Chapitre 25: Révélations troublantes

Ecrit par MTB

Elle me tendit une photo sur laquelle j’avais attrapé Moraine par la hanche lors de mon séjour à Abidjan. Qui pouvait bien lui avoir remis cette photo ?

-          C’est Moraine qui te l’a remise ?

-          Ta collègue sur la photo ? Non.

-          Et tu l’as obtenue comment ?

-          De nos jours, il y a Facebook.

-          Ah bon ! à partir de quel compte exactement ?

-          Je ne me rappelle plus.

-          C’est bien. Merci de me l’avoir apportée. Au moins je garderai un souvenir de ce voyage.

-          Il y a quelque chose entre vous ?

-          Juste une relation de travail. Tu es jalouse de Moraine ?

-          Ce n’est pas ça. Juste qu’avec les femmes, il faut toujours se méfier. Je sais de quoi nous sommes capables.

-          Donc si je comprends bien, je dois me méfier de toi également.

-          Moi je suis ta petite amie. Tu dois me faire confiance.

-          Si tu le dis. En passant, qu’as-tu fait de ta semaine ?

-          J’attendais que tu prennes de mes nouvelles.

-          Et pourquoi tu n’as pas fait signe pour m’informer ? Qui t’occupait comme cela ?

-          Tu essaies de détourner le débat ? Je pense qu’il vaut mieux que je rentre chez moi.

-          J’espère que tu ne feras pas d’escale en route.

-          Hum.

-          C’est juste pour te taquiner. Sinon laisse-moi te souhaiter une agréable soirée.

Puis je posai un léger baiser sur son front. Elle s’attendait sûrement à un baiser sur les lèvres. Mais je n’étais pas dans l’inspiration de poser vraiment un acte charmeur car toutes mes pensées étaient plutôt orientées vers la conversation la plus brève à laquelle j’avais assisté entre Moraine et Elvire : TOI.

Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Je ne pouvais pas passer tout mon temps à imaginer leur secret. Alors je décidai d’appeler Elvire en toquant à leur porte. C’était une dame un peu âgée qui ouvrit.

-          Bonsoir voisin, quelle bonne surprise !

-          Bonsoir madame. Comment allez-vous ?

-          Je vais bien merci. Quel bon vent vous amène ?

-          S’il vous plait, est-ce que Elvire est là ?

-          Oui, elle est là. Entrez s’il vous plait.

-          Merci madame mais je pense que ce n’est pas nécessaire.

-          J’insiste.

-          C’est très aimable à vous.

Je n’avais pas d’autre choix que d’entrer dans le salon. Je fus surpris par la décoration richement faite de tableaux, objets d’arts et de meubles de grande valeur. C’est vrai que je ne lui avais encore jamais posé de question sur ses origines mais elle doit avoir un parent très riche. Mon appartement ressemblait à un village. Et pourtant c’étaient les mêmes dimensions. J’étais installé dans le canapé avec un verre de jus de fruits naturel dans les mains. Mes yeux parcouraient le séjour avant de s’attarder sur une photo qui devrait être une photo de famille. Il y avait un homme en uniforme de l’armée, une dame qui ressemblait à celle qui m’avait fait entrer et trois jeunes dont un garçon qui par sa carrure, serait vraisemblablement l’aîné de la famille. Les deux autres se ressemblaient un peu mais il y avait une différence d’âge nette. Elles ne pouvaient donc pas être des jumelles. Cependant, Eugénie à Abidjan m’avait avoué être la sœur jumelle d’Elvire. Elvire m’avait plutôt parlé d’une sœur qui était revenue de la France et qui faisait des études en criminologie ou je ne sais plus quoi. Quand je fais le rapprochement, il y avait soit un mystère, soit une personne qui manquait sur la photo.

Elvire venait de faire son apparition dans une tenue légère comme si elle s’apprêtait pour la plage. Elle avait les cheveux encore mouillés. Je l’imaginai en même temps dans un maillot de bain à la piscine. Je me levai pour la saluer. Sans gêne, elle s’assit à côté de moi en posant son bras gauche sur mon épaule droite et y déposa sa tête encore mouillée.

-          Désolé chéri, mais j’étais sous la douche.

-          Je pense que le terme chéri est trop fort et risque de me créer des ennuis.

-          Tous les hommes sont nos chéris. Ou bien tu veux plus qu’un simple chéri ?

-          Il y a un proverbe qui dit que la poule peut renverser la calebasse d’eau, mais elle ne peut la remplir.

-          En français facile ?

-          En français facile, il faut savoir s’éviter des problèmes car certains trouvent difficilement solutions.

