Chapitre 4
Ecrit par Jaulene Simangoye
GRAZIE
Je range mes affaires il est presque dix sept-heures et c'est le moment pour moi de partir. Les bureaux voisins commencent déjà à se vider, je vois mes collègues qui s'en vont en petits groupes. Dès que je pars, je dois d'abord faire un tour à la maison pour prendre un bain et me changer ensuite j'irai retrouver Katia au restaurant. J'ai une envie pressante d'uriner alors je vais rapidement dans les toilettes. Heureusement que les techniciennes de surface s'attelent à ce tout ici soit toujours propre, surtout les toilettes, je me voyais mal me retenir et devoir attendre d'arriver jusqu'à la maison pour me soulager. Une fois dans la cabine je descends ma culotte et là l'horreur, elle est tâchée de rouge. J'urine rapidement et je vérifie ma robe.
Moi : c'est un cauchemar
Malheureusement, le miroir m'a renvoyé l'image que je n'avais absolument pas envie de voir. La galère ! Je ne m'étais même pas rendue compte que je saignais. Comment je vais faire pour sortir d'ici maintenant ? Comment je vais faire pour rentrer chez moi ? Il faut que j'appelle Katia. Dans mon état, il n'y a qu'elle qui puisse me venir en aide. Mais voilà autre chose, mon portable est dans mon sac que j'ai bêtement laissé sur mon bureau.
Je me suis fait une serviette temporaire avec du papier hygiénique et lentement je suis sortie des toilettes. Il n'y avait personne aux alentours et le bureau de monsieur Abess était toujours fermé. Cool ! Rapidement j'ai couru jusqu'à mon bureau et au moment ou j'allais prendre mon sac sur la chaise mon talon a glissé sur le carreau et dans un grand bruit je me suis retrouvée au sol, à genoux, devant la porte.
M. Abess (ouvrant précipitamment la porte) : qu'est-ce qui se passe ?
Moi (toute honteuse) : euh rien, juste un petit incident. Carreaux glissants !
M. Abess (visage inquiet) : ça va ? (me tendant la main) vous ne vous êtes pas fait mal ?
Moi (prenant sa main) : non ça va
À l'instant où je me suis relevée je me suis souvenue de la tâche et immédiatement je me suis retournée. Mais la façon dont je l'ai fait n'était tellement pas subtile qu'il a senti qu'il se passait quelque chose.
M. Abess (regard suspicieux) : vous avez un problème ?
Moi : euh.. nn. nnon ça va
M. Abess : s'il y a bien une chose que je déteste mademoiselle c'est le mensonge. (durcissant le ton) Dites moi ce qui se passe.
Moi (la tête baissée) : en fait...euh...j'ai eu un petit incident féminin....menstruel
J'ai levé les yeux vers lui, il avait l'air perdu. Puis quand enfin il a percuté il est quitté de la mine professionnelle hyper sérieuse à la mine inquiète et désolée.
M. Abess : oh ! d'accord ! et...et vous avez besoin de quelque chose ? Vous avez vos trucs là...des tampons ou je sais pas ?
Moi : j'allais justement appeler mon amie pour qu'elle m'en apporte...ainsi que des vêtements de rechange...je venais récupérer mon téléphone
M. Abess : oh mais je peux aller vous en chercher...des tampons
Moi : pardon ?
M. Abess : oui je peux le faire. Il y a une pharmacie à quelques mètres du bâtiment. J'imagine que votre amie n'est pas juste à côté et le temps pour elle d'arriver il se peut qu'il y ait plus de dégâts. Moi ça ne me dérange pas de vous donner un coup de pouce.
Moi : Vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas ? Non non ça va aller je peux demander ce service à une des filles qui sont...
M. Abess : pour qu'ensuite votre situation s'ébruite ? Je pense que cette semaine vous avez largement eu le temps de connaître tout le monde ici et de vous rendre compte combien vos collègues peuvent être bavardes. En plus, je crois que nous sommes les derniers à cet étage. Sinon avec tout le bruit qu'à fait votre chute je ne serais pas le seul à être venu.
Moi : oui vous avez raison. Mais...
