Chapitre 31

Ecrit par sokil


La question est restée en suspens. Surprise, et je dirai même troublée, elle me prend vraiment de court ; j’ai à peine le temps de réaliser qu’il s’agisse bien d’elle, Carine ! Elle est là bien en face de moi, et je confirme les dires de ma mère, la ressemblance avec Bill est si frappante au point d'en avoir le souffle coupé, et la question qu’elle vient de me poser, je l’ai même oubliée à la seconde… Elle fait vite de me rafraîchir la mémoire en oubliant les bonnes manières.

- Je parle à un mur ou quoi ? Tu permets ? …Que j’entre ?

Lorsque je lui cède le passage et qu’elle entre avec assurance, elle se retourne et me dévisage encore de la tête aux pieds.

- Toi tu fais quoi là ? Tu es sans doute la …

Je n’ai pas remarqué que la musique venait de s’arrêter brusquement et que Bill l’ai interrompue de façon inopinée.

- Qu’est ce tu fais là ? Carine ?
.
Au moment même où elle commençait à vouloir me mettre très mal à l’aise il a apparu. Cette fois ci, je prends la peine de me décaler en douce, je me dirige vers Rick et lui intime l’ordre d’aller dans la chambre ; quant à moi, Bill me fait signe de la main de ne pas bouger. Je sais que Bill, lorsqu’il s’agit d’une affaire sérieuse, que ce soit au boulot où ailleurs, on a du mal à le reconnaitre, j’en ai pour preuve le jour de mon entretien avec lui, la toute première fois. Le fait qu’il appelle sa mère par son prénom me fiche une trouille monstre, même s’il lui a posé la question calmement, sans s’emporter. Sa mère, je la vois prendre des airs de femme supérieure ; elle ne lui répond pas sur le champ ; tout au contraire elle semble vouloir faire comme chez elle. Elle se dirige tout droit vers le bar, et se sert un verre d’alcool, s’assoit, et croise les jambes.

- Aymeric ? Où est-il ? Et c’est qui elle? …Elle ne sait pas répondre aux questions! Et en plus elle ne connait pas les bonnes manières!

Je reçois ses propos à mon encontre comme une flèche empoisonnée qui me transperce le cœur ; mais par respect pour mon homme je garde mon sang froid. Bill ne lui répond pas ; il se dirige également au niveau du bar et se sert un verre du même whisky qu’il fait semblant de boire. Carine ne s’arrête pas là, elle envoie encore un autre projectile, cette fois ci c’est un boulet.

- Vous avez donné vos langues au chat on dirait ! Ça m’a tout l’air d’être contagieux ! C'est quelle maladie ça?

Aucune réponse de Bill, et je perçois bien son calme, mais un calme qui présage peut être la tempête, je dirai, plutôt l’ouragan. Je décide de m'éclipser, de crainte qu'elle ne lâche encore une bombe. Bill m'intercepte au passage.

- Où vas-tu ?

- Je vous laisse… Je pense que c’est mieux !

- Non! Tu restes !

- Je suis mal à l’aise !

- Je vais régler ça ! Embrasse-moi ! Me murmure-t-il à l’oreille.

- Quoi ? T’es malade ? Je ne peux pas…

Sans m’écouter, il m’étreint à la seconde et dépose un long baiser sur ma bouche. Il ne me lâche pas et affronte sa maman du regard par la suite. Il continue et me dit à l’oreille.

- Ça ne me dérange pas du tout que tu restes !

- Vous avez sûrement… A vous dire !

- Ça ne sera pas long !

**Bill**
Elle a toujours eu ça en elle, cette audace si poignante à vouloir que les choses se fassent à sa manière, qu’importe la prédisposition de tout un chacun, ni encore du ressenti des autres face à ses actes. Elle n’en a cure ; tout ce qui compte c’est ce qu’elle veut et décide. D’habitude je suis d’un tempérament patient lorsqu’elle commet régulièrement ce genre d’écart… en débarquant comme ça à l’improviste...

