Chapitre 24

Ecrit par Mayei

Partie 24

...Windi Agnero...

J’ai franchi le pas de mon bureau pour tomber sur monsieur Abouo. Je l’avais carrément oublié celui-là ainsi que toute cette histoire de control des pratiques. Ce n’était pas de ma faute de toutes les façons. Avec tout ce qui se passait dans ma vie en ce moment, c’était possible que j’oublie d’autres choses. Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire dans mon bureau ? Mon assistante ne m’avait pas prévenue qu’il y était pourtant. Malgré la colère qui m’habitait en ce moment, je plaquais un sourire de convenance et le saluait. 

Mr Abouo : enfin vous nous gratifiez de votre présence 

Je souris tout simplement sans relever 

Mr Abouo : j’ai été dans votre bureau hier tout comme il y’a deux jours. Vous n’avez pas travaillé ou du moins vous étiez tout simplement absente. Faites-vous souvent ça ? Quand vous êtes absente qui s’occupe de tout ici ?

Moi : tous les documents importants me sont envoyés par ma secrétaire. De plus ce n’est pas un crime d’être malade. N’avez-vous donc jamais été malade ? 

Mr Abouo (souriant) : oh que si ! Dans ce cas je suppose que vous avez un billet du médecin. Ou du moins une preuve de votre passage...

Je le regardais avec de gros yeux ! Avec ces « ou du moins là ». Il était sérieux qu’il me demandait de présenter un billet du médecin. Genre je devais justifier mon absence dans mon propre laboratoire ? Non mais pour qui se prenait il ? La dernière chose dont j’avais besoin en ce moment était qu’on ne m’énerve encore plus que je ne l’étais déjà. Il avait de la chance qu’il était envoyé par la maison mère et qu’il fallait que je me plie à ces foutus contrôles. Il voulait une preuve il allait l’avoir. Je plongeais ma main dans mon sac et sortis le carnet de visite qui m’avait été délivré. Je forçais le carnet entre ses mains.

Moi : serait-ce suffisant comme preuve !

Mr Abouo (désarçonné) : je suis vraiment désolé...loin de moi l’idée de me mêler de votre vie privée. 

Moi : hum !

Mr Abouo : j’étais juste passée pour vous informer que l’enquête se passait plutôt bien. Les agents camouflés en clients ont fait un assez bon retour.

Moi : merci ! C’est tout !

Mr Abouo : oui ! Aussi, toutes mes les félicitations à vous, la future maman. Vous les transmettrez égalent au père. 

Il sourit et s’en alla. Transmettre les félicitations au père ! Quelqu’un que je n’avais plus envie de voir ! Même pas en peinture. Comme il m’énervait ! Il a fallu que ça m’arrive à moi. Tomber enceinte à la première occasion. Je n’avais plus eu de rapport depuis si longtemps et lorsque je me laissais aller un peu, il fallait que j’en garde la preuve. J’étais vraiment décidée à ne pas garder cette grossesse mais ma tante m’avait fait culpabiliser ce matin avec son coup de bonne conscience. Maintenant je ne sais même plus où j’en suis...je ne sais plus que faire ! Et dire que je suis à deux mois de grossesse. Il fallait que je me décide rapidement, vue comment le temps court maintenant. En un clin d’œil, je risquais de me retrouver à trois mois.

J’ai travaillé pour ces deux jours que j’avais manqué. C’est lorsque mon téléphone sonna que je me rendis compte qu’il était 18 heures. Je n’avais même pas pris ma pause de midi. Je décrochais rapidement avant que l’appel ne coupe. 
Moi : allo ?

« Allo ? C’est Windi ? » 

Moi : c’est elle...à qui ai-je l’honneur s’il vous plaît ?

« C’est Pauline, la mère le Denis. Comment tu vas ma fille ? »

Moi (surprise) : je vais bien et vous ?

« Oh ne me vouvoie pas. Tu portes mon petit enfant pourquoi tu mets tant de protocole entre nous ? »

Moi : d’accord c’est compris !

« Tu as eu ton mari aujourd’hui ? Depuis j’essaie de le joindre ça ne passe pas. Pourtant c’est très important » 

Moi : mon mari ?

