Chapitre 4

Ecrit par Dr Sool

S’IL SUFFISAIT D’AIMER


Partie 2


Chapitre 4 :


-(hésitant) Azaya je…Je ne veux pas te perdre, je n’ai pas envie de me séparer de toi, ce n’est pas du tout envisageable pour moi. Mais tu sais l’histoire de ma famille est si compliquée, je suis face à un véritable dilemme, je ne sais pas quoi faire Azaya.


-(inquiète) De quoi tu veux parler baby ? Explique-moi plus clairement s’il te plait. Tu n’as jamais voulu vraiment aborder ce sujet avec moi et je pense que le moment est venu que tu me dises la vérité.


-(soupirant) Azaya je suis l’unique enfant à mes parents, ce sera à moi de porter notre clan après mon père…


-(prenant son visage entre ses mains) Peu importe Mehdi, je ferais tout ce qu’il faudra…


-Il ne s’agit pas de ça Azaya


Il se lève et se dirige vers la fenêtre. Le ciel est sombre et les nuages épais, une énorme pluie s’annonce. Le vent souffle bruyamment sur les toitures qui sont prêtes de s’envoler. Les branches d’arbres valsent d’un coté à l’autre, laissant tomber au passage les feuilles mortes qui virevoltent sur le sol avant de terminer leur course sur un coté de la route. De touts petits enfants courent dans une grande cour, ouvrant la bouche pour laisser entre les fines gouttes de pluie qui commencent à tomber. Ils rient aux éclats et font de petites grimaces. Comme c’est beau l’enfance, l’insouciance, la candeur. Une étape de la vie ou le bonheur ne tient qu’à ces petites choses, ces petits moments de détente…


Mehdi regarde ses enfants et se rappelle de son enfance. Les choses étaient si simples, il était étranger à toutes ces turbulences de la famille. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait autour de lui et c’était pour le mieux, puisqu’il était heureux dans son ignorance.


Il se retourne vers Azaya et se met à lui raconter l’histoire de sa famille, les responsabilités et challenges qui l’attendent. Elle l’écoute attentivement et son inquiétude monte d’un cran. Lorsqu’il termine son récit, elle reste sans voix, ne sachant que dire.


Il se lève à nouveau et se dirige vers la fenêtre pour regarder les grosses gouttes de pluie qui tombent sur le sol. La route est toute déserte, seuls quelques véhicules passent de temps à autres dans les petites flaques d’eau qui se sont formées. Il pose les deux paumes de mains sur le rebord de la fenêtre et baisse la tête. Puis soudain, il sent les bras d’Azaya entourer ses épaules et son visage se poser sur son dos, en même temps que son torse et sa poitrine. Elle laisse ensuite tomber ses bras le long de son torse qu’elle entoure.


-Je t’aime Mehdi… je veux juste que tu le sache. Je ne sais pas ce que nous allons faire, je ne sais pas non plus ce que tu veux faire. Mais je suis prête à me battre s’il le faut à tes côtés, faire tout ce qu’il faudra pour que ça marche entre nous…


Il se retourne vers elle et la contemple longuement, caressant son visage et rangeant ses cheveux à l’arrière de ses oreilles. Puis il l’embrasse tendrement et la prend dans ses bras :


-Azaya… Je suis convaincu que notre rencontre n’était pas un hasard. Je n’ai pas l’intention de baisser les bras, pas sans avoir mené ce combat. Je t’aime tellement Azaya, je suis accro à toi, je ne peux pas me défaire de ta présence, de ton sourire, de ton parfum…de toi !


Deux êtres que tout sépare sauf l’amour. Des religions différentes, des ethnies différentes, des couches sociales différentes ; des cultures différentes. Dans un monde idéaliste l’amour seul suffirait à les unir pour la vie. Comme dans cendrillon, le prince charmant n’aurait qu’à faire essayer un soulier à sa promise pour que le tour soit joué et l’union scellée pour l’éternité. 


Hélas Mehdi n’est pas le prince et Azaya n’est pas cendrillon. Leur amour est si fort qu’ils refusent de baisser les bras, mais seul l’avenir pourra déterminer l’issue de cette idylle.


Lisa est en train de faire ses courses dans la superette du quartier comme elle ne a l’habitude lorsqu’elle croise un visage qu’elle espérait ne plus jamais avoir à rencontrer dans sa vie. Elle rebrousse chemin, mais il la suit :


-(attrapant son bras) Lisa attends s’il te plait…


-(se dégageant) Lâche moi !!


-Donne-moi juste quelques petites minutes pour discuter s’il te plait.


-Nous n’avions pas rendez-vous ici à ce que je sache alors colle moi la paix !


-Tu m’as bloqué sur toutes les plateformes mobiles et je…


Lisa n’attends pas d’entendre la suite, elle se tourne vers la caissière et demande sa monnaie pour s’en aller. Mais il ne la lâche pas, il continue de la suivre. Elle emprunte une moto taxi et il fait de même demandant à son chauffeur de suivre le sien. Lorsqu’elle arrive devant sa cité elle entre et s’apprête à fermer le portail quand il apparait et la supplie d’attendre :


-(furieuse) Si tu ne me lâche pas je te jure que je vais crier au voleur !!