Convaincus que c’était Aymeric qui sonnait, j’étais sur le point d’aller réserver pour un bon restau ou autre, que j’ai tout de suite reconnu sa voix. J’ai arrêté la musique, je l’ai écouté parler à ma petite amie d’un air si méprisant. Immobile et écoutant attentivement ses dires, c’est alors que j’anticipe ; je surgis et je l’interromps sur le champ. Je la regarde Klariza, entrain de perdre ses moyens face à ma tigresse de mère, la pauvre… Je bouillonne de l’intérieur, mais je me maîtrise ; je la connais bien ma mère, elle n’attends que ça, elle adore ce genre de défi grotesque ; elle ne sait presque rien sur ma vie, je m’en suis bien préservé ; mais le simple fait pour elle de deviner qu’il s’agisse vraiment ma copine, lui donne du zèle.

- Qu’est-ce que tu fais là Carine ?

Primo, elle nous nargue, deuxio, elle veut s’imposer maîtresse des lieux et parviens même à le faire ; et tertio, elle n’arrête pas de lâcher des piques. je ris sous cape et je garde toujours mon calme ; je me sers à boire tout comme elle. Je veux marquer le coup, et j’attire ma belle contre moi, je veux l’embrasser, je veux qu’elle m’embrasse, je le fais sans tarder, ni écouter qui que ce soit, je le fais avec mon cœur. Klariza, se dérobe, je la comprends, elle est très nerveuse, je la rassure…

- Je ne serai pas long !

Pendant que ma belle file en douce, ma mère me lance un regard perçant que je perçois à 10 000 lieux ; je me rapproche et je m’assois bien en face d’elle, je croise les jambes et je lève mon verre, question d’ironiser amèrement. Elle veut prendre le dessus.

- Santé mon chéri ! Et merci pour le message codé ! Je ne savais pas que tu manquais autant de goût !

Je ne réponds pas, je me contente de sourire, un sourire narquois et railleur. Je dépose ensuite mon verre; cette fois je prends un air très sérieux, qu’elle aussi perçoit très bien et qui l’a fait sourire, contente de savoir qu'elle vient de marquer un point.

- Carine ? Je vais te la reposer une seconde fois…Et tu vas me répondre ! Qu’est-ce que tu fiches ici ? Et à pareil moment ? Tu me connais bien n’est-ce pas ? Tu sais que je ne t’accorde presque jamais le temps de faire la conversation avec moi même pas pour quelques secondes ! Dans les normes je ne me serai contenté que de t’adresser un minable bonjour…Tu le sais ! Alors ne vient pas tenter de jouer les dominatrices ici chez moi !

- Mon Chéri…William…

- Arrête de jouer la comédie stp !!! Et de grâce épargne-moi ton petit cinéma ! Réponds à ma question ! Qu’est-ce que tu fous là ?

- Tu sais très bien pourquoi je suis venue !

- Tiens, cette fois ci non ! Qui ? C’est Aymeric que tu viens voir ? Comme d’habitude ? Tu mens !

- Écoutes moi ! Il fallait que je vienne absolument, je tombes des nues !!!

- Tu n’es même pas encore arrivée au sol, la chute ne fait que commencer ! Pourquoi tu débarques sans prévenir ?

- C’est une surprise...

- Pour qui ? Pas pour moi en tout cas ! Quoi ? Tu croyais venir ici et me prendre sur le fait accompli ? Tu crois me surprendre ou encore tu penses que tu me fais… peur ??? J’ai du mal à considérer que tu puisses être ma mère!

- Je le suis ! Je suis ta…

- Une mère… Ne se comporte pas comme tu le fais ! Je le redis haut et fort Une mère, telle que tu es, et ce que tu fais, c’est très indigne de ta part !

- Ne me parle sur ce ton s’il te plait !

- Je vais te dire… « maman »! (Il fait les signes avec ses doigts pour ironiser sur le mot « maman »°) Cette fille qui vient de t’ouvrir la porte aurait pu te la fermer au nez ! Moi aussi j’aurai pu te la fermer au nez cette porte ! J’aurai pu décider d’un commun accord avec Aymeric qu’il te reçoive toujours hors de chez moi parce que tu n’es jamais la bienvenue, jamais ! Alors ne prends pas tes faux airs de diva à la con et tu viens ici me faire la morale ! De quelle morale s’agit-elle ? De quoi veux-tu me parler ? Je n’ai rien à te dire, je n’ai rien à faire avec toi ni avec …Ferdinand ! Je n’ai rien à faire avec ce père qui…

