Chapitre 22
Ecrit par EdnaYamba
Chapitre
22 :
Isabelle
MOUKAMA
-
Il va certainement falloir que je vois
Antoine pour discuter de l’enfant, j’ai appris qu’il lui a acheté un téléphone,
je ne voulais pas qu’elle ait un téléphone pour l’instant ! dis-je à René
Il reste concentré sur la télévision comme si je ne
m’adressais pas à lui, zappant les chaines, à la recherche de je ne sais quel
programme.
-
Dans je ne veux pas que tu aies de contact
avec lui, quelle partie n’as –tu pas comprise Isabelle ?
-
Et on fait comment pour Grace dans ce
cas ?
-
Tu laisses tes frères s’en charger !
-
C’est ma fille ! c’est à moi de discuter
avec lui !
-
Dis plutôt que tu cherches un prétexte !
me dit-il en me toisant.
Un prétexte pour voir BOUMI, ça devient sa hantise.
À chaque fois qu’on évoque le sujet, il se braque.
Le voir m’a troublé oui, l’écouter encore plus.
Mais je sais bien que je suis mère désormais et que j’ai
des obligations envers ma nouvelle famille, mais ça René ne semble pas en être
convaincu.
-
Tu deviens parano Adié, dis-je en me levant.
Il est hors de question que je laisse tout ce qui
concerne ma fille entre les mains de mes frères parce que mon mari est jaloux
et a si peu confiance en moi. J’ai été troublée, par toutes les révélations
d’Antoine mais après, peut-on changer le passé ? Oui en l’écoutant, je me
suis senti frustrée qu’on n’ait pas eu l’opportunité de vivre notre amour. Ça été un moment difficile à vivre, surtout
que je me rendais compte qu’il était une victime lui aussi, et que toutes les
promesses qu’il m’avait faites, il ne les avait pas respectées parce qu’il
n’était plus maitre de lui. J’ai éprouvé de l’amertume, de la compassion et un
sentiment qui renaissait de ses cendres parce qu’à ce moment je me rendais
compte que j’aurais voulu que cette histoire s’écrive autrement, j’aurais voulu
que ça soit notre rêve qui se réalise, j’aurais voulu celle qu’il promène
fièrement à son bras, je me suis dit
s’il n’y avait pas eu Mélanie je serais certainement sa femme aujourd’hui…mais
avec des si on pourrait refaire le monde. Et puis je sais faire la part des choses, Le
mal est fait. Ça fait mal tout ça de
savoir qu’une femme nous a manipuler comme des marionnettes mais après, elle
n’est pas la seule responsable, si ce village n’avait pas jeté l’opprobre sur
nous, nous aurions vécu notre amour sans embuches. Mélanie n’est pas la seule
coupable ; la société l’est aussi. la famille BOUMI aussi, mais je ne veux
pas vivre de rancune, j’imagine que voir leur fils comme il est maintenant
suffit à leur montrer que le véritable sorcier n’est pas toujours celui qu’on
pointe du doigt. Ils ont rejeté les maudits des années passés, les voilà venus, supplier pour reconnaitre un enfant né
d’une branche maudite. Ironie de la vie.
Je veux voir comment la mère de BOUMI regarde celle qui
est sa petite-fille aujourd’hui.
Elle vivra le reste de sa vie avec la culpabilité d’avoir
manqué les premières années de sa fille, parce qu’ils étaient trop orgueilleux,
trop fiers pour accepter que leur fils BOUMI ait eu une aventure avec moi.
Je troque mon caba pour une tenue plus confortable avant
de me rendre au restaurant où je trouve Lydie. Au moins, elle est là
aujourd’hui et la caisse n’a pas l’air d’avoir souffert, parce que ses derniers
temps, entre ces absences et l’argent qu’elle retire tout le temps avec ses
prétextes qui me semblent tous controuvés au fur et à mesure qu’elle les donne.
Je ne sais plus où donner la tête.
Voilà la difficulté de faire des affaires avec les amis.
Antoine
BOUMI
Comment reconstruire 17 ans de sa vie ?
C’est la grande question que je me pose désormais.
Si avant tout était tracé, je savais exactement ce que je
voulais, maintenant le doute plane. Peut-être parce que j’ai perdu une partie
de mes rêves avec le temps écoulé.
Dieu merci, de ce tas de ruines qu’est ma vie
aujourd’hui, une chose me donne la volonté de rendre l’avenir agréable.
Ma fille.
Passer du temps avec elle me rend heureux, j’en arrive à
faire fi de l’amertume que je ressens en sachant Isabelle mariée et mère.
