CHAPITRE 26: Une gêne évidente

Ecrit par kaynaliah

Dans la tête de George

-« Lol ! La grosse blague. J’ai déjà un père avec lequel je n’ai aucun lien de sang et qui m’a élevée tandis que tu étais aux abonnés absents. Donc ça ne sert à rien de jouer au papa poule et protecteur avec moi car ce rôle ne t’a jamais intéressé »
-« Oh Rehyma » dit Grâce

Elle s’est levée et a disparu à l’étage. Sur ce coup, elle m’a laissé sans voix. Je me suis trouvé minable. Je sais que j’ai été un père minable avec elle mais l’entendre me le répéter à chaque fois me brise un peu plus. L’atmosphère est devenue lourde soudainement et ça se comprend. Grâce a voulu détendre l’atmosphère mais je n’avais pas besoin de ça. Je comprenais très bien la position de ma fille et je ne lui en voudrai jamais pour ça. Elle a totalement raison. J’ai pris congé de Marc et Grâce qui étaient me semble-t-il tristes pour moi. J’ai pris ma voiture et roulé péniblement jusqu’à chez moi. Je suis rentré chez moi dans un état second mais j’avais terriblement mal au cœur. J’ai croisé Mélissa qui m’a apporté à manger. On a discuté et j’ai pu découvrir qu’elle comptait rester avec moi. Mélissa, cette petite fille, je l’ai connue tellement petite et je l’ai en quelque sorte élevée. Elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas partir car j’étais son second père et que même si elle le voulait, elle ne pourrait pas. Cela m’a mis du baume à cœur. Malgré que mes relations soient plus ou moins tendues avec ma fille biologique, celle que j’ai adoptée veut de moi dans sa vie. Cela peut être une preuve que je ne suis pas un si mauvais père comme je peux le penser.

Mélissa a fini par aller se coucher car elle commence son stage demain et vaut mieux qu’elle soit à l’heure. Je suis allé aussi dans ma chambre, ai pris une douche et ai suivi un peu la télévision avant de me lever et de tirer des valises pour ranger les affaires de Clarisse. Je ne supporte plus de les voir. Je suis plutôt de bonne humeur quand je le fais. Deux heures plus tard, je me suis débarrassé de tout ce qui m’encombrait et me suis rendu à mon bureau. Pour la première fois depuis le décès de mon épouse et après tant d’années, je me dirige vers cette immense armoire dans laquelle j’ai rangé toutes ses affaires que j’ai voulu garder. En premier lieu, j’ai ouvert un tiroir et sorti notre alliance de mariage que j’ai remise à mon doigt. Je suis un homme marié et le resterai à jamais car je ne veux plus me remarier. Cette alliance est le symbole de ce contrat existant entre nous. Je n’ai jamais réussi à oublier mon épouse. Je l’aime et l’aimerai toujours. Elle reste à jamais gravée dans mon cœur. Elle est celle qui m’a donné le plus beau cadeau : un enfant. Je fouille dans l’armoire et souris en tombant sur ce collier de perles que je lui avais offert pour notre premier anniversaire de relation. Je relis avec tant d’amour et émotion toutes ces cartes que nous nous sommes échangées. C’est fou comme elle peut me manquer. Je refuse de penser à ce qu’aurait pu être notre vie si elle n’était pas partie. Je refuse de penser à ce qu’aurait pu être notre famille si elle était encore là parmi nous. 

Je tombe sur ses échographies de grossesse. Je me souviens combien j’étais inquiet de la savoir enceinte. Je me souviens combien j’étais stressé pour elle et notre enfant. Je vois des photos de nous avec son baby bump imposant et qui nous donnait tant de joie et bonheur. Je retombe sur l’album photo de naissance de Rehyma. Elle était si belle comme sa maman. Je me souviens de ce sentiment si indescriptible que j’ai ressenti lorsque je l’ai prise dans mes bras la première fois. Elle était si belle ma fille, notre fille.
J’ai hésité de longs moments à visionner ce souvenir si mémorable. Je ne savais pas si j’aurai le courage nécessaire pour regarder la vidéo de notre mariage. J’avais peur de le faire et de me sentir perdu. J’ai hésité de longues minutes avant de me servir un verre de whisky sec. Je me sentais si mal et perdu mais je me suis repris. Il fallait que je regarde encore. Il fallait que je le fasse. La revoir si belle et si magnifique en ce jour béni qu’on a tant attendus m’a fait couler des larmes. J’étais à la fois ému d’avoir garder ce souvenir et triste qu’elle ne soit plus là pour s’en rappeler. Je me souviens qu’elle m’a envoyé ce jour-là un message : une prière pour remettre cette journée et notre union au Seigneur. On était tellement amoureux et si insouciants du drame qui nous frapperait des années plus tard. 

