Chapitre 31

Ecrit par R.D

« La valeur d’un homme ne se mesure pas à son argent, son statut social, ses possessions, ses muscles ou ses vêtements coûteux. Sa valeur se mesure par sa personnalité, sa fidélité, son courage, son indépendance, sa capacité à aimer, sa maturité, sa foi, sa droiture et le plus important par sa crainte d’Allah »

Mounas

Je n’arrive pas à le croire. J’ai l’impression de planer tellement je suis contente. Dieu a enfin entendu mes prières en touchant le cœur de cet homme que j’aime.

Lorsqu’il m’a dit qu’il voulait qu’on essaye, j’ai crû qu’il blaguait mais l’intensité de son regard était autre. Comment ne puis je pas remercié mon créateur ?

N’empêche je m’en veux parce que je n’ai pas été totalement sincère avec lui et je ne sais pas trop ce que je devrais faire. C’est vrai que j’ai voulu le piéger mais la vie ne m’a-t-elle pas assez fait payer pour ça ?

Je fais tout pour changer et devenir quelqu’un de meilleur même si c’est pour mon enfant alors que devrais-je faire ? Me taire oui Le lui dire et prendre encore le risque de le perdre ?

Je crois que non. En comparant ces deux là, le choix est déjà vite fait. Je l’aime et maintenant qu’il veut bien essayer, il est hors de question pour moi de remettre cela sur le tapis.

On a tous eu à commettre des erreurs dans notre vie. Ce n’est pas ce qui fait de nous de mauvaise personne. C’est dans la volonté de devenir quelqu’un de meilleur et délaisser son passé qu’on peut dire qu’Untel est bien ou pas.

Y en a qui persiste dans la mauvaise voie. D’autres, voyant qu’ils sont entrain de s’enfoncer, préfère dévier et je fais partis de ceux là. Non pas que je me cherche des raisons, mais je vie une situation assez difficile pour en rajouter.

J’ai crû qu’il allait rester pour diner mais finalement il est rentré soit disant que ce n’est pas intéressant qu’on passe trop de temps ensemble surtout qu’on n’est même pas encore fiancé.

Je suppose qu’il veut parler des tentations vu que la religion interdit qu’un homme et une femme se retrouve seuls dans une pièce.

Awa : mais c’est quoi ce sourire qui illumine ton visage ?

Ça se voit autant que ça que je suis heureuse ?

Moi : eh bien, je te présente officiellement madame Diallo.

Elle s’est levée pour sautiller avec moi comme une folle.

Awa : je suis trop ravie pour toi. Tu mérite vraiment d’être heureuse.
Moi : je ne m’y attendais vraiment pas. Quand il me l’a dit, je voulais sauter sur lui et l’embrasser mais je me suis rappelé que de mauvaise chose pouvait se passer surtout avec le regard qu’il m’a lancé quand je suis sortie de la douche. On aurait dit un prédateur prêt à sauter sur sa proie.
Awa : non mais la grossesse te va hyper bien je t’assure. Tu es devenue deux fois plus belle et séduisante.
Moi : je te dis que j’étais même obligée de mettre une tenue de grand-mère. Mais awa, j’ai énormément peur.
Awa (étonné) : de quoi ? Depuis quand tu as peur toi ?
Moi : déjà sa mère ne m’aime pas. En plus je ne lui ai pas dit qu’au début je voulais le piéger.
Awa : et puis quoi encore ? Si c’est pour sa mère, on va la gérer ne t’inquiète surtout pas. Tu as juste besoin de te protéger et de ne pas te laisser faire. Maintenant qui n’a jamais eu de secret dans sa vie ? Si tu lui dis ça, c’est à tes risques et périls. Tu as chopé le gros lot, contente toi de cela et surtout rends le fou amoureux de toi comme tu sais si bien le faire. Il ne doit respirer que par ton nom. Une fois le mariage scellé, tu chauffe bien ce mec au lit. Tu sais que c’est là-bas le début de toute chose.

Ça me rappelle les débuts de Fatima. En pensant à elle, elle me manque énormément.

Moi (rigolant) : j’avais une amie hyper coincée mais avec mes conseils, elle est devenue pire que moi.
Awa : voilà. Avec toi comme coach, on est sûre de parvenir à nos fins.
Moi : en tout cas on compte vivre ici. Je lui ai dit qu’il était hors de question pour moi de vivre chez sa mère. Comme il a envie qu’on essaye, je dois me revêtir de ma tenue de femme douce, soumise et polie mais surtout de la belle fille exemplaire. Son père ne m’a jamais jugée bien au contraire. Je vais faire en sorte de remonter encore dans son estime. Comme ça au moins j’aurais déjà deux personnes qui pourront toujours me soutenir en cas de conflit avec cette femme.
Awa : ça c’est ma copine. Non pas que je ne suis pas heureuse pour toi, mais moi aussi tu dois m’aider avec ce que je t’ai dit.
Moi : il va falloir que tu me laisses réfléchir. Si ce que tu dis est vrai, on va juste faire en sorte que son mari le sache sans plus.
Awa : ok !