- Justement je viens pour…

- Ce père ne m’a jamais considéré ! Je comprends pourquoi, il m’ a rejeté, je comprends pourquoi toi et lui vous avez préféré me donner gratuitement à Morrison, parce que j’incarnais ta honte !!! Tu n’as pas pu supporter toutes les ignominies qu’il t’a fait vivre…Je constituais tout simplement la honte à tes yeux, sous prétexte que tu voulais lui plaire par-dessus tout ! Un homme riche comme Ferdinand, toutes ces maisons qu’il a fait construire à ton nom, tu aimais bien ça et pour vivre ta vie de rêve il a fallu que tu me jettes ! Eh bien tu m’as jeté, les faits sont là aujourd’hui… Je n’ai plus rien à voir et faire avec toi ! Tu ne sais rien sur moi, tu ne sais pas comment je respire, tu ne connais même pas le un dixième de ce que je fais et entreprend de faire, tu ne connais ni mes plans, ni mes objectifs, tu ne sais rien sur ma vie… Et aujourd’hui, tu prétends venir ici, pour me …me contrôler ? Et voire la fille avec qui je partage ma vie ? La fille que j’aime ? La fille qui me redonne espoir ? Il n y a pas de mots pour qualifier ce que je ressens pour elle ni ce qu’elle représente pour moi ! Les mots sont faibles…Mais tu oses la défier ! En guise de quoi ? Alors je vais te poser la question pour la toute dernière fois, qu’est ce tu viens faire ici présentement ? Quelles sont tes intentions ? Je ne rigole pas avec ça crois-moi ! Mesure très bien tes paroles, je te préviens, à la première bourde je vais perdre mes moyens !

Pour la première fois je la vois décontenancée et vouloir perdre le nord ; elle baisse la tête, dépose son verre et prends une bouffée d’air avant de placer un mot.

- Fils… Tu ne m’as jamais parlé comme ça ! Jamais ! Je suis mal en point si tu savais ! Toutes ces années, j’ai passé mon temps à ruminer et à ronger ce mal que je t’ai fait, que je vous fais, à tous d’ailleurs… Cet éloignement précoce n’a fait que détériorer nos relations ! J’en ai marre de tout ça, je suis si lasse tu comprends ?

- Je ne comprends rien ! Ça m’est égal !

- Je sais que tu n’as pas d’attaches avec nous, encore moins avec Ferdinand…

- Ferdinand n’est pas mon père…Avoue le !

- Non, il ne l’est pas ! Je l’avoue !

- Ferdinand t’as lui-même abandonnée pour aller épouser une autre pendant plusieurs années… Tu avais une rivale de longue date, le savais-tu ?

- Oui…oui je le savais !

- Et pourquoi viens-tu m’emmerder aujourd'hui? Tu te permets de provoquer ma copine ! Est-ce t’a rivale ? T’as pas pu gérer une rivale de longue date, il t’en a fallu du temps pour la détrôner ; maintenant tu te rabats sur moi et ma copine ? Dans quel but ?

- Ferdinand, c’est Ferdinand, il est puissant, il a tout ce qu’il veut, il peut se permettre tous les travers, c’était sa folie à lui, son plaisir à lui ; il m’en a toujours voulu…C’est de ma faute !

- C’est – à – dire ?

- Eh bien ! Ni toi, ni Elodie, vous n’êtes pas de lui…Il savait pour toi puisque je suis venue avec toi en mariage, mais il ne s'est jamais fait à cette idée et t’a présence nous créait beaucoup de problèmes; mais Il découvre bien après pour Elodie, qu'elle non plus n'est pas de lui, alors il décide de me punir et de me quitter! Il dit qu’il va me faire voir de toutes les couleurs…Etant donné qu’il est doté d’une jalousie maladive, il revient de temps en temps, il fait les va et viens constants, il offre une des maisons que nous avons construite à l’autre femme… Je suis de nature forte et solide, mais à la longue, des années bien plus tard je commence à m’épuiser, me sentir seule ; Elodie décide elle aussi de partir, elle ne m’a jamais pardonné le choix que j’ai fait pour elle ; je reste avec Aymeric, ce n’est pas facile, je décide de demander le divorce des années bien plus tard ; tous les biens sont à mon nom, et je connais presque tous ses petites secrets ; Ferdinand prend peur, il sait qu’il va perdre et que je le dénonce… Il revient, et promets de ne plus jamais me quitter, il jure qu’il m’a pardonné…Il m’offre encore des biens, de l’immobilier ; j’ai une maison en Europe, et une aux Antilles !

