Chapitre 22

Ecrit par Lilly Rose AGNOURET


 

« Ok, ok ! On se calme ! », me fait Salima. « Il est tard. Ce genre d'affaire ne se règle pas dans la nuit. »

« Oh, l'américaine là se prend pour qui ? Est-ce que c'est même toi que je suis venue voir ? Je suis là pour la pute de feu mon mari. Alors, qu'elle se mette à genou. Qu'elle confesse tout le mal qu'elle m'a fait à moi et à mes enfants. Tout cet argent que Nyama mettait à l’intérieur de ton con aurait pu payer les études supérieures de mes enfants même au-delà de sa mort. Au lieu de ça, ils sont là à traîner, en tirant le diable par la queue. Et tu as le culot, toi Azizet, de revenir ici en espérant que parce que maintenant, tu portes un nom américain et que tu ressemble à Naomie Campbell avec tes faux cheveux, tu peux tout te permettre ? Mais c'est que tu ne connais pas Antoinette Nyama. C'est petit ce que je t'avais fait à l'époque où tu te tapais mon époux. Là là là, ma fille, si tu ne rampes pas devant moi là, le sang ou les plaquettes oh, ou les organes oh, que tu veux là pour aller sauver ton neveu, tu n'auras rien. Le temps est venu de payer. »

C'est clair ! J'ai affaires à une folle. Le fait q qu’elle soit complètement saoule complique encore plus la chose. J'ai simplement envie de mourir sur place parce que l'appréhension et la tension qui prennent mon cœur en tenaille, sont insupportables.

« Comme je le disais, madame Nyama, nous pourrions rentrer pour parler de tout ça au lieu de rester là à nous disputer comme des chiffonniers. Agissons comme des gens civilisés. »

« Mais la gorgeuse d'américaine là, me veut quoi ? Maman, va parler avec ton accent là, ailleurs. Va du côté de Petit Paris là-bas. Il y a plein de Nigérians avec lesquels tu pourras parler ton pidgin au lieu de te forcer à gorger en français. »

« CA SUFFIT J'AI DIT ! », crie Salima.

Cela a pour résultat de désarçonner complètement Antoinette Nyama qui consent à se calmer. Elle ne s'attendait sûrement pas à se faire gronder ce soir. Le calme revient. Pédro se tient toujours à mes côtés. Antoinette consent à suivre Salima qui nous mène à l’intérieur ; nous asseyons tous dans un salon et demandons à un serveur de nous apporter de quoi boire. Salima demande une carafe de thé pour Antoinette Nyama, histoire de l'aider à dessaouler.

Nous buvons tranquillement. La tension en moins reste prégnante. Là je vois Christian arriver vers nous.

« Je savais que je vous trouverai encore éveillés. Puis-je m’asseoir ? », demande t-il en remarquant la présence de madame Nyama.

« Oui, fais-donc ! », lui dis-je.

Il me souffle dans l'oreille :

« Que fait-elle là, le mammouth ! »

« Elle est venu me voir m'humilier. »

Il a un mouvement de recul, la regarde puis me regarde ensuite. Là, il dit comme pour tâter le terrain :

« C'est gentil à vous, madame Nyama, d'avoir répondu à la sollicitation de Merlie. La santé d'un enfant, c'est tellement précieux. Ce petit fera de grandes choses. Vous a t-on dit que c'est un très bon sportif. »

« Ça fait quoi à mon cul ? », lui demande t-elle.

Il n'en fallait pas plus pour mettre Christian KO. Il décide alors de se taire. Nous buvons en silence jusqu'au moment où Salima décide de prendre la situation en main.

« Nous jouons contre la montre à cet instant. Dans 10 jours, je dis bien 10 JOURS, Merlie et moi reprenons l'avion pour rentrer chez nous. Nous avons donc 10 jours pour convaincre toutes personnes vivant au Gabon, d'accepter de passer ses tests médicaux en sachant que les prélèvements et tout le reste auront lieux plus tard. »

Madame Nyama fait comme si de rien n'était et avale ses 3 tasses de thé avant de retrouver la parole et de dire :

