à me harceler et me dire que jamais il allait me laisser tranquille, que je lui appartenais et que si jamais je persistais dans cette voix, il allait mes tuer.

Nous : (Choquée) Nooonnn.

Rainha : Si. Il a essayé de me faire virer du travail, il me suivait partout de jour comme de nuit et il est même allé jusqu’à menacer maman en l’accusant de m’avoir poussé à le quitter.

Moi : Mais c’est un vrai psy


Je me suis arrêtée car je me suis rendue compte que j’allais l’insulter et que c’est quelque chose sur laquelle nous nous étions disputées la dernière fois.


Rainha : (Souriant faiblement) Tu peux le dire tu sais, c’est un psychopathe, un malade mental qui se sert de son argent pour faire du mal à autrui. Et j’ai pu comprendre que ce salopard ne m’a jamais aimé. J’étais juste son trophée qu’il prenait plaisir à exhiber partout où il partait. Maintenant que je ne voulais plus, il avait sorti toute la laideur qui était cachée en lui avec beaucoup plus de violence. Quoiqu’il en soit, pendant près de 4 mois, il m’a fait vivre plusieurs misères au point où j’ai dû saisir le tribunal pour obtenir une ordonnance de restriction qu’il a violé à deux reprises et a été enfermé. Sa famille informée de cette affaire la deuxième fois m’a convoqué pour savoir ce qui se passait et je leur ai tout dit, tout ce que je vivais avec leur fils depuis le début de notre relation jusqu’à maintenant, preuve à l’appui. Ils étaient tellement choqués qu’ils ont demandé à ce qu’un examen psychiatrique lui soit fait et on a trouvé qu’il avait effectivement un problème. Ils l’ont emmené je ne sais dans quel pays pour se faire soigner en me promettant qu’ils ne le laisseraient plus s’approcher de moi.

Irène : Seigneur. Et comment tu te sens ?

Rainha : (Essuyant ses larmes) Soulagée d’un énorme poids. 

Moi : (La serrant dans mes bras) Je suis désolée que tu aies dû traverser cela toute seule, on aurait voulu être là pour toi.

Rainha : Ce n’est pas grave les filles. En plus c’était un mal nécessaire car s’il vous avait vu dans mon entourage, il vous aurait également pris pour cible et je n’allais jamais me pardonner si quelque chose vous était arrivée par ma faute.

Moi : Je vois. Et sache que je suis fière de toi, que tu aies pu sortir de là et surtout que tu sois toujours vivante et en bonne santé car ma plus grande crainte était que tu succombes dans cette relation mais Dieu merci ce n’est pas le cas.

Rainha : Merci. Et crois moi je ne laisserai plus jamais un homme me traiter de la sorte au nom de l’amour. J’y travaille.

Moi : (Souriante) D’accord.


Un petit silence s’est imposé entre nous alors que Rainha était adossée sur ma poitrine et que je lui caressais les cheveux. Irène a pris la parole.


Irène : (Hésitante) Je, j’ai aussi quelque chose à vous dire. (Nous l’avons regardé) Je me suis séparée d’Hugues et le seul lien que nous avons aujourd’hui c’est Dylan.

Nous : (Silence) 

Irène : (Baissant les yeux) En fait, je n’ai pas été totalement honnête avec vous. En plus d’être avec moi pour mon argent, il ne m’a jamais été fidèle. (Coulant des larmes) Si je ne vous ai rien dit c’était parce que j’avais honte de moi, honte de non seulement être la source de revenus d’un homme mais qui en plus me manquait de respect en couchant des filles avec mon argent et parfois même dans ma maison. Je n’ai jamais eu le courage d’en parler car je ne voulais pas passer pour plus conne que je l’étais déjà.

Rainha : (Se rapprochant d’elle) Tu n’es pas une conne Iré.