- Alors que veux-tu de plus ?

- Juliette Sama ! C’est elle, l’autre femme de Ferdinand, ils sont divorcés maintenant, elle a refait sa vie avec un autre !

- Et alors ?

- Alors ! On s’est vues, elle m’a contactée. Nous étions camarades au lycée, un truc comme ça ; On s’est donné rendez – vous à mon bureau. A peine s’est-elle assise, qu’elle m’a menacée ouvertement de s’en prendre à moi et à Ferdinand si jamais elle apprenait que je faisais du mal à sa fille, Klariza ! Elle a révélé un terrible secret que je n’ai jamais divulgué à propos de ton père biologique ! Et le fait que tu l’apprennes venant de quelqu’un d’autre ça me tue ! Elle… Elle m’a dit qu’elle a lui a tout révélé, et qu’elle ne s’est pas trompée, elle lui a dit qu’elle se souvient bien de moi, et du petit garçon, le fils du proviseur… J’ai pété un câble ! A partir de ce moment je me suis dit qu’il était temps, il était temps que je revienne vers toi…

- C’est trop tard ! Je ne peux pas !

- Je sais qu’il est trop tard ! Je sais que j’ai toujours été une mauvaise mère… c’est vrai ! Cette fille, Klariza, elle n’est pas la fille de Ferdo, Juliette me le crache à la figure ; j’ai toujours pensé que Ferdo m’avait rendu la pièce de la monnaie. Quand Ferdinand revient il me pardonne, je lui pardonne, nous sommes donc quittes ! Mais je ne suis pas tranquille, je lui demande de se débarrasser d’elles…En les jetant dehors, la fille et la mère, il l’a fait !

- Par amour pour toi ! Ironise-t-il.

- C’est vrai ! J’avais la rage ! Et pour me punir encore il a fallu que tu croises son chemin, Klariza ! Ça fait mal ! Je n’arrive pas à l’admettre, ni à me faire à cette idée!

- Par amour pour Klariza, je te vais donc te demander de partir …

- William chéri !Tu… tu ne peux pas ! Ce serait me déshonorer ! Tu ne peux pas faire ça ! J’ai… Reçu des menaces venant de sa mère ! Elle se venge de moi dans ce sens, elle se venge du fait que je les ai fait mettre dehors il y a de cela quelques années ! Elle m’a demandé de laisser sa fille en paix vivre sa vie et aimer qui elle voulait, même s’il s’agit de mon fils ! Elle m’a clouée au poteau tu comprends !

- Si tu savais comme je m’en fou !!! Que tu perdes la face, ça m’est égal ! Je vais te demander de t’en aller Carine ! Et fin de la discussion.

**Moi**
Bill parle avec sa mère, parfois je l’entends élever la voix ; il est vraiment en colère, ça craint. Carine n’est pas une femme facile, j’ai bien confirmé les dires, même venant de ma mère. Depuis le jour où je lui avoué que je sortais avec William Tsoungui, nous nous sommes beaucoup plus rapprochées, elle m’a également tout révélé de ce qu’elle savait sur les Tsoungui, mais également ce qu’elle venait de découvrir sur Tsoungui Ferdinand lui-même. J’ai fortement apprécié le fait qu’elle soit plus ouverte et plus compréhensive à mon égard, ce qui me rend encore plus confiante et plus forte. Elle a juré de me protéger par tous les moyens et d’éclaircir certaines zones d’ombre.

- Je vais aller voir cette vipère !!! Elle est capable de vous nuire !

- Tu penses ? Tu vas attirer encore plus la foudre !

- Parce que tôt ou tard elle le saura ! Alors j’anticipe ! J’irai lui dire deux mots !!! Je ne peux pas accepter qu’ils vous nuisent, tu m’as dit que Bill en a aussi souffert ! Ils l’ont presque abandonné !