« J'adore ce genre d'histoire. Vous savez, celles où les gens croient a us contes de fées et finissent par se fracasser la figure. J'ai dit que la solution à votre problème est toute trouvée. Que cette pétasse se mette à ramper ç genoux et me demande pardon pour tout le mal qu'elle m'a fait et le bien qu'elle a volé à mes enfants. Seigneur, pas un jour ne s'est passé sans insultes et humiliations. Dès qu'elle a écarté ses jambes à Nyama, je n'ai plus dormi. Il ne supportait plus la graisses su mon corps, il faisait des cauchemars éveillés en me voyant sortir nue de la douche. Le type en est même arrivé à exiger que je n'utilise plus la même sale de bains que lui et que je ne me balade plus en serviette devant lui ! Qui fait ce genre de chose à la mère de ces 4 enfants ? Dîtes-moi ? Tout cela parce que madame miss monde née dans les matitis (bidonvilles) de Libreville, était fine comme un brin de paille et pouvait faire des acrobaties au lit ! Ma fille, quand tu jouais à la trapéziste en faisant jouir Nyama, tu te disais que la vie s'arrêtait là, n'est ce pas ? »

« Non, jamais je n'ai pensé cela. Et vous savez pourquoi, Antoinette ? Parce qu'il est difficile quand on est quelqu'un déséquilibré, de devenir la poupée de chiffons d'un tortionnaire, fétichistes adeptes de pratiques sexuelles proches de la sorcellerie. Voulez-vous que je vous dise combien de fois ce type, dont votre fille et vous dîtes qu'il était un bon père, oui, ce Nyama, voulez-vous savoir combien de fois ce type m'a demandé des choses incroyables ? Voulez-vous savoir à combien de reprises il m'a demandé quand j'avais mes règles, de m’asseoir toute nue, pendant toute une journée, au-dessus d'un seau pour qu'il puisse recueillir mon sang menstruel ? Que faisait-il de tout ça, dîtes-moi ? Je pense que vous devriez plutôt me dire merci pour vous avoir éviter ce genre d'humiliation. Car le mal qu'il me faisait subir, il vous l'épargnait. »

Ayant dis cela, je me tais et essaie de retrouver mon calme pour ne pas totalement perdre la face devant cette femme qui n'a pas la moindre idée de la brute qu'elle a épousé. Oui, il a usé de violence verbale et psychologique en l’insultant et en l’ignorant, mais la torture physique et sexuelle lui a été épargnée !

« Ah, ma fille ! Si tu permets que je t'appelle ainsi, je te dirai que tout cela tu l'as fait parce que les millions pleuvaient. Qu'est ce que l'argent de Nyama ne t'a pas fait ? Lui-même me disait que ton cul est en or ? Donc voilà. Va te plaindre chez quelqu'un qui ne sait pas les sommes que Nyama mettait à disposition pour ton entretien. »

« L'argent n'achète pas tout. Il n'a jamais acheté ni mon amour, ni ma dignité. Votre époux, jamais je ne l'ai aimé. »

« Oh ! Qui a dit que tu l'aimais ? J'ai dit que tu aimais son argent, alors je ne vais vraiment pas te plaindre. S'il te baiser par tous les orifices, ce n'est pas mon problème. Les putes, sont faites pour ça. Ta mère a dû te l'apprendre, non ? Je pose la question car, je ne comprends pas. Si ce type que j'ai épousé était une brute, pourquoi ta mère t'a t-elle laissée te vautrer dans cette affaire ? Ah, je comprends : il était tellement brute avec elle alors elle a décidé de te livrer à lui. Ma pauvre chérie ! Vu toute les chaussures à la semelle rouge que cet homme t'a offertes, tu méritais bien les coups de fouet qu'il te mettait au lit. »

C'en est trop. D'un bond je me lève pour aller dehors car je ne peux en supporter plus. Je laisse tout le monde là et, arrivant dans le jardin, les larmes rompent la barrière de sécurité que j'ai imposée depuis longtemps à toutes mes émotions. La main réconfortante de Christian se pose alors sur mon dos ; il me dit :

« Ce n'est pas de sa faute ; faut pas lui en vouloir. Le mépris, les humiliations et les injures qu'elle a dû subir de ce type ont eu leurs effets. Et vu sa situation aujourd'hui, je comprends qu'elle se montre aussi aigrie. »

« Oui, mais a t-elle besoin de remuer toute cette boue ? »