Irène : (Pleurant d’avantage) Si Rain, je suis une conne. Je suis conne d’avoir été pendant plusieurs années avec un homme que je savais pertinemment qu’il ne m’apportait rien de bon, je suis une conne de l’avoir permis de m’escroquer comme il l’a fait, de me tromper à tout va avec la première venue, de me rabaisser au point de penser que je devais rester avec lui parce que je n’avais pas assez de cran pour me retrouver mère célibataire et je pensais que c’était mieux que rien. J’ai été conne Rain, très conne même.


Je me suis également rapprochée et me suis assise de l’autre côté en prenant sa main dans la mienne.


Irène : Il y a deux mois, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai décidé d’arrêter cette mascarade que j’appelais relation. Et vous n’imaginerez jamais qui fut la première personne à me féliciter.

Nous : Qui ?

Irène : Dylan. (Nous avons écarquillé les yeux) Mon petit garçon de 7 ans est celui qui m’a dit en premier que j’avais bien fait de quitter son père car il ne m’aimait pas et ne me rendais pas heureuse. Il m’avait dit que je méritais mieux, c’est mon fils qui me l’avait dit.  J’avais pleuré à chaudes larmes ce jour et j’avais compris que je me faisais vraiment du mal. Aujourd’hui , je suis mère célibataire mais bien plus heureuse que tout ce temps que j’ai passé avec lui.

Moi : (M’adossant sur son épaule) Je suis contente que tu aies pensé à ton bonheur et que tu sois heureuse maintenant bien qu’étant seule.

Rainha : (S’adossant de l’autre côté) Il vaut mieux être seule que mal accompagné. Nous l’avons appris à nos dépends mais nous avons compris l’enseignement.

Irène : C’est vrai.


Nous sommes restés ainsi pendant un moment avant que Rainha ne reprenne la parole.


Rainha : Où est le petit ? Et pourquoi tu es ici et non chez Abessolo ?

Moi : Il est avec son père. Alvine est venu le chercher tout à l’heure pour une sortie pères et enfants avec le reste de la bande. 

Rainha : Je vois.

Moi : En ce qui est du fait que je sois là, j’ai tout simplement décidé de revenir m’installer ici.

Irène : Tu as des soucis avec Alvine ?

Moi : Non. Tout va bien entre nous. C’est juste que.


Je leur explique la pensée derrière ma décision et elles comprennent mon acte. On finit par faire une mise à jour de ce que nous avons manqué dans la vie des autres tout en mangeant, riant et buvant. Ça fait un bien fou de se retrouver ainsi et je suis contente de constater qu’il n’ y a pas de malaise entre nous et que les choses se font de façon naturelle. Elles me disent qu’elles aimeraient s’excuser auprès d’Al et que si j’étais d’accord je devais leur faire signe pour le jour. J’ai acquiescé. Au bout d’un moment Rainha a repris la parole.


Rainha : Au fait Reine je voudrais également te parler au sujet de Kaleb. 

Moi : (La regardant) 

Irène : Il y a quoi encore avec Andjouri ?

Rainha : Je l’avais une fois de plus croisé dans un magasin. C’était à bâti plus et on avait échangé avant de se séparer.  Le même soir il m’avait écrit et on avait parlé de sujets divers. C’était il y a presque deux mois. Quelques jours après il m’a appelé pour parler et c'est devenu une habitude. On s’est écrit et on s’est parlé au téléphone ces derniers temps et nous avons également déjeuner ensemble trois ou quatre fois. Il y a deux semaines, il m’a invité à passer l’après-midi chez lui avec son fils et j’y suis allée avant de rentrer chez moi. Le lundi lorsqu’on s’est vu au restaurant toi et moi, et que j’étais dit que j’étais venue avec Kaleb. Il m’a appris que je lui plaisais et qu’il voulait tenter quelque chose avec moi si j’étais d’accord.  Je lui ai dit que ce n’était pas possible nous deux.

Moi : Pourquoi ?

Rainha : Pourquoi quoi ?

Moi : Pourquoi tu penses que ce n’est pas possible entre vous ?