****

Je me suis réveillée comme un bébé le lendemain du jour. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas sentie si heureuse et en paix avec moi-même. Quand on dit que l’amour donne des ailes, c’est la vérité. Je plane sans pour autant décoller mes pieds du sol.

Cependant j’ai passé toute ma nuit à réfléchir sur ma situation actuelle avec ma belle mère. Comme je l’avais déjà dit, je compte me protéger en cas de. On connait tous les réalités africaines.

Malheureusement le maraboutage est de plus en plus répandue. J’arrive à me dire que certaines personnes oublient qu’un jour ils vont mourir et qu’ils devront rendre compte de ce qu’ils font.

Même si j’étais dévergondé, je n’ai jamais eu à recours à ce genre de pratique pour arriver à mes fins. Je faisais tout simplement preuve de finesse en mettant mes atouts en avant et ça marchait à tous les coups.

Seulement là, la situation oblige. Il ya plusieurs choses qu’on néglige comme le fait de s’armer jusqu’aux dents avant d’entreprendre quoi que ce soit. Des ennemis on en aura toujours et toujours.

Si on se repose sur nos lauriers en se disant que comme on ne fait pas de mal, on ne nous en fera pas, c’est se mentir à sois même. Il n’y a aucun mal à se protéger. Aucun mal à demander à Dieu ne nous aider.

Si la prière seulement était suffisante, Dieu n’aurait pas mis des versets tout simplement pour assurer notre protection. Avoir la foi en Dieu revient aussi à se rendre compte que la vie est une lutte continuelle.

Loin de moi l’idée de soutenir que ce sont les marabouts qui peuvent nous aider, non. Je pense avoir déjà dit qu’utiliser le coran pour se faire un médicament contre le mauvais œil ou quelque chose du genre n’est en rien une forme d’association.

J’ai décidée d’aller rendre visite à Fatima parce que ça fait longtemps que je ne l’ai même pas eu au téléphone. Je lui dois des excuses et je pense que la meilleure des manières c’est de me déplacer.

J’ai dû envoyer un message à Boubah pour le prévenir de cela. Ne vous méprenez pas sur moi. Je suis juste entrain de sortir ma carte de bonne femme. Je ne suis plus dans le temps de la guerre. Comme on dit, faites l’amour, pas la guerre.

Je suis arrivée chez elle vers 12h. J’ai rencontré Anta leurs ménagères qui m’a rassurée qu’elle est chez elle.

J’ai cogné pendant quelques secondes avant qu’elle ne m’ouvre la porte.

Moi : salam !
Fatima : Mounas ? Mais ça fait longtemps. Waleykoum salam. Rentre !

J’ai mal aux yeux ou bien elle a dépérit en l’espaces de quelques semaines ?

Moi : tu étais malade ? Tu as maigris dis je en m’asseyant.
Fatima : oui, ces derniers temps ce n’est pas trop la forme.
Moi : tu es allé consulter j’espère.
Fatima : rien de grave, ne t’inquiète pas. Je te sers quelque chose ?
Moi : non c’est bon.
Fatima : toi tu m’as l’air bien en forme. Comment va Boubah ?
Moi : il va bien.
Fatima : j’espère que vous vous entendez déjà.
Moi : oui ne t’inquiète pas. J’ai décidée de suivre tes conseils.
Fatima : je suis contente. Que le bon Dieu nous assiste.
Moi : Amine ! En parlant de ça, je suis venue pour te présenter mes excuses. Tu voulais m’aider et je t’ai mal parlé comme si tu étais la responsable de mes problèmes.
Fatima : je te comprends. Ne t’inquiète surtout pas. C’est pour ça j’ai décidée d’être silencieuse. Je savais que tu avais besoin du temps et que tôt ou tard t’allais revenir de ton plein gré.
Moi : merci mais tu es sûre que tu vas bien ?

J’insiste là-dessus parce que j’ai l’impression qu’elle est assez différente que d’habitude. J’espère qu’elle n’a pas de soucis avec son mari.

Fatima : je vais bien ne t’inquiète surtout pas. Au fait, comme Dieu t’a fait venir jusqu’ici, je profite de l’occasion pour te dire que je compte déménager dès demain ou ce soir je ne sais pas encore. Ça dépend du service de déménagement.
Moi (étonnée) : déménager ? Mais pourquoi ?
Fatima : on a décidé de se détacher de la famille et voler de nos propres ailes.