« La vie de chacune de vous a été difficile à un moment. Chacune de vous a connu une face de Nyama. Chacune des faces étaient différentes. N'oublie pas que cet homme, elle l'a aimé pour l'épouser. Il lui a donné des enfants qu'ils ont aimés. Ce que cet homme est devenu par la suite, ce sont ses choix à lui qui l'ont transformé. Vous les avez toutes les deux subi. Prends des distances par rapporte à tout ça. Concentre-toi sur le plus important. »

« Je me sens très mal depuis qu'elle est arrivée. »

« Ne t'inquiète pas. Garde ton sang froid car tu en auras besoin. »

Il me passe le bras autour des épaules et nous avançons tranquillement dans le jardin. Il me confie alors :

« Je suis allé incognito à la clinique du père de Victoire. J'ai dragué une infirmière e lui ai offert un pot. Elle m'a confié pas mal de choses. »

« Elle t'a expliqué pourquoi il m'accuse d'être à l'origine de son cancer ? Depuis quand le cancer se transmet il comme la peste ? »

« Oh, c'est bien simple. Ils ont monté tout un dossier prouvant que les cellules cancéreuses étaient localisées dans un coin de l'organisme et qu’elles ont été libérée et se sont répandues dans le corps à la suite du choc causé par l'accident. Et qui est à l'origine de l'accident ? »

« Ils sont fous. Je peux prouver que je n'étais pas dans la voiture de Jalil et je parie que lui peux prouver que sa voiture a été volée et abandonnée dans ce terrain vague. Mais je suppose que la vérité, tout le monde la connaît. Il faut que j'arrive à parler à Victoire Ratanga. »

« Oh, n'approche pas ces gens, ils sont dangereux. »

« Christian, il faut que je trouve le moyen de lui parler sinon, elle n'arrêtera pas de me poursuivre. C'est ma vie qu'ils veulent gâcher ! »

« Hum ! Elle est en piteux état, il paraît. Ils sont en train de la stabiliser là, pour qu'elle supporte le voyage jusqu'en France. Cela m'étonnerait que tu puisses obtenir d'elle quoi que ce soit. N'insiste pas Merlie. Elle doit tellement t'en vouloir ! Je me suis demandé si Jalil ne joue pas double jeu avec elle. Est-ce qu'il ne lui a pas fait croire qu'il y a quelque chose entre vous ? Tu vois ce que je veux dire. »

« Non ! Je ne pense pas. Salima pense qu'il s'amuse ailleurs et que son épouse n'arrive pas à trouver avec qui il s'envoie en l'air ; comme je suis revenue, elle doit supposer qu'il a remis le couvert avec moi. »

« Hum ! Elle sait qu'elle te l'a volé un jour et que peut-être qu'en lui, il garde encore quelques sentiments pour toi. »

« Ça me mène où tout ça, Christian ? Que ces gens me foutent la paix ! »

« Ils sont idiots et imbus de leur pouvoir, Merlie. Au lieu de s'assoir raisonnablement et de réfléchir pour savoir où ils ont fait des erreurs en élevant leur fille, ils préfèrent agir comme des imbéciles en écrasant et humiliant les gens. On a tous grandi dans les mapanes (bidonville), Merlie, mais parfois je me dis que la qualité d'homme comme Jalil, là, c'est fort. Imagine le nombre de fois qu'il est obligé de se taire et de subir ces gens là sans broncher ? »

« C'est la vie qu'il a choisi, Christian. Je ne vais pas le plaindre. »

 

Quand nous revenons une demi-heure plus tard à l’intérieur, nous trouvons Salima en train de négocier avec Antoinette Nyama alors que Pédro se tient la tête entre les deux mains.

« C’est comment, vieux !? On dirait que ta tête devient trop lourde pour tes épaules ? », lui fait Christian.

« Que Dieu bous vienne à l'aide. », fait Pédro en regardant Antoinette Nyama.

