Chapitre 30
Ecrit par sokil
Vous
êtes – vous déjà représenté cette scène où l’acteur se retrouve dans
une telle situation, en ayant en face de lui la personne qu’il prétend
aimer? Où l’on est seul au monde et que ce n’est qu’à vous que ça
arrive ? Qui a déjà eu à lutter contre ses pulsions, contre cette
attirance même si on est bien conscient des risques encourus, des enjeux
et des conséquences qui en découdront.
Quelle sera la portée d’un tel acte si je me donne à cette personne ?
Ou même que je la rejette ? Quelle soit minime ou importante, la
manière dont « l’autre » pourra me juger, me condamner, m’insulter, ou
encore m’apprécier, me féliciter, aura peut-être un impact majeur …
C’est « autre » qui n’est autre que toi, elle, lui, nous, vous ? Est-ce
ça compte ? Est-ce que à cause d’un passé douloureux, douteux, voire
malheureux, ne devons-nous pas avancer afin de construire notre propre
avenir ?
Tout un tas de questions déferlent dans mon esprit
dès l’instant où Bill, en face de moi me fait cette déclaration. Mon
silence l’effraie peut – être, et il fait mieux d’avancer vers moi,
lentement, avec précaution, on aurait dit qu’il marche sur une corde
raide, suspendue dans le vide ; il a peur de tomber ; il redoute à cet
instant ma réaction…Je suis scotchée sur place, incapable de bouger,
j’ai juste les deux mains jointes au niveau de ma bouche, et je ne le
regarde plus… il est tout près, si près de moi qu’il suffit que je lève
juste les yeux vers lui pour ressentir l’immense chagrin qui le domine…
- Bill …
- Voilà, c’est … c’est un aveu ! Tout ça n’a rien de banal, cette rencontre !
- Rien …de … banal !
- N’aie pas peur ! Tu…tu te souviens je t’ai appris à ne pas avoir peur …
- Comment ne pas avoir peur ? Comment ne pas redouter la foudre qui
risque encore une fois s’abattre sur moi, sur nous ? Je risque encore
de perdre, de tout perdre ; c’est encore une souffrance de plus qui
s’ajoute ! J’en peux plus… Snif ! Snif !
- Regarde-moi ! Regarde-moi… Chérie ?
- Je te mentirai, si je te dis que je ne ressens rien pour toi, je te
mentirai si je te dis qu’au fond je ne suis pas heureuse de te savoir
ici, d’être venu ici, juste pour ça !
- Alors quoi ?
- Alors j’ai juste peur …
- Tu dois être au-dessus de ça ! Ce n’est qu’un détail et pour moi il est minime !
- Mais comment ? J’aimerai que ce soit possible, j’aimerai tant me
laisser aller, et me convaincre que ce qui se passe actuellement est
tout simplement normal, que ça n’a rien de grave et que les conséquences
de nos actes ne nous plongeront pas dans une sorte de ...
- Viens – là ! Donne-moi la main ! Marchons un peu…
Nous sortons ; seuls tous les deux dans la rue, il me tient par la main
et nous marchons tous les deux vers où ? Nulle part, nous marchons
tout juste, vers l’inconnu. Nul ne sait où toute cette histoire va nous
mener… On se laisse guider, instinctivement, en regardant au loin le
clair de lune… Bill ne me lâche pas la main. De temps en temps il l’a
presse si fort comme pour me faire passer un message, que je tente juste
de décoder…
- Klariza ? Tu vois la lune ?
- Oui bien sûr !
- Que représente-t-elle pour toi ?
- Elle éclaire tout juste … dans la nuit !
- En effet oui ! Mais c’est aussi plus que ça… il y a tellement de mythes et de légendes autour d’elle!
- C’est vrai !
- La force de l’attraction terre – lune et lune - terre… Elles sont toujours si proches l’une de l’autre …
- Mais sans jamais se toucher !
- Oui, mais elles cheminent toujours ensemble sans jamais se quitter !
- T’as raison !
- C’est ce que je veux, contre vents et marrées !
- Bill…
- C’est ce que je veux… Je sais ce que je veux, toi !
Il s’arrête de marcher ; le fait qu’il me tienne aussi par la main me
freine aussi à l’immédiat. Je me retourne, on se regarde, on se
rapproche…
- Bill… je t’aime c’est vrai, je t’aime vraiment ! Mais c’est pas correct ! C’est hyper difficile… C’est dur… Snif… Snif !
