Chapitre 23

Ecrit par Auby88

"L'amour est l'utopie de deux égoïstes solitaires qui veulent s'entraider pour rendre leur condamnation supportable. (Frédéric Beigbeder )"


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Eliad MONTEIRO

Cela fait près de 10 minutes que je suis devant la chambre de ma fille. Plus de 500 secondes que j'hésite à entrer. Hier, je n'ai pas eu le courage de franchir le seuil de sa porte. Parce que j'étais trop bouleversé, trop déçu, trop en colère pour donner des réponses aux questions qu'elle me poserait. Je suis donc resté là — comme maintenant — devant sa porte à entendre ses pleurs qui parvenaient à mes oreilles et meurtrissaient davantage mon âme.  


Aujourd'hui, je ne veux plus être lâche. Je ne veux plus redevenir le père distant d'avant. Je ne veux plus la laisser seule et désorientée. NON ! PLUS JAMAIS !  

J'inspire profondément puis pousse la porte. Elle est là, couchée sur son lit.

Je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil rapide vers l'autre lit resté vide.


- Milena, ma chérie ! débuté-je en m'asseyant près d'elle.

Elle ne réagit pas.

- Milena, c'est papa ! continué-je.

Toujours rien. Je pose sur elle une main qu'elle retire aussitôt.

- Milena, ne me rejette pas ainsi. Ta nounou ne pouvait plus rester ici.

- Pourquoi, papa ? Pourquoi ? demande-t-elle en se relevant.


Je découvre ses yeux tout rouges à force d'avoir pleuré.

- Je passerai des heures à te l'expliquer que tu ne le comprendrais pas, ma puce.

- Essaie quand même, papa !

- N'insiste pas, ma fille.

- S'il te plaît, papa !

- Tout ce que tu dois savoir, c'est que ton père a fait ce qui était le mieux pour toi !


Elle secoue la tête.

- C'est faux, papa ! Le mieux pour moi, c'est d'avoir Tata Nadia près de moi. C'est la personne la plus gentille au monde.

- Elle n'est pas ce que tu crois ! Elle n'est pas une bonne personne ! m'offusqué-je devant ma fille qui a trop d'admiration pour cette femme qui ne le mérite même pas.

- Tu mens, papa ! Tu mens !

- Non, je dis la vérité !

Elle porte ses mains à ses oreilles pour ne pas m'écouter, mais je continue.

- Tu dois rester bien loin d'elle. Bien loin !

- Non ! Je refuse de croire que tata Nadia est une mauvaise personne. Elle ne m'a jamais fait de mal. Elle a toujours été gentille avec toi. Alors, comment tu peux parler ainsi d'elle ? Ne m'as-tu pas toujours dit qu'on doit être reconnaissant envers ceux qui nous font du bien ?

- Milena ! Tu ne me feras pas changer d'avis. Ta nounou est partie et elle ne remettra plus jamais les pieds dans cette maison !

- Moi je veux qu'elle revienne, papa ! Elle…

- Tu n'as pas besoin d'elle ! coupé-je. Je suis là, moi.

- Mais tu n'es pas Elle !

- Milena !

Elle se lève et tente de quitter la chambre. Je me lève précipitamment et réussis à la rattraper.

- Laisse-moi ! Laisse-moi, papa ! Tu es méchant !

Elle tente de m'échapper. Je resserre ma prise.

- Cesse de gigoter ainsi, ma fille !

- Lâche-moi !

- Non ! insisté-je.

Je parviens à la soulever de terre. Elle se débat encore un peu puis se tranquillise. Sa tête vient reposer contre mon épaule.

- Elle me manque beaucoup, papa !

J'inspire profondément.

- Je suis là pour toi, mon cœur. Et je serai toujours là pour toi. A deux, nous nous en sortirons. Je te le promets.


Elle ne dit mot. Mais la savoir plus calme me rassure. Avec ma fille dans les bras, je quitte la pièce pour ma chambre. Cette nuit, elle dormira près de moi.



