Chapitre 32

Ecrit par Annabelle Sara

Victoria regardait sa fille. Sa fille, elle avait toujours été là tout près d’elle ! La petite dormait, elle ne pouvait pas imaginer qu’elle était le sujet d’un examen attentif. Celle qui était sensée être sa tata, l’observait comme si c’était la première fois qu’elle la voyait de sa vie. Comme si elle venait de naître.

Tout en elle lui rappela soudain sa mère, cette frimousse brune et ses mains toutes petites. Victoria n’en revenait pas, elle avait tellement désiré cet enfant qu’elle en avait pleuré de douleur des années durant et là, elle découvre que sa fille a toujours été là à son coté et qu’elle l’a toujours adoré.

Une image surgit brusquement dans sa tête, un dessin que Ly avait fait et lui avait remis en disant : « c’est la dame qui l’a dit ! »

Serait-ce possible que ce soit sa mère qui avait apparue dans les rêves de la petite, qui lui avait soufflé qu’elles se retrouveraient et qu’elles seront protégées toutes les deux, par l’homme le plus merveilleux au monde ? Victoria sourit en se souvenant son enthousiasme dans la matinée lorsqu’ils avaient expliqué à la fillette qu’ils allaient vivre ensemble dans une ville stupéfiante dans la montagne. Stephane  lui avait raconté des histoires d’ours, d’homme de bois, de petit garçon qui touche les étoiles et la lune quand il grimpe aux arbres.

Elle avait surtout été très émue en voyant sa fille adopter Stephane aussi rapidement et de rire avec lui comme s’ils se connaissaient depuis longtemps. Elle lui avait même fait promettre de lui faire construire une cabane sur un arbre s’il voulait qu’elle guérisse.

Découvrirde façon aussi violente que les seules personnes sur terre qui auraient pu compter dans sa vie ont osé lui planter un couteau aussi profondément dans le cœur lui donnait la nausée.

Elle essayait de revenir en arrière et voir ce qu’elle a fait pour engendrer cette haine, elle avait beau essayer elle ne voyait pas où elle avait péché, pour que son père décide de la punir de la sorte. Elle n’en revenait toujours pas que des gens soient capable de pareil sadisme en vers leur propre sang.

Mais elle ne voulait plus penser à cela il était hors de question qu’elle vive éternellement la peur dans le ventre à cause de sa sœur et de son père. D’ailleurs elle avait refusé d’être gardée par ces armoires à glace qui travaillaient pour les Edang, seulement Priscilla, elle avait insisté pour que sa fille le soit, car maintenant elle portait son nom et qu’il était hors de question qu’il lui arrive quelque chose.

Victoria avait le sentiment que Priscilla sentait bien que ce que son fils ressentait pour elle était très fort, elle lui avoua qu’elle n’avait jamais vu son fils aussi serein et elle l’avait même remercié de lui avoir fait oublier la perte de son bébé avec Ingrid. Victoria elle ne se souvenait pas d’avoir parlé de ce chapitre avec lui, pourtant elle voyait dans ses yeux qu’il aurait été très heureux de savoir qu’il avait un fils. Et son transport pour Ly le lui avait montré, elle serait très heureuse de lui donner satisfaction en lui faisant un fils, même si leur avenir n’était pas encore certain, Victoria savait que c’est avec cet homme qu’elle aura des lendemains chantant. Et personne ne pourrai empêcher cela, ils étaient bénis de Dieu !

Soudain, une  lumière aveuglante traversa ses yeux. Une voiture derrière elle fonçait sur elle plein phare allumé. Elle se dit que le conducteur avait surement envie qu’elle lui laisse la voie, alors elle ralenti et se mit sur le coté pour le laisser passer. Mais ce qui attira son attention lorsque la voiture se rapprocha, fut les vitres, elles étaient fumées alors que ces artifices étaient totalement interdite dans l’Etat. Malencontreusement pour elle, les doutes qu’elle eu n’eurent pas le temps de faire leur chemin dans sa tête, encore moins eut-elle le temps de réagir.

