Chapitre 33 : Jeunes, aumône et prières

Ecrit par Benedictaaurellia

Sebastien.

Avant toute chose, la foi. C’est la foi qui déplace les montagnes. « Si vous aviez la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : transporte-toi d’ici là, et elle se transporterait ; rien ne vous serait impossible » disait Jésus.

Seb : As-tu la foi Edmund ? Si ce n’est pas le cas, le combat est perdu d’avance. Crois-tu que le Seigneur peux tout ? Crois-tu qu’il peut te libérer et qu’il l’a déjà fait ? Tu ne dois laisser aucune place au doute sinon, le malin profitera de cela.

Edmund : j’y crois.

Seb : cependant, la foi sans les œuvres n’est rien. Jacques 2 :17. Il nous faut aussi jeuner et faire des aumônes.

En tant qu’institution très ancienne, le jeûne se trouve déjà dans l’Ancien Testament (Dt 9, 18 ; Es 58, 4-10 ; Jl 2, 15 ; Jon 3, 5-7), et s’affirme dans le Nouveau Testament. Avant d’entamer son action dans le monde, le Seigneur lui-même a jeûné pendant quarante jours (Lc 4, 1-2) et donné des instructions concernant la pratique du jeûne. Matthieu 6.16 : « Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour montrer aux hommes qu'ils jeûnent ».

 Dans le Nouveau Testament, de manière plus générale, le jeûne est décrit comme un moyen d’abstinence, de pénitence et d’élévation spirituelle (Mc 1, 6 ; Ac 13, 2 ; 14, 23 ; Rm 14, 21). En tant que lutte spirituelle, le véritable jeûne est lié à la prière incessante et au repentir sincère. « Le repentir sans jeûne est sans valeur » (Basile le Grand), tout comme le jeûne sans bienfaisance est nul. C’est pour cela que nous devons y joindre des aumônes.

Dans Isaïe Dieu nous dit : « voici le jeune auquel je prends plaisir. Détache les chaines de la méchanceté, dénoue les liens de servitude, renvoie libres les opprimés, et que l’on rompe toute espèce de joug ;

Partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile ; si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable ». Isaïe 58, 6-7.

Autrement dit, jeûner ne signifie pas s’abstenir purement et simplement de certains aliments donnés. « L’abstinence de certains aliments ne suffit pas à elle seule à en faire un jeune louable ; pratiquons un jeûne que Dieu acceptera, qui Lui sera agréable. Le vrai jeûne consiste à se défaire du mal, à retenir sa langue, à s’abstenir d’être en colère, à éloigner les désirs, la calomnie, le mensonge, le parjure. La privation de tout ceci est le véritable jeûne. C’est grâce à tout ceci que le jeûne est une bonne chose » (Basile le Grand). L’abstinence de nourriture et la frugalité – quant au type et à la quantité des aliments consommés – constituent les éléments tangibles du combat spirituel qu’est le jeûne. « Le jeûne – ainsi que le terme l’indique – signifie abstinence de nourriture ; mais la nourriture ne nous a jamais rendus ni plus justes ni plus injustes. Le jeûne a une signification profonde : de même que la nourriture est le symbole de la vie et l’abstinence de nourriture celui de la mort, de même nous humains devons jeûner, afin de mourir au monde. Notre vie chrétienne est une vie de combattant. Nous avons trop souvent tendance à l’oublier et à vivre comme si la vie éternelle que Jésus nous a acquise au prix de son sang n’arriverait jamais. Et pourtant, nous devrions garder nos yeux sur l’éternité et nous maintenir en forme et prêts au combat spirituel quand il se présente. Le jeûne est véritablement une arme qui est à notre disposition dans notre armure de soldat. Jésus le dit, certains combats spirituels ne peuvent être remportés que dans le jeûne et la prière. Matthieu 17.21 : « Mais cette sorte de démon ne sort que par la prière et par le jeûne. » Jeûner doit faire partie de la vie courante du chrétien.  Le jeûne nous permet de remettre Dieu à la première place dans nos vies. Le temps mis de côté par le jeûne nous permet d’être plus disponibles pour le Seigneur. Cette abstinence dispose nos cœurs à rechercher notre Dieu. Psaume 42.2 : « Comme une biche soupire après des courants d'eau, Ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu ».

« Le jeune prépare et dispose à la prière. Il prépare au combat spirituel et donne la force à l’âme et au corps ».

Jeuner, c’est choisir de faire taire notre corps, nos besoins primaires.

Et bien sûr, y joindre le partage avec les autres, d’où, les aumônes.