Je n’ai même pas pu m’expliquer avec elle après mes
retrouvailles avec Gracie, elle a disparu et je ne l’ai plus vu ensuite.
J’avais besoin de la voir. Juste elle et moi.
Mon bonheur n’est pas complet. Et il ne le sera peut-être
jamais plus, parce qu’à part ma fille, ma mère et ma sœur, je ne pourrais plus
faire confiance à une femme.
-
Papa je suis là ! me dit la voix
doucereuse de ma fille au téléphone.
Ce mot papa, suffit à égayer la pire de mes journées, à
me faire oublier que je sors d’un calvaire
Je ramasse mon trousseau de clés, heureux de la
retrouver.
C’est avec fierté que je dis à tout le monde sur notre
passage que c’est ma fille, et quand je vois des hommes la regarder, je me sens
investit d’une mission, celle de la protéger.
C’est donc ça le sentiment « être père ». Vouloir protéger son enfant contre tous les
dangers de ce monde.
C’est sur la large terrasse à l’abri du soleil de
Pellisson, boulangerie pâtisserie située au centre-ville, à quelques mètres de
mon bureau que nous nous installons, pour discuter.
Je l’écoute me parler de ses études, j’apprécie comment
elle prend avec sérieux ses études, son envie d’obtenir un doctorat en
économie. La connaitre chaque jour un peu plus est un plaisir. On ne peut pas
rattraper le temps passé mais on peut construire notre présent
Je sais déjà que je l’enverrais poursuivre ses études
ailleurs qu’ici, j’ai assez de moyens et je n’ai qu’un enfant, si je n’ai pas
pu la gâter avant, autant le faire maintenant. j’ai tellement de projets pour
elle, lui donner tout ce qu’elle n’a pas pu obtenir de son père.
-
Ça te dirait d’aller à l’étranger après le
bac ? lui proposé-je
-
Oh mais bien sûr papa ! me dit-elle
toute excitée, surtout en France comme ça je rejoindrais Sandra, Loïc et
Jonathan
-
C’est qui Loïc et Jonathan ? demandé-je
en fronçant les sourcils, jaloux.
-
Les frères de Sandra, sourit-elle
-
Et c’est qui Sandra ?
-
Ce sont mes amis, ce sont les petits-fils de
dame Gisèle, la femme chez qui maman faisait le ménage quand j’étais enfant.
-
Elle va bien ta mère ? dis-je avec une
pointe de tristesse.
-
Oui, me répond-t-elle le regard attendri.
-
Et ton beau-père, il est gentil ?
-
Oui, me dit-elle sans plus
Je n’insiste pas non plus
Il vaut mieux que je n’y pense pas au lieu d’être là
comme un charognard à guetter le moindre détail qui pourrait signifier que ce
couple traverse des difficultés.
-
Papa, je peux nous prendre en selfie ?
me demande-t-elle
-
Mais bien sûr, souris-je, après tu le mettras
aussi en profil sur mon téléphone.
Elle fait sortir son téléphone I phone que je lui ai
offert pour pouvoir être tout le temps en contact avec elle. Ça m’a couté une
fortune mais bon je veux la gâter.
-
Tiens, mais c’est BOUMI ! dit une voix
derrière moi
Je me retourne et je vois Gnomba, la cousine d’Isabelle.
Elle dévisage Grace.
-
A la ressemblance tu dois te rendre compte
que c’est ma fille, lui dis-je alors qu’elle ne détache pas ses yeux de
l’enfant
-
Je vois ça ! tu sais au moins que
désormais la malédiction plane sur toi n’est-ce pas ?
Saisi d’un fou rire, elle nous quitte.
Quelle idiote celle-là ! Elle a beau porté de beaux
habits, se promener en ville, elle toujours aussi simple d’esprit.
-
Ce sont des bêtises! dis-je à Grace, on y
va !
C’est chez son oncle Richard que je la dépose avant de
prendre la route pour la maison de ma sœur, où je loge en attendant que les
recherches pour ma nouvelle maison
aboutissent
-
Le père de Mélanie a appelé ton
oncle ! m’annonce ma mère dès que j’arrive
-
Pour lui dire quoi ?
-
Que de la même manière que tu avais épousé
leur fille, tu dois venir leur dire que tu ne veux plus de ce mariage !
-
Ils pensent vraiment qu’ils sont en droit
d’exiger quoi que ce soit, m’énervé-je, et sa fille quand est-ce elle me rend
les 17 ans volés de ma vie ?
-
Calme-toi, c’est la tradition, nous irons
leur dire que tu ne veux plus !
