Chapitre 23: Retourner dans les bras du père.
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 23: RETOURNER DANS LES BRAS DU PÈRE
**MYRNA NZAOU**
J'étais sur le chemin du retour de l'école avec mes enfants et je les voyais marcher devant avec un air triste, je ne savais pas ce qu'ils avaient. Ils avaient quatre ans maintenant et avaient commencé l'école depuis trois mois. Ils allaient d'ailleurs bientôt prendre les vacances de Noël. Sur le chemin du retour nous avions croisé maman Odile et maman Cécile, deux femmes du quartier et des amies de maman Jeanne. Elles s'étaient arrêtées devant nous.
Maman Cécile : (souriante) Les amis bonjour.
Moi: (De façon neutre) Bonjour.
Les enfants : (sans joie) Bonjour Mami Cé (c'était ainsi qu'ils l'appelaient tous)
Maman Cécile : (à moi) Myrna c'est comment nos amis ont le visage serré ?
Maman Odile : Vraiment nous on ne les connaît pas comme ça oh. Ce sont nos papas bonheur au quartier ici, dès qu'on les voit, toute la tristesse disparaît et les problèmes, oubliés.
Ce qu'elles disaient étaient la pure vérité, je ne savais pas ce que ces enfants avaient, mais à chaque fois que tu les regardais, même si tu étais fâchée comme quoi, automatiquement tu baissais la garde et à l'image de leur grand-mère qui connaissait tout le quartier, tout le monde connaissait "les bébés ou papas bonheur" , les petits fils de "maman bonheur". Maman Jeanne avait bien rodé ses petits fils pour faire comme elle. Ils allaient de maison en maison pour aller parler et prendre des nouvelles des gens, la grand-mère devant et les trois mousquetaires derrière. Ils partaient prier pour les malades, évangéliser et allaient à l'église. Malgré le fait que je ne priais plus et ne partais plus à l'église, je ne m'étais pas opposée à ce que maman Jeanne les éduque dans la foi chrétienne. D'ailleurs, il n'aurait pas pu être autrement vu son mode de vie, et aussi fou que cela puisse paraître, j'avais toujours les automatismes ayant moi-même grandi dedans et ne connaissant que ça. Sans le vouloir, j'appliquais sur eux les enseignements que j'avais moi-même appris de la part de mes parents qui eux, étaient chrétiens. Maman Jeanne leur parlait de Jésus tous les jours et ce depuis dans le ventre, elle avait poursuivi cela jusqu'à aujourd'hui. Ils baignaient dans cet univers et étaient bercés par des louanges et des lectures des récits bibliques. Ils n'avaient pas encore fait leur rencontre personnelle avec Jésus Christ mais je sentais que ce n'était plus très loin d'arriver eu égard aux questions qu'ils posaient de plus en plus à leur grand-mère. Bien que n'ayant plus de relation personnelle avec Jésus, je voulais qu'ils en aient car ce n'était pas parce que ça n'avait pas marché pour moi, que ça ne l'aurait pas fait avec eux.
Moi: Je ne sais pas pourquoi ils sont tristes. Je les ai pris à l'école comme ça. Ils me le diront à la maison.
Elles : Ok. Il faut bien prendre soin de nos papas bonheur oh, ce sont les seules dans notre quartier ici.
Moi: Ok.
Elles : Aurevoir les enfants.
Eux: Aurevoir Mami Cé, aurevoir Mami Odile.
Elles s'étaient éloignées de nous mais je les entendais encore parler , de moi plus précisément.
Maman Cécile : La fille de Jeanne là a bien grandi oh, c'est maintenant une grande femme.
Maman Odile : Je te dis. En plus, elle est bien belle. Ce que j'aime avec cette petite c'est que même si elle ne parle pas beaucoup aux gens, c'est une fille calme et travailleuse.
Maman Cécile : C'est vrai. Elle n'est pas debout-debout comme les autres filles du quartier. Elle a pris sa grossesse tôt mais elle est restée tranquille. Elle s'occupe de ses enfants elle-même sans déranger qui que ce soit. Si elle pouvait même être ma belle fille et me calmer le vilain enfant qu'on appelle Joé là (son fils) ça devrait me faire très plaisir.