- Oui… Mais j’ai fini par comprendre que c’est parce que Ferdinand n’a jamais accepté qu’il ne soit pas le père de Bill. Tout comme moi, il savait que je n’étais pas sa fille ! Alors il nous maltraitait parfois gratuitement et déversait toute sa colère sur nous !

- Je ne veux donc pas de méchanceté gratuite pour vous deux… Je les connais ? Il vaudrait mieux que j’anticipe ! J’ai la grosse carte à abattre et si je le fais le bateau risque de couler…J’irai la brandir à Carine !!! Elle va comprendre…

- D’accord !

Voilà ce qui a précipité le voyage en question de Carine pour ici. J’ai su que les paroles de ma mère ont sûrement eu un impact. Bill a été très vite mis au courant de toutes ces révélations à propos de son père, de Ferdinand et autre ; la seule chose qui l’a fait sourire c’est le fait de réaliser que nous n’avons donc aucun lien de sang ; ainsi à mon arrivée à Los Angeles, il était si ému et enjoué qu’il a voulu fêter ça en dansant, alors il a mit un peu de musique au salon. Nous étions préparés à une contrattaque venant des Tsoungui, mais nous ne savions ni comment ni à quel moment et même ni de quel côté ça viendrait, nous étions loin d’imaginer que Carine prendrait rapidement le premier avion et débarquerait ici, à l’improviste.

Je suis dans la chambre entrain d’aider Rick à ranger ses jouets, mais pas très concentrée; j’attends impatiemment que sa conversation avec sa mère se termine… Quelques minutes plus tard Bill entre dans la chambre, Il est plutôt calme. Je lui demande la première.

- Ça va ?

- Oui…Ça va ! Elle vient de s’en aller…Et toi ?

- Moi ça va ! Ne t’inquiète pas !

- Je t’aime Klariza … Je ne veux que ton bonheur tu sais !

- Moi aussi je ne veux que ton bonheur ! Je suis désolée que ça se passe ainsi avec ta mère !

- Ne t’en fais pas ! Viens là !

Il m’étreint, et m’embrasse, on oublie carrément la présence de Rick, mais ce dernier est trop concentré à ces jeux et autres.

- J’ai changé d’avis !

- Comment ça ?

- Je crois que nous allons sortir rien que tous les deux. Dès qu’Aymeric rentre, il pourra garder le petit.

- Je pensais qu’on sortait tous les deux demain comme c’est la Saint Valentin !

- Oui, mais je préfère anticiper ! Demain nous le ferons, et même après demain si tu veux ! Ma mère et tout son monde c’est terminé ! Toutes les vérités ont été établies, chacun en a eu pour son compte, il ne reste que toi et moi, l’espoir d’un avenir meilleur sous de nouveaux auspices !

- Je suis d’accord avec toi…Avançons tout simplement, sans regarder en arrière ! Alors on dîne où ce soir ?

- Tu sais qu’avec toi il est de coutume de toujours choisir un bon endroit et tout !

- C’est pas professionnel j’espère !

- Attention ! Je suis toujours votre Drh !

- Mon ex !

- Quoi ?

- Mon ex Directeur ! Ahahaha

- Je vais vous sanctionner mademoiselle !

Le coin en question est féerique ; nous avons choisis ensemble, un des classiques, « le Café Del Rey », dont le menu spécial nous plonge dans une ambiance… très romantique, en prélude à la fête des amoureux. J’aime la façon dont les couleurs du coucher de soleil se reflètent sur nos visages, et en particulier sur le sien.

- Le coucher du soleil te va drôlement bien !

- Et ses rayons te rendent encore plus radieuse !

- Merci mon chéri…

- J’espère que tu te sens bien, et heureuse d’être avec moi ! J’espère que la présence de ma mère ne va pas tout gâcher !

- Je me sens bien avec toi ! Rien ne peut être parfait sur cette terre alors il faut bien que ta mère débarque sans crier gare comme ça pour déranger un peu !

- Elle ne le fera plus ! De toutes les façons il ne faut pas t’en préoccuper… Tu m’as moi, et c’est l’essentiel ! Voilà, pourquoi j'ai voulu qu’on sorte tous les deux au final et qu’on se détente un peu!