« Comme je le disais, on ne peut monnayer la santé d'un enfant. »

« Oh, ma blanche, je te l'ai dit : ce sera 50 millions, sinon rien. Soit vous me donner cet argent soit vous n'aurez rien de la part de mes enfants. Je ne vais quand même pas me montrer tranquillement comme ça, généreuse avec cette fille de bas étage alors que je suis là, à tiré le diable par la queue ! Ma fille Merveille que vous avez eu le courage de soudoyer, était mon passeport pour l'avenir. Cette fille a eu le bac à 16 ans avec mention très bien. Elle devait faire de brillantes études. Et qu'est ce que j'ai appris de la bouche de Nyama ? Qu'il préférait payé les études en France pour la petite sœur de sa maîtresse ici présente alors que ma fille devait croupir dans le mouroir qu'est l'université de ce pays. C'est 50 millions, sinon rien. »

« Pensez à cet enfant qui attend ce dont de plaquette. C'est le petit-fils de feu votre mari. C'est le neveu de vos enfants. »

« Ma blanche, ça fait quoi à mon cul ? », lance Antoinette Nyama, en se tapant une main sur le côté droit de sa hanche. « On t'a dit que dans la galère où je me suis retrouvée après la mort de Nyama, il y a encore la place pour les sentiments ? Sortez l'argent et posez le sur la table, sinon, vous n'obtiendrez rien de mes enfants. C'EST CLAIR ! », tonne t-elle en tapant sur la table.

Cela nous fait tous sursauter. Mon cœur tressaillit. Je pense que jamais encore je n'ai vécu d'angoisse aussi vive depuis que je suis parie de ce Gabon.

« Nous paierons ! », fait Salima. « Il nous faut au moins 3 jours mais nous paierons. »

« Bien. On se voit dans trois jours. Vous avez mon numéro, alors, à vous de jouer. »

« Salima !!! », fais-je en posant la main sur l'épaule de mon amie.

« Merlie, c'est la meilleure des solutions. Inutile de tergiverser. Il vaut mieux en finir avec tout ça.

« Mais où trouverons-nous tout cet argent ? »

« Nyama a toujours dit que ton cul vaut de l'or. Tu n'a qu'à aller le vendre aux ministres de la République. Pourquoi toi, ça doit être facile maintenant que tu es américaine ! »

« Je suis citoyenne britannique et ce sont l'amour de mon époux, sa patience et mes diplômes qui font de moi la femme que je suis. J'irais pisser sur la tombe de votre époux si je savais où la trouver. Vous ne valez même pas la peine que je perde mon temps à vous parler. »

« Dans ce cas, tais-toi ! Tout ce que tu racontes là, ne m'intéresse pas. Maintenant, payez-moi tranquillement mon taxi pour que je puisse rentrer chez moi. », nous fait cette femme à la carrure de catcheuse.

Elle se lève et prends soin de ranger dans son sac, la carte de visite que lui a remis Salima. Elle s'en va accompagnée par Pédro qui lui trouve un taxi et revient vers nous quelques instants après.

« Tout cet argent ! Qui nous dit que ses enfants seront compatibles avec mon neveu ? »

« Nous ferons les choses correctement  Merlie. Elle au ra 25 million avant les examens et le reste après les résultats, à conditions qu'elle nous garantisse devant témoin que la personne compatible viendra bien à paris pour la suite des choses. Relaxe. Nous lui avons donné rendez-vous dans 3 jours. Je profiterai de ce laps de temps pour discuter avec ta mère et lui faire entendre raison. »

« Que serai-je sans toi !? », lui dis-je.

« Souri un peu ! Tu es beaucoup trop tendue ! », me répond t-elle ;

« Il faut espérer que tout marche comme sur des roulettes. », lance Christian.

« Buvons un verre avant de nous séparer. Cette femme m'a tellement foutu les boules qu'il me faut une dose d'alcool pour dormir cette nuit. On n'en fait plus des connasses comme elle ! », lance Christian.

« Tu le dis comme si tu n'as pas eu affaire à ma mère ! », réponds-je.

« Ne me parle pas du diable, s'il te plaît. Pas maintenant. », dit-il en se tenant la tête.