« Dénis non ! Il faut essayer de le joindre s’il te plaît. Si ça passe dis-lui de me rappeler immédiatement »

Moi : euh...d’accord 

« J’espère que le bébé se porte bien hein...il faut passer me voir avec Dénis hein. Prends soin de vous »

Clic 

Que quelqu’un m’explique ce qui venait de se passer. La mère de dénis avait échange avec moi comme si nous nous connaissions depuis. Pourtant nous ne nous étions rencontrées qu’une seule fois, lorsque la sœur de Dénis venait d’accoucher. Était-ce vraiment la mère de dénis ? Et pourquoi c’est moi qu’elle contactait parce qu’elle n’arrivait pas à joindre son fils ? Comment avait-elle eu mon numéro alors que je ne lui avais rien donné ?

Le salop ! Mais oui il était derrière tout ça. Il n’arrivait pas à gérer la situation du coup monsieur courrait dans les jupons de sa mère pour qu’elle lui sauve la mise. Il essayait de me mettre au pied du mur. Moi l’appeler ? Je lui fis un simple message « appelle ta mère. Elle dit que c’est urgent » ! Je fus même surprise que ça passe puisque ça rejetait lorsqu’il avait disparu. Il me répondait automatiquement. 

« Tu me manques femme » 

Je roulais des yeux en lisant sa réponse. Il se croyait ou celui-là ? Tout ce qu’il reçut en retour de ma part était 

« Ne mêle plus jamais ta mère à cette histoire. Bonne nuit »

« Je t’aime aussi ! Prends soin de notre enfant. Je me donnerai tous les moyens afin que nous soyons une famille complète dans les plus brefs délais. Je vous aime »

Là, j’éteignis mon téléphone complètement et le fourrais dans mon sac. C’était parce que je lui avais répondu ma première fois qu’il osait me sortir des conneries pareilles. Je pris mes affaires et sortis de mon bureau. C’était l’heure pour moi de rentrer.

...Julien Desoto...

C’est une fille ! Dans deux mois, je serai l’heureux père d’une petite fille. Aujourd’hui avait eu lieu la baby shower de Melissa. Tout le monde y avait mis du sien, c’est à dire mes amis et ses amis à elle. J’ai beaucoup apprécié l’effort et ce petit rassemblement avait été une réussite. Les cadeaux ont envahi l’espace. La mère de Mélissa a fait le déplacement jusqu’ici pour être avec elle lorsqu’elle accouchera. La mienne avait catégoriquement refusé de bouger du pays. Ça m’avait tout de même attristé mais bon...elle finira bien par voir sa petite fille un jour. Nous avions convenu que la petite restait ici avec Melissa pendant que je rentrerai sur Abidjan quelques mois après mon diplôme. J’allais me démener pour obtenir un boulot et lui faire parvenir de l’argent afin qu’elle puisse s’occuper de ma fille.

J’ai pris la voiture de Ludovic pour charger tous les cadeaux que nous avions reçu pour la petite et les transporter chez Melissa. Je stockais le tout dans un coin du salon.

Moi : tu as besoin de quelque chose avant que je ne rentre ?

Melissa ; non ! ça ira.

Moi : ok ! J’y vais alors. Bonne nuit.

Je pris la route après avoir souhaité une bonne soirée à sa mère. Melissa n’en démordait pas. Elle était restée ferme sur sa décision malgré toutes les approches, si bien que j’ai fini par accepter ma défaite. Je rentrais à la maison et retrouvais Ludovic assis devant la télévision. Je pris une bouteille d’eau dans la cuisine puis revint m’asseoir près de lui. J’étais vidée de mes forces, plus aucune énergie. J’imaginais déjà comment j’allais sombrer dans un sommeil profond après avoir pris une douche.

Ludovic : je peux te demander quelque chose sans que tu ne te paies ma tête ?

Moi : vas-y j’écoute ! tu es mon frère et tu as une préoccupation. Comment peux-tu penser que je puisse rire ? J’écoute 

Ludovic (se grattant la tête) : en fait...j’aimerais savoir comment tu t’y prends avec les filles. Comment leur parler en fait ?

Je regardais mon frère comme si je le voyais pour la première fois. Voulait-il insinuer que depuis tout ce temps, il ne savait pas aborder une femme. Le sujet était même trop sérieux pour que l’envie de rire m’habite. Il s’agissait de mon GRAND frère tout de même.

Moi : tu es sérieux là ? 

Ludovic : mais oui ! J’ai rencontré la femme de ma vie lorsque nous sommes allés à New-York. Elle s’appelle Alice. J’ai son numéro mais depuis j’hésite à la joindre. Je ne sais comment lui parler ou même que dire. 