-Tu ne ferais jamais ça !


-(vexée) Tu serais surpris de voir que je ne suis plus la même !


Elle s’apprête à crier quand il lui ferme la bouche avec sa paume de main :


-Mais tu es folle !


-(se dégageant) Mais lâche moi bon sang !! Qu’es ce que tu veux encore Allan?!! Nous n’avons plus absolument rien à nous dire !!


-S’il te plait, il faut que tu me pardonne Lisa, je sais que je t’ai fait tant de mal, je me suis comporté comme un véritable idiot sans cœur avec toi mais je le regrette tellement, je m’en veux terriblement pour tout le mal que je t’ai fait !


Elle regarde son visage, sa mine est si sincère, si douce, si tendre qu’elle lui rappelle leurs premiers semaines de relation. Elle sent remonter en surface tous ces sentiments qu’elle pensait pourtant avoir enterré une bonne fois pour toutes. Aussi absurde que cela puisse paraitre, elle s’attendrit et bien que faisant l’effort de ne pas le montrer, ça se ressent tout de suite :

-Allan, je t’ai pardonné il ya longtemps, mais je ne veux plus avoir affaire à toi, lâche moi !


-Lisa je sais que tu vas trouver cela incroyable et improbable, mais j’ai changé, je ne suis plus le même aussi.


-(détournant le regard) C’est bien, c’est très bien. Je suis contente pour toi et pour ta future épouse. Mais je ne vois pas en quoi ça me regarde.


-(prenant sa main) Lisa depuis que tu m’as quitté, ma vie à perdu tout son sens je t’assure. Plus rien ne marche dans ma vie. Tu ne le sais peut être pas, mais j’ai repris ma cinquième année et ce n’est que cette année que j’ai réussi à passer en sixième. Je suis devenu l’ombre de moi-même, regarde comment j’ai perdu du poids…


-(reculant) Et puis quoi encore ?! Deux ans plus tard, ce n’est pas un peu tard pour venir me dire tout ça ?! Tu as eu des échecs, tu as maigri, t’es pas mort aussi ?!!


-Lisa non ! Tu ne peux pas souhaiter ma mort quand même ! Je sais que tu dis cela juste pour me faire mal et je ne t’en veux pas. Mais je te jure que je ne t’ai jamais oublié, j’avais juste peur que tu me repousse, que tu me déteste encore autant. Et quand je vois ta réaction de tout à l’heure je comprends que j’avais toutes les raisons d’avoir peur.


-(s’impatientant) Ta finis là ? Je peux partir ?


-Lisa je veux qu’on recommence à zéro…


-(dépassée) Quoi ?!


-(s’approchant) Allez Lisa ne joue pas à ça avec moi. Je sais que tu ne m’as pas oublié, je peux le sentir dans ta voix. Tu as beau faire semblant mais je sais que tu as toujours des sentiments pour moi, tu ne peux pas le nier…


Lisa regarde par-dessus son épaule et aperçoit soudain le véhicule de Joël qui gare dans l’allée. Il sort de la voiture et se dirige vers le portail. Elle bouscule Allan et cours s’agripper à Joël, les bras entourant son cou, et les jambes accrochées sur ses hanches, elle l’embrasse langoureusement :


Lisa : Oh mon amour, tu m’as tellement manqué ! Pourquoi t’as mis autant de temps ?!!


Joël est à la fois heureux et surpris mille et une questions trottent dans sa tête et il ne sait par laquelle commencer :


Joël : Elisa je…


Lisa : Allez vient on monte, Allan s’apprêtait à partir de toutes les façons !


Joel ( perdu) : Allan …? 


Lisa (l’entrainant) : Une connaissance de longue date. C’est pas important !


Joel (tendant la main) : En tout cas, ravi de t’avoir rencontré Allan.


Allan (se retournant) : Ouais c’est ça ravi…


Joel et Lisa gravissent les marches d’escalier sans dire mot. De temps ç autre elle guette entre les ouvertures des murs, essayant de vérifier qu’Allan soit bel et bien parti. Elle arrive devant sa porte et ouvre son sac pour en sortir les clés.


Lorsqu’ils sont à l’intérieur, elle balance son sac sur la table et se laisse tomber sur le lit sans mot dire, tandis que Joël la regarde fixement attendant impatiemment une réponse qui ne semble pas prête d’arriver :


-Alors tu m’explique ?!


-(levant les yeux) Quoi ?!


-C’était quoi tout ce cinéma ? Je suis censé penser quoi ?!


-(désinvolte) Rien ! Tu l’as dit toi-même dit ce n’était que du cinéma. Et puis au fait, merci d’être arrivé juste au bon moment !


-Pour toi c’est un jeu n’es-ce pas ?! Tu te fiches pas mal de ce que je ressens c’est ça ?! Quand tu m’as enlacé ainsi et tu m’as embrassé j’ai eu l’impression de tutoyer le ciel, je me suis senti si heureux que je voulais juste que ce moment se répète en boucle et ne se termine plus jamais.