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Des jours plus tard


Eliad MONTEIRO


Cela fait plus d'une semaine que PAGE a quitté ma vie. Je devrais me sentir soulagé de m'être débarrassé de cette prostituée, mais ce n'est pas le cas. J'ai comme un poids qui me comprime la poitrine et m'empêche de respirer.

Je ne veux pas l'admettre, mais… PAGE me manque. Son odeur, ses lèvres, son sourire, son jargon de rue et tous ces petits détails qui m'ont attiré chez elle. Et ce manque est beaucoup plus accentué quand je me retrouve dans ce salon souterrain où nous…


Qu'est-ce qui t'arrive, Eliad ? Ressaisis-toi, voyons. Cette femme, c'est une pute ! Une pute ! Rien de plus. Comment peux tu salir la mémoire de ton épouse en pensant à une dévergondée pareille ?


Je suis encore plongé dans mes pensées quand on frappe à la porte. C'est la gouvernante.


- Entrez ! dis-je sans grand entrain. Qu'est ce que vous voulez ?

- On vous a livré ce paquet cet après-midi.

- Faites-moi voir. C'est de la part de qui ?

- Le nom de l'expéditeur n'est pas mentionné.


Intrigué, je m'empresse de prendre le paquet et de le défaire. Pour y découvrir quoi ? Les deux recueils de poèmes que j'avais offerts à PAGE. Comment a-t-elle osé me les renvoyer ? Fou de rage, je lance les ouvrages contre le mur.


 - Madame Jeanne, Emmenez tout ça  loin de ma vue ! Dépêchez-vous !


Mes yeux pleins de colère font face à une madame Jeanne apeurée. Elle s'exécute, puis disparaît aussi vite qu'elle le peut. J'attends qu'elle sorte pour fermer la porte à clé.


Je desserre ma cravate, ôte mes lunettes optiques, puis inspire à plusieurs reprises. Je me lève et m'approche de mon mini-bar. Boire en cet instant devrait m'aider à me détendre. Finalement non, car l'alcool ne résoud rien. En plus, je me lèverai le lendemain avec une gueule de bois et juste le fait d'y penser m'en dissuade.


Je délaisse donc le mini-bar et vais m'asseoir dans le canapé. Vers le sol, je baisse la tête.


A nouveau, on cogne contre la porte.

- Je ne veux pas être dérangé, crié-je.

- Eliad, c'est moi.


J'hésite un peu mais finis par me lever.

A la personne devant moi, je lance un faible "Bonsoir, Maëlly" puis repars en direction du canapé. Elle vient prendre place près de moi.


- Toi, tu ne vas pas bien. Tu penses encore à cette… ?

- Ne me parle pas d'elle, si tu comptes rester près de moi !

- Oh ! Tu n'as pas à te contrarier pour si peu. Je demandais simplement, c'est tout.

- Tu veux boire quelque chose ?

- Non. Merci.



Actuellement, nous parlons de divers sujets. Nous ? Non. Plutôt elle. Elle parle sans interruption. Et moi, je lui réponds à peine. Parce que mon esprit est ailleurs, occupé par PAGE que je veux par tous les moyens expulser de là...


Alors, je… vole un baiser à Maëlly. Elle est à la fois étonnée et enthousiaste.

- Enfin ! prononce-t-elle en me souriant largement.

A nouveau, je m'empare de ses lèvres. Une, deux fois puis tout se précipite...


Nous sommes à même le sol, nus. Mais je l'avoue, il n'y a que mon corps qui soit contre Maëlly, parce que mon esprit têtu se refuse d'être avec elle. Je suis avec Maëlly, et pourtant dans ma tête, je m'imagine être avec… PAGE.


 - Eliad, mon amour ! J'ai tellement attendu ce moment, me murmure la femme sous moi tandis que mes mains caressent son corps.


