CHAPITRE 22 : LES POUDRES
Ecrit par Benedictaaurellia
C’est le cœur léger que je raccroche avec elle.
Comme toujours, discuter avec elle m’apaise. Je suis
tenté de me recoucher. Je regarde ma montre. Il n’est que 5h.
Cependant, je n’ai pas sommeil. Mon cerveau aussi
tourne déjà à plein régime. Il veut travailler. Je ne pourrai pas dormir dans
ces conditions. Que faire alors ?
Une voix intérieure me souffle de prier.
Prier ??
Hier ça me semblait facile avec la lecture du
psaume. Mais ce matin, je n’arrive pas à trouver les mots.
Je me rappelle Ruth me disant que la prière, c’est
un dialogue avec Dieu. Il suffit de lui parler comme on parlerait à un ami, à
un père. Pas seulement lui parler mais, prendre aussi du temps pour l’écouter
parce qu’Il nous instruit. Mais, bien souvent, nous ne savons pas ou nous ne
voulons pas l’écouter.
Je prends une profonde inspiration, me mets à genoux
et me lance.
« Mon Dieu, je te remercie pour cette journée
que tu me donnes. Merci parce que tu me donnes encore de vivre pendant cette
journée.
Je sais que ça fait longtemps que j’ai cherché à me
mettre en ta présence, à rechercher ta face. Pardonne-moi mon Dieu pour cet
égarement.
Pardonne-moi pour tous mes péchés. Je sais Seigneur
que je ne suis pas digne de toi parce que tu es Saint et moi je ne suis qu’un
pauvre pécheur. Mais je sais aussi que tu pardonnes à tout ce qui se tournent
vers toi et implorent ta miséricorde.
Mon Dieu, tu sais tout ce qui m’arrive actuellement
avec ces rêves que je ne comprends pas.
Toi je le sais, tu les comprends. Aides moi à
comprendre. Aides moi à discerner ta volonté et à l’accomplir.
Merci Seigneur.
Je remets entre tes mains ma famille, mes amis. Je
te prie pour tous ceux qui ont besoin de ton assistance. Viens leur en aide je
t’en prie.
Je me remets aussi entre tes mains. Protège-nous
tous, béni nous.
Amen. »
Je prends ensuite quelques minutes de silence pour
l’écouter avant de me lever.
Comme hier, après ma prière, je me sens tout à fait
zen.
Même en repensant aux rêves, je ne suis plus
inquiet.
Une fois ma prière achevée, je ressens une forte
envie de sortir faire du footing. C’est vrai que j’ai l’habitude de courir.
Mais, aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi mais je sens que ce sera différent.
En quoi, je ne sais pas encore.
Je me mets en tenue de sport avec mes écouteurs dans
les oreilles. J’aime bien écouter de la musique quand je cours. Ça m’aide à
garder le rythme. Je commence par faire des étirements et m’échauffe un peu
avant de sortir de la chambre.
Je descends lentement les escaliers et je vois, de
loin, de la lumière dans la cuisine en passant devant le salon. Je m’y arrête
car je suis surpris qu’il y ait quelqu’un à cette heure.
Je suis choqué par ce que je vois alors.
Comment interpréter ce que j’ai vu ? Ais-je
halluciné ?
Bien sûr que non. Je n’ai jamais fait
d’hallucinations et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer.
Je rebrousse lentement chemin et sors courir comme
prévu.
Je suis vraiment troublé. Courir ne m’apaise pas. La
musique non plus.
Outre ce que je viens de voir, un autre fait étrange
me saute à l’esprit. Sur le coup, je n’y ai pas prêté attention mais là, ça me revient.
Cette même bague que portais la silhouette dans mon
rêve je viens de la revoir. Certaines pièces du puzzle commencent à s’emboiter
dans ma tête.
Comment ai-je pu être aussi aveugle pendant tout ce
temps ?
Ma mère ? Ma propre mère ?
Mais pourquoi ?
Pourquoi me voudrait-elle du mal ?
Je ne suis pas un grand interprétateur de rêves mais
là, ça me semble plutôt clair.
La bague que j’ai reconnue à la main de la
silhouette de mon rêve, c’est une des bagues que porte ma mère. Voilà pourquoi
elle me semblait familière. Si je me fie à mon rêve, je déduis que la
silhouette qui sanglotait, c’est ma mère. Puisqu’elles portent la même bague et
donc, elle me voudrait du mal. D’un côté, ça me semble illogique. Ma mère ne
peut pas vouloir mon malheur. D’ailleurs, elle ne doit sûrement pas être la
seule au monde à avoir cette bague. Quelle mère voudrait le malheur de son
enfant ? mais, quelque chose me dit que cette dernière hypothèse n’est pas
la bonne.
D’un autre côté, ça me parait logique si je suis les
allusions qu’Ainara avait faites hier. En plus, ce que je viens de voir
confirme cette dernière hypothèse.
Sinon, pourquoi voudrait-elle m’empoisonner ?
Et oui, c’est-elle que j’ai vu dans la cuisine. Elle
était en train de mettre une poudre dans ma carafe d’eau.
Je m’en veux d’avoir mal parlé à Ainara hier. Elle
ne faisait que dire la vérité à propos de ma mère. Cette dernière, elle n’est
pas nette. Sinon, pourquoi mettrait-elle une poudre dans mon eau ? Cette
carafe, je suis le seul à boire avec. Dès mon arrivée elle me l’avait dit.
Prétextant le fait qu’elle contenait de l’eau minérale. Donc pendant tout ce
temps, elle m’empoisonnait à petit feu ? Dans quel but ? Je repense à
toutes les fois où j’ai bu l’eau de cette carafe. Je ne pourrai même pas en compter
le nombre. Ces derniers temps même si j’évitais de manger à la maison, j’y
buvais quand même de l’eau, les rares fois où je passais. Je comprends l’insistance d’Ainara quand elle
m’a recommandé de ne ni boire ni manger à la maison. Ce qui me ramène encore à
une question.
Comment sait-elle tout ça sur moi ? Elle a
l’air de tout connaitre de moi alors que moi je la connais à peine. C’est quand
même frustrant.
J’espère vraiment qu’après la fameuse discussion
toutes mes zones d’ombres seront éclaircies.
Je finis mon jogging en ayant les idées plus
claires. Je rentre à la maison. Encore une fois, je fais un tour à la cuisine.
Je marche à pas feutrés pour ne pas qu’on remarque ma présence.
Cette fois ci, ma mère n’est plus à la cuisine.
C’est plutôt la Sophie qui y est. Comme ma mère tout à l’heure, je la vois
verser elle aussi une poudre dans le café que je suis sensé boire. Café que je
suis aussi le seul à prendre.
Miséricorde. Les deux-là ce sont données le mot pour
m’empoisonner ou quoi ?
Elles doivent être certainement dans les mêmes
délires pour vouloir tous les deux me faire ingurgiter des trucs.
J’avais vraiment raison de me méfier d’elle depuis
le début.
Après avoir vu tout ça, je donne raison à Ainara.
Merci à elle de m’avoir presque forcé à venir ici. Sans cela, je n’aurai su
rien de tout ça. Elle s’y attendait ou quoi ?
Les amis, aidez-moi s’il-vous plait.