-Joël je suis désolé de t’avoir fait pendant quelques secondes miroiter quelque chose qui n’existait pas, mais j’avais juste besoin de donner une leçon à mon ex. Ça ne change pas ce que je t’ai dit, ce n’est pas possible. Ceci étant dit je pense que tu ferais mieux de rentrer chez toi maintenant.


Il s’approche d’elle et l’embrasse. Dans un premier temps elle le repousse, mais ensuite c’est elle-même qui l’aide à défaire les boutons de sa chemise. Revoir ainsi Allan à fait remonter en surface un trop plein d’émotions qu’elle a besoin d’épurer. De plus ça fait déjà quelques semaines que son palais n’a pas reçues de visite et elle craint bien qu’Allan revienne plus tard et que ses pulsions charnelles finissent par avoir raison de ses sentiments enfouis.


Le meilleur atout de Joël, la raison même pour laquelle leur relation a duré si longtemps alors même qu’elle s’est souvent très vite lassée de ses nouveaux étalons, est tout simplement qu’il sait y faire au pieux. Ils se sont très vite synchronisés et depuis le temps elle a du mal à résister devant une telle invitation de sa part.


Dans ces ébats, Lisa laisse ressortir toutes les émotions que suscitaient en elle Allan, elle se permet de faire tout ce qu’elle avait souvent fait ou imaginé faire avec lui. Pensant ainsi effacer de sa mémoire toute trace de souvenir qui pourrait la ramener à lui. Essayant de remplacer chaque souvenir avec Allan par un autre avec Joël. Ce serait beaucoup plus facile de se détacher ensuite de ce dernier, pense- elle.  


C’est ainsi qu’ils font l’amour durant toute la nuit. Joël est si agréablement surpris qu’il n’a guère envie de se soucier de ce qu’il peut bien se passer chez lui, de comment il ferait pour aller au boulot le lendemain. Il vit quelque chose de si intense que plus rien ne compte à ses yeux.


Il est presque huit heures du matin lorsque Lisa ouvre les yeux. La nuit a été si intense, elle ne s’est pas elle-même reconnue dans ces performances lithiques. Elle sent des crampes dans ses muscles qui ont été abusivement sollicités et essaie tant bien que mal de se redresser sur le lit. Elle pose les pieds sur ses pantoufles et se lève, mais soudain ses jambes se mettent à trembler et elle s’écroule sur le sol. Joel sort de la salle de bain et accoure à son secours. Il la tient par les épaules et l’aide à se relever, puis l’installe sur le lit :

-(souriant) Je crois que nous y sommes un peu allés fort cette fois !


-(soupirant) Je ne te le fais pas dire…J’ai l’impression qu’un camion m’est passé dessus !


-Je ne sais pas ce qui t’a pris mais j’ai aimé. Je n’ai jamais rien fait d’aussi déjanté et d’aussi extraordinaire Lisa. Tu es vraiment un coffre à surprise, moi qui pensais pourtant avoir tout vu de toi !


-Joël je…


Il se relève et va prendre le plateau posé sur la table. Il vient ensuite arranger les oreillers et l’inviter à mieux s’installer avant de déposer le plateau sur ses jambes :


-Tu peux petit-déjeuner au lit et te rendormir pour te reposer. Je me suis permis de fouiller un peu dans ta cuisine. J’espère que ce sera appétissant, je n’ai pas fait la cuisine depuis longtemps et je crois que je suis déjà un peu rouillé.


Elle fronce les sourcils et le regarde faire, imperturbable. Il lui donne ensuite un baiser et ajuste correctement sa cravate avant de prendre son trousseau de clé et son portefeuille :


-(l’embrassant à nouveau) Bon j’y vais chérie. Prends soin de toi.


Elle le voit se diriger vers la porte et son cœur fait un tilt. Tout ceci ressemble tellement à ce qu’il est censé se passer dans ses rêves. Cette soirée, cette matinée et Joël qui se conduit exactement comme l’homme dont elle a toujours rêvé. Pendant quelques minutes elle ose, oui elle ose imaginer sa vie avec Joël, à quoi ressemblerait son quotidien s’ils se mariaient. Elle regarde le plateau si bien garni. Une omelette avec des tranches de saucisson, quelques tanches de pain grillé à la poêle, un bol de lait avec des céréales aux flocons d’avoine. Au centre de tout cela, il a pris le soin de déposer une petite fleur sans doute cueillie dans la petite haie qui borde la cité, quelle délicate attention !Elle prend la fourchette et en prends une bouchée, plutôt délicieux pour un homme qui dit être déjà rouillé !


Lisa déguste le plat avec appétit, après quoi elle se lève et dépose le plateau sur la table avant de revenir se jeter dans le lit. Elle pousse un long soupir avant de plonger son visage dans l’oreiller encore imprégnée de l’odeur de leurs deux corps nus : 


« Lisa ressaisis toi !! Tu ne peux pas !! Ce n’est pas envisageable !! Ressaisis-toi bon sang !! »


A suivre…


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