- Alors demande-moi de m’en aller, et je m’en irai pour de bon ! Si
nos chemins doivent vraiment se séparer…. à cause de mon père…
Je l’ai regardé les yeux trempés, il a effleuré ma joue comme pour me
consoler de ce « mal » qui nous habite, qui nous immobilise et nous
maintient ainsi sur place sans plus rien se dire…Ensuite il se décale,
il fait quelques pas en arrière et me tend encore la main…
- Tu veux bien accepter de reprendre ma main ? Tout ira bien… Si tu acceptes… Si tu acceptes de m’aimer…
Bill m’attire contre lui, je me love contre lui ; nous restons ainsi pendant de longues minutes…
- Je ne mettrai pas long ici à Charlotte, j’ai beaucoup de travail,
mais il fallait que je te voie, que je te parle… c’était capital, parce
que je ne dormais plus, j’étais si mal en point !
- C’est pareil pour moi, je suis si mal en point ! Je ne sais où donner de la tête parce que …
Nous répondons à l’unisson, au même moment, c’est sorti comme ça tout seul…
- PARCE QUE JE N’AI QUE TOI DANS MON ESPRIT !
Surpris, on se regarde et on sourit un peu… Il veut me prendre le
visage encore une fois, il veut m’embrasser, je veux l’embrasser nous
hésitons encore quelques secondes…Ensuite comme par magie, on s’étreint,
on se laisse dominer, on court le risque… Je me détache rapidement.
- Chérie, tout va bien se passer ! Me dit-il en me retenant par la taille
- Qu’est ce qui te fait dire ça ? Comment en es – tu sûr ? Tu n’arrêtes pas de le répéter !
- Je suis sûr qu’il y a une explication à tout ça !
- Bill ! Avec un passé et une famille complexe comme la mienne est ce tu…
- Ma famille est aussi complexe que la tienne !
- Comment ça ?
- C’est ce que j’ai voulu te dire la dernière fois avant que tu ne
sortes de la voiture… je voulais t’expliquer ça, mais je comprends que
tu étais sous le choc, tout comme moi d’ailleurs ! Je n’ai pas vécu
longtemps avec eux ! Mon père, j’ai bien connu sa sévérité légendaire ;
les bastonnades exemplaires, j’ai connu ça, les humiliations qu’il
faisait subir à ma mère je l’ai vécu… Mais je n’ai jamais su qu’il
avait épousé une autre femme, ta mère, ça jamais ! J’étais très jeune,
j’ai vécu avec eux jusqu’à mes 11 ans, et à 12 ans je suis venu ici par
l’entremise d’un ami à mes parents…
- Monsieur Morrison !
- Tu comprends vite ! J’étais mineur quand il me prend sous son aile,
il m’adopte en quelque sorte ! Mais il décède plus tard… J’ai dû me
battre tout seul, ce n’étais pas évident… Je ne voulais pas retourner au
Cameroun, je n’avais plus d’attaches, surtout pas avec lui, Ferdinand…
- Je comprends, c’est triste tout ça, tu as du te sentir bien seul
pendant toutes ces années, tu n’as plus d’attaches avec ton pays et pire
avec lui, il est comme ça !
- Non aucune attache, mais je suis très proche de mes frères…
- Tes frères ? Tous des Tsoungui ?
- (Il sourit timidement) Ma petite sœur, Elodie qui vit en France, et
mon frère cadet Aymeric qui vit ici ! Tous… des Tsoungui ! Avant je
m’entendais très bien avec ma mère, elle vient constamment ici, mais
toutes ces dernières années elle le fait plus pour Aymeric, pas pour moi
! J’ai mis aussi de la distance avec elle! Aymeric est comment dire…
très rebelle ! C’est un petit voyou, qui se complait en permanence dans
l’alcool, le sexe, la drogue, il n’est jamais stable, c’est pas
évident… Il doit me rejoindre à Los Angeles bientôt !
- Je crois qu’il est traumatisé par votre père !
- C’est exact, il a longtemps vécu avec eux !
- Je sais ce que c’est … je ressens la même chose, parfois le passé ne
nous laisse pas en paix, ça nous suit, difficile de s’en défaire !