Qui est-elle ? PAGE ou Maëlly ? Je ne sais même plus. Je sais juste que ma libido trop réfrénée a besoin d'être satisfaite...


- Où vas-tu, Eliad ?

J'entends la voix de la femme et réalise que c'est Maëlly. Je la fixe longuement, en me demandant si je dois mettre un terme à cette mascarade ou pas.

- Quelque chose ne va pas ?

- Tout va bien, Maëlly. Donne-moi quelques secondes, que j'enfile un préservatif.

- Ce n'est pas la peine, Eliad ! objecte-t-elle en touchant mon bras.

- Tu pourrais tomber enceinte !

- Et alors ? Un bébé de toi ne serait qu'une bénédiction pour moi !


J'évite de lui lancer un "Cela ne fait pas partie de mes projets. Ni actuels, Ni futurs. Point final !". Je me lève juste et m'empare d'un des préservatifs que j'ai achetés, il y a pas longtemps pour…


Putain ! Pourquoi tout me ramène chaque fois vers PAGE ?

Je regarde Maëlly souriante, hésite un peu mais finis par revenir près d'elle en m'efforçant de sourire.

- Sois doux avec moi, Eliad.  

- Ne t'inquiète surtout pas. Je suis pleinement conscient que ça va être ta première fois. Mais on peut tout arrêter si tu le désires.


Sa réponse, je la connais déjà. Pour rien au monde, Maëlly ne repoussera ce moment. C'est tout à mon avantage.


- Non, Eliad. Je veux être tienne ce soir.

- Alors, détends-toi ! suggéré-je en plongeant mes yeux dans les siens.

- D'accord.


Je m'insinue en elle progressivement, en restant à son écoute, lui chuchotant des mots à l'oreille.

- Ça va ?

- Oui, dit-elle même si je sens qu'elle a mal.

- La douleur passera tout à l'heure et tu pourras ressentir du plaisir.

- Je sais. De toutes façons, je me réjouis déjà de te savoir en moi, Eliad.

- Tu m'aimes si tant que cela ?

- OUI, Eliad ! Tu n'as même pas idée de la grandeur de mon amour pour toi.

 Ses doigts fins se promènent dans mes cheveux.


Je l'écoute sans dire mot.

- J'ai toujours su que tu serais à moi. A moi, Eliad !

Je souris simplement en la fixant...


Bon sang ! Je repense à PAGE et mon esprit se trouble. Je perds à nouveau toute notion de la réalité. Je pense être là avec PAGE. Mon rythme s'intensifie. Je passe du lent au rapide puis au violent. Je l'entends crier "Eliad, tu me fais mal !". Alors mes coups deviennent plus violents. J'ai besoin de faire du mal à PAGE ! Elle le mérite pour m'avoir trompé... Elle le mérite, la catin !


Je reprends conscience de la réalité quand des ongles se plantent dans ma chair. La douleur est si forte qu'elle me fait crier et rouvrir les yeux.

- Maëlly ! m'étonné-je en me retirant aussitôt d'elle, découvrant tout le sang entre ses jambes.


Elle me pousse sur le côté et se relève en sanglotant.

- Tu es une brute ! Une brute, Eliad ! Je te déteste. Pourquoi m'as-tu fait autant mal ? Pourquoi ?

 

Je suis encore horrifié par ce que je viens de faire.


- Pardonne-moi, Maëlly ! Je n'avais pas l'intention de te faire du mal. Je ne sais pas ce qui m'a pris.

- Moi, je le sais. Tu m'as confondue avec cette traînée. Avoue-le ! Oui, avoue que cette pute hante encore ton esprit !

- Maëlly, ce n'est pas ça !

Elle porte ses vêtements à la hâte.

- Maëlly, ne pars pas. Il faut qu'on discute.

Elle ne répond pas. Elle quitte précipitamment la pièce. J'essaie de la suivre, mais je me ravise en me rappelant que je suis entièrement nu.