Maman Odile : Je te dis. C'est des femmes comme ça qu'on cherche, même pour Jérémie là mais rien. Eux que les "tué-tues" (femmes dites légères sur le plan sexuel) là qu'ils nous ramènent. Regardez les vraies femmes, rien.
Les deux garçons qu'elles avaient cités et tous les autres du quartier, avaient essayé de me draguer, mais j'avais tellement, mais tellement été désagréable à leur endroit qu'ils avaient fini par laisser tomber et me regarder de loin.
Maman Cécile : Mais il paraît qu'elle est déjà fiancée, non.
Maman Odile : (surprise) Ah bon?
Maman Cécile : Oui.
Maman Odile : Je ne le savais pas.
Maman Cécile : Elle est fiancée au père de ses enfants, il paraît qu'il est en France pour les études, quand il reviendra, ils feront le mariage. C'est pour ça que tu la vois là et elle n'accepte pas les garçons, elle attend son mari.
J'avais resserré mon visage et j'avais pressé mes pas pour rentrer à la maison avec les enfants. C'était à cause de ce genre de bêtises que je ne voulais pas parler aux gens de ce quartier. Vous voyez des choses comme ça ? Mieux je passais ma route tranquillement pour ne pas faire une bêtises, je n'avais pas été élevée en manquant de respect aux grandes personnes et c'était ça leur chance sinon j'allais bien les insulter tout de suite et elles allaient me dire qui leur avait dit les conneries qu'elles étaient en train de raconter sur moi.
J'étais arrivée à la maison avec les enfants et je les avais changés avant de revenir m'asseoir avec eux au salon pour chercher à comprendre ce qui leur arrivait.
Moi: (prenant une voix câline et tendre) Mes trésors qu'est-ce qu'il y a? Why are you sad ? (Pourquoi êtes-vous tristes)
Oui, depuis qu'ils avaient appris à parler, je leur avais appris à parler l'anglais en plus de ma langue maternelle (ipunu = lire ipounou , langue parlée par les individus du groupe ethnique "bapunu") et celle de maman Jeanne (nzebi). Nous avions tenu à ce qu'ils parlent ça, ils le faisaient selon leurs niveaux de connaissances mais ils comprenaient beaucoup plus qu'ils ne parlaient. Et pour l'anglais, c'était l'une des seules bonnes choses, en plus de mes enfants, que j'avais tiré de ma proximité avec ce démon. Durant les trois mois que nous avions passés ensemble, ils m'avaient appris à mieux parler cette langue aussi bien que j'étais la meilleure du club qu'il tenait en tant qu'administrateur. J'avais droit, en plus des cours en classe et ceux du club, aux cours particuliers vu que nous étions tout le temps fourrés ensemble. Quand les enfants étaient nés, j'avais décidé de leur apprendre car non seulement, c'était bien pour eux, mais cela me permettait de pratiquer pour ne pas perdre mes connaissances. Il m'arrivait aussi de leur parler de toutes les notions que j'avais apprises à l'école, ils me regardaient sans rien comprendre mais moi ça m'amusait et je le faisais toujours.
Kilian : (le plus bavard des trois) mom, why don't we have a dad like everyone else? Where is our father? We also want a dad like our friends at school.
(Maman, pourquoi n'avons-nous pas un papa comme les autres ? Où est notre père ? Nous voulons aussi un papa comme nos amis à l'école.)
Lorsque j'avais écouté ça, mon cœur était tombé dans mon ventre. Seigneur ! C'était quelle histoire ça ? D'où est-ce que cette envie soudaine était venue ? C'était la toute première fois qu'ils me demandaient quelque chose à propos de cet agent du diable. Ils étaient trop petits pour que je puisse dire des bêtises sur ce sorcier.
Moi: Votre papa est dans le ciel, il s'appelle Jésus-Christ et il vous aime beaucoup, beaucoup comme ça. Mamie vous a dit ça non?
Ethan : (le plus agité des trois) Oui. Et il prend soin de nous tous les jours.
Moi: Voilà. En plus, il a beaucoup d' anges qui marchent avec lui .
Lilian : (le plus mystérieux) Les anges comme dans le livre que Mami nous lit souvent ?
Moi: Yes, like this.
Moi: Je vous fais un gros câlin et puis je vous donne le jus ?
