Chapitre 31 : Tu me manques

Ecrit par Auby88

Margareth IDOSSOU

Dans le hall de la clinique pédiatrique, je me trouve avec Sibelle. Nous sommes les avant-derniers patients. Nous attendons patiemment notre tour en papotant entre mère et fille. Le weekend prochain, elle le passera chez Charles et semble bien pressée d'y être. Eh oui, Charles a réussi à faire bonne impression auprès d'Arnaud qui lui a permis d'avoir Sibelle deux jours chez lui en attendant qu'un programme soit bien établi entre Judith, Arnaud, Charles et moi. Cela fait quand même beaucoup de monde et de tours pour cette petite fille qui en plus a un examen à passer pour très bientôt. Pourtant, elle ne semble pas pertubée. Au contraire, avoir autant de parents semble être une grâce, une bénédiction pour elle car il y aura plus de mains pour la chouchouter.


En ce qui concerne Arnaud, il reste encore obstiné, Judith aussi. De toute façon, cela ne fait que deux jours que je suis allée le voir à la banque. Je lui donne un peu de répit avant de l'attaquer à nouveau si nécessaire.


Pendant que Sibelle et moi attendons, une belle jeune femme très coquette et franchement maquillée vient s'asseoir près de moi, sans m'adresser la moindre salutation. De toute manière, cela ne me fait ni chaud ni froid. Elle me rappelle exactement moi-même il y a quelques mois. Je continue ma discussion avec ma fille jusqu'à ce que la secrétaire nous fait signe d'entrer.


- Bonjour David, dis-je en entrant suivie de Sibelle.

Il lève la tête. Je vois bien qu'il est étonné de me revoir.

- Bonjour Margareth ! Bonjour Sibelle ! Asseyez-vous donc.


Il vient de m'appeler "Margareth" et non "Mélanie" comme il en avait l'habitude. Cela n'est pas bon signe. Je sens qu'il ne tient pas à enterrer la hache de guerre entre nous. A ses yeux, je ne suis plus qu'une simple étrangère. Et là, une simple mère de patiente. J'inspire profondément pour réprimer les larmes qui me montent aux yeux.

- Alors qu'est-ce qui amène ma patiente préférée vers moi ?

- Rien de particulier, dis-je en évitant son regard. Juste un contrôle de routine. C'est Judith qui devait être là avec elle, mais elle a eu un empêchement. Je la remplace donc.


Si je viens de préciser ce petit detail, c'est pour qu'il ne se rende pas compte que ma présence là est juste déguisée.

- Je vois, dit-il simplement.

- Allez, viens, que je t'ausculte.


Pendant qu'il l'examine, je l'observe. C'est tellement bizarre d'être en même temps si près et si loin de David.

- Elle va bien, finit-il par dire.

- Je suis bien rassurée de le savoir.

Il aide Sibelle à descendre du lit d'auscultation puis va inscrire des notes dans son carnet médical.

- La visite est à présent terminée ! Très bonne journée à toutes deux ! dit-il en se dirigeant vers la porte.

Il me congédie ainsi. Peinée, je suis vraiment. Je le fixe. Il détourne son regard et nous ouvre grand la porte, nous laissant sur le seuil. J'avance de quelques pas. Plutôt que de rentrer à l'intérieur, il s'amène dans le hall. Je devine qu'il vient vers moi, mais non. Il va plutôt vers la jeune dame de tout à l'heure.

- Bonjour, mon amour. J'espère que je ne te fais pas trop attendre. Je prends le dernier patient et je suis tout à toi, mon cœur !


Je ne peux m'empêcher de les regarder.

" Mon amour… mon cœur". Je viens bien de l'entendre prononcer ces mots. Ils sont donc ensemble, lui et cette femme. Et ce doit être assez sérieux pour qu'il l'appelle ainsi. Ce doit sûrement être elle qui a décroché son téléphone la dernière fois et qui était à son appartement.

Je devrais être contente pour lui car je l'ai toujours encouragé à construire une relation stable, à arrêter les "vagabondages". Mais là je me sens vraiment mal, rien qu'à l'idée de le savoir avec une autre. Que m'arrive-t-il ? Je ne comprends plus rien.

Je ferme les yeux, secoue vivement la tête et entraîne Sibelle par la main. Très loin de la clinique, très loin de David et de cette femme, je veux être.