- C’est plaisant, j’aime beaucoup, l’endroit me plait! Je ne sais pas si je vais pouvoir attendre jusqu’à demain, j’ai une surprise pour toi !

- Demain est un jour comme tous les autres, à la seule différence qu’il est consacré aux amoureux, c’est spécial, mais tous les jours c’est spécial avec toi ! Je crois que tu as raison, je n’attends pas non plus…Je comptais le faire demain aussi mais là j’en peux plus …Qui commence ?

- Vas - y ! Je réserve pour moi demain et comme ça nous serons quittes !

Bill se lève d’un bon et fait des signes de la main à je ne sais qui ; quelques secondes après, je vois quatre guitaristes apparaître et se diriger vers notre table ; au fur et à mesure qu’ils se rapprochent de nous, ils s’activent de plus belle ; ils finissent par nous entourer et l’un d’eux entonne une mélodie donc les paroles incompréhensibles accompagnent très bien la chanson. Ce pourrait bien être l’espagnol si je ne me trompe. Surprise, je me mets à sourire ; Bill s’agenouille devant moi et me tends une jolie boîte rouge…

- Ma chérie…j’ai tout dit ; depuis le début de notre rencontre, je n’ai pas cessé de te dire que je t’aime, en mes propres mots …Je suis pas un fan de discours plaqués, je suis moi et je te le dis à ma façon, voilà es-tu prêtes à faire le grand voyage avec moi ? A devenir une épouse comblée ? Si oui, quel bonheur ! Sinon… J’insiste !!!

Je deviens tout miel, à l’entendre parler à sa manière, je fonds un peu en larmes, mais des larmes qui dénotent tout simplement l’enjouement qui m’anime. Je me lève et je l’exhorte à faire de même.

- Lève - toi…C’est oui !!! Je le veux ! Je le veux !!!

On se laisse prendre, on se laisse bercer, ensemble nous tanguons aux sons des décibels dont la mélodie douce et romantique nous inhibe en puissance; je pose docilement ma tête sur son épaule pendant ce moment qui sera peut être parmi l’un des plus inoubliables de mon existence. Bill m’entoure amoureusement de ses bras très protecteurs, j’ai l’impression de rêver tout en couleur, pourtant c’est vrai. Bill sursaute.

- Et toi ? Que voulais – tu me dire ?

- Ça c’est une autre surprise ! Je préfère qu’on attende demain !

- Entre nous chérie ! Tu penses que je vais supporter de passer 24 heures à tes côtés à cogiter en permanence ? Je tiens à peine deux secondes ! Aller ! Lâche-toi !

- Attends ! La Saint Valentin c’est demain !

- Nous sommes déjà à moins de 24 h de cette fête ! Pour moi elle a déjà commencé !

- Bon .... Donne-moi ta main…

Je lui prends la main et la pose sur mon ventre… ça fait plusieurs jours que j’ai découvert que je suis enceinte, avant de quitter la ville de Charlotte. C’est arrivé très vite ; tout va très vite d’ailleurs ; mais nous n’agissons que selon nos désirs, notre envie de partager et de communiquer ensemble ce que nous ressentons l’un pour l’autre. Cette nouvelle vie que je porte en moi, et même ce désir de Bill de vouloir faire de moi son épouse ne fait que confirmer le degré d’affection, de cet attachement mutuel que nous avons l’un envers l’autre… Je lui ai pris la main et je l’ai posée sur mon ventre ; il a ouvert la bouche pour parler, mais aucun son n’est sorti. Il a juste ouvert les yeux, comme un petit garçon à qui on vient d’annoncer qu’il aura désormais tous les jouets du monde.

- Oui Bill… Je suis enceinte de quelques semaines seulement ! J’attendais juste le moment crucial pour te l’annoncer…

- Je suis … je… je… Oh merde ! Qu’est ce qui m’arrive ? Je suis … Je suis…

- T’as les mains qui deviennent moites !

- C’est… c’est vrai ? Je vais être …

- Tu vas être papa !

