Chapitre 39 : une épave

Ecrit par Mayei

Chapitre 39 : Une épave !

 

...Salomé...

 

Le car venait de démarrer et je fermais les yeux, cherchant le sommeil. Je ressentais vraiment le besoin de me reposer après toute cette fatigue que j’avais accumulée. Le sommeil ne venait pourtant pas. Le car était silencieux, personne ne parlait. Je jetais un coup d’œil à mes frères. Georges et Thierry dormaient à points fermés. Je croisais le regard de Albert et celui-ci me sourit. 

 

Albert : tu devrais dormir pour reprendre des forces !

 

Moi ; j’essaie mais je n’y arrive pas. 

 

Albert : ferme les yeux et fait le vide dans ta tête tu verras le sommeil viendra bien vite. 

 

Moi : et toi alors ? 

 

Albert : disons que le grand frère veille sur le reste de la famille.

 

Moi : ok

 

Je fermais donc les yeux mais faire le vide dans mon esprit était beaucoup plus difficile. Je pensais à tout ce que nous avions vécu durant ces deux semaines qui venaient de s’écouler. Après les révélations terribles de Agnès nous avions jugé bon de participer à cette retraite spirituelle qui était organisée à Issia, une ville non loin de Daloa. Nous avons donc fait deux semaines dans ce camp pour une délivrance. J’entendais toujours des personnes faire des témoignages mais jamais je n’aurais pensé vivre la même chose. Tout ce que nous avions fait ressortir de notre organisme ! Nous avions vomi des trucs noirs et gluants. J’en ai encore la chair de poule en y repensant. Il y’a même eu un moment où je me suis évanouie. Les prières étaient vraiment intenses. Pendant un moment j’ai eu pitié de Agnès. Je me suis dit qu’elle aurait pu faire partir du convoi pour espérer être délivrée de ce qui la possède. 

 

Nous avons réussi un tant soit peu à nos défaire de tous ces maléfices mais il fallait maintenant demeurer dans la prière de façon incessante. Et dire que je prenais ma vie spirituelle à la légère. Toujours cette petite paresse quand il fallait prier ou aller à l’église. J’ai pris mes résolutions et j’allais m’y tenir. Je ne veux plus de problèmes dans ma vie. Agnès m’avait totalement traumatisée. 

 

... ... ... 

 

Je sens mon corps être bousculé tout doucement. J’ouvre péniblement les yeux. Je crois avoir finalement pu dormir. Je croise directement le regard de Albert. 

 

Albert : nous sommes à notre arrêt ! 

 

Moi : oh déjà ?

 

Thierry : oui et nous devons nous dépêcher de descendre avant que le chauffeur ne nous crée des problèmes. Tu sais comment ils sont ces types-là, toujours pressés pour je ne sais quelle raison.

 

Albert : nous viendrons bientôt sur Abidjan après avoir régler tout ici. 

 

Moi : pas de soucis. 

 

Je changeais de place et m’assis près de Georges. Il m’ouvrit les bras et je me couchais sur sa poitrine. À le voir on aurait dit qu’il s’agissait de mon grand frère. Il me dépasse de taille et est plutôt costaud. Ces petits frères toujours en train de vous faire de l’ombre et vous filer la honte. Qui me croirait si je me plaçais la pour affirmer qu’il est mon cadet ? Nous fîmes de grands gestes à Thierry et Albert pour leur dire au revoir. Le car prit enfin la route pour Abidjan. Je ne tardais pas à m’endormir profondément au point de n’ouvrir les yeux qu’à notre arrêt final. Encore une fois je fus réveillée par Georges. Nous prîmes toutes nos affaires et arrêtions le premier taxi qui passait par là. J’étais toute heureuse de retrouver ma maison mais surtout mon lit. Georges se chargea de ranger nos affaires. C’était bien d’avoir un gentil petit frère. J’écris un message aux filles pour leur dire que j’étais de retour et que je pouvais les recevoir chez moi demain selon l’heure qui leur conviendrait. Je pris une douche rapide et après ma prière je m’endormis lourdement. 

 

... ... ... 

 

Linda : il y’a des choses dans ce monde ! 

 

Moi : je t’assure ! Jusqu’à tuer ton propre mari ! 

