Chapitre 20 : Attention Chancy !!

Ecrit par Prunsy

******2 mois plus tard****


-Ma fille réveille toi et pousse une dernière fois, on voit les cheveux!!


Elle me donna 2 gifles et ajouta: “sois forte pour tes enfants, ne laisse pas l'un sans l'autre. Ne t'endors pas ma fille pousse!!”


Dans un dernier effort je pris une grande inspiration et au moment de la contraction je relâchai toute mon énergie pour pousser. Puis je n’en pouvais plus... Mes yeux pesaient. Je retombai en arrière de façon lasse, mon corps me lâcha et je sombrai. En sombrant je repensais à la raison pour laquelle j'ai mis le nez dehors aujourd'hui et un sourire me vint aux lèvres.


Revenons en arrière pour une dernière fois. Pas trop loin non plus, juste le matin de cette journée du 20 novembre.


Il est 10h, et aussi lourdement que possible je me levai. J'en étais presqu'à mon huitième mois de grossesse. C'est fou comment ça passait vite je trouve, mais c'était tant mieux comme ça pardon, avec ce masque de grossesse je me sentais affreuse. André me disait que je étais plus belle que jamais, mais je crois qu'il parlait de ma beauté intérieure parce que le reste là…  Bref!


Moi: Bonjour madame Marie.

Mme Marie: Hein mbolo (bonjour). Ça va ce matin ?

Moi: Oui ça va merci. J'ai bien dormi cette nuit.

Mme Marie: Ah c'est bien comme ça.


Je me dirigeai vers la salle de bain. En sortant je reçus un message, il était d'André. Hm j'en recevais tous les jours de la semaine, ça me donnait le sourire. Bref c'était un jour, vraiment tout ce qu'il y a de plus normal.


C'est au moment où je m'apprêtais à regarder le Journal TV de 13h avec mon assiette de fraises que mon portable sonna. C'était Tatiana.


Moi: (En engloutissant ma fraise) oui allo?

Tatia: EEEH LEMY jamais un jour je t'appelle et puis ta bouche est dégagée?!

Moi: Mtchrrr, si c'est pour m'embêter que tu m'appelles je raccroche. Je te rappelle que c’est pas facile de manger pour 3 hein !

Tatia (éclatant de rire): La fille là est trop susceptible. Non mais avale d'abord sinon tu vas t'étouffer.

Moi: Ooorh dis ooorh!!!

Tatia: Ok... Antoine m'a demandé de l'épouser…

Moi: (Fraise avalée de travers) Eeeeeeeeeeeeeeeh ENFIN!!!!! Je ne sais pas combien de fois [toux d’étouffement] je lui ai parlé d'affaire mariage là [toux] akah!! Oorh raconte bien Tatia!!

Tatia: Tu viens pas à la maison aujourd’hui?

Moi: Si si, mais c'est trop loin keh! Tu as déjà la bague?

Tatia: Mystère et feuille de manioc (rigolant) ! Si tu veux tout savoir, je t'attends tout à l'heure à la maison.

Moi: Tout à l'heure c'est trop loin, je viens tout de suite. En parlant même de ça, sors déjà les feuilles de manioc hein.

Tatia: Ah?! Hm ok chef! Tu as la voiture?

Moi: Oui, André a voyagé hier soir, il rentre dans 3 jours.

Tatia: Hm, doucement quand même hein. Mes enfants veulent voir le jour.

Moi: Orh Tatia tu me parles mal hein.

Tatia: Tu es sûre que tu ne veux pas que je vienne te prendre?

Moi: Non, ça va à peine 10 minutes de route là?

Tatia: Hm ok, je t'attends alors.


Aussitôt dit, aussitôt fait. Je me suis lavée les mains, soulever mes bilocos (affaires) et hop, direction chez Tatia. En sortant je criai : «Ma' Marie je sors ooh je vais chez Tatiana.» Est-ce qu'elle m'a même entendu?! Ah pardon ma copine va se marier, je suis pressée.


Normalement à 7 mois et demi de grossesse voire 8, et en plus une grossesse gémellaire, je ne devrais plus me balader seule ou encore conduire mais bon, là c'est un cas de force majeur féminin.