J’avoue que ça m’étonne étant donner qu’ils ont un appartement rien qu’à eux.

Moi : tu es sûre que tu me dis tout ?
Fatima : la vie est compliqué ma belle mais ça ira.

Comme elle ne veut pas parler, je ne compte pas insister.

Moi : je vais m’en aller. J’ai un rendez vous avec une amie qui doit sûrement m’attendre.
Fatima : tu ne déjeune pas avant ?
Moi : je viendrais demain pour qu’on passe la journée.

Awa et moi avions décidées de nous rendre chez un marabout pour commencer à faire déjà des protections pour moi. Comme ont dit, il faut battre le fer quand il est chaud.

Papa Abdel

Je suis rentré hyper épuisé hier soir. Mon voyage ne s’est pas passé comme je le voulais et ça me mets hors de moi.

Je m’étais rendue dans une des régions pour voir une personne qui était censé me rembourser mon argent mais au lieu de ça, il a passé son temps à me faire mariner.

Ça m’énerve énormément d’autant plus que j’en avais vraiment besoin. Maintenant je suis obligé de patienter avant de mettre en place mon plan comme prévu et le temps n’est en rien mon allié.

J’étais entrain de regarder la télé lorsque j’ai reçu la visite de mon cher fils. Je pensais qu’il devait être au boulot à cette heure.

Ibrahim : salam papa !
Moi : salam ! Je pensais que tu serais au boulot à cette heure.
Ibrahim : quand Anta m’a dit que tu étais rentré tôt ce matin, je voulais passer te saluer d’autant plus que c’est l’heure de la pose.
Moi : ok ! Comment va Fatima ?
Ibrahim : elle va bien par la grâce de Dieu.

Pourquoi ai-je l’impression qu’il me cache quelque chose ?

Moi : tu es sûr que c’est pour me saluer que tu es venu ? Tu m’as l’air bien tendu.
Ibrahim : je voulais aussi te dire que je compte déménager dès demain matin. J’ai déjà payé la maison en question.

Déména quoi ? Déménager ?

Moi : pourquoi déménager ? Dis-je surpris.
Ibrahim : je ne vais pas continuer à vivre chez mes parents surtout à mon âge. Je suis appelé à fonder ma famille et j’aimerais voler de mes propres ailes.
Moi : j’avoue que je ne comprends pas bien d’autant plus que j’ai tenu à ce que vous soyez dans l’intimité totale. Quoi, maintenant que la vie te réussit, tu veux abandonner l’homme qui t’as nourrit ?

S’il déménage, ça risquerait de tout compromettre.

Ibrahim : je suis déjà un homme et moi aussi je veux apprendre à géré la famille que Dieu me donnera. Tu as toujours tenu à ce que je ne manque de rien et je t’en serais reconnaissant mais il est grand temps pour moi de gérer ma vie comme je l’entends.
Moi : voilà le problème de la nouvelle génération. Vous n’avez plus aucune considération pour vos parents. Une fois que vous gagner bien votre vie, vous nous tourné le dos. Tu es ingrat.
Ibrahim : mais en quoi le fait de vouloir me détacher et voler de mes propres ailes fait de moi un ingrat ? Tu devrais être fière de voir que ton fils sait désormais se débrouiller grâce aux conseils que tu lui as donnés.

Non mais il se fou de moi ou quoi ? Je dois toujours avoir un œil sur eux et s’il déménage, ça ne me facilitera pas les choses.

Moi : bon vent alors !
Ibrahim : merci.

Je sais que cette idée ne vient pas de sa femme donc si j’ai envie de lui faire changer d’avis, il me faudra passer par elle.

Je ne crois pas que c’est nécessaire de me présenter vu qu’on me connaît déjà ici. J’avoisine la cinquantaine et je suis le directeur de l’entreprise où travaille mon fils.

Il n’y a pas grand-chose à dire sauf que Halima et moi avions un passé très houleux et je ne pourrais la tenir dans mes mailles qu’en gardant sa fille unique proche de moi. Je l’ai rencontré par l’intermédiaire d’une de ses amis à l’époque et elle était d’une beauté à coupé le souffle.

Comme tout homme de mon époque, j’en suis tombé éperdument amoureux. J’ai investis en elle parce que je la voyais comme la femme qui porterait mes enfants.

J’ai été choqué d’apprendre qu’elle se foutait complètement de moi et qu’elle n’en avait qu’après mon argent. On ne m’avait jamais dupé sauf elle. J’ai crû que j’allais devenir fou lorsqu’on m’a dit qu’elle allait se marier.