 

Nancy (caressant son ventre) : vraiment ! Il faut être folle pour en arriver jusqu’à la. 

 

Violette : heureusement que vous avez fait cette retraite la sinon qui sait ce que tout ce qu’elle a fait pouvait encore détruire en vous. 

 

Moi : j’espère juste que nous serons complètement restaurés. J’ai tellement eu mal pour mes frères. Image des gens qui ont des masters qui se retrouvent à couper du bois dans une scierie ! J’espère en tout cas qu’ils trouveront mieux une fois qu’ils seront revenus sur Abidjan. 

 

J’avais tout expliqué de ce qui s’était passé aux filles. Cependant j’avais laissé l’histoire d’Amandine et Maxime de côté. Il ne fallait pas venir inquiéter violette avec cette histoire et réveiller les vieux démons. Mon téléphone qui était sur la table basse se mit à vibrer. Il s’agissait de Rachidi. Je lui avais lui aussi expliqué ce qui se passait avec ma famille. Il était de plus en plus prévenant. Je me souvenais toujours de notre conversation et surtout du baiser que nous avions échangé. Je décidais de ne pas répondre à l’appel. Je laissais l’appareil vibrer. 

 

Linda : mais réponds non ! 

 

Moi : c’est Rachidi ! 

 

Nancy : une raison de plus pour décrocher tu ne penses pas ? 

 

Moi : je le rappellerai plus tard ! 

 

Nancy ; ok oh !

 

Violette : les filles avant que je n’oublie, je vais effectuer un voyage en France avec Martin. Nous avons décidé d’ouvrir une seconde boutique. Nous allons donc aller prendre tous les ustensiles sophistiqués pour que le shop soit vraiment à la hauteur quoi. 

 

Nancy : ou là-là ! C’est bien ! C’est ce qu’on appelle un homme. Celui-là qui aide sa femme à se réaliser pas ceux qui passent leur temps à mépriser le métier qu’elle a décidé de faire. 

 

Linda : tu as parfaitement raison. 

 

Moi : je suis contente pour toi ! Et tu pars quand déjà ? Pour combien de temps ? 

 

Violette : pour trois mois comme ça ! On restera un peu avec les enfants de Martin et au fur et à mesure on fera les courses. On ira avec mes enfants comme ce sont les vacances scolaires. 

 

Linda : ce seront eux les plus heureux dans ce voyage crois moi ! faites un tour à Disney hein.

 

J’étais vraiment heureuse pour violette. Elle était de plus en plus belle et radieuse avec ses beaux boubous qu’elle portait et ses jolis bijoux. Ça se sentait que tonton Martin la rendait heureuse chaque jour. Elle allait sérieusement me manquer durant ces trois longs mois. Nous sommes sorties faire les courses avec Nancy pour son bébé. Ce sera un garçon. Nous avions pourtant pensé à une fille. Nous avons pris un peu de tout et nous sommes assurées à ce qu’elle ne dépense aucun sou. C’était notre contribution à toutes les trois. 

 

Nancy (au bord des larmes) : je...je ne sais pas comment vous dire merci les filles. C’est trop ! 

 

Linda : est-ce qu’il y’a encore le merci entre nous ? Si on pouvait donner trois marraines à un seul enfants nous serions toutes ses marraines ici 

 

Violette : je t’assure ! 

 

Moi : et ne pleure pas pour rendre notre prince triste à la naissance hein. On l’a longtemps attendu 

 

Elle sourit à travers ses larmes. C’était tout de même émouvant hein. J’ai commencé par avoir les yeux qui piquaient là. 

 

Violette : Salomé seraient-ce des larmes que je vois là ?

 

Moi : mais non ! Je sens de la fumée quelque part c’est ça qui me pique les yeux depuis. Tiens ça doit être la vendeuse de maïs qui est là

 

