Chapitre : 20

Ecrit par MoïchaJones

La fraîcheur du mur me mord la peau, et pourtant je ne suis qu’incandescence. Ses lèvres sont partout en même temps et ses mains me torturent sans relâche. Dire qu’une minute plus tôt on se battait pratiquement. Je cherche ses lèvres et les captures avec rage. Leur texture est douce et leur goût sucré. Je me délecte de leur arôme aux milles saveurs. Le moment venu, j’aurai surement la force de me morigéner. Mais pour l’instant, je me laisse aller. Je savoure ses mains qui descendent sur ma poitrine, jouent avec le bout de mes seins tendus, s’aventurent sur mon ventre qui se soulève au rythme de ma respiration bigarré.


Il fait chaud. La lumière du jour tombant nous plonge dans une ambiance feutrée. Je suis là, les cheveux en bataille, comme un chat sauvage qui a fini de s’amuser avec sa pelote. A moins que ce ne soit moi la pelote et Uhu le chat. Je suis à sa merci quand il plonge la main dans mon boxer.


- Oh ! Je lâche fébrile, sans pouvoir me contrôler.


Je n’ai pas envie de me maîtriser. Je n’en ai pas la force. Il fait ce qu’il veut de moi. Je suis sa chose.


- Tu aimes ça ?


C’est une question ?


Il me regarde avec un sourire satisfait. Il connaît la réponse et ne semble pas attendre que je la prononce. J’ai le souffle court. Je ferme les yeux. Mon état d'excitation est à son comble. Je le veux, là. Maintenant. Je me sens vide, incomplète. Je n’ai pas envie qu’il s’arrête.


- Prends-moi ! Je chuchote.


Le grognement qui s’échappe de sa gorge me rassure. Je ne suis pas la seule à perdre pieds. Lui aussi est au bord de l’explosion. Je saisi sa tête à deux mains et l’attire vers moi, mais il résiste. Son sourire machiavélique toujours aux lèvres.


- On a tout notre temps.


Je ne sais pas à quoi il joue, mais ça ne me fait pas rire.


- Uhu !

- Shut…


Un de ces doigts me coupe toute envie de parler, quand il l’enlise en moi. Ses mouvements lents font monter la pression, et mes muscles se tendent tout doucement. Je le regarde me regarder perdre encore plus pieds à la réalité. Il semble si calme, un océan par une nuit étoilée, pendant que moi je ne suis plus qu’une tempête déchaînée. Je m’accroche à ses épaules pour ne pas m’affaler. Il intensifie ses caresses, un puis deux autres doigts rejoignent le précédent et mes jambes sont de plus en plus molles. Je l’attire encore plus près de moi, passe une main sur son cou et plonge mon visage dans le creux de son cou.


- Seigneur… Uhu, vient.

- Non pas maintenant.


Mes hanches suivent le mouvement traînant de sa main. J’ai la bouche sèche et la gorge brûlante. Je me passe la langue sur les lèvres, mais rien n’y change. Plus le plaisir monte dans mon ventre, plus je me hisse sur la pointe des pieds. On n’entend plus que ma respiration saccadée dans le hall. Il me murmure des mots doux à l’oreille et sa voix est trop calme à mon goût. L’échange n’est pas équitable. Tout pour moi et rien pour lui. Je dois y remédier.


Je prends sur moi et m’éloigne assez pour glisser mes mains sur sa boucle de ceinture. Mes gestes sont tremblants et approximatifs quand je la défais frénétiquement, pour m’emparer de son sexe tendu. Le  soupir satisfait qu’il laisse échapper m’arrache un cri triomphant. 


Il est à la fois doux et rugueux. J’ai du mal à l’encercler totalement. Pendant que je monte et descends avec ardeur, ma langue tourmente sa poitrine que j’ai mis à nu de mon autre main.


- Tu vas me rendre fou.


Je souris. Je n'ai rien à ajouter. Je mets tout ce que j’ai à donner dans mes baisers et butine  avec ferveur. Mes ongles s’enfoncent dans son dos, avant de tracer des sillons qu’il gardera surement longtemps. Mes dents remplacent ma langue, et il grogne encore plus fort. Il frissonne, son souffle chaud finit sa course dans mon cou, me faisant frissonner à mon tour.


- Arrête, tu vas me faire venir avant le temps.


Il veut m’éloigner de lui, mais je le tiens littéralement par le bout de la queue.


- Belinda…


Mon regard amusé croise le sien, tourmenté. Je m’enorgueillis du pouvoir que j’ai sur lui.


- Maintenant.


Son regard d’encre est profond. Un abîme sans fin dans lequel je me noie.


- C’est moi qui décide. Lâche-t-il d’une voix sourde.


