Kayni Gueye

Un mois depuis que je suis revenue de Boston et je n'arrive toujours pas à quitter la maison de Betty.

J'ai tellement peur de ces souvenirs et de ces flashs que je n'ose même plus regarder vers la fenêtre. La dernière fois c'est mon père qui m'a retrouvé dans la chambre, inconsciente. À mon réveil, j'étais...en colère contre moi-même, en colère parce que je continuais à souffrir mais aussi à faire souffrir les personnes qui m'aiment alors que je suis en sécurité avec eux, en colère parce que je laissais cet homme toujours exercer sa domination sur moi même loin, je suis en colère parce que je me rends compte que depuis le commencement de toute cette histoire, j'ai été idiote, naïve et surtout faible. Si tout cela m'est arrivé, ce n'est pas la faute de mes parents, ni celui d'Ismaila, d'ailleurs lui il a rien demandé. La seule responsable c'est moi. Seulement...l'heure n'est plus aux "si je savais", ce qui est fait est fait. Désormais je dois me concentrer sur le présent et sur mes projets du futur.

En effet, j'ai décidé de me relever et prendre ma vie en main. Comme le dit Gloria Tells «I just need to focus on myself » et pour cela j'ai commencé par demander à mon père de m'inscrire en candidature libre pour le bac de cette année, je vais m'y mettre à fond et j'espère que cette fois-ci rien ni personne ne me barrera la route. Puis j'ai discuté avec mes parents, un moment que je redoutais mais qui s'est finalement bien passé, ces deux êtres sont tout pour moi, et même s'ils ont commis certaines erreurs, je dirais même de grave erreurs, l'amour et le respect que je leur porte comblent tout et je suis heureuse de leur avoir pardonner. Cependant je sais qu'ils me cachent toujours ce secret qui leur semble si difficile à me révéler mais...quoi qu'il en soit ils finiront par me le dire, lorsqu'ils seront prêts.

Et enfin, toujours dans cet élan de renaissance, j'ai décidé de m'ouvrir, enfin je veux dire m'amuser, m'épanouir et surtout mieux découvrir cette personne devant moi...bah oui ! Kalidou !

Il vient de m'inviter à dîner...une première pour moi.

Betty: Oh mon Dieu, je suis trop contente, dit-elle en criant et sautillant. Viens, il n'y a pas de temps à perdre, on va aller faire du shopping et te choisir une belle robe puis, on va te maquiller te coiffer et....

-Betty, je n'ai même pas encore accepté, dis-je en relevant la tête vers Kalidou qui me regarde avec des yeux de chat

Betty: Bah vas-y alors dis Oui.

-Oui !

Betty: Voilà c'est fait, maintenant on va....

Kalidou:  Tu acceptes ?

-Euh....oui ?

Kalidou: Elle a accepté ? Mon Dieu, elle a dit oui, elle a dit oui !

Il croit qu'il m'a demandé en mariage ou quoi là ? Il se retourne et fait la danse de la victoire. Avec Betty on se croise du regard et éclate de rire pendant qu'il saute de partout comme s'il avait gagné au loto.

-Kalidou mais c'est qu'un simple dîner.

Kalidou: Oh ma chérie, crois moi, c'est loin d'être un simple dîner.

En disant cela, il me dévore d'un  regard intense, je ne pus empêcher un frisson me parcourir le corps entier.

Betty: O...kay, c'est bon là vous êtes gênant, Kalidou sors de cette chambre ou tu vas finir par lui sauter dessus.

Il me fait un petit sourire en coin et se dirige vers la porte.

Kalidou: À ce soir !

Puis il quitte la chambre sauf que mes yeux ne quittent pas la porte.

Betty: Ah l'amour !

Je lui jette un oreiller qu'elle esquive de près.

Betty: Mais je te jure vous êtes si mignons tous les deux.

-Vous aussi vous êtes trop mignons avec....Malick.

Betty: Quoi ? Mais n'importe quoi...

-Ha oui, t'as rougie rien qu'en entendant son nom

Betty: Les noirs ne rougissent pas Kayni.

-T'as une peau métissée et donc assez claire pour que je vois que tes joues sont aussi rouges qu'une tomate.

Elle se laisse tomber sur le lit et enfonce sa tête dans le coussin.

Betty: Je te déteste

J'éclate de rire et lui frappe une fesse.

Betty: Aïe !

-Tu es a.mou.reu.se

Betty: On est deux je te signale

-Donc tu confirmes ! Je le savais.