Elles éclatèrent de rire. Nous finîmes par prendre un pot quelque part et laisser chacune rentrer chez elle. Je fermais mon portail et avançais au salon. Des éclats de voix me venaient aux oreilles. Il s’agissait de Rachidi et Georges qui regardaient ensemble le match de football. Ils étaient à fond dedans c’est à peine s’ils avaient répondu à mon bonsoir. Je me débarbouillais vite et m’assis à la table à manger pour me remplir l’estomac. Ce n’est qu’après leur match qu’ils portèrent leur attention sur ma personne. George me taquina un moment avant de lui aussi prendre une assiette et se nourrir. Je servis Rachidi et allais m’asseoir dans les fauteuils en attendant qu’ils aient fini. George s’excusa et regagna sa chambre me laissant seule avec Rachidi. Ce moment que je redoutais tellement car j’étais consciente du fait qu’il faille bien aborder le sujet. Mon cœur battait tellement fort que je pensais que Rachidi arrivait même à en entendre le bruit. J’avais du mal à le regarder. Je concentrais mon attention sur la télévision mais j’aurais été incapable de dire ce qui s’y pesait si quelqu’un me posait la question à l’instant ! Il se racla la gorge, mettant fin à ce silence. 

 

Rachidi : tu es consciente que nous devons parler n’est-ce pas ?

 

Moi : tout à fait ! 

 

Rachidi : j’ai l’impression que tu fais tout pour m’éviter et retarder la discussion ! 

 

Moi : ce n’est pas ça ! Tu sais toi même que je suis passée par beaucoup ces jours-ci ! Il me fallait remette tout ça en ordre et ensuite avoir une conversation avec toi. 

 

Rachidi : maintenant que je suis là on peut donc le faire.

 

Je savais au fond de moi que ce que j’allais lui dire n’allait pas aller en faveur de ce qu’il attendait de moi. J’avais peur de le frustrer ou de le froisser. J’espérais simplement qu’il puisse comprendre et qu’il ne se fâche point. 

 

Moi : écoute Rachidi ! Je suis consciente de tout ce que tu as fait pour moi. Personne d’autre n’aurait fait ça volontairement comme ça. Nous avons connu des hauts et des bas dans cette amitié. Je sais que tu attends de moi quelque chose mais je ne suis pas en mesure de de donner ce que tu désires tant. Je ne veux pas être avec toi par reconnaissance mais plutôt par amour. Tu ne mérites pas que quelqu’un reste avec toi juste par reconnaissance. Ne le prends pas mal. J’ai vraiment essayé de faire naître des sentiments en moi mais ce n’est juste pas possible. Je n’arrive pas à te voir autrement qu’en ami. Je sais que tu seras déçu mais je préfère être franches et te dire la vérité.

 

Rachid : mais le baiser...

 

Moi : j’ai voulu t’embrasser pour voir si cela ferait naître des sentiments en moi mais (doucement) ça n’a pas été le cas. Crois-moi j’aurais tellement voulu que ça se passe autrement. Je comprendrai si tu me faisais sortir de cette maison, je ne t’en voudrais pas. 

 

Il était bien calme et regardait dans le vide. J’avais l’impression de l’avoir blessé au plus haut point. Je ne voulais pas qu’il se sente aussi mal par ma faute. Mais autant le faire souffrir avec une vérité que de le caresser dans le sens du poil avec un mensonge. On dit souvent qu’avec le temps on finit par aimer quelqu’un mais souvent une relation est faite pour rester juste amicale. 

 

Rachidi : je ne te ferai pas sortir de cette maison. C’est volontairement que j’ai accompli cet acte sans attendre quelque chose en retour. Je te remercie d’avoir été franche avec moi. On ne peut pas forcer dans l’amour. J’ai vraiment espéré que tu puisses me voir autrement. Je suppose qu’il n’y a plus lieu d’essayer quoi que ce soit. Ne t’en veux surtout pas. (Souriant) Je finirai par trouver la bonne. Celle qui sera faite pour moi.

 

Moi : c’est tout le mal que je te souhaite.

 

Rachidi : bon je vais devoir demander la route. 