M. Abess : Mademoiselle Maloubou, avant d'être mon assistante vous êtes une femme, un être humain, et là vous rencontrez un problème d'ordre naturel, le moins que je puisse faire c'est de vous aider. Entrez dans mon bureau, il y a une salle de bain tout au fond vous pourrez attendre là bas. Je vais rapidement chercher ce dont vous avez besoin et je reviens.
Moi (surprise) : dans votre bureau ?
M. Abess: vous voir sortir de mon bureau serait tout à fait normal plutôt que de me voir du côté des toilettes des dames où je n'ai d'ailleurs jamais mis les pieds.
Moi : oui, c'est vrai
Sa proposition me gênait autant qu'elle me surprenait. Mais il avait raison. Katia était bien trop loin d'ici et les saignements n'allaient sûrement pas s'arrêter en attendant son arrivée. La serviette en papier n'allait pas tenir bien longtemps. En plus, je commençais à ressentir cette douleur horrible dans mon bas ventre. C'est gênant mais je dois me résigner. J'ai pris un stylo et une feuille sur laquelle j'ai écrit ce dont j'avais besoin avant de la lui remettre. J'ai ensuite ouvert mon sac et sorti mon porte monnaie.
M. Abess (lisant) : un paquet de Vania, une boîte d'Antadys et un collant Innothera
Moi (lui tendant les billets) : oui, c'est tout ce dont j'ai besoin
Plutôt que de prendre l'argent, il est entré dans son bureau. J'ai pris mon sac et je l'ai suivi. Il a pris une sorte de sacoche dans un des tiroirs, il a sorti son portefeuille de sa veste et il est parti avant que je n'ai le temps de dire quoi que se soit. Une fois qu'il a fermé la porte j'ai remis l'argent dans mon sac et je suis entrée dans la salle de bain.
Tout y était nickel, chaque chose posée à sa place. On aurait dit que personne ne l'avait jamais utilisée. Il y avait une mini housse dans le coin. Par curiosité j'ai ouvert et j'ai regardé à l'intérieur. Il y avait des chemises propres pliées, un survêt de sport, des serviettes pliées elles aussi et une paire de basket et des tongs tout au fond.
J'ai refermé et j'ai sorti mon portable pour appeler Katia. Elle réglait une affaire au salon de coiffure. J'esperais vivement qu'elle ait fini pour qu'elle me prenne une robe en faux dans un prêt à porter. Elle m'a promis de faire aussi vite que possible. Je déteste ça !
Je déteste me retrouver ainsi vulnérable mais en même temps je suis agréablement surprise, je découvre une facette de la personnalité de monsieur Abess que je ne soupçonnais pas. J'avais déjà vu qu'il était serviable mais je ne l'aurais jamais cru aussi attentionné. Aller acheter des tampons ou des serviettes pour une femme, les hommes ont toujours eu horreur de ça. C'est vraiment un homme gentil.
Alors que j'étais plongées dans mes pensées, j'ai entendu la porte de du bureau s'ouvrir. J'ai voulu y aller quand j'ai entendu la voix d'une femme. Qu'est-ce qu'elle fait là ? Tout à coup je me suis sentie hyper mal à l'aise. Heureusement que mon sac est avec moi. Mon Dieu, faites que cette femme ne se rende pas compte que je suis ici.
HENRI ABESS
Je vais vraiment finir par croire que je suis l'homme le plus chanceux de la terre. Les occasions me tombent toutes seules sous la main. Maintenant non seulement je vais marquer des points mais en plus elle va s'ouvrir plus facilement à moi. Je prend l'ascenseur pour descendre. Il fait plusieurs arrêt. Le bâtiment est en train de se vider.
Karim : tu ne rentres pas chez toi ?
Moi : non, je dois absolument boucler un dernier dossier et je ne suis pas d'humeur à ramener du travail chez moi
Karim : ok
Lorsqu'enfin nous atteignons le hall, je le traverse sans m'arrêter. Une fois dehors je fonce tout droit à la pharmacie. Je remets le papier avec les commandes à la pharmacienne. Elle me regarde avec surprise puis va chercher ma commande. Elle emballe le tout que je paye puis je les mets dans la sacoche que j'ai amenée avec moi. Je reviens rapidement au bureau. Quand j'arrive, la porte est entrouverte. J'entre et je trouve Nathalie assise sur une chaise. Qu'est-ce qu'elle me veut encore celle là.