-« On peut rater un train, un bus, voire même un avion mais il ne faut jamais rater son histoire d’amour. Je me souviens que lorsqu’on a décidé de se mettre ensemble cela n’a jamais été facile tout d’abord par nos situations d’étudiants, nos caractères forts et les épreuves qu’on a eues à traverser. Mais cela m’a montré justement que nous étions faits l’un pour l’autre et que je voulais être à tes côtés pour traverser toutes ces turbulences. J’ai demandé à Dieu à ce que l’homme qui portera mon cœur soit généreux, sociable, respectueux, fidèle, aimant, sincère. Toutes ces qualités, je les ai retrouvées en toi et je me rends juste compte que le Seigneur fait si bien les choses. Je t’aime tellement George et je te promets de t’aimer, te chérir, être fidèle, respectueuse et soumise »
-« En presque 10 ans de vie commune, toi, Jeanne m’a apporté énormément de choses. Je parle bien sûr de choses qu’aucune autre personne n’a su m’apporter. Lorsque j’étais faible, tu étais là et si je devais écrire un livre, il n’y aurait pas assez de pages pour décrire tout l’amour que j’ai pour toi. Je te promets de t’aimer, te chérir, te respecter et d’être toujours là pour toi »

Ce sont les vœux que nous avions échangés lors de notre mariage. J’ai le cœur en miettes en nous voyant si heureux. Ma femme me manque tellement. Ma meilleure amie me manque. Elle était mon tout. Il était donc si normal pour moi de faire cette dépression que j’ai eue à son décès. Je n’arrêtais pas de repenser à ces moments de bonheur. Nous étions si émus tous les deux à ce moment là et c’est ça que je veux garder de ce jour-là. J’ai passé toute la nuit à écouter ces vœux et aidé de ma bouteille de whisky. J’ai voulu me prouver ces dernières années que je pouvais aller de l’avant voilà pourquoi j’ai accepté les avances de Clarisse mais à vrai dire mon cœur n’y était pas. La seule personne qui a pu me ravir mon cœur est mon épouse. A 4h 30 du matin, j’ai fini par monter me coucher mais après avoir récupérer le DVD.

Mélissa est partie il y a 10 minutes et je monte prendre ma douche avant de m’enfermer dans ma chambre. Je m’assois à même le sol et lance encore le DVD tout en buggant sur l’échange des vœux que je rembobine à chaque fois. Je n’y arrive pas sans Jeanne. Cela me semble impossible sans compter mes rapports plutôt conflictuels avec ma fille. J’ai vraiment tout foiré de A à Z. Je ne sais pas ce qui s’est passé mais Rehyma s’est retrouvée devant moi et m’a demandé de l’excuser pour son comportement. Elle s’est jetée par la suite dans mes bras avant d’éclater en sanglots. Ma fille ! Elle m’a tellement manqué. J’aurai tant aimé que sa maman, ma femme soit là. Mais je crois qu’il est temps d’aller de l’avant. On en a besoin Rehyma et moi. On a besoin de reformer notre famille.
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Dans la tête de Rehyma

Mon père. Je me souviens que lorsque j’étais plus jeune, je ne voulais rien à voir avec lui. Je le haissais tellement. Je voulais qu’il souffre comme je souffrais moi. Oui tonton Marc était là et est mon père mais le fait de savoir qu’on n’est pas le même sang et qu’il m’aimait sans condition me faisait terriblement mal. Un étranger m’aimait plus que mon propre sang. Je n’arrivais pas à le comprendre. J’en ai terriblement souffert et cela se ressent encore dans ma chair. J’ai tellement hai mon père pour toutes ces souffrances, son abandon. Je l’ai toujours vu comme un homme fort, si sûr de lui. J’étais loin de me douter qu’il souffrait aussi de la perte de maman jusqu’à maintenant. Le voir là, assis au sol avec un verre de whisky et regarde maman sur l’écran de la télévision comme si elle était dans la pièce m’a brisée. J’ai besoin de mon père te il a besoin de moi. On a besoin l’un de l’autre tout simplement. On a besoin d’aller de l’avant et je veux qu’on réussisse. 

Je l’ai aidé à se lever et à s’asseoir sur le lit. J’ai bien peur qu’il ait un peu trop bu. Je vois qu’il porte une alliance et je n’ai jamais remarqué qu’il en portait une. J’ai fermé les fenêtres et ai mis en marche le climatiseur. J’ai pris son verre, la bouteille de whisky et retiré le dvd du lecteur. Je suis descendue et j’ai croisé Rosine, la cuisinière.

