Chapitre 21
Ecrit par Jennie390
⚜️Chapitre 21⚜️
Yolande Otando épouse Biyoghe
Les trois gifles que j'ai reçues hier soir d'Émile, étaient tellement fortes que ce matin, qu'il m'a même été difficile de trouver le sommeil dans la nuit. Je me lève donc ce matin avec un violent mal de tête.
Je quitte le lit et vais prendre ma douche avant de revenir m'essuyer dans la chambre. Je porte une robe Kaba qui est accrochée derrière la porte.
Je m'assois et repense à la soirée de la veille. Je ne sais vraiment pas où j'ai pris le courage pour tenir tête hier soir à ce chien. Je savais pertinemment que s'il décidait de vraiment me frapper, il allait sérieusement me faire mal. Mais honnêtement, je m'en foutais, je voulais qu'il reçoive un bon choc et ça a été le cas.
Bon j'imagine bien que ce que j'ai fait hier ne va pas rester sans conséquences. Il va forcément me priver de nourriture, de visite à Oasis. Tout ça peut encore aller. Par contre, il est très vicieux, il peut décider de faire venir Mélissa le plus tôt possible. Il sait que c'est quelque chose que je crains plus que tout, donc il peut décider d'appuyer là où ça fait très mal. Me savoir à la merci de ce type, toute impuissante, me broie le cœur de frustration.
Mais si je suis dans une telle situation, je ne peux m'en prendre qu'a moi même. C'est moi qui ait fait une confiance aveugle à Emile, moi qui n'ait pas été plus prudente. J'ai vu qu'il cochait toutes les cases de l'homme de mes rêves et je m'y suis jetée corps et ame, sans me douter une seconde que c'était un loup dans des vêtements d'agneau.
En faisant le récapitulatif de ma vie, j'ai vraiment mal au coeur. Quand je repense à la petite vie tranquille que j'avais avant de rencontrer Emile. Mélissa et moi ne manquions de rien, grâce à mon institut. Nous n'étions pas riches mais nous étions heureuses. J'étais célibataire, seule, mais j'étais mille fois plus heureuse que maintenant.
Ma situation est tellement pathétique à tel point que j'inspire désormais soit la pitié ou même le mépris. C'est le cas par exemple du petit frère d'Hortense. Rien qu'à voir comment il a parlé de moi, comment il m'a regardé, ça se voit qu'il me méprise. On a sûrement dû lui vanter ma vie, comme on le fait avec un peu tout le monde.
On a dû lui dire que Yolande Otando, l'épouse du grand architecte à succès Émile Biyoghe, a une vie de rêve. Elle réside dans l'une des plus somptueuses maison de ce quartier. Son mari a beaucoup d'argent, à chaque fois qu'on la voit, elle est toujours tirée à quatre épingles, avec des vêtements, chaussures, sac à main de grande marque. De Gucci à Armani en passant par Louis Vuitton et Dior.
Beaucoup penseraient que j'ai décidé de rester à la maison pour manger les millions de mon mari, sans savoir que tout ceci n'est qu'une illusion. Si seulement quelqu'un pouvait se rendre compte du fait que cette image dorėe qu'Emile affiche de moi, de lui, de notre couple et de notre vie, n'est que de la poudre aux yeux, une farce, une grosse mascarade. Et d'ailleurs, même s'il arrivait que quelqu'un s'en rende compte, que ferait-il ? Les gens ont un quotidien à gérer, des réalités qui ne
sont pas toujours faciles. Qui va prendre sur son dos les soucis d'une autre personne?
Le temps ne fait qu'avancer et je n'ai toujours pas trouvé de solution concrète à mon problème, je
risque de me lever un matin et me rendre compte que Mélissa a déjà 18 ans et qu'elle doit venir vivre ici sans que je n'ai trouvé un moyen de nous libėrer du piège qui nous attend. Pour nous sortir de là, il me faudrait trouver une faille dans le plan parfait d'Emile ou alors il n'y a qu'un miracle qu'on
peut attendre.
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Bertille Otando épouse Makaya
Voilà déjà plus de 4 mois que je fais des rêves bizarres sur Yolande. Au début j'ai banalisé mais ça
commence à vraiment m'inquiéter. La dernière fois que j'ai posé les yeux sur cette fille c'était le jour de son mariage auquel je n'ai même pas assisté parce que je devais accompagner Melissa à l'hopital.