- Tu sais, il m’arrive parfois de regarder toutes ces personnes qui
s’entendent si bien avec leur parents, je trouve que c’est important
pour l’équilibre mental d’un enfant, c’est primordial…Chez nous ça n’a
presque jamais existé ! Ferdinand a toujours été froid, et j’ai
toujours pensé que c’est l’une des raisons qui a poussé Morrison à me
prendre…
Nous sommes interrompus par la sonnerie de son téléphone.
- Excuse-moi une seconde… Le boulot !
Lorsqu’il raccroche, il se tourne vers moi.
- Je … je dois retourner très tôt demain, c’est le boulot !
- D’accord, il faut y aller ! Il commence à se faire tard, je dois récupérer mon fils chez ma voisine, il s’est endormi !
Il me raccompagne jusqu’à chez moi ; il reste sur le pas de la porte et
lorsque je vais frapper chez Ashley pour récupérer Rick endormi, il se
propose de le prendre dans ses bras.
- Laisse-moi t’aider… Il est déjà bien lourd ce garçon !!!
Il ne me donne même pas le temps de réfléchir qu’il s’exécute sans me
demander mon avis ; il me surprend encore plus lorsqu’il me demande où
se trouve la chambre de l’enfant et propose de le changer.
- Laisse-moi faire…Tu es fatiguée, il faut que tu reposes !
Au moment de nous séparer, je m’approche de lui et je lui murmure un
merci à voix basse. Il m’entoure par la taille et m’embrasse encore…
- Promets – moi de rester forte…
- Je te promets, je ferai l’effort de rester forte ! Et toi ?
- Je suis assez fort pour ne pas me laisser abattre…Mais je ne sais pas si je serai assez fort si tu m’envoyais balader !
- Tu reviens quand ?
- Très bientôt, et j’espère être ton invité spécial …
Trois mois plus tard …
J’ai toujours détesté l’hiver, qui arrive à grand pas; déjà en automne
avec le paysage morne, où tout est gris, où toutes les feuilles tombent
sans cesse des arbres, me rend souvent mélancolique … Cette fois ci les
choses sont un peu différentes, cette fois ci qu’il vente ou qu’il
neige, j’ai bien gardé le sourire, et ce depuis un certain temps …
Voilà, j’ai accepté de faire partie de la vie de Bill ; Je n’ai
peut-être pas pu ou su répondre correctement à toutes ces questions que
je me suis posé au tout début de cette idylle, mais je pense que j’ai eu
à décider selon mon jugement personnel, mon instinct ; selon ce que moi
je ressens et non par rapport aux autres… J’ai dû tenir compte de ça,
de ma vie personnelle; je me suis rendue compte qu’il s’agit de mon
bonheur à moi et non celui des « autres », ces autres-là qui ne sont que
vous, eux, ceux ou encore celles – là… Ce bonheur, ces quelques petits
instants de bonheur que je vis avec lui, peut – être qu’elles ne
mettront pas long, peut – être que nous nous casserons la figure…
Peut-être que je constituerais toute une liste d’ennemis… Mais c’est mon
bonheur à moi, aussi misérable soit-il.
Après notre
séparation le soir où Bill m’a avoué qu’il m’aimait, nous nous sommes
beaucoup rapprochés malgré la distance qui nous sépare. Il ne manque
pas à son devoir de venir ici à Charlotte nous rendre visite
régulièrement. En trois mois il n’a jamais manqué à sa parole ; quand
il est à Los Angeles, il m’appelle tous les soirs pour me souhaiter
bonne nuit, et en l’espace de quelques semaines j’ai donc pris le
rythme.
- Non Bill ! Il est 22 heures ! D’habitude c’est 20h !
Excuse-moi j’ai pris de mauvaises habitudes… Tu es très occupé et … je
ne devrais pas…
- Moi j’aime ça ! J’aime t’entendre me
parler, réclamer, tu as tous les droits ! J’ai eu un léger contre temps
! Mais je me rattrape… Comment tu vas ? Et Rick ?
- Nous allons très bien ! Et toi ?
- Ça va ! C’est barbant tout ça mais bon, on s’accroche… C’est toi qui me manque !
- Tu me manques aussi !
- Écoutes, je suis là le week –end prochain, j’arrive vendredi soir !
- Ah oui ? Trop contente !!!