Sa main, il a mis du temps à la détacher de mon ventre ; pour la première fois, et de toute la soirée, je n’ai jamais vu Bill aussi enjoué, parfois très bavard et par moment il devient calme, posé et pensif ; mais je crois bien qu’il prend le temps de bien assimiler, ou alors de se faire à l’idée de ce que cela représente bien dans son esprit, celui de devenir papa, je sais qu'en son for intérieur le fait de n'avoir pas eu un père digne le rend encore plus conscient du devoir qui l'attend. C'est pareil pour moi, au sujet de cette demande en mariage. Sur le retour, nous ne parlons pas. De temps en temps il me prend la main et la ramène sur sa bouche comme pour me faire comprendre l’immense bonheur qui l’anime… C’est visible à l’œil nu.De temps en temps je peux passer ma main sur sa joue comme pour lui dire, lui faire la promesse d’être une bonne épouse pour lui…Oui, c’est vrai, parfois les gestes en disent long sur toute la ligne, il suffit juste d’être très attentif. Très tard dans la soirée, il est plus de minuit ; je somnole déjà, il se rapproche de moi, me fait une bise sur la joue et me susurre à l’oreille.

- Bonne fête de la Saint Valentin mon cœur…Merci pour ce précieux cadeau !

- Bonne fête mon chéri ! Merci de m’honorer et de me donner une place spéciale dans ton cœur !

Une semaine entière vient de s’écouler ; je devrais être de retour pour Charlotte la semaine suivante ; rien qu’à y penser, je refoule légèrement la goutte qui est sur le point de perler le long de ma joue. Carine la mère de Bill n’a plus refait surface, mais d’après les dires d’Aymeric, elle serait toujours à Los Angeles. Lui, il va la voir assez régulièrement. Un soir, après que nous ayons dîné, nous sommes sur le point débarasser le couvert que ça sonne à la porte. Aymeric se lève en premier.

- Laissez, j’y vais !

- Tu attends quelqu’un ? Lui demande Bill.

- Euh non ! Ou plutôt si !

Bill se lève en trombe, et me demande à moi et à Rick de faire de même.

- Ok ! Chérie ! Tu prends Rick, tu le mets au lit et tu me rejoins !

- Que se passe-t-il ? Tu sais qui c’est ?

- Bien sûr ! Aller on s’casse !

Aymeric a attendu un peu, il nous regarde, perplexe, il hausse les épaules, sourit et se dirige vers la porte. A peine avons mis les pieds dans la chambre, et avant que Bill ne referme la porte, il est surpris par l’irruption brusque d’Aymeric qui le stoppe dans son élan.

- Attends… ne…ne ferme pas !

- Que veux - tu ?

- Je sais que c’est pas commode ! Sorry !

- Mais tu le fais quand même !

- Je fais pas souvent ça désolé ! Mais…

- J’ai pas envie d’être de mauvaise humeur, surtout pas ce soir Aymeric !

- Oui je sais … Mais … Je te jure, je ne respire pas ! Ça fait plusieurs jours quelle me rabat les oreilles ! Ça me saoule tu vois ? Nous avons toujours fonctionné comme ça ! Et je respecte ça ! J’ai toujours respecté ça ! Quand elle vient, soit on s’éclipse on va dehors et …

- Soit c’est moi qui le fais ! Et ce soir je le fais, je m’éclipse avec mon monde… je ne veux pas la voir !!!

- Bill…Attends ! C’est différent, sérieux ! Je suis un fou tu me connais, mais là mec je t’assure, je craque !

- Ressaisis-toi ! C’est toi qu’elle vient materner en permanence et non moi ! Je n’en ai pas besoin !

- J’ai craqué…. pour toi, pour vous… Pour…

- Sois plus clair… tu me joues quelle romance là ? Je ne te connais pas ainsi !

- Elle… Maman... n’arrête pas de pleurer…

- Et que veux-tu que ça me fasse ? Hein ? Elle te voile bien la face on dirait !

- Tu sais qu’elle ne pleure presque jamais !!! Tu la connais malgré tout, c’est une dure à cuire, nous le savons tous ! Elle ne s’est jamais remise en question, pire lorsqu’elle commet des gaffes… Elle a pleuré pour Elodie, elle pleure pour toi, pour…pour…

- Concrètement ?