Eux: (contents) Oui.
Je les avais pris dans mes bras pour les serrer très fort avant de leur dire que je les aimais de tout mon cœur.
Eux: (dans mes bras) We love you too mom.
Nous étions restés comme ça pendant un bon moment et j'avais remarqué qu'ils faisaient aussi ce que je faisais à mes parents, ils humaient mon odeur pour s'en imprégner. Ils le faisaient aussi avec leur grand-mère. Ça au moins, je savais que c'était l'une des rares choses qu'ils avaient pris chez moi en plus du chant. Oui, ils savaient chanter et pour leur âge, ils le faisaient très bien. Je n'avais pas toujours repris à le faire de façon consciente mais les enfants et maman Jeanne disaient que je chantais dans mon sommeil et que j'avais une très belle voix. Une fois, ils m'avaient tous surpris de la sorte, ils étaient au salon en train de chanter avec leur grand-mère quand Lilian avait dit.
Lilian : Maman vient chanter avec nous.
Moi: Maman ne sait pas chanter mon cœur.
Lilian : Oh.
Kilian : Si maman, tu connais.
Moi: Non.
Kilian : (insistant) Si.
Moi: Vous m'avez déjà vu ou entendu chanter ?
Eux: oui.
Moi: (surprise) Où ça ?
Eux: La nuit quand tu dors.
Moi: (surprise)Oh.
Maman Jeanne : (souriante) Je t'avais dit que tu chantais dans ton sommeil non? Tu pensais que je blaguais? Tu chantes tous les jours dans tes rêves et tu es même très heureuse quand tu le fais. C'était ça que tu faisais avant à l'église n'est-ce pas ? Tu étais chantre. Était même comment, tu es chantre. Mimi il faut chanter oh, c'est un vrai don que tu as là. Quand tu chantes même dans ton sommeil comme ça , la maison est bien chargée et les anges sont en mouvement. Tu t'imagines si tu le fais en pleine conscience ? Tu vas seulement toucher plein de gens avec et.
Moi: (la coupant) Je ne connais pas chanter et je ne chante pas.
Je m'étais levée et j'étais allée chercher le linge pour aller le laver. Les enfants là aussi chantaient. De plus, maman Jeanne disaient qu'ils avaient aussi la fibre pour les instruments, Ethan passait son temps à taper sur les bidons et bouteilles vides, elle disait que c'était lui le batteur et plus tard, il jouerait de la batterie. Kilian avec les balais et tout autres objets, simulait des jeux de guitare et était donc le guitariste. Quant à Lilian, sur tous les espaces plats, mimait des placages des notes au piano, c'était donc lui le pianiste. Maman Jeanne , elle-même la chantre principale de son équipe qu'elle avait constituée. Je riais souvent quand ils faisaient leurs concerts de louange à la maison mais ils ne se décourageaient pas. Comment le faire d'ailleurs quand leur grand-mère leur disait qu'ils allaient faire le tour du monde et jouer à de grands concerts de louange ? Ce n'était pas de leur faute, mais celle de leur grand-mère qui leur bourrait la tête avec toutes ces choses.
Ethan : Moi je veux aussi la pomme maman.
Les deux autres: Moi aussi.
Je les avais regardés et ils m'avaient souri de toutes leurs dents. Je leur avais donné du jus de pomme et une pomme chacun. C'était d'ailleurs sans surprise que j'avais constaté qu'ils avaient une préférence presque exagérée pour ce fruit et cette boisson. Ils le faisaient depuis dans le ventre, ils avaient seulement continué sur leur lancée. Ils m'avaient par la même occasion influencés. Ayant bu et mangé ça pendant près de 8 mois, j'avais fini par m'y habituer. Nous avions fini cette histoire comme ça et ils avaient oublié l'affaire de pourquoi il n'avait pas de papa…
TROIS ANS PLUS TARD
Je venais de rentrer du marché où je vendais depuis déjà deux ans après le malaise que maman Jeanne avait eu au marché, elle avait failli mourir là-bas et après sa sortie de l'hôpital, j'avais décidé qu'elle resterait à la maison désormais. Nous avions donc échangé les choses. Elle vendait à la maison et s'occupait des enfants , les laver, les déposer à l'école, les récupérer et les garder. Ils étaient maintenant chrétiens pour le plus grand bonheur de leur grand-mère qui avait été très heureuse de les accompagner dans ce processus. Seulement, le seul hic dans ça c'était que depuis qu'ils avaient fait cette traversée, ils priaient de plus en plus fort pour que moi aussi je revienne à Jésus mais aussi pour leur père dont ils n'avaient pas arrêté de me questionner sur lui.