 

Bien qu’il essayât de sauver l’apparence, je sentais toute la tristesse dans sa voix. Je l’accompagnais en silence jusqu’à sa voiture. Après un bref câlin il s’engouffra dans sa voiture et démarra. Je savais que les choses n’allaient plus être pareilles à partir de ce moment. Ce ne sera pas de sa faute mais c’est comme ça. Lorsqu’on aime une personne et que cette personne nous rejette, nous avons tendance à nous éloigner pour ne pas à avoir à souffrir chaque jour un peu plus. Je traînais les pas pour rejoindre la maison. Je traçais directement dans ma chambre et me couvrais de mes draps. Il ne fallait surtout pas que j’oublie la prière. Je pris ma bible et me mit à lire un passage que je méditais ensuite. Je n’étais pas particulièrement forte dans la prière mais je pense qu’au fur et à mesure je serai plus à l’aise. Mes idées s’envolèrent une dernière fois vers Rachidi avant de m’endormir. J’espérais de tout cœur qu’il puisse aimer une autre sincèrement. Il le méritait tellement. Je m’en voulais terriblement de lui faire mal après tout ce bien là qu’il a apporté dans ma vie et ce malgré mes travers de temps à autre.

 

... Richard Ebrothié...

 

Moi : eeeeh donne-moi un verre encore ! 

 

Elle : mais tu n’as même pas encore payé ce que tu as déjà bu !

 

Moi : ne m’énerve pas ! Est-ce que je n’ai jamais payé mes factures ici ? Tu penses que c’est l’argent qui me manque ou quoi ? J’étais un grand comptable moi. Tu ne pouvais pas t’arrêter comme ça devant moi pour me parler par le passer ?

 

Elle : pardon va loin ! Avec ton gros français là, toujours à répéter la même chose. Quand tu redeviendras comptable tu pourras venir prendre un verre. Pour le moment tu n’es qu’un alcoolique en manque donc pas de paiement pas de verre

 

Moi : n’importe quoi !

 

Je m’en allais après avoir poussé un juron et surtout en dandinant. Voilà ce que j’étais devenu dans ce village. Une épave ! Quelqu’un n’avait pas besoin de me le dire car je voyais très bien mon reflet dans la glace. Je vivrais comme un fou. J’étais conscients de mon état mais la boisson restait la seule chose qui me permettait d’oublier mes soucis et surtout de supporter ce que je traversais actuellement. Devoir supporter ce regard de déception dont me couvrait mon père était le summum. Je voyais aussi la honte sur le visage de ma mère quand ses amies venaient la voir et que j’étais dans les parages. J’étais aujourd’hui, moi, Ebrothié Richard, réduit à cet état. J’étais un alcoolique. J’avais pourtant essayé les travaux champêtres mais cela n’était pas fait pour moi. J’avais un bureau confortable, un salaire conséquent et même une voiture. Me voilà en train de marcher dans ce village avec les mêmes tapettes usées et trouées à quelques endroits. 

 

Je fouillais ma poche, il n’y avait que la somme de cent francs. Cela pouvait me permettre de prendre un sachet d’alcool. Même si j’avais quelque peu insulté cette gérante, je me dirigeais vers la sa buvette et réclamais mon sachet. C’était mon opium. Je me sentais tellement bien après chaque gorgée. Cette gérante était bien plus gentille que la première qui refusait de me servir et voulait forcément l’argent avant. Celle-ci me servait à chaque fois que je le désirais. Il me suffisait juste de lever le bras pour qu’elle me ramène des verres. Bientôt ma table était complètement recouverte de verre et je nageais dans un monde extatique. J’étais bien là ! Je n’avais plus aucune douleur. Je planais. Je redescendis sur terre lorsque je fus violemment secoué par la gérante. 

 

Moi : mais qu’est-ce qu’il y’a ? merde ! on ne peut pas me laisser tranquille là ?

 

Elle : avant de t’endormir la, voilà ta facture il faut payer et rentre chez toi. 

 

Moi (riant) : tu penses que je peux lire là où je suis ? Pardon dit le prix à haute voix là. 

 

Elle : ça fait douze mille ! 

 

Moi (essayant de me lever) : quoi ? Tu penses que c’est parce que je suis saoul que tu vas me voler ? Qu’est-ce que j’ai pris qui fait douze mille là ? Les trucs de cent francs cent francs ?

 

Elle : regarde si tu ne veux pas avoir honte donne mon argent tout de suite. 

 

Moi : sinon ? Laisse je peux te payer ça en nature. Façon tu as le visage froissé là il y a longtemps qu’un homme ne t’a pas fait la chose hein. Si je te touche comme ça tu oublieras le nom de tes parents. 

 

Elle : ah bon ? D’accord attends-moi la ! 