« L’aumône nous aide à vaincre cette tentation permanente : elle nous apprend à aller à la rencontre des besoins de notre prochain et à partager avec les autres ce que, par la grâce divine, nous possédons » Benoit XVI.

Prière et pénitence ne suffisent pas pour entrer dans le Royaume des Cieux. Le Christ nous met en garde : « Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur ! Qui rentreront dans les Royaume des Cieux » (Mt 7, 21), et il nous prévient que la miséricorde vaut plus que tous les sacrifices (Mt 9, 13). Il nous indique quel est le chemin obligé : ouvrir son cœur aux besoins matériels et spirituels des nécessiteux, de ceux qui souffrent. Lorsqu’il viendra dans sa gloire pour juger les vivants et les morts, le Christ appellera à lui ceux qui ont pratiqué la miséricorde : donné à manger, à boire, accueilli les étrangers, visité les prisonniers... Et il rejettera – les paroles sont dures– ceux qui ont fermé leur cœur au prochain (Mt 25, 31-46).

Pour comprendre le sens profond de la miséricorde chrétienne, considérons à nouveau le texte de saint Matthieu où le Seigneur accueille dans sa gloire ceux qui ont pratiqué la miséricorde. J’avais faim, dit-il, j’avais soif, j’étais seul, nu et sans abri, j’étais en prison et vous m’avez nourri, vêtu, visité. Chaque fois que vous aurez fait cela à l’un de mes frères les plus humbles, c’est à moi que vous l’aurez fait. Il est intéressant de noter que le Christ s’identifie non pas à celui qui donne, mais à celui qui souffre : au pauvre, au malade, au sans-abri, voire à celui qui est coupable de crimes et que la société a exclu.

 

En exerçant la charité, le chrétien reconnaît en celui qui souffre le Christ. C’est pourquoi le don ne se réduit pas à quelque chose de matériel, mais va plus profondément jusqu’à la personne: il restitue au pauvre sa dignité. Que l’on pense à l’impact de l’œuvre de Mère Teresa, de Vincent de Paul ou de saint Jean Bosco, pour ne citer que des exemples : l’on pressent dans leurs gestes quelque chose de plus qu’un don matériel ou même spirituel ; leur action a quelque chose qui dépasse les frontières du fini, car il élève l’homme dans sa dignité de personne.

Ainsi l’aumône ne se limite pas à donner quelques pièces, même si cela est bien. Il faut savoir ouvrir son cœur et... son porte-monnaie. Que des résistances parfois à donner ! N’est-il pas vrai que l’on peut être plus généreux, envers le pauvre, envers l’Église ou à l’égard des institutions de bienfaisance qui comptent sur notre soutien ? Il faut, bien sûr, user de la prudence et du bon sens, mais donner est nécessaire et aide à être détaché de soi-même, à relativiser tant de problèmes superflus, à sentir son cœur plus libre.

Ceci est à la portée de tout le monde, même des plus démunis. Jésus est touché d’émotion devant la pauvre veuve qui verse deux piécettes dans le trésor du Temple (cf. Lc, 21, 1) et il récompense au-delà de toute mesure sa générosité : le souvenir de cette femme, qui sûrement ne s’est doutée de rien, sera transmis à travers tous les siècles à toutes les générations.

 

Cependant l’aumône ne se réduit pas cela. C’est aussi de l’aumône que d’offrir un sourire, alors que l’on est peut-être fatigué ou préoccupé, voire amer ou irrité. Cela encourage, déride l’atmosphère, l’on se sent aimé et compris, ou du moins apprécié. Parfois cela est difficile, mais ce ne l’est pas vraiment si dans l’autre on sait voir le Christ.

L’aumône c’est aussi consoler les affligés, donner le conseil opportun enseigner, corriger lorsque cela est nécessaire – en voyant le Christ dans celui qui se trompe ! – écouter avec patience et avec une vraie attention et non seulement par politesse.

Faire l’aumône dans une famille, c’est ouvrir la famille à Dieu, c’est couvrir les péchés de la famille et attirer la protection de Dieu sur chaque membre. Les familles qui donnent aux pauvres sont protégées des maladies incurables, des morts subites et atroces ; l’aumône vous éloigne des pestes et des attaques du diable.

Comprends-tu ?

Oui je comprends.

Ce soir, nous allons commencer les prières et demain, nous commencerons le jeune. Les aumônes, nous verrons comment nous organiser pour cela.

Orlane, tu dirigeras la prière de ce soir.

On va tous dans la salle de combat.

MA MÈRE ET MOI