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Maëlly FREITAS


Tout en conduisant, je repense à ce qui s'est passé. Je me sens mal. Vraiment mal. Autant physiquement  que moralement. Un moment tant attendu qui s'est mal terminé.

Je maudis cette garce. Où qu'elle soit, je la maudis parce qu'elle continue de s'interposer entre Eliad et moi.


Je descends de la voiture. Je continue de tituber un peu à cause de la douleur entre mes jambes. J'espère ne pas tomber sur mes parents. Heureusement, ils dorment déjà.


Une fois dans ma chambre, je cours me réfugier dans ma baignoire balnéo.

"Aïe" ! fais-je au premier contact de l'eau légèrement chaude avec mon intimité.

Progressivement, la douleur diminue. Je me sens beaucoup mieux. Je mets de la musique, ferme les yeux et m'efforce de penser à autre chose qu'à ce moment pénible...


Quand je les rouvre, il est devant moi.

- Eliad ! Que fais-tu ici ? Comment es-tu entré ?

- Tu as laissé ta porte ouverte.

- Il vaut mieux que tu t'en ailles. Mes parents…

- Ils dorment déjà.

- Peut-être mais…

- Maëlly ! Je suis vraiment désolé.

- Je t'ai supplié tant et tant de fois d'arrêter. Tu sais comment on qualifie ce que tu m'as fait ? C'est un viol, Eliad. Parce que tu ne m'as écoutée. Parce que tu ne t'es pas arrêté quand je te l'ai demandé. Tu as continué encore et encore. Je te déteste, Eliad MONTEIRO pour m'avoir traitée ainsi !

- Maëlly, s'il te plaît. Ne me colle une étiquette de violeur. Je n'en suis pas un. Regarde mes yeux et tu verras combien je suis désolé. Crois-moi quand je te dis que je n'avais nullement l'intention de te faire du mal. Je suis sincère.


Ses yeux semblent vrais.

- J'ai compris.

Je me lève de la baignoire et enfile mon peignoir. Eliad me regarde faire.

- J'espère que tu as moins mal.

- Oui, c'est moins douloureux. L'eau tiède m'a fait du bien. Et une bonne nuit de sommeil en plus devrait m'aider à me sentir beaucoup mieux demain matin. Alors, rassure-toi. Maëlly va bien... Ne le prends pas mal, mais j'ai besoin d'être seule.

- Maëlly !

- J'ai sommeil !

- D'accord, je te laisse donc.

Il fait deux pas en avant puis reviens vers moi.

- Je voudrais pouvoir te faire oublier ce qui s'est passé. Donne-moi une autre occasion de te faire l'amour et tu ne seras pas déçue.

- Ce n'est pas la peine, Eliad.

 

En réalité, j'ai grandement envie de lui dire "OUI. Cependant, je continue de jouer à la femme profondément blessée.

Il se rapproche de moi.

- Si Maëlly, c'est important pour moi. Et ça t'aidera à te sentir beaucoup mieux ! Je te l'assure.

- Je ne me sens pas prête à revivre cette expérience désastreuse.

- Ce sera différent, je te le promets.

- Non, je ne suis pas intéressée.

- Vraiment ?

- Oui, Eliad ! affirmé-je en essayant d'être la plus convaincante possible.


Près de moi, sur le lit, il vient s'asseoir. Il tente de prendre ma main, mais je l'évite. Il baisse la tête, puis poursuis.

- Je m'en veux énormément, Maëlly. Tu avais raison. C'est bien à la nounou que je pensais en étant avec toi.


J'avale une grande gorgée d'air avant de continuer.

- Tu l'aimes, n'est-ce pas ?


Il secoue aussitôt la tête. Intérieurement, je souris.

- Non. Je suis juste attiré par elle. Celle que j'aime, c'est ma Camila.

- Oui, j'imagine ! réponds-je en détournant la tête. Moi, je suis ton "bouche-trou" en quelque sorte.

