Sanata

Ce matin, lors du petit déjeuner, maman a enfin fini par parler de mon cas. 

- Bonjour maman

-Bonjour Sanata, ça va ? Qu'Allah te bénisse et te protège tout au long de cette journée.

-Ameena

-J'ai réfléchi à propos de ce que tu m'as dit la nuit dernière. Et je trouve que tu devrais te plier aux décisions qu'il prendra. Tu as blessé Umar, moi même ta mère je lui ai fait du mal. On lui a fait du mal. Encore un enfant ça aurait pu s'arranger , même difficilement mais deux enfants ?! Je te conseille de seulement lui demander pardon, à lui et à ses filles et d'essayer de te reconstruire toi même, loin de cette mauvaise vie et de cette méchanceté. Ne cherche pas à retourner dans sa vie et de tout détruire encore une fois, si quand même tu choisis de ne pas écouter mes conseils alors ne comptes sur moi ni pour te soutenir ni pour rester chez moi. 

- Je pensais que tu allais m'aider à regagner mon foyer ... Que vais-je faire avec deux enfants, seule sans mari ? 

-Sanata, il fallait y réfléchir avant de faire quoi que ce soit 

-Le mal est fait maman

-Alors répare ton mal en demandant pardon à ton mari et à ses enfants et en quittant leur vie. 

-Et être la risée de tous ?

- Ne comprends-tu pas que tu es déjà la risée de tous ? Depuis cet incident, Tahara t'a appelé ? t-a-t-elle envoyé même un simple sms pour savoir comment tu allais ? Sanata d'où sors-tu tout cet orgueil ?

-Désolée mais je ne demanderai jamais pardon à Zeïnabu 

-Je crois que tu as fait ton choix, on a plus rien à se dire. Bonne chance!

Je n'avais plus d'appétit, cette discussion m'a coupé toute envie de manger. Maman serait capable de me livrer à la police si jamais je lui avouais que c'est moi qui ai fait en sorte que Maryam meurt. Elle n'avait aucun cancer, j'ai soudoyé le médecin qu'on avait en commun et j'ai aussi soudoyé son oncologue pour qu'il traite une maladie inexistante. Elle n'était pas censée mourir si tôt, mais dès que j'ai vu qu'elle attendait un autre enfant d'Umar, j'ai soupçonné leur réconciliation et c'était la dernière chose que je voulais. J'ai alors demandé au médecin de tout faire pour qu'elle meure après son accouchement. Elle s'est mise en tête qu'elle était malade, elle y croyait tellement qu'elle dépérissait. Ses pensées la rongeaient et tout le monde y a cru dur comme fer.

Tahara

ça fait trois jours que je suis chez la grand-mère de Zeïnabu. J'ai honte des choix que ma mère a fait, je pouvais ne pas parler et laisser encore le doute dans la tête de mon père mais j'en avais assez , je voulais aussi connaître la vérité même si jusque-là je ne sais rien de concret,ses réactions ont montré qu'il y avait une part de vérité dans tout ceci. L'adultère est sévèrement puni au tribunal et aussi par l'islam, on l'a fait à l'école. Si papa savait que je ne suis peut-être pas sa fille, je crois que la situation serait pire. Si seulement, elle m'avait laissé à mon père, je n'aurais pas eu à vivre tout ceci.

-Tu es réveillée ?

-Oui Nabu, ce qu'on vit est il vrai ? 

-ça va aller, je suis là

- Au début, c'était censé être toi qui devait vivre ce calvaire, tu vois comment le sort est ironique? Je suis désolée pour ce que j'ai pu te faire Nabu, je te demande pardon

-Chuut, je t'ai déjà pardonné. Tu devrais appeler ta mère ou aller la voir pour toutes les questions que tu te poses 

-Je ne veux pas lui parler

-Que tu le fasses maintenant ou plus tard, tu devras le faire.

-...Je sais

Ramata

Abdul voulait que je lui présente sa fille, évidemment que j'ai refusé, ce n'est pas à moi de le faire. Il a refusé que je mette un terme à notre relation, il m'a supplié pour que je lui donne une seconde chance et je lui ai répondu que je vais y réfléchir. Je ne me sens pas prête de reprendre avec lui, s'il l'a fait une fois, qu'est ce qui me prouve qu'il ne le refera pas ?

Je vais d'abord appeler Anne pour lui passer un savon

- Bonjour Anne !

-Oh quel ton courroucé!

-Tu sais que je suis fâchée contre toi.

- Il m'a supplié pour que je le fasse, il semblait sincère, je ne l'ai jamais vu plié en quatre pour une fille si ce n'est toi, je te jure. Mais je voulais te dire autre chose, quand je suis descendue, tu n'étais plus là.

- J'étais assez énervée d'avoir vu Abdul alors que j'étais pas venue pour lui. Alors c'était quoi ?

-Ta grand-mère avait raison

-Et sur quoi donc ? 

- Je suis enceinte

-Je suis heureuse pour toi? As-tu informé ton mari ?

-Je vais le faire ce soir après le dîner.

- Je vois que les séances de thérapie t'aident beaucoup

-Oui tu  n'imagines pas à quel point.

- Tu sais, c'est avec cette même femme que Abdul aussi m'a trompé

-Non, ne me dis pas ça! Comment est-ce possible ?

-Je ne sais même pas quoi dire, je suis tombée des nues, ils ont même  une fille de quinze ans ensemble

-Abdul ne m'a pas dit tout ça… Mais il va falloir que tu suives les conseils que tu m'as donnés aussi.

-Ne t'inquiètes pas...

Anne

Jean-Pierre aurait appris que Dado sa sécrétaire me donnait des informations, il l'a renvoyé, elle vient de m'en informer. Je vais lui trouver un emploi quelque part, c'est quand même à cause de moi qu'elle se retrouve dans ce pétrin. Les jumeaux sont rentrés, maintenant que je me sens mieux mais la grand-mère de Ramata est une super baby-sitter ,les enfants l'adorent...

Jean et moi, commençons à nous reconcilier.