Chapitre 4 - Amours

Ecrit par NafissaVonTeese

« On passe une moitié de la vie à attendre ce qu’on aimera et l’autre moitié à quitter ce qu’on aime. » Victor HUGO

 

Qu’est-ce que c’est l’amour ? Tout le monde en parle, certains se disent le vivre, mais qu’en est-il vraiment ?

 

- Dans une heure je vous avais dit ! s’écria Fadiga sans retirer son regard du papier entre ses mains, qu’il lisait attentivement.

 

- Dans une heure, il sera trop tard !

 

Il leva la tête et posa son papier sur son bureau avant de me fixer des yeux. Apparemment, il ne s’attendait pas du tout à me voir. J’étais restée adossée à la porte, les bras croisés et le sourire aux lèvres.

 

- Sortez immédiatement de mon bureau ! Et puis vous êtes qui vous ?

 

J’avais fait semblant de ne pas l’avoir entendu avant de me retourner pour fermer la porte à clé et de retirer celle-ci de la serrure. Je m’étais avancée jusque devant lui avant de mettre la clé dans mon soutien-gorge.

 

- Mesure de sécurité ! lui avais-je lancée avant de faire le tour de son bureau pour m’asseoir dessus, juste à coté de lui. Il m’avait observé, pensif durant quelques secondes avant de prendre calmement le combiné du téléphone posé sur sa droite.

 

- Oups ! Plus de tonalité depuis une heure, ni internet d’ailleurs. Un petit problème technique…

Il posa aussitôt le téléphone avant de faire reculer sa chaise pour se lever.

 

- Je ne te le conseille pas !

Il s’arrêta net et me fixa des yeux avant de me dire, tout en rire :

 

- Tu crois pouvoir m’intimider avec ton arrogance démesuré petite effrontée ? Je sais qui tu es. Cet idiot de Malick m’a parlé de toi et j’avoue que je m’attendais à rencontrer une bonne femme coriace, à l’apparence dangereuse.

 

Pendant qu’il faisait son intéressant, je m’étais glissée sur la table jusqu’à son niveau pour lui faire face.

 

- Les apparences peuvent être trompeuses… Au moins, nous sommes d’accord sur un point. Il faut être vraiment con pour se taper une fille dans un endroit pareil sans s’inquiéter de se faire griller. Et toi, quel secret caches-tu ?

 

Je commençais apparemment à l’agacer. Il tenta à nouveau de se lever quand je l’arrêtai en posant mon pied droit sur son torse pour le pousser avec son siège, contre le mur. Il était redevenu d’un coup calme. J’avais jeté un coup d’œil à ma montre attachée au poignet et il était 17h14.

 

- Quelque chose me dit que tu n’as pas du tout envie de quitter cette pièce mon cher Fadiga ! Figures-toi que moi non plus. Alors que proposes-tu pour passer le temps ?

 

- Qu’est-ce qui m’empêcherait de te prendre la clé et de te jeter dehors ?

 

- Si tu en avais envie tu l’aurais déjà fait. N’est-ce pas ?

 

- Gagné !

 

Il paraissait un peu trop détendu, ce qui ne me rassura pas. Je m’étais levée et avais commencé à faire le tour de la pièce, faisant claquer fort mes talons contre le plancher en bois pour l’agacer. Il me suivait des yeux, attendant la suite des événements.

 

- Tu crois en l’amour Fadiga ?

 

Il était apparemment décidé à rester dans le silence.

 

- J’avoue que la question n’est pas très facile… Je vais t’aider un peu en te racontant une petite histoire. Partant ?

 

Toujours pas de réponse.

 

- Il y’a quelques années, j’avais une amie qui comptait énormément à mes yeux, elle s’appelait Awa. Son père avait décidé du jour au lendemain de refaire sa vie avec la meilleure amie de sa fille aînée, qui avait à peine 19 ans : Rama. Cette dernière avait trahi la confiance de toute la famille en échangeant l’amitié et la confiance contre quelques billets que pouvait lui donner un homme qui avait l’âge de son père. La famille avait essayé d’étouffer l’histoire, mais Rama n’était pas du genre à se cacher. Elle s’affichait aux bras de son vieux et tout nouveau mari, dont elle se moquait sans gêne en l’appelant « l’ancêtre », devant tout le monde. Fatou, la maman de Awa n’a pas tardé à faire ses valises pour retourner dans son Guinée natale afin de ne plus avoir à supporter sous son toit et celui de ses enfants, les caprices de sa nouvelle co-épouse. Ses enfants n’ont pas tardé à la rejoindre. Une semaine après la fin de l’année scolaire, c’était à leur tour de faire leurs valises, sous les yeux enchantés de Rama. En un temps record, elle avait réussi à obtenir de son « ancêtre », un appartement luxueux en centre-ville de Dakar, une belle voiture et un compte bancaire bien garni, qui lui permettait de passer ses journées à faire les boutiques et à se payer tout ce qui lui passait par la tête. A croire que l’amour rend idiot en plus de rendre aveugle. Leur idylle n’a pas duré plus de onze mois. Le train de vie du couple les avait ruiné. Tonton Alassane, le père de Awa, lui avait demandé de vendre l’appartement puisqu’ils vivaient dans sa maison, de faire des économies et de se trouver un travail, mais ce n’était pas le mode de vie qui convenait à la jeune princesse. Un soir, une violente dispute avait éclaté.

 

J’étais dans ma chambre et je les écoutais, très amusée. Des verres avaient été cassés et des mots un peu déplacés, échangés. Le lendemain matin de bonheur, c’était au tour de Rama de s’en aller et d’après ce que je sais, elle n’est plus jamais revenue. Le dossier de « l’ancêtre », avait été clos !

