Chapitre 3: Maman... Ce Super-héros

Ecrit par Prunsy

Des mois passèrent et mon père n'arrêtait pas. Au contraire, ça se faisait plus fréquemment. Avant il ne le faisait que lorsque maman était absente toute la journée ou en voyage. Puis il venait maintenant tard la nuit alors que j'étais déjà couchée, ou entre midi et deux parce que bizarrement, depuis ce fameux jour, c'était maintenant lui qui venait me chercher à la fin des cours. À l'école, aussi, mon comportement avait changé. De la petite fille éveillée et pleine de vie, je suis passée à renfermée et agressive de ce que disaient mes enseignants. Les remarques avaient été faites à mes deux parents.


Ma mère a longtemps essayé de me tirer les vers du nez, elle m'a même envoyé un petit moment chez ma marraine pour que cette dernière aussi se fasse sa propre opinion. Étonnement, chez ma marraine, j'allais bien. Elle retrouvait la petite Chancy espiègle et câline. À mon retour chez les parents, de nouveau, un changement, ma mère ne comprenait pas. Elle en parlait avec mon père et il lui répondait un truc différent à chaque fois juste pour qu'elle se calme.


Jusqu'au jour où, par un midi où la canicule équatoriale se faisait sentir, comme à son habitude mon géniteur était venu me prendre. Il m'avait laissé le temps de me mettre en tricot et de me "détendre" un peu comme lui-même, il disait. J'entendais ses pas d'homme lourd se diriger vers moi. À l'idée de savoir que ce cauchemar incessant va recommencer, je sens une boule dans la gorge.. Elle se noue... Mes yeux picotent... Chaque pas que je perçois résonne dans ma tête ! Je cherche refuge entre mon lit et ma table de chevet avec ma poupée que je serre de plus en plus fort contre ma poitrine.


Lorsque finit par s'ouvrir la porte, mes larmes coulent déjà à flots et à torrent sur mes joues. Je me surprends même à murmurer « oh non pas encore... Non pas, ça, je veux plus petit Jésus », car ma mère m’a toujours incité à demander au Seigneur de l’aide. Une fois dans la pièce, il me souleva et me mit sur ses genoux, puis essuya mes larmes.

Lui : qu'est-ce qui ne va pas ma puce ?

Moi : je n'aime pas ce jeu papa... Ça me fait mal... Et.. Et tu dis de gros mots à chaque fois que je te parle... Tu me fais peur... Je ne veux plus jouer à ce jeu...

Lui : orh ma pauvre petite puce (bisou sur le front) ! Tu sais, je ne dis pas ces méchants mots exprès d'accord ? Je suis désolé.

Moi : donc on arrête ?

Lui : ... Non. Mais je vais jouer plus doucement d'accord ?


Je voyais dans son regard, cette mine compréhensive, sincère et aimable que je n'avais plus vu depuis déjà 2 ans… Donc depuis que ces jeux étranges avaient commencé. Sans trop savoir pourquoi - peut-être parce que ce visage compatissant m'avait manqué et je ne voulais plus le fâcher - je finis par hocher la tête de haut en bas en larme.


Il commença donc sa besogne comme à ses habitudes, mais étrangement, cette fois-ci me semblait différente... Oui, j'avais encore plus mal qu'avant. Plutôt, que de faire doucement, il accélérait et était encore plus dure. Là je ne pouvais plus me retenir, il fallait que je crie, que j'appelle à l'aide parce que j'avais l'impression que j'allais mourir.


Je me mis à crier de toutes mes forces, les larmes aux yeux, la main à l'endroit où ça me faisait mal, tout en essayant de me débattre pour qu'il lâche l'étreinte qu'il avait sur moi, mais en vain : « MAMAN !!!!!! AU SECOURS !!!!!!!!! J'AI MAL !!!! OHOH !!!!!! UUUHH UUUHH!!!! TU ME FAIS MAL !!!!! ARRÊTE !!! PAPA ARRÊTE !!! ».


À chacun de ce genre de cris, je recevais une gifle accompagné de son fidèle ami le juron. Je n'en pouvais plus de crier... Je ne savais même plus ce qui me fatiguait le plus : le fait de m'époumoner ou ce jeu cauchemardesque.


Au moment où je sentis que toutes mes forces me lâchaient, je sentis des petites tapettes sur les joues. Mais ces mains-là étaient douces, cette voix était mélodieuse... Oui, je connais cette voix... Elle ressemblait à celle d'un ange... Je puisai alors la dernière force qu'il me restait pour ouvrir les yeux ! Oh ! Je voyais, je n'avais plus de cravates devant les yeux... Je savais que c'était elle, je savais qu'il s'agissait de mon ange : « … Maman… » Dis-je avant de m'effondrer de fatigue.

Chancy ou les aléas...