Moi : et qu’est-ce que tu aimerais lui dire en fait ?

Ludovic : que je suis fou d’elle...je veux même qu’elle descende ici pour le week-end à mes frais bien sûr.

Moi : vous vous êtes parlé combien de fois ?

Ludovic : juste une fois dans ma chambre d’hôtel 

Moi : ok sors son numéro et passe-moi ton téléphone. 

Je décidais d’appeler la fille et de faire la discussion moi-même ainsi il pourrait suivre. Ça sonna un long moment avant qu’elle ne décroche. Je commençais par prendre de ses nouvelles et savoir si sa journée s’était bien passée. Elle donnait l’air de quelqu’un qui était facile à vivre alors nous parlions à bâtons rompus. Avant de lui souhaiter de passer une bonne nuit, je lui fis promettre d’envoyer un message à son réveil. 

Moi : tu vois c’est comme ça que ça se passe ! smooth…tu parles calmement mets la en confiance. De toutes les manières tu es un bon type donc elle n’a rien à craindre.

Ludovic : hum…mais tu ne lui as pas parlé du week-end 

Moi : Ludo ! Vous venez à peine de vous rencontrer...tu ne peux pas lui demander de passer le week-end chez toi. Tu es encore un parfait inconnu. Échangez par message et au fur et à mesure ça se fera naturellement.

Ludovic : hum ! Ce n’est pas faux 

Moi (hésitant) : dis-moi que tu as déjà eu des rapports s’il te plaît.

Ludovic : ça ne te regarde pas. 

Moi (explosant de rire) : nooooon ! Tu es puceau…donc si elle vient qu’est- ce que tu comptes faire tout un week-end ? prier ?

Ludovic : je vais sérieusement te cogner.

Moi : tu es puceau !!! non ça seulement c’est le porno que tu vas regarder. Il ne faut pas gâter le nom des Desoto sur la fille là. 

Ludovic : voilà comment tu te retrouves avec un enfant en route ! idiot 

Moi : krkrkrkkrkr

...Elizabeth Ahizi...

Moi : comment ça tu ne peux pas prendre un avocat pour mon frère ?

Paul : tu trouves peut-être que ce que tu demandes est normal ? Ton frère est un pédophile...il a été pris sur les faits...c’est un cas de flagrant délit. 

Moi (le coupant) : c’est un complot. Mon frère ne ferait jamais ça.

Paul : un complot ? Donc tu veux dire que ton frère était assis chez lui, on l’a soulevé et porté jusqu’à cette maison pour avoir des rapports avec des mineurs ?

Moi : ... ...

Paul : je ne vais pas me mêler à ça ! Je ne vais associer ni mon nom ni mon image à cette saleté. Ton frère est bien où il est. Bonne journée.

Bonne journée ? A qui souhait-il de passer une bonne journée alors qu’il venait ainsi de ruiner la mienne. J’avais fait des promesses à mon frère...à ma famille. J’étais persuadée que Paul allait nous trouver un bon avocat et voilà que le bon monsieur n’était même pas prêt à lever le petit doigt. Comment allais-je expliquer ça alors que tout le monde comptait sur moi. Qu’est-ce qui lui passait par la tête ce Desoto. Qu’est-ce qui était si compliqué au point de ne pas aider mon frère ? Aussi grande que je fusse, j’avais simplement et vraiment envie de pleurer. Pleurer de frustration et t d’impuissance. 

Chaque personne avait son vice dans ce monde. D’autres aimaient les partouzes, certains sortaient avec des vieilles. Si le vice de mon frère se portait sur les plus jeunes ou était le problème ? Ça crie au scandale alors que dans nos villages les petites de treize quatorze ans sont déjà mariées à des vieux. D’autres ont même des enfants. Mais une fois que ça se passe en ville, ça devenait un scandale. J’étais tellement embêtée par cette situation ! Il fallait que je réfléchisse à ce que j’allais dire sans pour autant qu’on sache que Paul m’avait lancé un gros « non »

Je réfléchissais à tout ça. J’étais si concentrée que lorsqu’on frappa à la porte je sursautais. Orlane vint s’asseoir près de moi. En voyant son visage, je savais qu’elle allait encore plus m’énerver.

Moi : qu’est-ce qu’il y a ?

Orlane : c’est Leslie ! Elle est retournée vers sa sœur.