Je resserre mon étreinte et le regarde fermer les yeux, surpris de ma hardiesse.


- Putain Belinda, tu vas me tuer.

- Ce sera une douce mort. Je murmure en lui caressant la poitrine.


J’accélère la cadence et il en oublie presque son nom. Son regard est de plus en plus fiévreux, et le voir ainsi, à ma merci, accroît mon audace. Ses traits se tordent, sa main qui me possède se crispe. Je le sens arriver et je suis prise d’une envie subite de le punir. Je le relâche lentement et pose ma main sur la fine toison qui orne son pubis.


- Qu’est-ce que tu fais, pourquoi tu t’arrêtes ?


Je continue à le tripoter comme si de rien n’était.


- Tu m’as enfermé toute la journée.


Il s’arrête de bouger, le regard fixe sur moi. On dirait qu’il est en face d’un fantôme.


- Tu es sérieuse ?


Il a presque crié. Sa voix contient assez mal sa frustration. Il veut enlever ses doigts en moi et je resserre mes jambes.


- A quoi tu joues ?


L’énervement n’est plus loin, mais je m’obstine à le persécuter.


- Qui a dit que je jouais ? Tu vois un terrain de jeu ici ?


Je lui fais mon sourire le plus innocent et essaie tant bien que mal de garder la tête froide.


- Arrête ce que tu veux faire là. Je ne suis pas d’humeur.

- Et qu’est-ce que je veux faire ?

- Belinda, je ne vais pas supporter ça longtemps.

- Tu vas faire quoi, me forcer à te faire jouir ?


La raillerie dans ma voix ne passe pas inaperçue, même pour mes propres oreilles. Il lâche un juron, puis empoigne mes mains qu’il coince au-dessus de ma tête.


- Je vais te forcer à crier mon nom.


J’ai la gorge sèche. La rage contenue dans sa voix me fait douter un instant. Peut-être ai-je été un peu loin ? J’aurai peut-être dû finir ce que j’avais commencé ?


Il ne quitte pas mes yeux une seule seconde. Je suis comme hypnotisée, quand une de ses mains baisse mon pantalon, pendant que l’autre me garde prisonnière. D’un mouvement de pied, il m’écarte les jambes et me pénètre sans délicatesse. Je suis au bord de l’évanouissement. Je manque subitement d’air


- Tu l’as ramène moins là.

- Je…


Je… quoi ?


Mes pensées sont emmêlées. Mon esprit esquisse des idées qui ne sont que élucubrations. Je nage en pleine illusion, je n’arrive plus à être lucide. Il m’a eu.


- Tu ?


Il me nargue pendant qu’il me pilonne. Ses pupilles sont dilatées, et vitreuses. Ses coups secs. Je me cambre, pour bien le recevoir, et lui s’arrête sans toutefois me lâcher. Je suis à sa merci. Il me torture, et son plaisir atteint des sommets quand je n’arrive plus à me retenir.


Je gémis.


Il grogne.  


Nos respirations sont saccadées. Je ferme les yeux, incapable de résister.


Je sens mes jambes flancher, mais il ne s’arrête pas. Il ne me libère pas non plus. Je ne tiens plus que grâce à ses coups de reins, qui continuent de me porter.


- Oh oui !

- Pas maintenant.


Il ralentit et pose son front sur le mien. Il est crispé, même la pression de sa prise sur mes poignets s’est relâchée.


- Ne t’arrête pas… s’il te plait Uhu, ne t’arrête pas. J’implore dans un murmure désespéré.

- Désolé boss, c’est urgent.


J’ai des hallucinations. Je viens d’entendre une voix d’homme derrière Uhu.


- J’ai dit pas maintenant !


Sa voix claque dans le nouveau silence froid, qui règne à présent dans le hall. J’ouvre les yeux et tombe sur les siens toujours fermés. Je n’arrive pas à bouger, je suis pétrifiée de honte. La scène que nous offrons doit être cocasse. A moitié nu, contre le mur, devant la porte d’entrée. Lui contre moi. Lui en moi.


- L’oiseau s’est envolé.


Uhu me lâche les mains, mais ne bouge pas plus. Il ne dit rien pendant une éternité.


- Attends-moi dehors...


Il garde les yeux fermés, et essaie de reprendre contenance. Sur son visage, J'arrive à voir le combat que se mènent ses émotions. Quand finalement, il finit par me regarder, son désespoir me frappe de plein fouet. Je sais qu’il va arriver exactement ce qui arrive en ce moment. 


Il se retire lentement de moi. Sa main me caresse la joue. Il regrette, c’est indéniable. Mes mains se posent automatiquement sur ses reins. Je ne comprends pas ce qui se passe, et puis d'ailleurs je m'en fous. Je ne veux pas qu'il parte.