Mon retour dans les bras du Seigneur s'était fait il y avait quelques mois en arrière. Ce jour alors que je dormais dans la chambre, à trois heures du matin, je m'étais retournée sur le lit et j'avais remarqué qu'ils n'y étaient pas. J'avais regardé mon petit réveil qui était posé sur ma tablette de fortune et j'avais vu qu'il n'était que 3h 06 minutes. Normalement, les enfants se réveillaient à 4 h tous les jours pour prier avec leur grand-mère soit dans la chambre de cette dernière, soit au salon. Du coup j'étais étonnée. Ils n'étaient pas dans la chambre. Je m'étais levée du lit pour aller voir s'ils étaient chez leur grand-mère mais j'avais écouté leurs voix au salon. En m'approchant discrètement pour voir ce qu'ils faisaient j'avais remarqué qu'ils étaient en prière mais seulement tous les trois, leur grand-mère dormait dans sa chambre. Ils priaient pour moi.
Eux: Papa , nous savons que tu es un bon père et que tu prends soin de nous mais regarde maman, elle, elle est triste parce qu'elle n'a pas de père là haut. Tu es un bon père pour nous et pour Mami, devient aussi le papa de maman comme ça elle ne sera plus triste. Toi tu es un papa qui donne la joie dans le cœur alors récupère la et on sera tous membres de la même famille et on sera tous contents. Merci papa Jésus parce que tu nous exauces. Amen.
J'étais retournée m'asseoir dans mon lit et par mégarde, j'avais appuyé sur mon petit téléphone et la radio FM s'était mise à jouer. C'était branchée sur une fréquence chrétienne qui passait des louanges et des adorations. La chanson qui passait était "l'amour extravagant" chantée par une femme dont je ne connaissais pas le nom.
Couplet
Avant mes premiers mots, Tu me connaissais déjà
Oui Tu es si bon envers moi
Avant mon premier souffle, Tu mis ta vie en moi
Oui Tu es si tendre envers moi
Refrain
Oh l’amour renversant, extravagant, infini de Dieu
Sans faiblir Il me cherche, Il me poursuit, me ramène à Lui
Je suis indigne et sans mérite, mais pour moi Tu t’es livré
Oh l’amour renversant, extravagant, infini de Dieu
Couplet
Je te rejetais, sans relâche Tu m’aimais
Oui tu es si bon envers moi
Je me sentais vain et Tu m’as offert la croix
Oui Tu es si tendre envers moi
Réf: Oh l’amour renversant, extravagant, infini de Dieu
Sans faiblir Il me cherche, Il me poursuit, me ramène à Lui
Je suis indigne et sans mérite, mais pour moi Tu t’es livré
Oh l’amour renversant, extravagant, infini de Dieu
Pont *3
Aucune ombre n’est trop sombre
Ni mont trop élevé
Pour que Tu me cherches
Aucun mur ne peut résister
Ni mensonge tenir
Sans fin tu me cherches
Réf: Oh l’amour renversant, extravagant, infini de Dieu
Sans faiblir Il me cherche, Il me poursuit, me ramène à Lui
Je suis indigne et sans mérite, mais pour moi Tu t’es livré
Oh l’amour renversant, extravagant, infini de Dieu.
Cette chanson avait remué quelque chose dans mon cœur et les remparts avaient commencé à se briser. La chanson qui avait suivi avait fini de m'achever le titre était "non,jamais tout seul". C'était une des chansons préférées de mon père.
"Ne crains rien, je t'aime !
Je suis avec toi !
Promesse suprême,
Qui soutient ma foi.
La sombre vallée
N'a plus de terreur,
L'âme consolée,
Je marche avec mon Sauveur.
Réf:
Non, jamais tout seul,
Non, jamais tout seul,
Jésus mon Sauveur me garde,
Jamais ne me laisse seul.