 

Je me couchais confortablement dans la chaise. Les femmes de ce village aimaient trop la baise hein. Il a fallu que je parle de la toucher simplement pour que son visage se défroisse et qu’elle laisse tomber l’affaire. Ça tombait bien même ça faisait longtemps que je ne l’avais pas fait moi-même. J’avais l’occasion de me vider les couilles qui étaient bien remplies après ces mois passés. Je la voyais venir vers moi d’un pas rapide même si ma vue n’était pas très claire. Elle s’approcha de moi et tout à coup je sentis l’eau versée vivement sur moi. Je sursautais en poussant un cri.

 

Moi : ça ne va pas chez toi ? C’est comme ça que vous traitez les clients ici ? 

 

J’étais complètement trempé.

 

Elle : où est le client là ? Lionel, marc ! Prenez-moi celui-là et trimballez le jusqu’à chez lui. Ne sortez pas de leur concession dans mon argent. C’est douze mille, 

 

Aussitôt des hommes vraiment baraqués se présentèrent à moi. Sans prévenir, ils me levèrent du sol. Ils me portèrent en tenant chacun l’une de mes jambes. J’essayais de me libérer en gigotant dans tous les sens mais rien n’y fit. Je n’avais plus rien à perdre donc je ne faisais que leur crier de me poser tranquillement s’ils ne voulaient pas les problèmes. Ils ne me calculaient même pas. Sur notre passage, des personnes présentes ne se gênaient surtout pas de se moquer. Les enfants courraient derrière nous en tapant sur leurs jouets et en se moquant aussi. Nous arrivions enfin dans notre cour familiale. Ils me jetèrent à même le sol sans ménagement, n’arrachant un cri vif. Ma mère fut la première à sortir de la maison complètement paniquée. 

 

Maman : qu’est-ce qui se passe ? Richard c’est comment ?

 

L’un : vous devez nous remettre douze mille francs sinon on ne bouge pas d’ici !

 

Maman : douze quoi ? Pourquoi ? Richard mais dis-moi ce qui se passe. Qui sont ces gens ? 

 

Mon père ne tarda pas à sortir. Il était le dernier que je désirais voir actuellement. Il allait encore me passer un savon. C’était une occasion rêvée pour lui.

 

Papa : jeunes hommes pouvez-vous m’expliquer ce qui vous emmène ? 

 

L’autre : c’est votre fils ! Il a consommé pour douze mille dans la buvette de notre patronne et est incapable de payer sa facture. Nous ne bougeons pas d’ici sans l’argent. 

 

Papa (soupirant) : attendez-moi je reviens ! 

 

Il ressortit avec l’argent qu’il donna à ces types qui s’en allèrent aussitôt. Mon père me regarda longuement puis se tourna vers ma mère. 

 

Papa : tu vois ton fils ? 

 

Maman : quand c’est ça il s’agit de mon fils n’est-ce pas ? quand il était encore comptable c’était bien ton fils non ?

 

Papa : c’est votre manque de reconnaissance qui vous suit aujourd’hui comme ça. Un alcoolique ! C’est ce qu’il est aujourd’hui ! La risée de tout le village. 

 

Moi : papa je noie juste mes soucis ! Où est le problème ?

 

Papa : on te soulève comme un bon à rien, un irresponsable pour te trimbaler jusqu’à chez moi et tu ne vois rien d’anormal. Je ne sais même pas pourquoi j’essaie de discuter avec un ivrogne. 

 

Il s’en alla me laissant avec ma mère qui me regardait avec désolation. Tout ce que je réussis à faire était un large sourire en sa direction. Elle me lança un long « tchrrr » avant de disparaître à son tour. À vrai dire, je m’en foutais complètement. Je réussi à traîner mon corps jusqu’à la chambre qui m’avait été attribuée et je sombrais dans un sommeil réparateur. 

 

Je me réveillais le lendemain dans les mêmes habits que la veille sans oublier l’odeur qui empestait. Ça cognait sérieusement dans ma tête. Je restais assis sur le lit à méditer sur ma vie, sur mon sort. Je me demandais bien ce que pouvait devenir Amandine. C’est étrange mais tout cet amour que je pensais ressentir pour elle avait totalement disparu. C’est comme si je ne savais même pas ce que je faisais avec elle. Penser à elle ne suscitait aucun sentiment particulier d’affection si ne n’est le fait que je ne comprenne pas toutes ces folies que j’avais faites pour elle. Résultat je suis dans ce maudit village. 