D’un coup de volant, la voiture aux vitres fumées lui coupa le chemin, en essayant d’éviter le choque, Victoria freina brusquement et tenta une manœuvre lui permettant de faire une marche arrière. Mais elle paniqua en se rendant compte qu’elle était bien trop près d’un ravin. Il fut trop tard quand elle sentit qu’on emboutissait l’arrière de sa GMC.

Elle découvrit ce que voulait dire le dicton : la chute donne des ailes !

La seule chose qui lui arracha un sourire tandis qu’elle criait en se sentant cracher sur le sol, fut le fou rire que Stan et Ly avaient eu lorsqu’il avait imité un coq de la basse cours qui réveil la maisonnée à l’aube.

Oh oui ! Il saura s’occuper d’elle, il prendra soin de cette enfant comme si c’était la sienne, elle en était convaincu. Seigneur, comme elle aurait adoré être là pour voir cela.

Elle ferma les yeux et pensa à quel point elle aimait ses deux personnes qui avaient fait de ses dernières heures un vrai paradis sur terre !

  

Stephane ne tenait plus en place, il avait hâte que la femme qu’il aimait arrive. Il avait surtout hâte de pouvoir enfin lui poser cette question qui lui démangeait la langue. Il n’en pouvait plus de devoir attendre de la voir franchir le pas de cette porte. Il avait essayé de s’imaginer la scène une bonne vingtaine de fois. Lui à genou face à la belle, sa demande et elle du haut de son mètre quatre-vingt lui annonçant qu’elle voulait bien lier à jamais son destin au sien. Il n’aspirait qu’à cela en ce moment.

Tous les deux ils méritaient un moment de répis pendant lequel ils devaient prendre le temps pour vivre un peu de bonheur au milieu de cet immense chaos qui les entourait, de plus la petite Ly avait elle aussi besoin d’un peu de paix. Tout ce à quoi Stephane aspirait en ce moment c’est d’être celui qui leur donne à toutes les deux cette sérénité.

Mais avant que tout cela ne soit possible il fallait d’abord qu’elle vienne le rejoindre, d’ailleurs elle était sensée arriver il y’a déjà un quart d’heure. Et son téléphone était apparemment éteint. Où peut-elle bien  être ?

Aucune raison de s’inquiéter, elle sera là d’une minute à l’autre. On sonna à la porte.

Enfin elle était là !

  « J’arrive dans une seconde ! », dit-il en courant à la porte pour ouvrir.

Quelle ne fut pas sa déception mais surtout sa surprise de se retrouver face à deux agents de la police devant sa porte. Ils tenaient tous les deux leurs chapeaux dans leur main, avec cet air qui faisait froid dans le dos comme si quelque chose de grave était arrivée.

  « Mr Medou ? », s’enquirent-ils comme s’ils n’étaient pas sûrs que ce fût bel et bien lui.

  « Oui, comment puis-je vous être utile ? »

  « Nous avons une mauvaise nouvelle à vous donner… un accident est survenu ! »

  « Mon frère aurait-il… »

L’angoisse s’entendait dans la voix de Stephane.

  « Non, il s’agit de Mlle Esso, sa voiture a quitté la route… »

A partir de là, il n’écoutait plus, son estomac se noua et il crut qu’il allait vomir. C’était pire que de recevoir un coup de poing dans le ventre. Il était là à l’attendre, alors qu’elle venait tout juste d’avoir un accident. Il ne pouvait pas y croire après tout ce qu’elle a vécue ces derniers jours il fallait qu’en plus, elle fasse un accident, elle devrait surement être dans un état de choc, il faut absolument qu’il la rejoigne pour la calmer…

  « … nous n’avons pas pu sortir son corps à temps de la voiture, nous sommes vraiment navrés… »

  « Quand vous dites que vous n’avez pas pu sortir son corps à temps, vous voulez dire… », fit-il, son attention soudain attirée par les paroles de l’agent.

L’autre intervint alors :

  « Mlle Esso est décédée dans cet accident ! »

La voix de l’agent était un bruyant murmure aux oreilles de Stephane. En une seconde son monde entier s’écroula autour de lui, sa vue se brouilla et l’air lui manqua.

La descente du train était pénible et l’obscurité dans laquelle sa vie pénétra était trop pesante pour lui. Pour la première fois de sa vie, Stephane Medou s’évanoui !

 

 

Un Nouveau Souffle