Moi : je t’avais demandé une seule chose ! une seule chose Orlane ! Les séparer et te lier d’amitié avec la plus idiote des deux. Ça aussi c’est difficile pour toi ? Tu manges gratuitement dans cette maison, tu es au beurre et la seule petite chose qu’on te confie tu es incapable de mener ça à bien ? Dégage de ma vue.

Orlane : mais maman 

Moi : hors de ma vue ! Allez sors !!!

Elle traîna les pieds mais finit par s’en aller. Un seul petit truc que je lui avais confié. Elle avait bien commencé pourtant. Décidément, aujourd’hui n’était pas ma journée. Je me suis apprêtée et ai récupéré la nourriture à la cuisine. Depuis que mon frère avait été déféré, je me chargeais de lui apporter la nourriture à chaque fois puisque sa sauvage de femme s’était tirée. Et ça s’appelait femme, fuir dès qu’il y a les soucis. Je n’aimais pas Viviane depuis le début mais cette fois ci, elle m’avait bien déçue. Je pris ma voiture et conduis jusqu’à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. 

A mon arrivée, on m’annonça qu’il était déjà en visite et comme s’était là famille je pouvais y aller. Je m’attendais donc à voir Beatrice ou Betty pourtant à ma grande surprise je tombais sur Viviane en train de gesticuler dans tous les sens. Elle semblait beaucoup agitée. Je m’approchais tout doucement. 

Viviane : ayaaaa Auguste ! 12 ans ! Elle n’avait que 12 ans...Windi était encore un bébé alors que tu abusais d’elle...

Moi (la coupant) : ta dévergondée de fille la...c’est sûr qu’à douze ans elle était déjà bien ouverte et que beaucoup étaient passés comme les voitures sur l’autoroute du nord.

Paaaaffff

Je criais en me tenant la joue. Pour dire vrai, je n’avais même pas su à quel moment Viviane s’était même levée pour me coller cette gifle. Ça faisait terriblement mal. Me voilà en train de me masser la joue. 

Moi : mais tu es folle…tu me gifles comme ça pourquoi, il n’y a que la vérité qui blesse. 

Viviane (hors d’elle-même) : c’est ta famille et toi qui êtes fous et filles. Essaie encore de médire sur ma fille et tu verras. Peut-être qu’on va en même temps m’enfermer ici. J’ai été trop patiente avec toi. Essaie Elizabeth et tu auras de mes nouvelles. Quant à toi Auguste...tu vas croupir ici avec les rats et la gale. C’est la malédiction qui suit votre famille comme ça ! N’importe quoi. 

Elle s’en alla avec son bruit tandis que je m’asseyais. Je remarquais les regards moqueurs dans la salle. Je mourrais de honte à l’intérieur. Comment avait-elle osé poser la main sur moi ? Elle avait eu de la chance qu’elle l’a fait par surprise sinon elle m’aurait sentie passer. J’allais répliquer immédiatement. La prochaine fois que je la vois, je vais sérieusement la corriger. Elle pense pouvoir me gifler et s’en sortir comme ça ? C’est ce que nous verrons

Auguste : c’est comment pour l’avocat ? Ton mari dit quoi ?

Moi : qu’il ne veut pas se mêler à ça ! Il dit qu’il ne prendra pas un avocat pour toi.,

Auguste : tu m’avais pourtant assuré que tu gérais la situation...

Moi : je sais ! Tu n’as pas besoin de me le rappeler puisque c’est de ma bouche que c’est sorti. 

Auguste : maintenant je fais quoi ?

Moi : tu ne veux dire que tu n’as pas d’argent pour te prendre un avocat ? Qu’as-tu fait de tout ton argent ?

Auguste : ah tu as la mémoire courte hein Elizabeth...pendant combien de temps j’ai dû m’occuper de notre famille tout seul ? Il y’avait aussi ma petite famille, sans compter Betty que j’entretenais. Et aller dans cette maison pour avoir les petites que je veux ça coûte cher. Ce n’est pas donné à tout le monde. 

Moi : tu es sérieux là ?

Auguste : écoute trouves une solution sinon je risque de croupir ici...

Moi : pourquoi moi ? Il faut aussi essayer du côté de Betty et Béatrice.