Rainha : (Cherchant ses mots) Eh bien par, parce que je viens de sortir d’une relation de plusieurs années qui m’a énormément perturbé et que je ne me suis pas encore remise des blessures que cela m’a causé et ensuite parce qu’il s’agit d’Andjouri, ton ex. Par égard pour toi, je ne peux pas sortir avec lui. Ça ne serait pas convenable.

Moi : (Après un moment) Il te plaît Rainha ?

Rainha : Hein ?

Moi : Je t’ai demandé si Kaleb te plaît.

Rainha : (Silence)

Moi : Rain ?

Rainha : (Baissant les yeux) Oui.

Moi : Je vois.

Rainha : Je te jure Reine que je ne sais pas comment s’est arrivé. Sans doute la proximité que nous avons partagé ces deux derniers mois a fait en sorte que cela se passe mais il n’en était pas ainsi avant (coulant des larmes) Je ne sais pas ce qui m’a pris de me rapprocher de lui dernièrement et je lui ai dit qu’on ne devrait plus le faire. Je ne l’ai plus revu depuis le lundi et j’ai bloqué son numéro, je te le promets.

Moi : Tu n’as pas besoin de me promettre quoique ce soit ou de te mettre dans cet état. Pour ma part, ce qui s’est passé entre Kaleb et moi est plus que du passé. Il n’ y a plus rien depuis des années et vous le savez. Kaleb est un homme libre qui peut faire sa vie avec qui il veut et toi aussi. Ça ne me dérangerait pas que tu te mettes avec lui si vraiment tu en as envie tout ce que je veux c’est que tu fasses attention. Je n’aimerais pas que tu ailles te jeter dans les bras du premier venu sans avoir pris le temps de guérir de tes blessures internes comme tu l’as dit au risque de le regretter. Maintenant si tu penses t’être suffisamment remise pour pouvoir te mettre avec quelqu’un d’autre et que c’est Kaleb la personne, moi ça ne me dérange pas. Je n’aurais rien contre si vous vous décidez de vous mettre ensemble.

Rainha : Je ne veux pas qu’il y ait de malaises entre nous pour ça, je préfère éviter.

Moi : De mon côté tu peux être tranquille. Je t’ai dit que c’est ok pour moi. Après la décision définitive te reviens. 

Rainha : D’accord .


Nous avons changé de sujets et les filles sont restées jusqu’à 19h, heure à laquelle les Abessolo rentraient de leur balade. Le père ne s’attendait pas à trouver les filles là et dès qu’ils sont rentrés, il a automatiquement fermé son visage.


Alvine : (Neutre) Bonsoir.

Nous : Bonsoir .

Moi : Ça a été la balade ?

Alvine : Oui. (Se dirigeant vers ma chambre) Je ne savais pas que tes invités seraient là jusqu’à pareille heure. Pour ne pas vous déranger, nous serons dans la chambre mon fils et moi.


Aussitôt dit, aussitôt fait. Nous sommes restées toutes les trois à nous regarder visiblement mal à l’aise .


Moi : (Me levant) Je vais lui parler, je reviens.

Elles : D’accord .


Je me suis dirigé vers la chambre et je l’ai trouvé assis sur le lit en train de sortir son fils du port bébé. Je me suis assise derrière lui et lui ai fait un bisou sur l’épaule .


Moi : Eh bébé, ça va ?

Alvine : Oui, je vais très bien.

Moi : Tu es contrarié ?

Alvine : Non. Je ne pensais pas que votre petite réunion là allait mettre autant de temps. Je suis juste surpris. 

Moi : Avec les filles on a discuté et mis toutes les choses à plat. Nous sommes reparties sur de nouvelles bases.

Alvine : Tant mieux pour toi.

Moi : Elles aimeraient te parler.

Alvine : Je n’ai rien à leur dire.

Moi : Je sais, je te demande pas de leur parler, juste de les écouter.

Alvine : (Silence) 

Moi : Stp bébé.