- Oui ! Est-ce que ça tiens toujours ?
- Quoi ?
- Tu as oublié ? Je suis toujours ton invité spécial !
- Je ne peux pas oublier ! Ahahaha !
- Aller, je t’embrasse, tu dors bien ! Bisous !
- Bisous mon autre bébé !
Bill, c’est mon bébé, mon autre bébé ! Quand il vient ici à Charlotte,
c’est le bonheur complet…Rick l’a adopté et vice versa ; ils s’adorent
et il leur arrive parfois de jouer ensemble à des jeux déments, pour
enfants ! Mais Bill a fait plus que ça ce week – end ! A peine il a
sonné, je n’ai pas eu le temps de me lever que j’ai vu Rick débarquer de
je ne sais où et se diriger en courant vers la porte…
- Rick où vas-tu ?
- C’est pour moi ! C’est pour moi ! Il m’a promis !
- Quoi ?
Bill lui a promis de lui ramener la dernière console de jeux vidéo du siècle !
- Je suis morte avec vous deux ! Je ne vais pas respirer !
Ils ne m’écoutent même pas, ils ne prêtent pas attention à moi ; à
peine je lui ai ouvert, il m’a embrassé chaleureusement et ensuite lui
et Rick se sont jetés l’un sur l’autre, le temps de déballer son cadeau
et de l’installer ; je les observe, je secoue la tête et je souris.
Mine de rien ce Bill est trop paternel, ça m’émeut. Un peu plus tard,
après avoir dîné, rangé et mit le petit casse-cou au lit, Bill me
rejoint à la cuisine ; il est en bras de chemise et en jean, il vient me
coller par derrière, et tout en m’embrassant par petits coups sur la
nuque.
- A ton tour maintenant ma belle ! Tu m’as manqué ! Me dit-il dans un murmure.
- Toi aussi ! Lui répondis –je en murmurant également.
- J’ai envie de toi !
- Je vais me venger ! William…
- Pourquoi ?
- J’ai constaté que tu étais plutôt l’invité spécial de Rick, pas de moi !
- Ah bon ? Rick et moi c’est autre chose… Toi c’est spécial !
- Tu es fou, mais là tu gagnes… C’est toujours aussi spécial avec toi… Mon gros bébé !
- Redis-le encore !!!
- Mon gros bébé !!!
- Encore !!!
Il me traîne en douceur dans la chambre… Ça dure comme ça depuis trois
mois ; à chaque fois qu’il vient ici à Charlotte, c’est toujours aussi
spécial ; c’est fou cette entente, cette harmonie, cette communion qui
existe entre nous, et ce, depuis la première fois que je me suis donnée à
lui ! C’est toujours aussi parfait, puissant, magique… cette
complicité qui s’est créée au fur et à mesure est toujours aussi
grandiose et si particulière, cette complicité quand nous faisons
l’amour, empreinte d’une originalité hors pair… Enfin au moment de se
retirer, il ne le fait jamais à l’instant, il attends toujours un peu ;
on attends que les spasmes qui inondent nos corps emmêlés, s’estompent
lentement, progressivement…
- Ma chérie…Huuuuum !!!!
- Ooooh …. Mon bébé !!!
Dès que Bill s’affale sur le côté, et pendant qu’il reprend son
souffle, je me joins à lui et on y reste ainsi, jusqu’au matin. Dès le
lendemain c’est rebelotte ! Réveil de Rick, petit - déjeuner, jeux
vidéos, repas à midi ! Rick veut aller voir son copain etc… A peine
parti, Bill se jette sur moi, il m’enlève juste le collant que je porte
et me suis un peu partout.
- Tes fesses vont me tuer ! Viens ici ! Ton maître t’appelle !
- Tant que tu ne m’as mise en laisse (collier), laisse tomber…Ahahaha !!!
- Tu vas voir !
Et c’est reparti pour une autre séance encore plus chaude et plus
érotique. Il veut que je fasse ça, il aime bien que ça se passe ainsi !
Assise en face de lui sur le lit et rien qu’en T shirt, on se lance
des regards pleins de malice et de vice…ensuite à quatre pattes et nu
comme un ver, il se rapproche, il veut que je garde le T shirt et ne
m’enlève que le slip…
- Juste le bas ; pour un début c’est largement suffisant ! Me dit-il en me câlinant.