Cynthia DOSSOU

Dans un restaurant bien classe, nous sommes David et moi. Nous venons de finir notre dessert. Je ne peux m'empêcher de lui dire ce qui me dérange depuis que j'ai vu cette femme à l'hôpital. Elle nous regardait bizarrement. Je lui en parle. Il finit par la reconnaître et tente de me rassurer.


- Tu te fais juste des idées, Cynthia !

- Non, David ! Je ne plaisante pas. Cette femme semblait bien te connaître. Qui est-ce ?

- Je te l'ai dit. Elle est juste la mère d'une patiente.

- Elle est plus que cela pour toi !

- Arrête tu veux !


Je sais qu'il me cache quelque chose. J'insiste.

- J'ai besoin de savoir, David !

- C'est Mélanie !

- Quoi, ma rivale !


Je n'en reviens pas. J'étais assise près de ma rivale sans même m'en rendre compte. Je reconnais quand même que c'est une très jolie femme, de quoi faire tourner la tête à un homme.

- Là, tu exagères ! Mélanie n'est pas ta rivale et ne l'a jamais été. J'ai certes été amoureux d'elle mais cela a toujours été à sens unique. Il n'y a rien, il n'y a jamais rien eu et il n'y aura jamais rien entre elle et moi.

- Ce n'est pas ce que j'ai lu dans ses yeux quand tu l'as raccompagnée dehors. Elle te dévorait du regard. Et quand tu t'es approché de moi, j'ai bien vu qu'elle était jalouse.

- Tu te fais des idées ! Mélanie n'est pas amoureuse de moi, mais du père de sa fille. Mets-toi cela bien en tête !

- Et toi, peux-tu affirmer que tu n'es plus amoureux d'elle, que tu ne me quitteras pas pour elle dès qu'elle tentera de te séduire ?

- Arrête, tu veux ! Je suis avec toi et cela devrait te suffire. Quelle autre preuve d'amour veux-tu encore ?


Là, il est bien en colère.

- Sache, Cynthia, que je déteste les femmes jalouses, qui voient tout le temps le mal autour d'elles et qui ne font pas confiance à leurs partenaires !

- Excuse-moi mon amour, dis-je.

- Cette fois-ci oui, je t'excuse. Mais ce ne sera pas toujours le cas. Je reste intransigeant là-dessus. Donc, si tu tiens à ce que notre relation perdure, tu sais ce que tu ne dois plus faire.

- Excuse-moi, mon amour, dis-je à nouveau.

- C'est bon ! Parlons d'autre chose à présent.


Il aura beau le nier, je sens bien qu'il en pince encore pour cette Mélanie. C'est sans doute pour cela qu'il s'emploie autant à s'eloigner d'elle. Quoi qu'il dise, je considère cette femme comme une rivale et je l'aurai toujours à l'oeil car elle cache bien son jeu devant David. Il n'y a que lui qui ne voit pas qu'elle l'aime comme une femme et non comme le ferait une amie. Néanmoins, je tâcherai d'être plus intelligente qu'elle et je m'évertuerai à protéger mon couple contre cette rapace. Avec tact bien sûr, sans que David s'en aperçoive. Parce que je n'ai nulle envie de le perdre. David est à moi et à moi seule !



Quelques jours plus tard.

Charles da MATHA

La sonnerie retentit dans la maison. Je vais personnellement ouvrir. Mon invitée spéciale doit être là. J'ouvre tandis qu'elle me saute dans les bras.

- Papa, je suis contente de te revoir.

- Moi aussi, ma princesse.

Elle est avec Arnaud.

- Entrez, je vous prie. Vers le salon, nous nous dirigeons. Larissa et maman viennent à notre rencontre.

- Enfin, je vois ma petite-fille, dit ma mère en ouvrant grand ses bras.


Sibelle va s'y réfugier. Ma mère aurait bien voulu rencontrer Mélanie mais je n'ai pas donné de suite à sa requête. Je doute que Mélanie veuille mettre pied chez moi.

- Soyez le bienvenu chez nous monsieur da SILVA ! commente mon épouse. C'est un plaisir de vous recevoir.

- Appelez- moi Arnaud ! C'est moins lourd.

Elle acquiesce.


Nous allons nous asseoir pour discuter de l'actualité du pays. Pendant ce temps, Sibelle fait plus ample connaissance avec sa mémé et Larissa. Elle semble déjà se plaire chez moi. Je la vois mordre à pleines dents dans un morceau de gâteau. Je suis content.





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