Je lui remis la nourriture. Demain j’allais être encore là pour qu’il puisse bien manger. La nourriture de la prison là, nous savons tous que c’est du n’importe quoi. Entre temps nous allions essayer de trouver une solution. Même si on se retrouvait sans avocat, il restait toujours la corruption qui était maitresse dans ce pays... C’est comme ça que ça fonctionne ici. Tout le monde a un prix. Au pire des cas je pourrai utiliser l’argent que Desoto me donne ou encore lui soutirer un peu plus et on trouvera un moyen de le remettre au juge. Avec ça c’est sûr que mon frère sortira rapidement. 

...Luna Tahi...

Ces derniers jours, ma mère s’était occupée de moi comme si j’étais un enfant. C’est ce que je souhaitais manger qu’elle se tuait en cuisine pour faire, au point de rendre jalouses mes sœurs. Nous sommes dans une ambiance que j’adorais...je ne me sentais plus tellement seule. Les cours ayant repris hier, j’avais déposé les filles à leur école et étais passée les chercher à la sortie. J’aimais bien le faire. 

Tamara : tu nous déposes demain également ?

Moi : bien sûr 

Joëlle : c’est chic ! Comme ça on pourra garder l’argent du transport pour nous. 

Maman : parce que vous pensez que je vais en plus de ça vous remettre l’argent ? C’est ce qu’on va voir.

Elles se sont chamaillé un tout petit peu puis chacune a regagné sa chambre. Il se faisait tout de même tard. C’est dans ces moment-là, lorsque je me retrouvais seule avec ma conscience...seule avec mes sentiments...que la vérité me revenait en plein visage. Voir Kevin sur des photos puis en réalité étaient deux choses complètement différentes. Mon esprit était rempli de ce désir de me Venger tandis que mon cœur, lui, avait fait un bon en le voyant la dernière fois. Non je ne pouvais pas commettre cette erreur. Je ne pouvais pas me laisser plonger dans une histoire avec lui. Il n’avait pas changé, il était toujours le même…toujours aussi égoïste.

Je réfléchissais tellement que je finis par m’endormir sans le savoir. C’est lorsque Joëlle me réveilla que je le réalisais. Je m’apprêtais rapidement pour ne pas qu’elles soient en retard, leur école étant tout de même loin de ma maison. L’année prochaine nous allions essayer de trouver une école dans les parages pour Tamara. Joëlle, ira sans doute à l’université. Je les déposais rapidement et leur remis l’argent pour la nourriture avant de me rendre à la boutique. 

Je pensais de plus en plus à ouvrir une seconde boutique de l’autre côté de la ville mais j’étais aussi tentée par l’envie de créer mon propre Spa...pour tout ce qui est massage, soin de corps et onglerie. Je vais exposer mon projet à maman et je me lancerai dans ce qu’elle préférera. Comme on ne pouvait jamais être tranquille dans ce bureau, c’est bien évidement que la nouvelle vendeuse m’annonça qu’un monsieur souhaitait me voir. C’était étrange, je n’avais pas pour habitude d’avoir des clients du sexe masculin, que ce soit pour la boutique ou pour mon autre travail. 

Moi : fais-le monter !

Elle : d’accord madame 

Elle s’en alla et quelque seconde plus tard, on frappait à ma porte. Je me levais en demandant à la personne de rentrer. Lorsque mon regard se posa sur lui, je sentis non cœur faire ce bon encore une fois. Mes jambes étaient tout à coup devenues légères, incapables de soutenir mon corps, si bien que je m’assis automatiquement. Kevin se trouvait la...comment avait-il su pour mon magasin ?

Kevin (comme s’il lisait sans mes pensées) : je me suis renseigné au cas où tu te demanderais comment j’ai connu ce coin...

Moi : qu’est-ce que tu fais ici ?

Kevin : je voulais te parler Luna. (Regardant autour de lui) je vois que tu t’en es sorti.

Moi (calmement) : sors d’ici !

Kevin : je ne peux pas sortir. Je dois te parler...je veux te présenter mes excuses 

Moi (prenant le téléphone) : Anne, appelle-moi le gardien rapidement 

Kevin : tu n’as pas besoin d’aller jusqu’à cette extrême...je veux tout juste te présenter mes excuses.

Moi : Kevin ! Tes excuses je n’en ai que faire. Que ce soit la première et la dernière fois que tu mettes les pieds ici. Tu es dans ce pays estimes toi heureux que je te laisse la voie tranquille pour faire ce dont tu as envie. Tu as vu toi même que la distance entre les États-Unis et la Cot d’Ivoire ne m’a pas empêchée de te nuire alors rien toi à carreau. Si tu ne disparais pas de mon environnement vital, je ne vais pas hésiter une seconde à te réduire en poussière. 