S’abreuvant ainsi de ma foufoune avec un appétit féroce, ses mains
parcourent mon ventre et remontent jusqu’à mes seins ; je ne sais pas
trop comment, mais il parvient à venir en moi d’une manière si espiègle
que nous nous mettons à sourire amoureusement… Pendant qu’il s’exécute
je me tords de plaisir, à tort et à travers, et où tous les travers sont
parfois permis…Ce plaisir partagé représente bien cette harmonie
presque parfaite, cette fusion de deux êtres marqués par un passé
houleux, scandaleux, dont ils essaient de surpasser, de transcender les
limites ; c’est tout simplement la quête d’un bonheur imaginaire
représenté sur une toile ayant pour seul fond, l’espoir, l’optimisme,
tel est le message véhiculé.
A califourchon sur lui je me donne
à lui avec tant d’amour à partager, tant d’amour à lui donner; ses
mains se resserrent parfois sur mes hanches, mes fesses, et parfois se
baladent un peu partout, il soulève légèrement mon mini T- shirt et
attrape mon sein gauche ou droit de sa bouche… Son regard ne se détache
pas du mien… Lui aussi se tord et se contorsionne de plaisir ; ce
plaisir qu’il reçoit, il me le donne en retour, il sait que j’ai tant
besoin de cet amour, alors il m’en donne plus qu’il n’en faut…Plus qu’il
n’en faut… Plus qu’il n’en faut …Quelques minutes plus tard, allongés,
l’un contre l’autre, il a préféré se plaquer contre mon dos, me caresser
et me parler avec beaucoup de tendresse…
- Tu as aimé ?
- J’ai adoré Bill ! C’est toujours bien avec toi !
- C’est important pour moi aussi !
- Ça l’est pour nous deux je t’assure !
- Oui … Tu sais, je l’ai toujours senti !
- Quoi donc ?
- Tu te souviens ? Tu ne voulais pas affronter ta peur… Je t’ai
encouragée à monter sur cet engin ; tu m’as pris la main et voilà, j’ai
senti que tu avais besoin de ça, tu t’es agrippée à moi, tu ne m'as pas
lâchée une seconde ; j’ai pas arrêté de t’observer alors que tu avais
les yeux fermés!
- Ah bon ? Tu ne m’as jamais dit ça ! Je
suis très touchée, sincèrement ! Tu m’as beaucoup aidée en réalité ;
j’ai beaucoup appris, tu m’as encouragée et grâce à toi j’ai de plus en
plus en confiance en moi !
- J’apprécie beaucoup et je t’encourage !
- Tout ce qui me reste à faire c’est de parler à ma mère…
- Fais – le ! N’hésite pas une seule seconde ! D’après ce que tu m’as
raconté au début, je peux dire que tu as beaucoup de chance, tu as une
mère t’aime énormément, qui a appris à te faire confiance, à croire en
toi…Et ton père, Richard, qui t’as accepté comme sa fille, alors qu’en
réalité tu n’es que sa nièce, tu m’as parlé de ta feue tante avec qui le
courant passait très bien, j’avoue que tu es une sacrée veinarde ! Ne
néglige pas ça ! Moi je suis là aussi, je t’aime et je te protège !
- Merci, je t’aime aussi ! Je vais parler à mère !
- Ok ! tu le fais et tu me tiens au courant !
- Et toi ? Comment tu gères ça ?
- Comment ? Avec mes parents ?
- Oui !
- Honnêtement ? Pour tout te dire je m’en fiche ! Nous n’avons pas la
même réciprocité ! C’est différent ! Mon père n’a jamais voulu savoir
au fond comment je vais ! Ca a toujours été ainsi ! Ma mère elle,
c’est le matériel qui compte plus que tout, ma sœur en a été victime, et
les conséquences sont telles que nos rapports se sont effrités par la
suite !
- Ta sœur a eu quel problème avec ta mère ?
-
Elle a été séquestrée et abusée… par un ami de mon père, ma mère a
organisé ça, elle voulait qu’elle épouse un riche homme d’affaire
politique, n’importe quoi ! Bref voilà, je n’aime pas trop en parler…
Je vivais déjà ici quand ça s’est produit ! A un moment donné, je m’en
suis voulu d’être parti, j’ai eu l’impression de les avoir abandonnés
mes frères…Aujourd’hui je leur tiens la main tu vois ?