Alvine : Je m’occupe de mon enfant Divokou.

Moi : (Faisant une petite mine) Bébé.

Alvine : Pff. C’est bon, j’arrive .

Moi : (L’enlaçant par derrière en lui faisant un bisou dans le coup) Merci mon cœur, t’es un amour.

Alvine : Hum.


Je me suis levée et il l’a également fait en soulevant son fils, nous sommes tous les deux partis au salon rejoindre les filles. Il s’est assis et les a regardées.


Alvine : Reine m’a dit que vous vouliez me parler.

Elles : (En chœur) Oui. 

Rainha : On tenait à s’excuser auprès de toi par rapport au comportement que nous avions affiché vis-à-vis de ta personne il y a quelques mois. Nous t’avons manqué de respect à plusieurs reprises et ce même dans ta maison et nous voulons te demander pardon et te dire que cela ne se répétera plus.

Irène : Nous reconnaissons avoir dépassé les bornes dans nos actions et dans nos propos et nous te présentons nos excuses. Comme l’a dit Rainha tout à l’heure, cela ne va plus se répéter.

Alvine : (Silence) 


Nous avons attendu quelques minutes mais il ne disait rien. Je l’ai légèrement secoué afin qu’il réagisse car ça faisait bizarre qu’il reste silencieux.


Alvine : Quand vous regardez mon fils et vous me regardez vous pensez qu’il a pu être conçu par erreur ?

Moi : Alvine.

Alvine : J’ai posé une question.

Elles : (En chœur) Non.

Alvine : Bien car je tenais à ce que ce détail soit résolu. Et je tiens également à dire que mon enfant n’a qu’un seul père et n’en aura jamais un autre. Est-ce qu’on peut être clair dessus.

Elles : Bien-sûr.

Alvine : Très bien. Car le jour où l’une de vous tiendra encore le genre de propos que vous aviez tenu lorsqu’il était encore dans le ventre de sa mère, je ne répondrai plus de moi. 

Elles : Ok.

Alvine : Tant mieux. J’ai écouté vos excuses et je les accepte. Je suis un fang civilisé et je sais prendre de la hauteur pour me mettre au dessus des futilités. Mais si on me pousse à bout, je peux aussi ressortir mon fouet et m’en servir contre des récalcitrantes.


Nous avons automatiquement éclaté de rire car son expression faciale avait changé et s’il a remis l’histoire du fouet c’est qu’il était d’accord pour passer à autre chose.


Irène : Ne t’inquiètes pas, tu n’auras pas besoin de l’utiliser à nouveau, on sait apprendre de nos erreurs et rectifier le tir.

Alvine : Je l’espère .

Rainha : Et merci encore d’avoir accepté nos excuses.

Alvine : De rien. Vous savez que j’ai toujours eu un cœur de père pour vous trois. Même si vous pouvez être tetues des fois, un père ne peut éternellement renier ses enfants.

Nous : (En chœur) C’est ça. 


Nous avons ri de bon cœur et une heure plus tard, les filles sont rentrées chez elles.


Moi : (Enlaçant Alvine) Merci mon cœur, tu es un grand homme 

Alvine : Tu vas revenir à la maison ?

Moi : Non.

Alvine : Hum. Donc rappelle les pour leur dire que je n’accepte pas leurs excuses

Moi : (Riant) Toi, il te faut une délivrance car tu dois certainement avoir des mauvais esprits qui t’habitent.

Alvine : Un enfant du soleil et de la lumière comme moi ? Ils vont passer par où ? De toutes les façons je ne suis pas chauve.

Moi : Quel rapport ?

Alvine : Ce sont les chauves qui tombent souvent sur des mauvais esprits. C’est pour ça que Paul est tombé sur une femme dont la femme danse le ndjembet et que ton frère est tombé sur une dont la famille était enchaînée. C’est parce qu’ils n’ont pas de cheveux.

Moi : (Dans ma tête) Cet homme est normal ?

 
SECONDE CHANCE