 

***Deux jours plus tard, il 21h à Durban...

 

« Hey Clyde ! Comment vas-tu ? »

« Je vais bien, Jalil. J'ai fait un tour aujourd'hui encore à la clinique. L'avion qui transporte Victoire vers la France, décolle dans une heure. »

« Lui as-tu transmis mes messages ? »

« Oui, mec. Elle sait que tu penses à elle. Je lui ai lu chacun des messages que tu lui as envoyés. Cela lui a quelque peu remonté le moral. Elle en a besoin. »

« Merci Clyde. Que ferais-je sans toi. »

« Hum ! Tu profites bien de ton séjour là-bas ? »

« Je te mentirai si je te disais que je ne me sens pas bien ici. J'ai l'impression que jamais encore je ne m'étais senti aussi bien. Je vais peut-être te paraître sans cœur mais je t'assure qu'à l'idée de rentrer, j'ai des frissons qui me parcourent le corps. »

« Je te comprends, man ! Mais tu sais que tu ne peux pas fuir. Il te faut rentrer et venir affronter la situation que tu as laissée ici. Ils ont lancé une plainte contre toi. J'ai demandé à Jacques, un cousin de Malaïka de jeté un œil sur le dossier. Il me dit que c'est du solide et que tes beaux-papas veulent ta peau. »

« Pourquoi ce déclenchement de haine, dis-moi ? »

« Je me pose la même question. Mais tu les connais. Tu as vécu avec eux. Tu sais de quoi ils sont capables. Ils se sentent profondément insultés par ton attitude. Alors, il vaut mieux rentrer au plus tôt et venir leur demander pardon à genoux pour calmer cette affaire. Sinon, ils te feront vivre l'enfer. »

« Toute une vie à me mettre à genoux devant ces gens là ! Ils me prennent pour leur paillasson, Clyde. »

« C'est le prix à payer pour vivre avec Vicoire. Tu ne le savais pas en liant ta vie à la sienne mais cette union ne t'est en rien bénéfique, mon frère. J'aime bien Victoire mais de là, j'avoue que tu n'a rien gagné là dedans. Si au moins vous aviez un enfant ! »

« Un enfant d'elle ! Que le ciel m'en préserve ! Depuis que je suis arrivé ici, j'ai eu le temps de réfléchir à tout ça. Jamais je ne pourrais supporter cette dose d'humiliation devant mon enfant. »

« Que dis-tu là ? Tu ne penses pas que cela résoudrait pas mal de choses, Jalil ? »

« Non, merci. Cela ne ferait qu'empirer les choses. Je préfère passer une vie entière à me faire traiter d'incapable par papa 1 et papa 2, plutôt que de voir mon enfant se faire dire chaque jour que son père est un idiot ! »

« Je vois. J'aimerais te trouver une solution mais j'ai beau tourner cette histoire dans la tête, aucune solution ne me vient. Je suis dépassé rien que de penser qu'ils ont réussi à convaincre Victoire que leur démarche est légitime. Ils t'enfermeront dès que tu auras posé le pied au Gabon. »

« Je ne rentre pas au Gabon. Je vais au Sénégal après mon séjour ici. Ma collaboratrice m'y envoie à sa place pour un projet colossal qui pourrait rapporter gros à la boîte si je parviens à mener à bien les négociations. »

« Bien. Occupe-toi autant que possible. Pendant ce temps, je m'arrangerai chaque jour à travailler ta belle-mère au corps pour qu'elle décide enfin de lâcher l'affaire. »

« Que ferais-je sans toi, Clyde. »

« Je suis ton frangin, ne l'oublie pas. »

« Et comment va Merlie ? »

« Oh ! Elle va bien. Je l'ai rencontré aujourd'hui. En fait, je suis allé la voir pour discuter de toute cette affaire. Un officiel en charge des ressortissants britanniques s’occupent de son dossier. Ils ont mis des enquêteurs sur le dossier de la voiture. Ils lui sauveront la mise. Elle n'a pas à s’inquiéter. »

« Bien. Je suis content pour elle. »

« Jalil, tu as oublié de me dire que cette fille est devenue canon !  J'ai eu du mal à décoller mes yeux de son visage !!! »

« Je te signale que tu es marié et que tu attend un enfant, vieux ! »

« Mes yeux n'ont pu s'empêcher d'admirer la plastique de cette femme ! Le temps l'a bonifie comme du bon vin. Tu m'étonnes que Victoire ait vu rouge e n sa présence. Ah ça ! C'est le  ciel qui renvoie Marlène Azizet ici pour te montrer combien de fois tu as été bête il a 12 ans. »

« Frappe où ça fait mal, Clyde. »

« On se connaît, man ! Bien, je te laisse. Ma femme a besoin de mon attention. »

« Clyde ! Puis-je te demander un service ? »

« Tout ce que tu veux, mes ? »