Non, jamais tout seul,
Non, jamais tout seul,
Jésus mon Sauveur me garde,
Je ne suis jamais tout seul.
[V2]
L'aube matinière
Ne luit qu'aux beaux jours,
Jésus, ma lumière,
M'éclaire toujours !
Quand je perds de vue
L'astre radieux,
A travers la nue,
Jésus me montre les cieux !
Réf:
[V3]
Les dangers accourent,
Subtils, inconnus :
De près ils m'entourent,
Plus près est Jésus,
Qui dans le voyage,
Me redit : "C'est moi !
Ne crains rien : courage !
Je suis toujours avec toi !"
Tous les remparts avaient sauté, j'étais tombée à genoux et m'étais mise à pleurer à chaudes larmes. J'avais demandé pardon à Dieu ce jour, je lui demandais de me pardonner de m'être éloignée de lui, de lui avoir tourné le dos. J'avais refait un tour d'horizon sur les sept dernières années de ma vie et j'avais pu me rendre compte qu'en dépit de tout ce que je vivais, il n'avait jamais cessé d'être là. À chaque étape, il était présent et prenait soin de moi. Il s'était arrangé à chaque fois, de placer quelqu'un à mes côtés qui allait me rappeler son amour en plus de nombreuses actions et miracles qu'il manifestait dans ma vie chaque jour. Je lui avais dit que je voulais revenir auprès de lui et j'avais entendu dans mon cœur ce verset de Deteuronome 32 qui disait " que je veille sur toi comme la prunelle de mes yeux" puis cet autre verset qui disait que " une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaité? N'a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles ? Quand elle l'oublierait, Moi je ne t'oublierai point. Voici, je t'ai gravé sur mes mains, tes murs sont toujours devant mes yeux" (Esaïe 49:15-16). J'avais pleuré et je m'étais remise à prier et chanter cette dernière chanson que j'avais écouté "non, jamais tout seul" . Je le faisais en pleine conscience et j'avais littéralement la sensation de renaître. Je revenais à la vie.
Maman Jeanne et les enfants étaient venus me trouver et nous avions prié et loué ensemble entre pleurs et rires. Ils étaient contents de voir que le Seigneur avait exaucé leur plus grande prière. Maman Jeanne s'était même allongée par terre en mettant son front au sol pour le remercier. Le lendemain, elle avait embarqué les enfants à l'église, chacun avec son enveloppe en main pour faire une action de grâce à Dieu. Je n'avais pas accepté de partir à l'église avec eux, mais pour cela elle m'avait dit qu'elle ne s'inquiétait pas. Aucun enfant de Dieu ne pouvait rester très longtemps loin d'une église. Tôt ou tard, j'allais y retourner, le plus gros était déjà fait. J'avais repris à lire la Bible, à prier , à chanter (les matins et les soirs) à la maison.
Je disais donc que je quittais du marché et j'étais particulièrement contrariée et en colère parce que j'avais aperçu Jessica avec ses deux copines Erna et Ingrid. Elles étaient descendues d'une grosse voiture et étaient venues acheter des légumes chez tantine Maggie. Moi j'avais fait un tour aux toilettes et donc je n'étais pas à mon emplacement habituel, dans le cas contraire, elles m'auraient vu et se seraient moquées de moi. Je m'étais cachée pour ne pas qu'elles me voient. Après mon départ, j'avais rangé mes , dit aux femmes là que je ne me sentais pas bien et j'étais rentrée à la maison. J'avais trouvé maman Jeanne à la maison avec les enfants qui avaient été surpris de me voir rentrer plus tôt que d'habitude.
Maman Jeanne : C'est comment tu rentres tôt comme ça aujourd'hui ?
Moi: Mam le marché est dur aujourd'hui, y a pas les clients en plus je suis beaucoup fatiguée, j'ai donc décidé de rentrer plus tôt.
Maman Jeanne : C'est vrai, tu travailles beaucoup avec le chaud soleil là. Les gens là disent comment pour le box que tu as demandé ?
Moi: Ils ont dit la semaine prochaine.
Maman Jeanne : D'accord. Vraiment ils doivent vite te le dire, mon joli bébé ne peut plus trop souffrir au soleil comme ça.