La porte s’ouvrit sur le gardien !

Lui : vous m’avez demandé madame.

Moi : ceci est ton premier avertissement car tu ne savais pas mais la prochaine fois que ce monsieur rentrera ici, tu seras renvoyé sans dédommagement. C’est clair ? 

Lui : oui madame 

Moi : maintenant fou le dehors. 

Mon gardien se précipita vers Kevin et brutalisa ce dernier 

Kevin : tu n’es plus la même Luna ! Tu es plus froide qu’un iceberg...très belle et raffinée de l’extérieur mais à l’intérieur tout est froid. J’étais ici pour te présenter mes excuses alors pourquoi me traiter de la sorte ? Tu as peut-être réussi à me ruiner tout en restant ici mais si c’est à cause de moi que tu es aussi froide...cette vengeance n’aura servi à rien puisque ta froideur n’a pas baissé. 

Moi (hors de moi) : SORS LE D’ICI

Je me mis à respirer très fort tant je manquais d’air. J’étais tellement en colère ! Contre lui...contre moi même. Je fis tomber tout ce qui se trouvait sur mon bureau. « Froide » avait-il dit. Il me trouvait froide ! Et c’est de la faute à qui que je m’étais transformée ainsi ? Je lui avais fait confiance...je m’étais ouverte à lui et sans se soucier de mon bien être il s’était conduit de la pire des façons. 

Il avait fait preuve d’un égoïsme sans précédent...pour aller dans ce pays et ne pas réussir ???? C’était même le comble. Il m’avait laissée ici alors qu’il savait ce que j’endurais dans la maison de ce monstre. J’avais à peine 17 ans, 17 ans que j’étais livrée à moi-même et devait me battre pour survivre. Et il se présentait devant moi pourquoi ? Des excuses ? Qu’il les avale ces excuses. J’allais m’efforcer d’évacuer ces sentiments que je ressentais pour lui. Ce n’était sûrement pas des sentiments mais de la nostalgie. 

Je suis restée le reste de la journée à ne rien faire d’autre que penser à cette altercation. Il m’avait gâché la journée. N’importe quoi. Je fus même pressée d’aller chercher les filles. Elles s’engouffraient avec joie dans la voiture. Je ne leur avais pas demandé comment elles prenaient le fait que leur père soit en prison mais apparemment, elles ne le prenaient pas tellement mal. Je n’avais pas vu l’une d’entre elles se morfondre.

Moi : vous êtes allées voir votre père depuis qu’il est enfermé ?

Joëlle : moi je n’ai pas le temps pour ça...

Tamara : de toutes les façons, on ne le voyait que rarement...il passait tout son temps dehors. Je ne suis pas mauvaise sinon j’allais dire que c’est une libération.

Joëlle (riant) : mais tu as déjà dit donc tu es mauvaise.

Tamara : folle !

Bon ben...je n’allais pas aller en profondeur.

Moi : on va passer au super marché avant de rentrer. 

Tamara : cool ! Attends je fais ma liste en même temps.

Joëlle : ajoute ma pommade s’il te plaît 

Je riais ! J’allais seulement pour faire les courses de la maison et nous ravitailler en nourriture et voilà que ces dames faisaient même leur liste. Comme toujours, c’était tout un parcourt du combattant pour trouver une place où se garer. Après avoir trouvé une place libre, enfin, nous allions à l’intérieur, Tamara poussant le chariot. Nous étions dans le rayon pour prendre la pommade de Joëlle lorsque j’entendis quelqu’un prononcera mon prénom avec autant d’enthousiasme. Je me tournais et tombais sur ces jeunes filles qui étaient passées une fois à la boutique pour une relooking...Leslie et Morelle.

Moi (contente) : mais ça fait longtemps vous deux ! Vous aviez promis repasser à la boutique non ! 

Leslie : ce sont les problèmes. On en a eu tellement.

Moi : jeunes comme vous êtes avec des problèmes ?

Morelle : que veux-tu ? La vie n’est facile pour personne. 

Elles étaient même sérieuses dans cette affaire d’avoir les problèmes. Je leur présentais mes sœurs et vice versa.

« Les filles ? »

Leslie (levant la main) : ici ! 