Moi (froid) : J'espère que c'est pour me dire quelque chose d'important
Dès qu'elle m'a entendu elle s'est levée.
Nathalie : j'ai appris de Stecye qu'il y aura sûrement une réunion importante demain avec le DG
Moi : ok. Merci pour l'information
Nathalie (désignant la sacoche) : c'est quoi ça ?
Moi : rien qui ne te regarde
Nathalie : hum Henri pourquoi tu es aussi glacial avec moi ?
Moi : j'ai du travail. Si tu n'as rien d'autre à me dire je ne te retiens pas
Nathalie : hum...elle est où ton assistante ?
Mon cœur a fait boom. Un instant j'ai eu peur qu'elle ait vu Grazie. Mais bon Henri, tu es un lion, garde ton calme.
Moi : pourquoi la cherches tu ?
Nathalie : non pour rien. C'est juste que souvent quand tu restes travailler un peu tard, tes assistantes restent avec toi alors j'étais juste étonnée de ne pas la voir
Moi : tu devrais essayer de t'occuper un peu plus de ton travail au lieu d'épier ce que font les autres
Nathalie : avoir un œil sur les conditions dans lesquelles évoluent les employés de cette entreprise c'est mon travail chéri
Moi : ok alors si tu as des questions à lui poser tu auras tout le temps de les lui poser demain. Maintenant laisse-moi me concentrer et terminer ce que j'ai à faire s'il te plaît
Nathalie : elle est vraiment belle cette fille... ton assistante...tout à fait ton genre de femme
Moi : Nathalie
Nathalie : pas très grande, un beau teint, propre sur elle, coquette, de belles formes et intelligente...oui tout à fait ton genre
Moi (m'énervant) : Nathalie ! si tu n'as rien d'important à ajouter alors je te prie de t'en aller
Nathalie (allant vers la porte) : hum...ok
Moi : ah et une dernière chose, je ne suis pas ton chéri. Garde ce genre de familiarité pour ceux que ça intéresse merci
Elle m'a toisé avant de partir en fermant la porte un peu trop fort derrière elle. Nathalie c'est la DRH ici. Elle est belle mais elle a une trop grande gueule. Dès mon arrivée elle a tout fait pour attirer mon attention alors que moi j'ai horreur de ça. J'aime les femmes qui me résistent, qui me fuient pour pouvoir les traquer. Je suis un chasseur, pas un charognard. Ça a détruit toute forme d'intérêt qui aurait pu naître pour sa personne. Depuis, dès qu'elle en a l'occasion, elle me provoque et essaye de déverser son venin dans mes affaires.
Par précaution j'ai verrouillé derrière elle. Grazie a immédiatement ouvert la porte de la salle de bain.
Moi : je suis vraiment désolé que vous ayez dû attendre comme ça
Grazie (un peu froide) : ce n'est pas grave. Je peux avoir les...
Moi : oh oui
Je lui ai tendu la sacoche et elle me l'a presque arrachée des mains avant de refermer la porte. Lol ! Serait-ce une pointe de jalousie ?
Moi : vous avez pu joindre votre amie ?
Grazie : oui
Moi : et elle pourra arriver ici avant dix huit heures trente pour que vous puissiez mettre des vêtements de rechange ? Vous savez qu'ils vont tout fermer
Grazie : non je ne crois pas qu'elle puisse arriver à temps
Moi : alors comment allez vous faire pour rentrer ? vous n'allez pas déambuler dans la ville avec ces vêtements tâchés quand même
Grazie : non je vais l'attendre dans le hall. Au pire je verrais comment prendre un taxi en course
Moi : ce n'est pas du tout raisonnable comme solution. J'en ai une un peu fofolle
Grazie : non c'est bon merci. Je crois que vous en avez assez fait pour aujourd'hui
à suivre...