Chapitre 26: La traversée du désert
Ecrit par MTB
Comment
peut-on répondre à une question pareille ? J’avais perdu pendant un
instant l’usage de la parole. Savoir que votre petite amie vous trompe est une
chose. Mais découvrir que d’autres personnes aussi sont au courant et vous
posent la question en est une autre. J’étais meurtri au plus profond de mon être.
J’en voulais tellement à Cynthia pour cette honte dans ma vie. Bref, je n’étais
pas la seule victime dans ce qui pourrait ressembler à un probable complot ou
une sordide moquerie. On m’avait une fois dit que le chagrin est comme le riz
dans le grenier et qu’il diminue un peu chaque jour. Sauf que le sage a oublié
de préciser les conditions.
Elvire
attendait-elle toujours que je réponde à sa question ? Je ne pense pas.
C’était une fille intelligente et elle avait déjà compris ce que la réponse
pouvait être. Elle s’assit par terre à côté de moi car instinctivement j’avais
fait pareil. Puis elle se mit à pleurer silencieusement. Aucun son ne sortait
mais je pouvais voir des larmes ruisseler sur ses joues. Voir une si jolie
fille verser des larmes à cause de l’amour m’avait profondément ému. Je lui
rendis son téléphone puis sortis le mien que je manipulais frénétiquement d’une
main tremblante. Jusque-là, j’ai juste la confirmation que Cynthia me trompait
avec le fiancé d’Elvire. Mais était-ce le même homme que j’avais vu à
Abidjan ? Comment aborder le sujet et dire à Elvire que j’étais au courant
de la tromperie de Cynthia et pourtant elle venait toujours chez moi. s’il
s’avérait que c’était lui, ne penserait-elle pas que j’étais peut-être au
courant et que je me moquais d’elle ?
-
Comment
s’appelle-t-il ?
-
Pardon ? Tu
parles de qui ?
-
Ton fiancé,
comment s’appelle-t-il ?
-
Didier. Il
s’appelle Didier.
-
Donc tu veux me
dire que ton Didier sort et couche avec ma Cynthia ?
-
Ça en a tout
l’air.
Puis
marquant un arrêt, je lui montrai la photo sur mon smartphone. Elle reconnut
immédiatement le visage de Didier son fiancé. Et cette fois-ci, elle fondit
vraiment en larmes sans retenue après s’être exclamée : le salaud.
J’essayais tant bien que mal de la consoler. Mais des interrogations
traversaient mon esprit. Qui traitait-elle de salaud ? Didier ou
Moi ? J’étais après tout une victime comme elle. Comme elle n’arrêtait pas
de pleurer, je m’écartai pour la laisser pleurer autant qu’elle peut et qu’elle
veut. J’avais aussi peur que quelqu’un monte sur la dalle et pense que je
l’agressais. Quand elle arrêta de pleurer, elle se redressa comme une amazone
puis me regardant méchamment, elle demanda :
-
Donc comme cela tu
le savais ?
-
Quoi ?
-
Tu savais que mon
fiancé me trompait avec ta petite amie.
-
Calmons les choses
car je crois que la colère que tu ressens, tu dis des choses que tu ne penses
pas vraiment.
-
Oh que si, je les
pense. Tu n’es qu’un salaud. D’ailleurs tous les hommes, vous êtes pareils.
-
Je sais peut-être
que ma petite amie me trompe mais je ne savais pas qui était ce type, ni
comment il s’appelait pour même savoir que c’était ton fiancé.
-
Hum.
-
Moi aussi je me
sens mal. J’avais même essayé de la piéger mais c’était sans compter sur la
malice des femmes.
-
Ils me le
paieront.
-
Tu permets que je
me charge de Cynthia s’il te plait ?
-
Oui. Mais dis-moi,
comment tu as fait pour avoir cette photo ?
-
Je l’ai prise à
Abidjan lors de mon dernier séjour.
-
Donc tu savais que
Cynthia était à Abidjan avec lui ?
-
Non, c’était le
hasard qui a voulu que nous nous retrouvions dans la même boutique.
-
Et moi qui pensais
que tu les prenais en filature pour voir ce qu’ils faisaient ?
-
Tu étais à Abidjan
aussi ?
-
Bien sûr, je
voulais savoir jusqu’où ils allaient dans leur relation.
-
Alors si je
comprends bien, Eugénie n’existe pas ?
-
C’était une
invention de ma part.
-
Je ne comprends
pas. Explique-moi un peu. Tu veux dire que c’était avec toi que j’avais couché
à Abidjan.
-
Oui, c’était avec
moi.
-
Et moi qui ai
passé tout ce temps à culpabiliser d’avoir couché avec toi et ta sœur jumelle…
Et si tu me parlais un peu de tout cela ?
Puis
elle se mit à me faire une narration simple et brève. J’avais retenu qu’elle s’était rendue à
Abidjan après avoir surpris son fiancé acheter deux billets d’avion avec sa
carte de crédit. Elle avait fait rajouter en fait son adresse email à l’insu de
Didier et donc recevait les notifications à chaque transaction financière. Elle
avait attendu qu’il vienne lui remettre un billet et lui proposer le voyage
mais rien. Elle avait donc acheté elle aussi un billet pour s’y rendre un peu
plus tôt pour ne pas se faire remarquer. Elle se rappelait ne m’avoir pas vu
entrer dans la boutique ni en ressortir. Elle m’avait plutôt aperçu quand
j’étais entré dans le hall de l’hôtel où logeaient les deux amants. Et avait
décidé de me suivre. Donc, notre rencontre ce soir-là n’était pas le fruit du
hasard et les filles auxquelles elle avait parlé n’étaient même pas ses amies.
Elle était furieuse après Didier et m’ayant aperçu, elle avait décidé de noyer
son chagrin en faisant l’amour avec moi. Cependant, elle avait décidé de me
faire passer un test car elle commençait par en pincer un peu pour moi. Elle
était attirée par ma personne et voulait se rassurer que j’en valais la peine.
C’était pour cette raison qu’elle avait inventé l’existence d’une sœur jumelle
du nom d’Eugénie. Le fait de n’avoir pas cédé à la tentation de faire encore
l’amour avec elle malgré ses provocations l’avait convaincu que je n’étais pas
si mauvais garçon. Même si elle me reprochait le fait d’avoir trompé Cynthia
avec elle.
Je
ne savais quoi dire. J’étais soulagé quand même de n’avoir couché qu’avec la
seule et même personne. Elle me fascinait par sa patience et la façon dont elle
avait mené ses enquêtes. Maintenant quel est le lien entre Cynthia et
Moraine ? Elvire en voulait tellement à Moraine que je me posais déjà la
question de savoir si Cynthia et Moraine étaient de mèche dans cette histoire.
à suivre...