Un monsieur apparu ! Il était élégamment vêtu, très grand de taille. Les filles lui ressemblaient comme deux gouttes d’eau. Il n’y avait pas de doutes, il s’agissait là de leur père. Il s’avança vers nous pendant que je continuais à le détailler. Si c’était leur père il devait être plutôt âgé pourtant, oh qu’il était bien conservé avec ce corps parfaitement sculpté à travers de polo. Il arriva enfin à notre niveau.

Morelle : papa, c’est Luna une amie...

Leslie : et Luna c’est notre papa...Pau...

Le monsieur (plaçant sa main) : Paul Desoto !

J’y posais la mienne. Il referma ma main et porta ma main jusqu’à ses lèvres et y posa un baiser. Je frissonnais sur le coup. Plus personne en dehors de de Kevin n’avait posé ses lèvres sur une quelconque partie de ma peau. Je ne l’avais pas autorisé.

Mr Desoto : enchanté de faire votre connaissance 

Moi : plaisir partagé...au fait serait-ce possible que les filles passent chez moi ce week-end ! Soirée entre fille puisque mes sœurs y sont. 

Mr Desoto : il n’y a pas de soucis ! Je les déposerai moi-même.

Nous échangions donc nos différents numéros avec les filles. J’allais leur envoyer mon adresse pour ce week-end. Voilà que j’avais trouvé comment m’occuper l’esprit sans penser à cet idiot de Kevin. Préparer ce week-end allait m’occuper toute la semaine et une fois le week-end là, être avec ces quatre filles allait me encore plus me sauver. 

…Windi Agnero…

[Deux semaines plus tard]

Moi : je pense qu’il serait temps pour moi de rentrer à la maison.

Tante Jeanne : comment ça ? Ma maison ne te sied plus ?

Moi : où vas-tu chercher ça ? C’est juste que j’ai besoin d’être chez moi. De plus depuis que Marlène est chez moi, elle n’a rien remarqué de suspect. Alors plus rien ne me retient ici.

Tante Jeanne : hum d’accord je vais t’accompagner alors 

Moi : tu es sûre ?

Tante Jeanne : oui ! A moins que Tu ne le veuilles pas 

Que pouvais-je encore dire au risque de la frustrer ? Elle avait insisté pour ranger mes affaires elle-même. Il ne fallait pas que je me fatigue et par conséquent fatiguer son petit enfant. Oui ! J’avais décidé de garder ma grossesse. Qui sait ce que la vie nous réserve ? Je suis donc rentrée chez moi avec ma tante. Elle est restée avec moi pendant un moment puis s’en est allée lorsque Marlène est venue nous retrouver. 

Marlène : si Dominique apprend que tu attends un enfant de son mari c’est sûr qu’elle va Peter les plans. Toute la famille va la sentir passer.

Moi : ferme ta bouche sur ça pardon.

Marlène : je vais même la voir ou pour lui dire ? Même à Huguette je ne dirai rien 

Moi : hum...

Le lendemain, Alida était passée me rendre visite. Son ventre était de plus en plus gros. Quand je pense que j’allais passer par la...nous avons passé une belle journée ensemble puis je la raccompagnais prendre son taxi aux environs de dix-huit heures. Je pris le chemin retour toute seule. Je traînais les pieds pour prendre un peu d’air. J’étais presque vers la maison lorsque quelqu’un surgit derrière moi. La personne était sortie de nulle part. Je n’avais même pas eu le temps de crier que la personne me ferma le nez et la bouche...je me sentis partir lentement. 

… …

Lorsque j’ouvris les yeux de nouveau, j’étais dans une pièce insalubre, assise sur une chaise, les mains ligotées dans le dos. Prise de panique, je me mis à crier à tue-tête. Qu’on me sorte d’ici immédiatement. J’avais vraiment peur. 

« Tiens donc ! La belle au bois dormant est de retour parmi nous » 

Moi : qui est-ce ? Je ne vous ai rien fait...laissez-moi partir !

« T’envoyer en l’air comme une chienne avec mon mari, ce n’est rien me faire ? »

Ma peur doubla sur le coup. 

Moi : Dominique ?

« Comme tu es maligne ! oui c’est moi chère cousine. Mon père a été lent sur cette affaire sûrement parce que tu es la fille de son défunt frère mais moi, je me serai pas du tout tendre envers toi »


C’est compliqué