- Ne t'en va pas! J'arrive à dire voix rocailleuse.


Il soupire tristement, le regard fuyant.


Je m'agrippe à sa peau, pour le retenir tout contre moi, mais je sais que c'est perdu d'avance.


- Tu n'as pas le droit de me laisser comme ça.


Je tente quand même.


- Je suis vraiment désolé, wapenzie, mais je dois y aller.

- Uhu!


Je n'arrive pas à masquer ma frustration. J'ai l'entrejambe en feu, je suis une boule d'énergie prête à explorer. 


- Tu n'as pas le droit de me faire ça.


Je le regarde tristement remonter son pantalon. J'en ai les larmes aux yeux. Il finit de mettre de l'ordre dans ses vêtements, pendant que moi je reste là, immobile, à le regarder s'éloigner.


Qu'est-ce qui peut bien être plus important, que ce moment que nous partagions. La mort dans l'âme, je me laisse tomber à mes pieds. Et dire que c'est moi qui l'avais fait venir ici,  cet Aba de malheur. Quand je me souviens brusquement pourquoi j'avais besoin de lui, je me lève précipitamment, arrange mes vêtements et court vers la porte. Ils sont au milieu de la cour, je ne peux rien entendre de ce qui se dit. Je reste là à les observer une minute, sans trop savoir quoi faire. Je finirai bien par savoir, tout se sait.


Uhu se tourne vers moi, la mine soucieuse. Saisir croiser les miens une seconde, avant qu'il ne se retourne vers Aba. Je les laisse à leurs manigances, et retourne dans la maison. Je vais dans la salle de bain, après une douche rapide, je retrouve Uhu dans la chambre. Il m'attend, debout devant la fenêtre, les mains dans les poches.


- Je dois y aller ! il m'annonce sans préambule.


Je me dirige vers la penderie sans un mot, prends des vêtements propres, que je pose sur le lit. Il se tourne vers moi, attendant sûrement une réponse. Mais que puis-je dire? Sa décision semble être prise.


- Tu as entendu ce que je t'ai dit ? Je dois y aller, Belinda

- Fais ce que tu veux. Je dis en me passant la crème sur le corps.

- Ne le prends pas comme ça.


Je me tourne vers lui, estomaquée.


- Et tu veux que je le prenne comment ? Il y a pas longtemps tu étais en train de me baiser devant l’entrée, sans te soucier du reste du monde. Et là maintenant, te voilà qui m'annonce que tu dois partir. Qu’est-ce que tu veux que je dise de plus que ce que j’ai déjà dit ?

- Tu n'as pas besoin d'être grossière, je veux simplement que tu comprennes.


Je pousse un soupir las.


- Fais ce que tu veux Uhu. Va vers cette chose qui me semble plus importante que tout le reste. De toute façon, la charmante petite épouse que je suis ne bougera pas. Je ne fais que ça, t’attendre sagement dans ta maison. 


Il me regarde impuissant, pendant que je m’habille. Je suis frustrée et je ne veux faire aucun effort. Je me doute qu’il doit être dans le même état que moi, mais ce n’est pas à cause de moi qu’on a été interrompu. Je ne vois pas pourquoi je ferai l’effort de le comprendre. Je passe mon pyjama et sort de  la chambre sans un mot. Il me suit en silence, jette de temps en temps un regard impatient sur sa montre, puis sur moi. Je fais celle qui ne remarque rien. 


Dans la cuisine, je me mets à fouiller partout. J’ouvre les armoires au hasard, prends des paquets que je remets à leur place initiale sans trop savoir ce que je cherche. J’ai juste envie qu’il parte et que je puisse enfin m’effondrer. 


- Belinda… Arrête !


J’ouvre le frigidaire et reste devant la porte, bras ballant. Je sens sa présence dans mon dos. Il se rapproche encore plus et me prend par la taille. Ses paumes se posent sur mon ventre, elles sont chaudes sur ma peau. Je tressaille malgré moi. 


- Je suis vraiment désolé. Dit-il calmement. 

- Moi aussi, Uhu. Je murmure en fermant les yeux. 


Il pose son front sur ma nuque et on reste silencieux pendant un moment. Seul le bruit de nos respirations résonne dans la pièce. 


- Je reviens au plus vite. Se croit-il obligé d’ajouter.


Ses lèvres m’effleurent la peau du cou, puis il pose de nouveau son front quelques secondes et s’en va. Je referme le frigo sans rien prendre, les larmes aux yeux. Vais me mettre à  la fenêtre pour voir disparaitre les feux arrière de sa voiture, qui tourne au coin sur la route. 

Jamais sans elle