- Oh Seigneur ! Bill !
- Voilà, tu comprends pourquoi, nos rapports sont si différents ! Je
ne suis pas comme ça, c’est ma famille, mais je ne suis pas comme ça !
Je veux avoir une femme, l’aimer, je veux avoir des enfants et les
aimer… Je ne néglige rien tu comprends ?
- Je comprends ! La relation que tu as avec Rick c’est…
- C’est important pour moi tout ça ! Alors ne néglige pas ta relation
avec tes parents parce que c’est différent, ils t’aiment…
L’avion qui le ramène en Californie vient de décoller ; on s’est fait
des promesses comme toujours et qui tiendront certainement. Bill m’a
fait beaucoup pleurer ce week – end, à cause de son histoire de famille ;
mais c’est fou ce qu’il est solide dans la tête lui ; aujourd’hui il
vit et gagne bien sa vie, il ne demande et ne doit rien à personne ; je
l’admire pour ça, et j’en tire au quotidien des leçons. En repartant à
Los Angeles, il nous a invités Rick et moi à y aller également, ça tombe
bien, je prendrai quelques jours de vacances, dans un mois …
Un mois ! Tout ça m’a paru une éternité ; je viens de prendre mes
vacances et je suis très emballée à cette idée d’aller passer quelques
jours à Los Angeles ; j’ai pris le temps de m’organiser, de coordonner
avec Bill. En moins d’un mois, je ne me suis pas rendue compte que
j’étais aussi débordante de joie, aussi vive dans mes actions ; ma mère
l’a ressenti tout de suite à l’autre bout du fil…
- Allo maman ? Vous allez bien ? Papa ?
- Ça va bien ! Nous sommes là ! Ce sont les voyages qui commencent à le fatiguer… Il veut prendre des congés !
- Ah ça ! Il faut bien qu’il se repose ! Moi je compte prendre des vacances !
- C’est bien…Tu m’as l’air très très enjouée on dirait !
- Ah bon ? Je suis pourtant calme…
- Non ! Je te connais ! Je perçois certaines émotions dans ta voix
depuis un certain temps ! Ça me rassure, ça veut dire que tout va bien
pour vous !
- Depuis quand tu ressens ça ? Depuis combien de temps ?
- Oh je dirai que ça fait plusieurs mois !
- En fait ! Il faut que je te dise… J’ai rencontré quelqu’un !
- Ah oui ? J’en étais sûre ! Je savais qu’il y avait quelqu’un
derrière tout ça, mais je ne voulais pas te mettre la pression… Il est
comment ? Il fait quoi ? Il a quel âge ? Est-ce qu’il ...
- Calme-toi maman ! Il s’appelle Bill…
- Bill ? Il est quoi ? américain ? c’est un blanc ? … Comment tu le sens ? Est ce qu’il t’aime ? Est-ce que toi tu …
- Maman ! C’est bien pire que tu ne l’imagine…
- Comment ça ? Je ne te suis pas !
- Ce n’est pas de ma faute ! Je n’ai pas voulu que ça arrive, mais
c’est arrivé ! C’est arrivé comme ça par hasard… Il a fallu que nos
routes se rencontrent… Mais moi je ne tiens plus compte de ça !
- Mais de quoi tu parles ? Je ne comprends rien !
- Il s’appelle William Tsoungui ! C’est lui ! Je voulais que tu saches, je tenais à te le dire…
- William Tsoungui ? Mais je ne vois pas… ooooh Tsoungui !!!
- Oui maman ! C’est lui ! Mais… Il est tellement différent, il n’est
pas comme Ferdinand, je sais ! Le passé et tout ça ! Mais ce n’est pas
de sa faute à lui, c’est …
- C’est …C’est … le fils de…
- Oui ! C’est son fils !
Elle marque une pause.
- Je suis désolée maman ! Je sais que ce n’est pas facile, avec tout ce qu’ il y a eu par le passé, et…
- Mais noooon !!! C’est …
- Maman ! Il m’aime !!!
- Et… toi ? Est-ce que tu l’aimes ?
- Oui !!!
Elle marque encore une pause, je l’entends soupirer à l’autre bout fil, certainement elle est très abattue, et désappointée.