« Je resterai 2 semaines au Sénégal. P eux-tu y faire monter Aïcha, s'il te plait ? J'ai besoin de compagnie. »

« Jalil ! Mais qu'est ce que cette fille t'a fait, ma parole !? Tu reviens toujours à elle ! »

« S'il te plaît, Clyde ! »

« Ok, ok ! Je m'en occupe dès demain. »

 

***Il est 22h dans les rues de Libreville...

 

« Madame Antoinette Nyama ! Montez. La patronne est à l'arrière ! »

Dès que le chauffeur de ce gros bolide 4x4 aux vitres tintées à l'arrière s'est arrêté devant moi, j'ai eu un frisson. Un heureux frisson car je n'étais pas tout à fait sûr que cette dame réponde à mon appel. Mais voilà qu'elle est au rendez-vous que je lui ai fixé. Il est 22h à cette station service des Charbonnages. Je me suis dépêché de sortir de chez moi pour être à l'heure parce que je sais que les gens riches ne supportent pas qu'on les fasse attendre. Surtout pas la dame d'un grand homme de la république, comme l'est Alice Ontouri Appindagoye, la mère de Victoire Ratanga. Je grimpe dans le véhicule. L'habitacle est impressionnant de beauté et offre un confort inégalable. Elle baisse la paire de lunettes et me dit :

« Bonsoir. »

« Bonsoir madame. »

« Tu peux m'appeler Alice. Je te rappelle que nous avons autrefois dîné sur les mêmes tables quand ton époux était encore en vie. Que deviens-tu, Antoinette ! »

Elle se souvient de mon nom alors que tous autant qu'ils sont, m'ont royalement snobé quand je suis tombée... Bref, elle-même sait que nous ne jouons plus dans la même cours. Il n'y a qu'à voir les pierres précieuses dont elle est parée. A côté, mes bijoux de pacotilles font pâle figure.

« J'ai réfléchis depuis que tu m'a appelé hier. Le deal est bon. J'y réponds favorablement.

« Je savais que je pouvais compter sur toi. Comme je te l'ai expliqué, je me suis dis que mon plan serait un moyen efficace pour régler les comptes à cette Marlène Azizet. Elle m'a dérangée autrefois comme elle dérange aujourd'hui le couple de ta fille. Alors, voilà ! Elle aura une bonne leçon. »

« J'aime les affaires qui roulent tranquillement. Il y a un chèque 25 millions dans ce sac. J'ai fait virer les autres 50 millions dans un compte cet après-midi vers l'Afrique du Sud pour garantir 3 années d'études, loyer payé, à tes fils Ruffin et Charly. J'ai appelé mon ami Oliak Ontala le PDG de la BGFI Bank. Il attend ta fille Merveille à 7h 45 demain matin pour lui faire signer un CDI d'assistante au service achats, pour un salaire mensuel de 1 million 150 mille francs net par mois. Qu'elle ne soit pas en retard. Quant à ton fil Gorges, j'ai fait glisser son nom dans la liste de la promotion de Gabonais envoyés par le ministère des mines, en formation à Paris pour deux ans, à l'Institut français du Pétrole. Départ prévu dans deux semaines. On l’appellera pour les formalités du visa. Il a son passeport, j'espère ? »

« Oh, il ira le faire dès demain même. Ce n'est qu'un détail. Vraiment, merci pour tout. Elle pensait vraiment qu'après toutes les humiliations qu'elle m'a fait vivre du vivant de mon mari, j'allais l'aider ! Elle peut aller au diable, cette  Marlène Azizet ! Elle n'aura pas une goutte du sang des enfants de Nyama ! »

« Bien ! Je suis contente de l'apprendre. Elle n'aurait pas dû revenir semer le trouble dans l'esprit de Jalil au point qu'il délaisse ma fille. », conclut madame  Alice Ontouri Appindagoye en me serrant la main.

Elle me remet mon enveloppe et commande à mon chauffeur de me déposer devant ma porte pour m'éviter de marcher. Je sais déjà ce que ferai de ces 25 millions. Je pourrai tranquillement finir les travaux du studio de deux chambres que je prévois de mettre en location. Dans la vie, la roue tourne. Il était temps que Marlène Azizet paie pour tout ce qu'elle m'a causé comme torts...

...CA VA SE SAVOIR