 

J’avais pris la résolution aujourd’hui de ne pas aller dans un cabaret. J’étais bien trop assommé pour cela. Je devais reprendre des forces. Mon ventre criait famine. J’essayais de sentir si la nourriture se préparait. J’allais me laver dans la douche de la cour dehors et en profiter pour voir si un repas mijotais au feu. J’avais sérieusement faim. J’espérais que ce soit Maman elle-même qui fasse la cuisine car ses deux filles ne valaient rien du tout. Elles auraient dû faire un stage auprès de violette pendant qu’on y est. Tout ce qu’elles savent faire c’est de courir d’hommes en hommes. 

 

 Mes prières furent exhaussées lorsqu’en passant je vis ma mère aux fourneaux. Je lui lançais un bonjour auquel elle répondit à peine. Je ne m’attardais pas et pris ma douche rapidement. Après avoir passé mes habits, je retournais m’asseoir dans un coin de la cour. Mon estomac gargouillait et ce fut la délivrance lorsque ma mère posa mon plat devant moi. Je lui dis merci en souriant. Elle s’assit près de moi pour elle aussi se mettre à manager.

 

Maman : richard il faut que tu cesses cette vie d’alcoolique. Il faut chercher du boulot 

 

Moi : maman avec cette affaire de vol dans mes dossiers plus personne ne me donnera de poste dans sa société. 

 

Maman : je ne parle pas de cette affaire de comptable. Il y’a les petits boulots. La fois passée mon amie tu sais la mère de François me disait que ce dernier cherchait des employés dans la nouvelle boulangerie qu’il vient de construire.

 

Moi : je t’arrête tout de suite maman ! Qu’est-ce que je vais aller faire dans cette boulangerie ? fabriquer le pain ou en vendre. J’ai un diplôme de comptable moi et c’est dans une boulangerie que tu me vois ? Jamais !

 

Maman : tu viens toi-même de dire que personne d’autre ne voudra de toi...

 

Moi : ce n’est os pour autant que je vais me rabaisser à aller travailler mon seulement pour quelqu’un de moins âgé que moi mais en plus comme boulanger. 

 

Maman : tu penses que tu as encore le luxe de te gonfler la poitrine ?

 

Je m’apprêtais à lui donner une réponse lorsque Leah rentrât dans la cour en courant. Elle s’arrêta juste devant nous en tenant sa poitrine essayant de reprendre son souffle. Nous la regardions étonnés. Pourquoi courrait-elle de la sorte ?

 

Maman : Leah pourquoi cours tu ? Quelqu’un te poursuit ?

 

Leah : non oh ! Je viens de voir violette et les enfants dans une grosse voiture avec un chauffeur. Ils viennent tout juste de garer devant leur cour. 

 

Moi (me levant) : quoi ! Il faut que je vois ça de mes propres yeux !

 

Maman : richard reste ici, ne va pas nous créer de problèmes là-bas. Toi-même tu sais que nos relations avec cette famille ne sont plus au beau fixe. 

 

Moi (décidé) : je vais voir mes enfants ! elle ne peut pas m’empêcher de voir mes enfants

 

Je me dépêchais de laver mes mains et sortit presqu’en courant. J’arrivais bientôt devant la cour des parents de violette. Depuis notre histoire, nous nous regardions en chien de faïence dans ce village. Les rancœurs ne s’étaient pas encore dissipées. Je remarquais bien sur cette Toyota Fortuner de couleur noir garée là. Leah devait sûrement se tromper. Elle avait dû confondre Rachelle qui a une situation luxueuse à violette qui vend pour Rachelle. Comment violette ferait-elle pour se déplacer dans cette voiture. Je restais à admirer la voiture. 

 

X : je peux vous aider monsieur ? 

 

Moi : vous ai-je demandé de l’aide ? 

 

X : vous rôdez autour de la voiture. On vous prendrait facilement pour un voleur. Il serait préférable que vous vous en éloigniez.

 

Moi (criant) : moi voleur ? Moi voleur ? Vous pensez que c’est cette voiture qu’on n’a jamais vue ou quoi ?