Le soir de son mariage, elle m'avait appelé pour me dire quelle cherchait son mari et depuis lors, je ne lui ai plus parlé. À chaque fois que je l'appelle depuis des mois, son numéro est injoignable. Quand j'appelle son mari, il me dit que Yolande a décidé de couper les ponts avec la pauvreté, avec les gens qui ne lui apportent rien.
J'ai d'abord trouvé ça bizarre, mais une fois į'ai appelé OASIS et on m'a fait savoir que Yolande passait souvent voir Melissa avec son mari. Qu'ils passaient la journée avec elle. Donc j'avais arrêté de la chercher parce que je comprenais qu'elle était dans ce pays mais qu'elle avait décidé de m'écarter de sa vie parce qu'elle a trouvė un mari riche.
Et du jour au lendemain, j'ai commencė à multiplier les mauvais rêves sur elle. Je ne passe pas une semaine sans rêver d'elle.
Ça m'inquiète tellement que je suis allée consulter un feticheur il m'a
dit que le mari de ma nièce là n'est pas bien, qu'il veut lui faire du mal, qu'elle n'est pas en sécurité dans son mariage là.
Je serai directement allée voir chez eux, voir dans quelles conditions elle vit, mais je ne sais pas où ils habitent. Donc il ne me reste plus qu'à aller faire un scandale au travail d'Emile pour qu'il m'emmène là voir. Je sors de la chambre avec mon sac à main, je trouve mon mari devant la télé.
—Bon j'y vais, je lui dis.
—Bertille donc tu es serieuse avec cette histoire ? Pourquoi tu veux chercher quelqu'un qui ne veut pas être retrouvėe ? Comme Madame a gagné un mari riche, elle vit désormais dans le luxe, elle ne nous connait plus.
—C'est ma nièce, dis je la gorge nouée.
—Ta nièce qui te considère comme les ordures aujourd'hui ? Voila pourquoi au fond je ne les ai jamais appreciés. Que ce soit elle ou que ce soit sa petite soeur mongole. Il y a quelque chose qui ne m'a jamais plu chez ces petites-là
—Toi aussİ pourquoi tu parles comme ça ?
—Pourtant je ne dis que la vėritė, parce que comment tu justifies que ta niėce épouse un homme riche et que notre vie ne change pas ? Quand elle réussit comme ça, elle doit sortir la famille de la misère. Tu es le seul parent qui leur reste, comment Yolande ne pense pas à toi? Si leur mère était en vie, tu crois qu'elle ne la mettrait pas en haut ?
—Écoute Germain...
—Non toi écoute, ça fait déjà deux ans que je suis retraitė. Ma pension ne me rapporte pas grand-chose. Il ya des mois où on ne vit que sur la vente de ton manioc. Et ce n'est pas un commerce qui te rapporte beaucoup. Bertille regarde la maison dans laquelle on vit, elle est en planche, la toiture est
en tôle rouillée, elle percée de partout. Quand il pleut, on se mouille. On ne mange pas à notre faim, on se soigne difficilement quand on est malade.
—Mais on ne sait même pas si elle va vraiment bien toi aussi.
—On ta dit qu'elle est dans ce pays, elle fait des voyages ici et là. Quand tu as appelé sa copine Grâce là, n'est ce pas elle t'a dit qu'un jour, elle a vu Yolande et son mari dans une voiture bien luxeuse au niveau du centre-ville? Ils ne se sont pas arrêtés. Ce n'est qu'une égoiste c'est tout.
—Ah peut-être qu'ils ne l'avaient pas vu, je dis, accablée.
—N'importe quoi ! Je suis sûr que Yolande à fait exprès de ne pas la voir. Elle a toujours été égoïste, rappelle toi que lorsqu'elle a ouvert son institut, pendant un moment elle ne venait plus ici, comme elle gagnait déja de l'argent.
—Tu sais bien qu'elle venait rarement parce que tu étais toujours désagréable avec Mélissa.
—Ça ce sont des conneries !
Je n'ai pas le temps de me disputer avec lui.
—Bon j'y vais, tu peux penser ce que tu veux.
—Attend je vais t'accompagner, dit-il en se levant. Mais au moins tu sais déjà ce que je pense de toute cette histoire,
cette petite ce n'est qu'une egoiste.
Pour l'instant ce n'est pas ce qui m'intéresse, je veux d'abord m'assurer qu'elle va bien.