- Elle veut te voir… Te parler et …

- Je ne …

- Tous les deux …Elle veut vous voir tous les deux !
Je les écoute discutailler, je devine très vite qu’il s’agit de leur maman, qui, semblerait il aimerait s’entretenir avec nous deux. Bill est sur la défensive, il ne veut rien entendre. Aymeric, sur le pas de la porte empêche son frère de lui fermer la porte au nez. Malgré son insistance, Bill finit quand même par s’entêter et lui fermer la porte. Je l’observe sans rien dire, je le sens très nerveux alors pour pas trop l’enflammer, je me rapproche de lui, il s’assoit et serre les poings .
Je les écoute discutailler, je devine très vite qu’il s’agit de leur maman, qui, semblerait il aimerait s’entretenir avec nous deux. Bill est sur la défensive, il ne veut rien entendre. Aymeric, sur le pas de la porte empêche son frère de lui fermer la porte au nez. Malgré son insistance, Bill finit quand même par s’entêter et ne rien vouloir entendre. Il finit quand même par lui fermer la porte. Je l’observe sans rien dire, je le sens très nerveux alors pour pas trop l’enflammer, je me rapproche de lui, il s’assoit et serre les poings avec ses mains.
- Bill ? Ça va ?

- Je vais très bien… Ne t’en fais pas ! Tout va bien, je te protège ! Tu n’as rien à craindre, je te protège toi ! Moi c’est pas un problème… Je veux pas que tu…

Je pose ma main sur son épaule et je le rassure.

- Bill… tout va bien pour moi !

- Tu es enceinte… Je ne veux pas qu’elle te pousse à bout et te manque de respect ; je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose pire avec ton état, non ! Je ne peux pas l’accepter et ce soir je ne suis pas prêt à l’affronter…Elle me fatigue, j’ai bien d’autres choses à faire… Tu vois, j’ai toujours accepté qu’elle débarque comme ça, mais je ne le fais pas pour moi, je le fais pour Aymeric ! Si ça peut l’aider à retrouver un équilibre c’est tant mieux …Je ne gère pas le reste !

- Je sais … Ne t’en fais…Je crois que tout ira bien cette fois ci !

- Je ferai toujours en sorte que tout aille bien pour nous ! Jamais elle ne se mettra en travers de notre chemin…

- Je veux par-là dire que je sens que c’est différent ce soir ! On ne perd rien en allant la voir…Ton frère vient de dire quelque chose de très pertinent ; il dit qu’elle ne pleure jamais et ne se remet jamais en question malgré tout ce qui se passe, malgré tout ce qu’elle a commis comme dégâts… Elle a toujours eu le dessus ! Aujourd’hui, elle sent qu’elle a beaucoup plus à perdre qu’à gagner !

- Elle ne changera pas !

- Certes, le fond peut rester le même ; mais la conscience, elle, reste notre seul juge ! Allons la voir ! Je n’ai plus peur, je suis sereine et confiante je t’assure, n’aie pas peur Bill… Tu me l’as si bien martelé tous ces derniers temps ; alors à mon tour de te dire de ne pas avoir peur, allons l’affronter… Ensemble, et quoi qu’il arrive, nous serons toujours gagnants ! Prends-moi la main chéri, viens, suis moi !

Il m’a regardé interloqué, surpris, et enfin, il m’a pris la main et m’a suivie … Aymeric est resté sur le pas de la porte adossé contre le mur, le regard dans le vide. il sursaute lorsqu’il nous entend ouvrir la porte et sortir tous les deux, mains dans la main. A un moment donné, je l’ai vu tapoter l’épaule de son frère, comme pour l’encourager.

Carine est effectivement assise là au salon, l’air pâlot ; on aurait dit qu’elle se serait laissée aller tous ces derniers jours ; elle tient un mouchoir en main ; quand elle nous voit, elle se lève et nous sourit timidement …Je tombe des nues ! Bill me presse la main, il n’est pas sûr, ni de lui, ni de ce que nous voyons. Il prend la parole en premier.

- Carine …Je suis fatigué…Ta comédie ne…

- William, je suis fatiguée moi aussi … je ne viens plus faire la guerre, mais je viens faire la paix, avec vous deux ...

Une lumière dans les...