 

X : vous l’avez déjà vu tant mieux pour vous mais comme je l’ai dit plus tôt, veuillez circuler. 

 

Moi : vous venez dans mon village pour m’insulter vos allez en prendre pour votre graine aujourd’hui.

 

Les cris avaient sûrement attiré les gens car bientôt sortaient violette suivie de sa mère. J’eus du mal à contrôler ce sentiment de stupéfaction qui s’installa en moi. Elle était comme changée. Elle brillait de mille feux et son teint était beaucoup plus éclatant. Elle avait laissé ses cheveux au vent et la longueur était époustouflante. Elle était habillée avec class dans ce boubou. Elle était belle tout simplement. J’en fus dérouté, un peu même amer ! Comment ? Pourquoi ? je pensais qu’elle croupirait sous les charges et ne s’en sortirait pas. Force est de constater que ce n’est pas le cas.

 

Violette : qu’est-ce qui se passe ici ?

 

X : madame j’ai trouvé ce monsieur en train de rôder autour de la voiture. Je lui ai simplement demandé de s’en éloigner et il l’a mal pris. 

 

Violette : je m’en occupe Wilfried !

 

X : bien madame. 

 

Violette : richard je peux t’aider d’une quelconque manière ?

 

Moi (me raclant la gorge) : j’exige de voir mes enfants immédiatement. Je sais qu’ils sont avec toi. 

 

Sa mère : qu’est-ce qui ne tourne pas rond avec les gens de cette famille ? Ce ne sont pas les mêmes enfants que ta mère et tes sœurs ont mis dehors ?

 

Violette : maman laisse ! Il veut voir ses enfants ? Il les verra 

 

Je faisais fi du regard en biais que me lançait la mère de violette. Je restais la ferme à attendre. Violette roulait donc en grosse voiture ? J’étais convainque que c’était quelque chose d’emprunté. Ça ne pouvait pas être possible. Je la voyais revenir avec les enfants. Je n’avais pas d’émotions particulière. J’étais juste venu voir pour être sûr de ce qu’avançait ma sœur Leah. Je pris la petite iris dans mes bras et callait Kenzo contre moi. 

 

Moi : ou est aurélie ?

 

Violette : elle n’a pas souhaité te voir ! je ne peux pas la forcer.

 

Moi : je vois que tu la montes encore contre moi ! 

 

Violette : elle n’a pas eu besoin d’être montée contre toi. Elle a assez vu comme ça quand tu m’as laissée pour morte. 

 

Moi : encore cette histoire ! Tu as eu ta revanche pourtant. Je n’accepterai pas que tu me sépares de mes enfants. J’exige de les voir quand et comme je veux.

 

Violette : dans ce cas je t’attends au tribunal 

 

Elle m’arracha les enfants des bras et sa mère referma le portail dans un grand bruit pour bien me signifier que je n’étais pas le bienvenu ici. Je restais un instant interdit. Que devrais-je faire ? Je regardais ma vie. Avais-je besoin de m’encombrer avec des enfants ? Où sont les moyens. Si elle pense pouvoir s’en occuper toute seule c’est bien pour elle. Je n’ai pas envie de m’ajouter d’autres problèmes avec cette affaire de tribunal. Je pris donc la route à pied pour rejoindre notre cour familiale. Je fis le compte rendu à ma mère. 

 

Maman : je suis sûre que cette fille est une sorcière. Tu ne trouves pas ça étrange que comme par hasard rien ne marche pour toi et tout à coup madame perse ? Sûrement qu’elle a dû voler ton étoile. 

 

Moi : hum...je ne pense pas qu’elle soit dans ce genres de pratiques. Elle prie beaucoup tu sais ? 

 

Maman : ce sont ces personnes-là qui sont encore plus dangereuses dans ces pratiques.

 

J’étais toujours sous le choc ! Comme elle était rayonnante ! La nuit tomba vite et nous étions tous au salon à suivre le journal du soir. Tout à coup on frappa à la porte. Leah se leva pour laisser passer la personne qui demandait à me voir. Mon cœur manqua un battement. Non ! Ce n’était pas possible. 

 

Moi : Mawa...Mawa ?

 

Mawa : bonsoir richard (me regardant de la tête aux pieds) je vois que ce n’est pas la grande forme. Comme quoi tout se paie sur terre. 