-
Allez-y sans moi, parce que moi en face de
cette femme, je suis capable de commettre un crime.
Mélanie
BOMO
Ça fait plusieurs jours que l’idée trotte dans ma tête,
il ne me reste qu’à bien ficeler le plan et trouver quelqu’un pour l’exécuter.
Ils apprendront à leurs dépend que moi Mélanie BOMO, on
ne se moque pas de moi.
Ses papiers de divorce, jamais je ne les signerais. Il
peut toujours courir, si ma mère ou mon père n’a pas pu me faire changer d’avis,
ce n’est pas lui que je vais écouter. Il m’aura comme une ombre dont il sera
incapable de se débarrasser. Il ose dire à son avocat de me dire qu’il me
conseille d’accepter un divorce à l’amiable.
Je suis son épouse pour le meilleur et pour le pire
jusqu’à ce que la mort nous sépare. Et si la vie refuse de nous réunir, eh bien
que la mort se charge de nous séparer c’est aussi simple que ça.
-
Tu les as vu où ? demandé-je à Gnomba
-
À l’instant même gué, faut voir comment il
m’a dit ça fièrement hein ! c’est ma fille, Tchipps !!
Je n’entends plus que ça de la bouche de ceux qui nous
connaissent :
« Mélanie, on ne savait pas que ton mari avait un
aussi grand enfant »
J’ai juste envie de leur répondre parce que c’est toute
notre vie qu’on doit vous livrer n’est-ce pas ?
Mais je me retiens en faisant des sourires forcés.
Déjà, on ne parle plus que de cette affaire dans le
département, maman est rentrée toute remontée la dernière fois de sa dernière
reunion à l’association des femmes du département, tout le monde ne parlait que
de ça.
BOUMI qui a eu un enfant avec MOUKAMA.
BOUMI
qui quitte la fille BOMO pour une MOUKAMA.
Que
je l’aurais trompée, qu’il m’aurait trompé, que je l’aurais fétichée. Autant de
versions qu’entre eux-mêmes se perdent à trouver la vérité.
Les plus audacieuses se sont risquées à demander à maman
ce qu’il en était réellement.
Elle m’a appelée pleine de colère pour me réprimander une
fois de plus sur ce que j’ai fait qui les expose tous, je lui ai dit que les
gens spéculent et tant que personne ne personne ne confirmera rien, ils ne
suront rien mais elle a continué à parler que fatigué, j’ai laissé le combiné
ouvert et je me suis allongée tandis qu’elle parlait seule. Quand elle s’est
fatiguée, elle a coupé. Elle-même l’appel.
Mais dans toutes ces spéculations, une chose m’intrigue,
BOUMI compte-t-il vraiment retourner avec Isabelle ?
C’est pourquoi il me presse peut-être pour le divorce ?
-
Tu m’as dit que tu connais où se situe son
restaurant n’est-ce ppas ? demandé-je à ma cousine
-
Oui, je peux t’y amené, me dit-elle excitée.
-
Allons-y !
Quand on sort du bureau, je vois les employés s’écarter
rapidement de mon chemin, avec des soupirs d’apaisement alors qu’ils me voient
me diriger vers la sortie.
Ce matin déjà quand j’arrivais, j’entendais :
« La dragonne est arrivée »
« La dragonne » , il est vrai que toute cette
semaine, ma mauvaise humeur je l’ai faite passer sur eux, deux employés ont
même été congédiés, mais voilà, la vie est ainsi faite, il y en a qui paient
pour les fautes des autres, en attendant que ma colère n’atteigne sa cible
véritable j’ai cité BOUMI et Isabelle, ils n’auront qu’à bien se tenir de peur
d’être consumés par mes crachats de feu.
En attendant il faut que je vois Isabelle MOUKAMA, si
elle croit qu’elle a gagné la partie, c’est mal me connaitre. Nous arrivons ce
qui semble être son restaurant.
-
J’aimerais voir Isabelle MOUKAMA, dis-je à la
jeune serveuse que je vois au bar.
-
D’accord.
Quelques minutes plus tard Isabelle sort du long couloir.
Je dois avouer que je ne m’attendais pas à voir une aussi
belle femme, elle n’a rien à voir avec la Isabelle insignifiante du village,
mais on a beau sortir un porc de sa porcherie il n’en demeure pas moins un porc.
-
Bonjour Isabelle, je suppose que tu te
souviens de moi, je suis Mélanie BOUMI, la femme d’Antoine, je suis venue te
donner un avertissement éloignez-vous de mon mari !