Betty: Ouais...

-Bon aller racontes, comment vous vous êtes rencontrés ? C'est quoi votre histoire?

Elle se relève pour s'asseoir confortablement à mes côtés avant de soupirer fort.

Betty: Lui et moi, on s'est rencontré au collège par l'intermédiaire de Kalidou, c'était son meilleur ami et au fil du temps il est devenu le mien aussi. On formait un trio soudé, toujours collé l'un à l'autre. Puis en grandissant, j'ai développé des sentiments pour lui et ça je l'ai su en allant étudier en France. La distance m'a fait comprendre que je tenais à lui et que je l'aimais bien. Ensuite je suis rentrée et...il avait une fiancée....

Elle baisse la tête et se frotte les yeux. Je reste silencieuse l'incitant à continuer.

Betty: J'ai senti depuis le début que la meuf était louche et en plus elle était grave moche.

-Ay Betty

Nous avons éclaté de rire avant de retomber dans le silence.

Betty: Mais lorsque je les ai vu ensemble la première fois, il était si heureux, il souriait tout le temps, lui jetait des regards amoureux, je me suis alors dit qu'il fallait peut être que je l'oublie et que je passe à autre chose. Il était heureux et c'est tout ce que je lui souhaitais.

-Qu'est-ce qui s'est passé ensuite?

Betty: La meuf s'est tiré à une semaine du mariage avec un "ami" de Malick.

-Wow !

Betty:  Ça tu peux le dire, une vraie pute ! Après ça, il a été dévasté un moment et surtout en colère. J'ai essayé d'être là pour lui du mieux que je pouvais et finalement il s'est repris peu à peu. Nos relations sont redevenues comme ils étaient avant, on était plus complices que jamais et finalement bah un jour on s'est....embrassé.

-Jure !

Elle me lance un sourire en coin en tripotant le drap l'air gêné.

Betty: Ouais mais après ça m'a tellement chamboulée que j'ai pris mes distances. J'avais peur...que nos relations se détériorent ou que ça devienne bizarre, j'avais déjà son amitié que je ne voulais pas risquer de perdre.

-As-tu au moins discuté avec lui pour connaître son point de vue ?

Betty: Non ! Il a voulu qu'on en parle mais....j'esquivais.

-Mais tu ne dois pas continuer à fuir tes sentiments comme cela.

Betty: Je ne suis pas prête Kayni.

Je lui prends les mains et la force à se retourner vers moi pour me faire face.

-Écoutes, la première fois que je vous ai vu tous les deux dans la même pièce, j'ai crû que vous étiez un couple tellement vous vous regardiez amoureusement et vous n'aviez cesser de vous sourire et de vous chamailler. Ça se voit à des kilomètres qu'il y'a quelque chose entre vous mais vous êtes très certainement les seuls à ne pas vous en rendre compte. Tu dois lui parler, lui avouer ce que tu ressens sinon tu vas te lever un jour et ce sera trop tard.

Elle m'a fixé durant tout le temps que je parlais, est-ce qu'elle m'écoute cette folle ?

-Hey, khéfal (sourcille)

Betty: Kayni ioe c'est sûr que meusso am far ? (Tu es sûre de n'avoir jamais eu de copain)

Non mais elle est sérieuse là ? Et puis comment je dois le prendre moi ?

-Donc dans tout ce que je t'ai dit il n'y a que ça qui t'intéressais ? Betty pourquoi tu n'es jamais sérieuse ?

Elle rigole et se redresse pour regarder vers la fenêtre. Je sais qu'elle essaie d'esquiver le sujet mais j'ai une idée sakh.

-Bon ce shopping, on le fait ou non ? Dis-je en me levant à mon tour.

Elle me regarde étonné mais se reprend vite et acquiesce énergiquement.

Betty: Oui bien sûr, attend juste que j'aille prévenir ma mère que l'on sort.

Elle sort de la chambre toute excitée et je me dépêche de saisir son téléphone.

Après quelques sonneries:

*Hey couz, j'espère que tu chouchoutes bien la femme de ma vie là ?

Mon Dieu ! Le feu me monte aux joues, il a vraiment dit ça ?

*-Sa...salut Kalidou, c'est Kayni, je besoin d'un service.

*...

*-T'es là ?

*Ou...oui...oui bien sûr, qu'est-ce que...tu veux que je fasse pour toi ?

*-J'ai un plan pour notre dîner de ce soir et j'aurais besoin de ton aide.









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