 

Maman : c’est qui cette impolie qui se permet de rentrer dans la maison des gens sans prendre la peine de saluer les propriétaires. 

 

Mawa (riant) : où est la maison au juste ? pardon je n’ai pas que ça à faire ?

 

Mon père me lança un regard encore plus déçu et disparu sans dire mot. Mes sœurs ne tardèrent pas à le suivre. 

 

Moi : qu’est-ce que tu fais là ?

 

Mawa : je suis venu te laisser le cadeau que tu m’as fait cette nuit-là où tu t’es foutue de moi (se poussant) je suis venu te laisser ton fils. 

 

C’est à ce moment que je réalisais qu’il y avait un petit garçon qui donnait l’air d’avoir peur. Il était accroché au pan de sa robe et gardait son pouce dans la bouche. Quand mon regard se posa sur lui, c’était clair, il n’y avait pas de doutes cet enfant était bien le mien. La ressemblance était trop frappante et ça aurait été une honte pour moi de prétendre qu’il n’était pas le mien. Même ma mère était éblouie par cette ressemblance. Elle était tellement dépassée qu’elle lança un juron en langue. 

 

Moi : ça va faire quoi ? Près de deux ans que nous ne sommes plus vus et c’est maintenant que tu débarques avec l’enfant ?

 

Mawa : ah au moins tu n’as pas le culot de me contredire. J’avais juré ne plus jamais faire quoi que ce soit avec toi. J’ai assumé ma grossesse toute seule malgré le fait que ma famille m’ait tourné le dos. Je me suis occupée de cet enfant depuis sans toi. Mais voilà ma vie a changé. J’ai rencontré un homme plein aux as qui est prêt à faire de moi sa femme pour de bon, à la seule condition que je redonne mon enfant à son père. Il me veut sans bagages. Je ne veux pas mettre pas vie sur pause et passer à côté d’une si belle opportunité alors que cet enfant a un père qui est bien en vie. Donc voilà ton enfant et aussi ses affaires. Il se prénomme Karim. Tu peux toujours le déclarer à la mairie. Moi je m’en vais. 

 

Moi : tu te débarrasses de ton enfant à cause d’un homme ?

 

Mawa : je ne me débarrasse pas de lui, il est chez son père, où est donc le problème. Regarde ne me perd pas le temps. 

 

Elle s’en alla en faisant fi des cris et des pleurs de l’enfant qui sûrement se sentait perdu dans cette nouvelle maison avec ces visages étrangers. Maman essaya de le prendre dans ses bras mais ses pleurs doublèrent en intensité. J’ai moi aussi essayé c’était pareil. Je ne savais plus où donner de la tête. Mawa était décidément très mauvaise. Comment une mère pouvait elle abandonner son enfant parce que son futur mari le lui demandait ? Comment allait-elle expliquer cela à l’enfant plus tard quand il lui posera des questions ? Les pleurs de l’enfant continuèrent. Il allait tomber malade à cette allure. Moi je n’avais pas l’argent pour l’envoyer à l’hôpital. Je pensais même à aller le déposer à l’orphelinat de Grand-Bassam la ni vu ni connu. Mon père ressorti et marqua un arrêt en voyant l’enfant. Il regarda bien l’enfant puis me regarda. Il poussa un soupire et tendit ses bras vers l’enfant qui miraculeusement accepta de s’y réfugier et cessa ses pleurs immédiatement. 

 

Papa : les enfants reconnaissent les mauvaises personnes (au petit) ; on va faire un tour avec pépé d’accord ? 

 

L’enfant hocha de la tête et enfoui son visage dans le cou de papa et les deux s’en allèrent. 

 

Maman : ce sont d’autres problèmes encore. Une autre bouche à nourrir. Quand est-ce que tout ceci prendra faim ?

 

Moi : je pense aller le déposer à l’orphelinat.

 

Maman ; là où ton père l’a pris comme ça ? Oublie même cette idée 

 

Moi : dans ce cas vois ton amie je vais travailler à la boulangerie même si c’est à contre cœur.

 

Maman ; voilà que tu parles bien ! 

 

Voilà donc à quoi était réduite ma vie. Un alcoolique et bientôt boulanger. Qui l’aurait cru ?

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