Je suis au 3 quartiers dans un immeuble juste à côté de l’hôpital El Rapha. Tatiana vit au Bas de Gue-Gue mais ils sont entrain de déménager à Batterie 4, moi ça m'arrangeait. Donc pour aller plus vite je passai par Derrière la Prison. J'avoue qu'on a des noms de quartiers étranges mais bon...


Malheureusement pour moi, 13h c'est l'heure de pointe donc je tombai dans un embouteillage. Après 30 minutes de galère je sortis enfin des bouchons. Je me donnai une petite liberté et j'accélérais (un peu seulement). J'entamai la montée qui allait me mener à l'entrée de la cité et j'évitai de justesse un gars qui conduisait comme un fou. A peine je repris le contrôle du volant qu'un bus klaxonna sans arrêt. Le temps de réaliser ce qu'il m'arrivait, il m'était déjà rentré de plein fouet à l'arrière de la voiture (sachez très chères que c'était une Rav4 que je conduisais donc imaginez). Sans rien comprendre je perdis la maîtrise du volant et je me retrouvai en moins d'une minute contre le mur d'une école primaire.


J'ai à peine eu le temps de serrer les bras autour de mon ventre et de baisser la tête que l'action était déjà fini. J'avais affreusement mal à la tête, je ne sentais plus mes jambes, & l'airbag me compressait le ventre. Je n'avais qu'une envie, c'était sortir. La tête cognait, j'avais l'impression que la voiture avait maintenant la taille d'une Clio pour ne pas dire Smart même. J'avais du tesson plein le dos, bref j’étais amochée de partout. Mes forces se vidaient petit à petit.


Après je ne sais combien de temps on a enfin réussi à m'extirper de là. Des voix s'agitaient autour de moi.


Homme1: Elle est blessé, il faut l'emmener à l'hôpital, mettez là dans ma voiture.

Femme1: Faites vite, elle est enceinte et saigne du bas ventre. Ma fille il ne faut pas dormir, tu t'appelles comment?

Homme2: On a pu avoir son permis. C'était juste au dessus du volant. Elle s'appelle LEMY ADIE Chancelia.

Femme2: Ooh mais je connais la petite là! C'est la nièce de ma collègue! Mr svp, je peux venir à l'hôpital avec vous? En chemin je préviendrai sa tante.

H1: bonne idée. Bon allons y le temps presse.


Dans la voiture on m'a posé mille et une questions. Me demandant aussi de ne pas fermer les yeux.


Moi: J'ai tellement mal… pardon… sauvez mes enfants… svp sauvez-les.

Femme1: On va les sauver ma fille, tiens bon! On est presqu'arrivé.

Homme 1: Surtout il ne faut pas qu'elle s'endorme, maintenez-la éveillée.


J'avais entendu ce qu'avait dit le Mr, je me forçais donc à ne pas fermer les yeux. Une fois arrivés à l'hôpital tout est allé très vite. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire j'étais en salle d'accouchement. On me déposa et me mit en position. Seulement je n'avais pas la force, mes blessures me faisaient mal, je sentais comment mon bas ventre me brûlait. Je ne souhaite cette douleur atroce à personne. Je me sentais lourde et lasse. Mes yeux pesaient je n'avais qu'une seule envie les fermer, c’est alors que j'entendis l'infirmière dire: “Ma fille réveille-toi et pousse une dernière fois, on voit les cheveux!!” Elle me donna 2 gifles et ajouta: “sois forte pour tes enfants, ne laisse pas l'un sans l'autre. Ne t'endors pas ma fille pousse!!!!”


Dans un dernier effort je pris une grande inspiration et au moment de la contraction je relâchai toute mon énergie pour pousser. Puis je n’en pouvais plus... Mes yeux pesaient, je retombai en arrière de façon lasse, mon corps me lâcha et je sombrai. En sombrant je repensais à la raison pour laquelle j'ai mis le nez dehors aujourd'hui et un sourire me vint aux lèvres. Les pleurs de mes enfants aussi me firent sourire. C’est là que je vis cette lumière blanche juste devant moi.


Chancy ou les aléas...