- Ne dis pas cela, Maëlly. Tu sais bien que je ne t'ai jamais vue ainsi. Tu sais bien que tu comptes beaucoup pour moi.

- Oui, en tant que soeurette ou amie. N'est-ce pas ?


Il ne me répond pas. Sa tête se penche à nouveau vers le bas. Il la laisse ainsi quelques secondes avant de la relever. Ses yeux semblent si tristes.


- Maëlly, je ne veux plus être seul. Je veux partager ma vie avec une femme. Et tu m'as prouvé durant toutes ces années que tu es la seule qui tient le plus à moi, la seule qui m'aime inconditionnellement, qui a toujours été franche avec moi et qui saura me rendre heureux.

- Mais tu ne m'aimes pas.

- Je veux l'apprendre.

 - Comme si cela était aussi facile !

- Je me répète : Je le veux vraiment. Avec ton aide, ce sera plus simple.


Je détourne la tête et souris en cachette.

- Je n'ai pas envie d'être déçue à nouveau, enchaîné-je en me levant.


Il se met également debout et me retourne vers lui.

- Donne-nous une chance, Maëlly !D'accord ?

- Eh bien, je…

Ses lèvres qui viennent de se coller contre les miennes m'empêchent de parler.

- Oui ! dis-je avec le sourire aux lèvres. A son cou, je mets mes bras.

Enfin, Eliad est avec moi !


Il finit par se décoller de moi.

- Il faut que j'y aille, Maëlly. Demain, j'aurai une journée très chargée. Mais j'avoue que j'aurais préféré rester.

- Alors attends encore un peu.

- Non, c'est bien trop tentant. Hors, il est préférable qu'on attende un peu avant d'entreprendre des jeux sous la couette. Autrement, tu risques d'avoir encore mal.

Je hoche la tête.

- En plus, je ne voudrais pas que ton père me trouve chez toi, à pareille heure !


Je souris grandement.

- Alors, bonne nuit Maëlly.

- Bonne nuit, Eliad. Je t'aime tellement !

Il m'attire contre lui et me serre dans ses bras. Pour quelques secondes. Puis il s'en va. J'attends qu'il sorte de la chambre pour sautiller dans tous les sens. Tout se passe à merveille dans ma vie. A merveille !



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Maëlly FREITAS

Je suis blottie contre mon homme dans la chambre d'un luxueux hôtel. Je n'ai pas attendu longtemps avant de lui dire que j'étais prête à recommencer. Et j'ai bien fait. Mon corps peut témoigner de tout ce qu'il a ressenti tout à l'heure. De l'extase sans pareille !


- A présent, suis-je pardonné ?

- Si tu continues ainsi, je verrai.

Il éclate de rire.

- Sois sérieuse, Maëlly.

- Je le suis.  

- Vraiment ?

- Oui.

Il me chatouille dans le dos.

- Arrête, Eliad !

- Pas tant que tu ne m'auras pas dit que je suis entièrement pardonné.

- C'est du chantage !

- Je t'écoute, Maëlly.

- Eh bien, je…

- Tu veux que je t'aide à accélérer tes mots ? renchérit-il en approchant à nouveau ses doigts.

- Non ! Tu es entièrement pardonné.

- Voilà ! C'est mieux ainsi, reprend-t-il en passant ses doigts dans mes cheveux désordonnés.

- Eux, ils ont besoin d'être dressés.


Je pouffe de rire et lui aussi.

- Je suis heureuse, Eliad !

- Je le sais.

- Par contre, je le serai davantage s'il n'y avait aucune barrière entre nous, à chaque fois qu'on fait l'amour.


Il quitte le lit précipitamment et remet ses vêtements.

- Eliad !

- Je te le répète, Maëlly ! Tu pourrais tomber enceinte !

- Je te rappelle que cela ne me gênerait pas.

- Je ne veux plus d'enfant ! tonne-t-il en ma direction.


Je suis si étonnée par ce que je viens d'entendre que je reste bouche bée.