Elle avait continué à parler avant de changer de sujet. J'étais allée me laver et j'étais allée dans ma chambre où je ne faisais que repenser à ces trois filles et à la façon dont elles étaient bien présentables. Elles devaient avoir 26 ans maintenant vu que moi j'en avais 23. Elles avaient certainement fini leurs études et travaillaient quelque part dans des endroits importants pendant que moi je vendais sous le soleil au marché. Une colère sourde était venue m'etreindre le cœur et c'étaient à ce moment que ces trois enfants étaient venus me poser encore des questions sur leur père. Quand je pensais encore que c'était à cause de lui que j'étais où je me trouvais, j'avais vu rouge. J'avais tiré une des ceintures que j'avais et je les avais fouettées avec .
Moi: (les fouettant en colère) Je ne vous ai pas dit de ne plus me poser des questions sur cet imbécile ? Ce sorcier qui m'a gâché la vie ?Je ne vous ai pas dit ça ? Ou bien c'est lui qui vous envoie pour me tourmenter et achever son œuvre hein? Vous êtes ses envoyés c'est ça ?
Eux: (se tordant de douleur dans un coin) Non pardon maman, pardon. On ne va plus te demander, pardon.
Moi: Vous n'avez pas de père, ce sorcier j'espère qu'il est mort dans des souffrances atroces et qu'il brûle en enfer comme le diable qu'il est.
Maman Jeanne : (m'attrapant) Myrna c'est comment ? Tu veux maintenant me tuer les enfants ? (M'arrachant la ceinture)
Moi: Oui, je vais les tuer, je vais les tuer de mes propres mains s'ils n'arrêtent pas de me questionner sur ce démon qui les avait mis dans mon ventre.
Après ça, j'étais sortie de la maison et j'étais allée prendre un taxi qui m'avait emmené au bord de mer. J'y avais passé toute la soirée entre pleurs et colère. J'avais fini par me calmer et prié. J'étais rentrée autour de 20 heures et je les avais trouvé tous les trois en train de lire la Bible à côté de leur grand-mère. Un regard sur les traces que j'avais laissé sur leurs corps clairs et mon cœur s'était serré dans ma poitrine. Je m'étais mise à genoux devant eux et je leur avais demandé de me pardonner à chaudes larmes. Ils l'avaient fait et ils étaient venus me faire un câlin. J'avais aussi demandé pardon à maman Jeanne et après m'avoir bien sermonné, mis un coup de ceinture sur le dos pour sentir ce que ça faisait sur le corps et la douleur que j'avais causé aux enfants, elle m'avait dit qu'elle me pardonnait. Le dimanche qui avait suivi, j'étais allée avec eux à l'église. Ils étaient tous surpris mais très heureux. Maman Jeanne avait même fait un témoignage ce jour-là. Je partais maintenant à l'église même si je ne parlais presque pas aux gens. Juste les salutations et je passais mon chemin.
La vie avait poursuivi son cours, au marché, j'avais pu avoir mon box et j'avais étendu un peu ma marchandise en y ajoutant d'autres choses, tels que les fruits et légumes. À l'église j'avais commencé à parler un peu aux gens, mais je le faisais plus avec le pasteur Mike, maman Raphaëlle et maman Nadia,la responsable des chantres qui me harcelait pour que j'intègre le groupe depuis le jour qu'elle m'avait surprise en train de chanter…
RETOUR AU PRÉSENT
J'étais tranquille, j'avais repris ma vie en main et je commençais même déjà un peu à être heureuse. Et il a fallu que je revois ce démon. Carrément en train de prêcher dans mon église. Tout ce que je pensais avoir laissé derrière moi m'est revenu de plein fouet dans le visage. (Essuyant mes larmes) Qui lui a dit que c'était cette église que je fréquentais? Il est venu pour me faire chasser de celle là aussi comme il l'avait fait avec la première, n'est ce pas ? Mais il n'aura pas toute cette peine puisque mes enfants et moi, nous ne remettrons plus nos pieds là-bas. Il a intérêt à rester très loin de moi, je verrai tous mes parents. Si je l'ai raté avec cette bouteille d'huile d'olive aujourd'hui, la prochaine fois, je ne le ferai pas. Ce sera le couteau que je lui planterai dans le trou vide qu'il a à la place du cœur…