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Emile Biyoghe
Ce matin en quittant la maison, je me rend dans une clinique pour désinfecter correctement mes plaies et poser des points de suture. J'ai passé une nuit merdique à cause de cette idiote de Yolande. Mais elle ne perd rien pour attendre, elle va voir ça.
Je me rends ensuite au boulot, j'ai un nouveau client qui veut que je fasse un plan pour une villa style colonial. C'est un énorme boulot, ça va m'occuper le temps que ma colère descende. Je dois toujours agir avec la tête froide sinon je risque de poser des actes irréfléchis.
Je suis tellement de mauvaise humeur qu'en arrivant au boulot je ne salue aucun employé, je n'ai pas la force aujourd'hui de faire semblant de les apprécier. Dès que je m'installe sur mon fauteuil, ma secrétaire débarque avec mon habituel café noir.
—Bonjour Monsieur Biyoghe, fait-elle avec le sourire. Votre café, comme vous l'aimez.
Je lui prend la tasse des mains et je bois une gorgée que je recrache immédiatement.
—Qu'est ce que c'est que ça ? Je gronde, irrité.
—Votre café Monsieur, me répond t-elle, surprise.
—C'est ça que tu appelles café ? Ce truc infecte ? Il est imbuvable!
—Mais Monsieur, c'est exactement le même que je vous fais depuis déjà 2ans, avec les mêmes quantités.
—Bah figure toi qu'aujourd'hui ton foutu café a le goût de la pisse de chat!
—Euh je... Je ne comprends pas où est...
—Dégage d'ici, dis-je, bien énervé.
Elle récupère la tasse avec des mains tremblantes.
—Je peux vous apporter du thé, ou mieux une tasse de tisane, ma grand mère dit que c'est bon pour les nerfs.
Je lève les yeux de mon ordinateur et je la fusille du regard.
—Linda, tu veux te retrouver à la rue ?
—Euh non Monsieur, dit-elle, Craintive. Je voulais juste vous aider à vous relaxer, ne vous fâchez pas s'il vous plaît.
—Ta tentative de relaxation, ton thé, ta tisane, ta grand mère et la stupide fille que tu es, vous tous foutez le camp de mon Bureau. Et je ne veux absolument pas être dérangé, si ça arrive sache que tu es viré. Clair?
Elle me regarde avec des yeux tout ronds, elle déglutit bruyamment.
—Très clair Monsieur, ajoute t-elle en sortant de mon bureau comme si elle avait le feu au c*ul.
Ce n'est vraiment pas le jour pour m'emmerder, je n'ai vraiment pas la patience pour les simagrées.
Je plonge totalement dans mon boulot, pendant de longues heures à tel point que je perd même la notion du temps. J'entends soudainement des voix qui s'élèvent de l'extérieur.
—Je dis que nous sommes venus discuter avec Emile Biyoghe que vous le vouliez ou non.
—Désolé Madame mais vous ne pouvez pas entrer s'il vous plaît.
—Dégage de mon chemin !
Je ne comprends pas avec qui Linda parle à l'extérieur. Ça m'irrite d'avantage que des gens se permettent de venir crier dans mon cabinet. Comme je suis tout le temps souriant, tout le monde se permet tout avec moi. Mais aujourd'hui je n'ai pas le temps de faire semblant !
Puis tout à coup, la porte de mon bureau est brusquement ouverte. Je vois Bertille Otando, la tante de Yolande qui débarque, suivie de Germain, son mari et de ma secrétaire qui est visiblement paniquée.
—Madame s'il vous plaît, supplie Linda. Vous ne pouvez pas entrer ici de cette manière.
—Ah fous moi le camp, gronde Bertille. Je suis déjà rentrée, personne ne va nous mettre dehors tant que je n'ai pas dis deux mots à ce garçon !
—Je peux savoir ce qu'il se passe ici? Je demande, hautement irrité.
—Il se passe que je veux parler à Yolande, je veux la voir !
—Monsieur je suis desolé, je n'ai pas pu les retenir.
—Oh jeune fille, vous commencez sérieusement à nous agacer, dit le mari de Bertille.
Je ferme les yeux rapidement, j'inspire, j'expire pour rester le plus calme possible.
—Linda, tu peux nous laisser.
—D'accord Monsieur.
Elle sort et referme la porte derrière elle.
—Biyoghe, je veux voir Yolande, sache que je suis au courant de tout !
Bonne lecture.