Chapitre 36 : Déchéance

Ecrit par Moktar91

Chapitre 36 : Déchéance


Trokpo Agossou arrêta de parler un instant pour se retourner vers le lieu d'où venait ce bruit.



Quand son regard se posa sur le visage du Président, il comprit que la suite serait fatale....


Dieu ne dormait sûrement pas.



L'expression de son visage changea radicalement. Il essaya de se contenir avant de faire un pas puis s'arrêta.


Il se passa une main au visage, chassant un brin de sueur invisible avant d'essayer de prendre la glacière. En s'abaissant, le pied du Président bloqua sa tentative. Ce dernier fit signe à l'un de ses gardes de s'approprier de la glacière. Le ministre essaya une nouvelle fois de s'y interposer mais le regard du Président l'en dissuada.


-<<Mais en fait, c'était juste des organes de mouton, Monsieur le Président, avait-il essayé d'argumenter>>


Sa voix laissait apercevoir une once de doute et d'incertitudes qu'il n'avait jamais développé auparavant. Il était surpris de se voir aussi déstabilisé.


Sans lui répondre, le Président se deplaca et vint s'asseoir dans le fauteuil en face.


-<<Que me cachez-vous d'autres Monsieur le Ministre ?>>


La voix du Président était calme. D'un calme qu'il n'avait jamais perçu auparavant. En plus d'une vingtaine d'années à côtoyer l'homme, c'était la première fois, qu'il était d'un calme olympien. Le sulfureux homme qu'était Joseph semblait taciturne sur le coup. Il fixa Trokpo Agossou longuement. Ce dernier essaya de détourner son regard. Il semblait très embarrassé.



Quand le Président orodnna à son cortège de fouiller l'immeuble, il revint quelques minutes après avec les deux cadavres et le chauffeur encore endormi.


En ouvrant les sacs jetables, Joseph Kinhou porta sa main à sa bouche avant de volir sur les tapis du salon. La vue de cette horrible vision le fit reculer. 


La maison vivait dans un effervescence terrible quand le commandant de la garde républicaine débarqua à sa suite, le procureur de la République près du tribunal de première instance de Cotonou et quelques ministres notamment ceux de la défense, de la justice.


Sous les menottes et les flashs des photographes et caméras, le ministre Trokpo Agossou, candidat du parti au pouvoir à l'élection présidentielle et favori pour le fauteuil présidentiel venait d'être embarqué dans le cargo de la police avec à sa suite son chauffeur...


C'était le début de sa fin.



Cotonou 


Quartier Haie Vive


Amos leva les yeux vers la télévision. Alors qu'il prenait son café ce matin, une information passait en boucle. Il put apercevoir brièvement le ministre alias son beau-père. Il prit la commande et augmenta le volume. Au fur et à mesure qu'il prenait sens de l'immense horreur qui se diffusait sur son beau-père, il alerta la maisonnée. 


Lorsque Naimath, sa mère, Cella rejoignirent Amos, elles découvrirent à leur tour l'horreur de la situation.


Cella se laissa tomber sur ses genoux et pleura longuement avant de formuler une prière au Créateur. À cet instant précis, elle était bien consciente que le Seigneur avait combattu pour eux. Qu'il fallait laisser le Seigneur faire et rester en prière. Aujourd'hui, ils savaient que le Seigneur était au dessus de tout et que rien ni personne ne pouvait le surpasser. Amos prit la main de sa femme et les deux se mirent à prier.


Naimath s'y joignit et sa mère aussi pour de longues minutes de louanges et d'adorations. 



La télévision nationale diffusait toujours le flash. Cette fois-ci, le présentateur vedette du journal télévisé de 20h relatait une fois encore les faits.


-<<Faudrait préciser que c'est le Président de la République lui-même qui a découvert le pot aux roses. D'après les premières informations qui nous sont parvenus, il s'agit de crimes ritualistes à des fins qu'on ne sauraient à l'heure actuelle préciser. Toutefois, il semble fort probable que ces rituels devraient être faits dans le cadre de l'élection présidentielle. Rappelons que l'inculpé en question n'est autre que le Ministre l'intérieur Trokpo Agossou. Cet homme au parcours exceptionnel dans le monde des affaires jouit d'une excellente réputation auprès de ses paires, enfin jusqu'à ce matin où il a exécuté ses deux filles. Rappelons qu'il a été aidé dans cette sale besogne par son chauffeur personnel. Mais des questions restent quand même à être posées : Est-il le seul membre du gouvernement à tremper dans ces pratiques ? Le gouvernement va-t-il sauter ? Le Président va-t-il démissionner ? Combien de personnes ont déjà été sacrifiées dans le cadre de ces élections et comment dementeler ce qui semble être un grand réseau à la tête de notre pays ? Oui... Je viens d'être informé que le candidat de l'opposition Monsieur Simon Agbonmi fera une déclaration dans les minutes qui suivent....>>


Naimath éteignit la télévision et dévala les escaliers. En pénétrant dans sa chambre, elle prit son fils dans ses bras, il lui fit un petit sourire avant de plonger son regard dans celui de sa mère. Naimath put y lire alors l'évidence. 

Haraël Mawouna en était pour quelques choses...



La fin du super Ministre venait d'être signée...


Un autre combat de gagné...

Meurtres au paradis