-« J’ai juste une question Rosine »
-« Je t’écoute »
-« Papa a l’habitude de boire ou c’est juste occasionnellement »
-« Tu sais ma petite ça dépend des périodes. Certaines fois il boit comme un trou et d’autres fois il est tr ès lucide »
-« Il boit à quelle fréquence par exemple dans une semaine ? »
-« Trois à quatre fois »
-« Bien »
-« Rehyma tu ne te souviens pas de moi n’est-ce pas ? »
-« Non désolée »
-« J’étais ta nounou avant que vous ne partiez pas en Afrique du Sud où madame est décédée »
-« Tu as connu ma mère ? »
-« Oui et toi tu étais toute petite comme une pomme »
-« …. »
-« Tu lui ressembles tellement »
-« Merci »
-« Tu comptes venir t’installer ici ? »
-« Je ne sais pas encore. Ce n’est pas d’actualité pour l’instant »
-« Cela ferait vraiment plaisir à Monsieur et à Mélissa »
-« Mélissa ? »
-« Oui la fille de Mme Clarisse »
-« Ah ok. J’ignorais qu’elle était restée dans cette maison »
-« Si elle est là. Mais si tu restes jusqu’à ce soir tu pourras la rencontrer »
-« On verra bien »

Je me souviens que tout le monde m’a parlé d’elle mais on n’a jamais eu l’occasion de se rencontrer. Je devrais la remercier car elle a joué un rôle majeur dans mon sauvetage. Ca me fait bizarre de savoir qu’elle est la fille de cette sorcière. J’ai vraiment eu de la chance qu’elle ne soit pas comme sa mère. En regardant les photos au salon, il me semble avoir déjà vu Mélissa quelque part. Son visage m’est très familier soudainement mais je n’arrive pas à mettre la main dessus. Luca m’appelle pour prendre des nouvelles mais je le rassure que tout va bien. Je le rappellerai tout à l’heure. Je fais un peu le tour de la maison et ne trouve rien qui puisse rappeler le passage de cette sorcière de Clarisse dans cette maison. On a l’impression qu’elle n’y a même jamais vécu. C’est tant mieux d ‘ailleurs. 

Je suis assise dans le bureau de papa et j’ai les larmes aux yeux en lisant ces messages d’amour que mes parents s’échangeaient tout le temps. Mine de rien mon père est un grand romantique. J’aurai tellement aimé assister à cela si ma mère était encore dans ce monde. J’entends la porte s’ouvrir et je vois une magnifique fille métisse au seuil et qui semble me regarder avec interrogation.

-« Bonjour. Je peux savoir ce que vous faîtes dans le bureau de mon père ? » dit-elle les cils froncés
-« Bonjour Mélissa »
-« Bonjour Rehyma. Je ne sais pas ce que tu cherches ici mais il faudrait sortir de là car papa n’aime pas qu’on entre ici sans son autorisation»
-« Ok » dis-je en me levant et en la rejoignant
-« Je suis contente de voir que tu ailles bien »
-« Et c’est en partie grâce à toi. Je tenais à te remercier
-« Je n’ai fait que mon devoir. N’importe qui aurait fait la même chose. Il est où papa ? »
-« Il se repose »
-« Ok. Ca te dit de manger avec moi quelque chose ? »
-« Oui pourquoi pas ? Après tout nous sommes comme des sœurs »
-« …Effectivement. Je vais vite me changer. Je reviens »
-« Je t’attends »

Elle a disparu à l’étage tandis que je me rendis en cuisine où Rosine avait fait à manger et il fallait réchauffer. La table avait été dressée déjà à l’avance et il fallait juste déposer la nourriture. J’ai réussi à prendre mes marques dans la cuisine et à tout déposer sur la table à manger. Papa m’a rejoint et était étonné de me trouver encore là. Il s’installa et Mélissa prit aussi place. Au même moment, j’entendis le portail s’ouvrir et je vis Luca entrer dans la cour. Mais qu’est-ce qu’il fait là ? Je ne l’ai même pas appelé. J’espère que papa sera plus gentil avec lui aujourd’hui. Il entra dans la maison et nous trouva à la salle à manger. Il nous salua et bugga en voyant Mélissa. Soudainement je me suis souvenue où je l’avais vue : au mariage et au restaurant. Mais il me semble qu’il y avait quelque chose entre eux. Que s’est-il passé ?

-« Tiens donc Luca. Pour une surprise s’en est une. Puisque vous êtes là, prenez donc place »

Je crois que papa ne s’est pas rendu compte de la tension qui s’est installée dans la pièce soudainement. Mélissa semblait énervée et gênée tandis que Luca me fixait. Il a eu une relation avec ma sœur ?


Rehyma: Le choix de...