-          Donc je suis un problème ?

-          Aucunement.

-          Je te présente ma mère. Elle s’appelle Sophie.

Puis en direction de sa mère, elle ajouta : maman, voici Charles, notre voisin, mon chéri le plus proche.

-          Enchantée mon fils. J’espère que tout va bien.

-          Oui madame. Tout va bien.

Puis m’adressant à Elvire, je lui demandai :

-          S’il te plait, disposerais-tu d’un temps libre pour que nous discutions un peu ?

-          Je suis à toi, j’écoute. Tu veux qu’on parle de quoi ?

Elle avait déjà changé de position et tenait un verre dans sa main droite comme moi.

-          Pas ici. Mais dans un endroit discret.

-          C’est comme tu voudras. On va chez toi ?

-          Que dirais-tu plutôt de là où tout a commencé ?

-          A quelle heure ?

-          Disons vingt-deux heures.

-          Parfait. Tu veux que je m’habille comme la première fois ?

-          Je ne pense pas que cela soit nécessaire.

-          Ok. Bien noté.

Puis elle me raccompagna. Je me dépêchai de rentrer m’allonger. Je n’avais plus d’appétit après les crêpes et le jus de fruits. Le temps paraissait si long. J’avais choisi une heure un peu tardive pour me rassurer que la plupart des voisins seraient déjà cloîtrés dans leurs chambres. Quinze minutes avant l’heure fixée, je montai déjà sur la dalle afin de m’assurer que nous serions seuls.

Peu de temps après, Elvire se pointa. Elle avait porté une robe qui descendait à peine au niveau des genoux, se passa du maquillage et avait l’air beaucoup plus naturelle. Sous cette lune qui brillait de mille étoiles, je pouvais distinguer un visage gracieux comme sur les photos tirées en blanc et noir. Je dirai tout simplement la beauté au naturel. Elle n’avait rien à envier aux poupées dites chinoises qui font le buzz sur internet actuellement.

-          Bonsoir Charles

-          Elvire, tu es ravissante.

-          Merci. J’espère que tu ne tomberas pas sous mon charme.

-          Si cela pouvait me sauver, crois-moi, je le désirerais de tout mon cœur.

-          Alors tu voulais me voir ? Je suis là. Dis-moi.

-          Tu te rappelles de Moraine ? Ma collègue de bureau.

-          Oui, une garce à l’état pur.

-          Cela voudrait donc dire que vous vous connaissez. Quel problème y a t-il entre vous ?  

-          C’est une très longue histoire. Si tu n’as pas prévu de chaise alors, rassure-toi au moins que tu es bien assis. Mais en passant, tu lui as posé la même question ? Que t’a-t-elle dit ?

-          Je n’ai pas encore discuté avec elle. Je le ferai la semaine prochaine. Mais je veux avoir ta version d’abord.

-          Bon, voici la version courte : mon fiancé n’est personne d’autre que le grand frère de Moraine.

-          Quoi ? Et quel est le problème alors ?

-          Moi-même je l’ignore. Je sais juste qu’elle ne m’a jamais portée dans son cœur vu qu’elle fait tout son possible pour que nous nous séparons.

-          Elle veut vous séparer comment ? En faisant quoi ?

-          Quand j’ai connu son frère, il était gentil, jovial, très attentionné et surtout sérieux. Mais depuis cinq à six mois, c’est la catastrophe, mon fiancé a commencé par sortir et découcher. Il dormait rarement à la maison. J’ai demandé à des amis de le prendre en filature. C’est là que nous avons découvert qu’il entretenait une relation secrète avec une certaine Cynthia que Moraine s’est chargée de lui présenter.

-          Cynthia ?

-          Oui. D’ailleurs voici sa photo.

Elle sortit son téléphone pour me montrer la photo de la fille en question. Au fond de moi, j’espérais ne pas reconnaitre cette Cynthia. Car il n’y avait pas qu’elle seule qui portait ce prénom. Quand je vis la photo, mon cœur s’arrêta net. Des larmes coulèrent silencieusement. Elvire s’en rendit compte et essaya de me réconforter car pensant que j’étais triste pour son cas. J’avais reconnu non seulement la fille sur la photo mais aussi l’homme qui l’embrassait tendrement et avec fougue. C’était l’homme d’Abidjan.

Je sortis à mon tour mon téléphone après avoir séché mes larmes puis montra une photo identique à Elvire lui demandant de me confirmer qu’il s’agissait bien de la même personne. Sa réaction fut immédiate :

-          Tu veux me dire que Cynthia est ta petite amie ?



à suivre...
LA FILLE DE LA DALLE