J’ai eu du mal à me ressaisir et c’est bien la raison pour laquelle je suis resté silencieux pendant de longue année. Il me fallait trouver un moyen de me venger et comme elle n’a eu qu’une seule fille, c’était le cobaye parfait pour moi.

Je ne suis pas un fou. Violé la femme d’Ibrahim ? Mais non ! C’est tout simplement ce que je la laisse croire pour la rendre aussi folle que moi quand elle m’a abandonné sans état d’âme.

Mon ex femme était une jeune fille villageoise que mes parents m’avaient donnée. Je me suis sentie obligé de l’accepter et c’était aussi en partis pour respecter la décision de mes parents.

Comme la vie en a après moi, on a fait plus de cinq ans de mariage sans enfant. Oui, vous l’avez déjà deviné. Ibrahim n’est pas mon fils mais plutôt celui de Anta, la ménagère.

A l’époque on ne savait pas trop quoi faire. Un jour on a trouvé Anta en pleine rue entrain de mendier avec un nouveau née. Ma femme a demandé à ce qu’on la recueille et qu’on élève cet enfant comme si c’était le notre.

On a dû mettre en œuvre plusieurs plans pour ne pas que ça se sache. Nous avons voyagé et passer un temps fou à l’extérieur. Le deal avec Anta c’était qu’elle devait nous donner son enfant et s’occuper de notre maison le temps qu’on fasse taire les ragots vu que l’adoption est interdite dans la religion.

Je ne déteste pas Ibrahim loin de là. J’aurais pu épouser une autre femme, mais j’ai appris par la suite que j’étais stérile. Sa mère était très dévouée à moi. Je lui ai toujours fait croire que le problème venait d’elle vu qu’en Afrique, lorsqu’un couple ne procrée pas, c’est de la faute de la femme.

Savez-vous le genre de personne qu’elle était ? Pour vous faire comprendre cela je vous dirais qu’elle a elle-même proposé que j’épouse une deuxième femme pour avoir les enfants qu’elle ne m’a jamais donnés.

Elle s’est occupée d’Ibrahim comme si sa vie en dépendait. Elle s’épanouissait à vue d’œil et ça me rappelait à tous moment mon incapacité à faire un enfant.

Posé les yeux sur cet enfant me rappelais que j’étais incapable et c’est un sentiment qui s’est accrût au fur et à mesure qu’il a grandit jusqu’au jour d’aujourd’hui raison pour laquelle j’ai toujours été dur avec lui.

Seulement je le connais assez pour savoir qu’il y a anguille sous roche. J’ai donc attendu qu’il s’en aille pour appeler Anta. Je sais que si elle est au courant de quelque chose, elle me le dira tout simplement parce qu’elle m’est énormément reconnaissant.

Anta : vous m’avez fait appel ?
Moi : assois-toi, ordonnais-je.

Elle est allée prendre un tabouret avant de s’asseoir dans un coin.

Moi : ton fils vient de sortir de mon salon et il m’a dit qu’il allait déménager. Quand comptais-tu me le dire ?
Anta (étonné) : déménager ? Je vous jure que je ne savais pas.
Moi : maintenant tu sais. Qu’est ce qui a bien pu se passer ? Pourquoi cette envie soudaine de s’en aller ? Si tu sais quelque chose, parle-moi sinon je te mettrais à la porte.
Anta : non monsieur, ne me faites pas sortir je vous en supplie. Vous savez que tout ce que j’ai dans ma vie c’est lui. Je ne supporterais pas d’être loin de lui.
Moi : arrête tes jérémiades stp. Si tu n’avais que lui, tu n’allais pas accepter qu’une autre l’élève alors mets la en sourdine.
Anta : je ne suis au courant de rien. Tout ce que je sais, c’est que Fatima est enceinte.

Ai-je bien entendu ? Fatima enceinte ?

Moi : et quand comptais tu me dire cela ?

Elle m’a dévisagé de manière assez bizarre.

Anta : je ne savais pas que ça vous aurait intéressé.
Moi : tout ce qui concerne ton bâtard m’intéresse tu as compris ?

Elle s’est contentée de hocher la tête.

Moi : maintenant tu me feras le plaisir de dissuader Fatima. Toi seul sais d’où ton fils a tiré sa tête de mule.
Anta : ok !
Moi : tu peux disposer.

Pourquoi m’a-t-il caché ça ? Je savais qu’il y avait anguille sous roche et maintenant je viens d’en être confirmer. Pour un début, je taperai là où ça fait mal.

Fatima ne m’a rien fait loin de là. Son seul péché est d’être la fille de cette femme. Jamais cet enfant ne verra le jour tant que je m’appellerais Abdel Bah……………..

Secrets de famille