- Ecoutes… Klariza ma chérie ! Je ne veux que ton bonheur… Je te jure
je ne veux que ton bonheur… Toutes ces dernières années, j’ai toujours
été stricte envers toi à cause de Steve et ce qu’il t’a fait vivre à
l’époque ; j’estime qu’aujourd’hui tu as pu grandir et mûrir,
alors…Alors... je te fais confiance…
- Oooh maman tu peux me croire, c’est différent !
- Ce William il n’est pas Ferdinand… C’est différent et je sais qu’il
est différent ! J’ai senti tous ces derniers mois que tu avais la
pêche, tu as l’air heureuse, même sur les photos ; j’ai vu, je l’ai vu
et j’ai su ! J’attendais que tu me confirmes juste…
- Tu…tu l’as vu ?
- Ouiii … Rappelle-toi les dernières photos que tu nous as envoyées,
vous étiez en groupe, tu tiens Rick, et l’autre dame Ashley c’est ça ?
Avec un petit garçon et derrière vous se tiennent deux hommes… tu m’as
fait comprendre que ce sont des amis, mais j’ai su et je pense que ce
Bill ou William est celui qui est très clair de peau ! C’est lui ?
- Tu es forte maman ! Ton intuition me dépasse… C’est exactement lui, le plus clair de peau!
- Oui… il… il ressemble énormément à sa mère, Carine, elle est très claire !
- Tu as bien connu cette femme alors ?
- Oui! Quand j'ai découvert que Ferdinand était marié avec elle après
toutes ces années, j'ai cru m'évanouir tu te rappelle? Je refusais de
croire qu'il s'agisse d'elle Carine, elle est extrêmement belle! Nous
étions au lycée ensemble ; elle est mon aînée quand même ! A l’époque
elle était enceinte et venait d’avoir un petit garçon il était bébé, je
le sais parce qu’elle était encore célibataire et il se murmurait que
c’était l’enfant du proviseur. Par la suite elle a disparue, je n’ai
plus eu de ses nouvelles.
- Qu’est-ce que tu me dis là ?
- Je pense… Je pense … que Bill n’est pas le fils de Ferdinand…
Los Angeles, trois semaines plus tard …
Chez Bill, c’est le fun! Il m’a aussi fait la surprise en prenant des
vacances !!! J’ai fais la connaissance de son petit frère Aymeric, un
vrai rebelle, mais très sympa sur les bords et du genre type – s’en fou,
lui par contre il ressemble bien physiquement à Ferdinand.
Aujourd’hui, Bill a mis la musique pour détendre encore plus l’ambiance ;
c’est vrai que c’est déjà bien tous les jours en sa compagnie, mais
tous les deux nous savons pourquoi on fête comme ça, mine de rien. Je
n’arrête pas de me tordre de rire ; Rick nous a rejoint dans ce
tourbillon, et c’est la grande joie.
- Aller ça se fête ! J’ai
envie de danser ma belle ! Tu m’accompagnes ? Ensuite je vais
réserver quelque part, nous allons sortir tous les quatre !!!
- Chouette !!! Rick, toi, moi et ton frère !
- Oui ! Le temps qu’Aymeric rentre, on va se préparer…En attendant on se trémousse ! Aller ! Aller !
Nous n’avons pas vite entendu la sonnerie, qui retenti à plusieurs
reprises, c’est sûrement Aymeric ; je m’écarte et je laisse Bill et Rick
sur ce semblant de piste de danse.
- Je vais voir, c’est Aymeric, il a dû laisser ses clés !
J’ouvre la porte en souriant, et en parlant.
- Aymeric tu as encore oublié tes…Ooooh !
Erreur ! Mon sourire se fige ! C’est pas lui, mais c’est une dame,
très claire de peau, belle, bien habillée avec un trolley à ses côtés ;
je la reconnais à l’instant. Elle ne me laisse pas placer un mot,
qu’elle prend les devants, elle me dévisage et me snobe presque.
- Bonjour ! Vous êtes qui ? Et où est Aymeric ? Je l'ai appelé en
vain! Il était censé venir me prendre à l’aéroport ! J'espère que je
suis bien à la bonne adresse!
- Euh…Oui... Madame ?
- Pardon ?
- Vous êtes … la…
- Je suis Carine, la maman de Bill et d’Aymeric ! Je peux entrer ?
Vous êtes qui vous ? Vous n’avez pas répondu à ma question !