- Quoi ? c'est une blague !

- Non, je suis sérieux.

- Mais…

- Tu connais mon passé, Maëlly. Tu sais combien la naissance de Milena a été éprouvante pour moi. Tu sais combien il m'a été difficile de l'accepter dans ma vie. Je n'ai vraiment pas envie de revivre cela !

- Alors tu veux me priver de la joie de porter un jour ton enfant ? Pire encore, tu veux que Milena n'ait jamais un frère ou une petite sœur avec qui elle pourra jouer ?

- Ma fille ne s'en plaint pas !

- C'est égoïste, Eliad !

- Si tu trouves que je suis égoïste, alors il vaudrait mieux qu'on mette un terme à notre relation !


Je me lève et viens l'entourer par derrière.

- Non, mon cœur. Excuse-moi ! Je ne veux plus jamais me séparer de toi !

- Alors, s'il te plaît, ne me parle plus jamais d'enfant.

- Oui, acquiescé-je sur le moment.


Mais au fond de moi, je suis certaine que je finirai par lui faire changer d'avis. Ou plutôt, je trouverai le moyen de l'y contraindre. (Sourire).

- Là, il faut vraiment que je rentre.

- Voyons, Eliad ! Je pensais qu'on prendrait une douche ensemble.

- Je préfère le faire à la maison. Je compte embrasser ma fille avant qu'elle parte pour l'école.

- Justement en parlant de maison, j'espère que nos prochains moments spéciaux ne se tiendront plus dans une chambre d'hôtel, mais dans ta chambre à coucher !


Il lève les yeux vers moi et me lance sur un ton plutôt formel :

- Il est temps qu'on y aille, Maëlly !

- J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

- Ma fille m'attend à la maison.

- Ok ! fais-je en me rhabillant à la hâte.


* *

 *

J'ouvre la porte de mon appartement pour me retrouver nez à nez avec…

- Papa ! Qu'est-ce que tu fais là ?

- La civilité suggère que tu me salues avant tout propos.

- Bonjour papa ! C'est juste que je suis surprise de te voir là. Il y a un problème ?

- Où tu as passé la nuit ?

- Avec Eliad ! réponds-je sans aucune once d'hésitation.

- Pardon !

- Nous sommes ensemble, lui et moi.

- Quoi ? Comment ? Depuis quand ?

- Ça fait trop de questions, papa ! poursuis-je en souriant, tandis que lui affiche encore un air hagard. Tout ce que je peux te dire, c'est que ça fait près d'une semaine.

- Une semaine et déjà, tu te donnes à lui !

- Je lui ai toujours appartenue papa, même si avant il n'y avait rien de concret entre nous.


Je le vois bondir de son fauteuil pour lever une main vers moi. Je cache mon visage, en prévision du soufflet qui atterrirra sur mon visage. Mais rien ne se passe.

- Tu n'en vaux même pas la peine, petite effrontée ! Comment peux-tu te mettre avec quelqu'un qui ne t'aime pas ? Eliad t'utilise pour satisfaire ses bas instincts ! Pourquoi ne t'en rends-tu pas compte, ma fille ?

- Tu te trompes, papa. Eliad m'aime réellement ! De toutes façons, je suis une adulte et je peux décider de ce qui est bien pour moi.

- Ah vraiment !

- Oui papa ! répliqué-je fièrement.

- J'ai toujours voulu te protéger Maëlly. Mais dès à présent, ce ne sera plus le cas. Il vaut mieux que tu fasses ta propre expérience. Mais après, ne viens pas pleurer sur mes épaules ! Parce que crois-moi, quand deux écervelés se mettent ensemble, la relation est vouée à l'échec !

- Ce ne sera pas ainsi pour nous.

Il quitte ma chambre, en affichant un sourire ironique. Je m'en fous, moi. Je suis avec Eliad et  je suis heureuse. Rien ne gâchera ma bonne humeur !














ÂMES SOLITAIRES