Fatigua écoutait calmement assis sur son siège. Fatiguée de faire les cent pas, j’étais allée m’asseoir sur l’une des deux sièges visiteurs faisant face à son bureau et à lui. Il me regardait sans laisser paraitre une seule expression sur son visage. Vu qu’il faisait preuve d’une patience dont je ne m’attendais pas, j’avais décidé de continuer à en abuser. J’avais repris :

 

- Cette histoire avait commencé à changer mes idées concernant l’amour mais ce n’était rien face à ce que je m’apprêtais de vivre. Papis ! Voilà le nom que porte la toute première pierre parmi tant d’autres qui ont construites ma désillusion face à l’amour. Quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois à l’entrée principale de l’université de Dakar, je n’osais même pas imaginer que notre amitié allait laisser place à une histoire d’amour. J’étais en classe de Première quand j’ai été sélectionnée pour représenter mon lycée à un concours de mathématiques. Il avait repéré mon air soucieux dès mon arrivée à l’université. Je n’avais pas la moindre idée sur le chemin à emprunter pour me rendre à l’Ecole Supérieur Polytechnique, et je savais encore moins comment allais-je faire pour trouver leur amphithéâtre. Il était venu gentiment vers moi en me disant qu’il était certain que c’était la première fois que je venais dans cet endroit. Il m’avait demandé d’un air amusé : "Quelle est ta destination étrangère ?".

 

– "Ça se trouve où l’ESP ?" lui avais-je dite toute innocente.

 

– "De l’autre côté de la ville !" Dit-il en riant. Il était le seul à trouver sa réponse drôle mais je m’efforçais de sourire.

 

– "Viens, je t’accompagne !" ; et c’était parti pour une longue route qui ne s’était pas terminée à l’entrée de l’ESP.

 

En 10 minutes de marche, nous avions parlé de nos études et nos projets professionnels. Je lui avais fièrement révélée que je participais au concours du Comité Internationale des Jeux Mathématiques et que si jamais je me retrouvais parmi les trois premiers, j’allais pouvoir étudier dans l’université européenne de mon choix, tous frais payés. Il semblait impressionné, et m’avait certifié que rien ne valait mieux que des études supérieures en psychologie. Il paraissait passionné par ces études. Arrivés à destination, il m’avait demandé l’heure à laquelle je sortais pour qu’il passe me chercher. Je ne pensais pas qu’il était sérieux mais il était bien devant la porte de l’amphithéâtre, 3h plus tard à m’attendre. Il m’avait proposé de déjeuner avec lui et ses amis avant de me raccompagner jusqu’à chez moi. Il avait précisé "une aussi belle et intelligente femme n’avait pas à aller où que ce soit, sans protection rapprochée". Impressionnée par sa sympathie, j’avais accepté avec plaisir. Nous avions déjeuné ensemble et une fois de plus, il avait tenu sa parole en me raccompagnant jusque devant ma maison. Il m’avait promis de passer me prendre durant le week-end pour qu’on aille se promener sur la corniche, histoire de faire plus empalement connaissance, puis il avait déposé un petit baiser sur mes lèvres en guise d’au-revoir. C’était une grande première pour moi d’accorder autant d’attention et de confiance à un inconnu, mais il avait quelque chose de spécial et cela me plaisait.

 

Papis aimait se vanter de ses capacités à obtenir tout ce qu’il voulait, quand il le voulait, et cela le rendez extrêmes séduisant à mes yeux. C’était un homme assez impressionnant. Il était bien éduqué, cultivé et avait un charisme sans limite. Je ne m’étais jamais trouvée ni belle ni attirante aux yeux des hommes avant de le rencontrer. Il avait su me convaincre qu’au-delà de l’image que la plupart des personnes que je connaissais avaient de moi, j’étais une femme à part entière, qui méritait d’être considérée en tant que telle. Rapidement, nous nous sommes attachés l’un à l’autre et sans même que je m’en rende compte, nous étions devenus inséparables. Il n’était pas du genre à perdre son temps ; m’avait-il dit avant d’ajouter :

 

- "Tu sais, quand je veux un truc, je ne lâche pas tant que je ne l’ai pas ; et là, c’est toi que je veux.". A l’époque je n’avais que 16 ans et je trouvais cela « vachement romantique ». Il n’était pas un saint et avait plein de défauts qu’il ne prenait pas la peine de cacher mais il savait me faire rire de n’importe quelle situation.

Le temps passait et je devenais de plus en plus attachée à lui. Je n’arrivais plus à m’en passer alors que lui, donnait l’impression de vouloir s’éloigner de moi. Ses examens à l’université devenaient de plus en plus fréquents, ses amis de plus en plus encombrants, jusqu’à ce qu’on ne se voyait plus qu’une fois toutes les deux semaines. Cela était peu pour moi, mais assez pour que je me rende compte en un matin de Juin, qu’il était fort probable que je sois enceinte. Dès mes premiers soupçons je lui en avais parlée. Sur le coup il n’avait prononcé aucun mot et avait raccroché son téléphone après quelques secondes de silence.

 

Nous sommes restés une longue semaine à s’ignorer jusqu’à ce qu’il m’appelle pour me donner rendez-vous dans son logement universitaire. Il voulait que je le rassure sur le fait que je n’allais pas "gâcher sa vie en lui faisant un bébé au mauvais moment" m’avait-il dit. A sa grande surprise, je lui avais assurée que je comptais bien garder mon enfant, notre enfant. Il n’en voulait pas, m’avait-il certifié en premier lieu, avant de changer d’avis quelques jours plus tard. Je ne savais pas ce qui avait bien pu causer ce changement soudain mais il voulait désormais être papa et cela me réjouissait.

 

Je me demandais comment est-ce que j‘avais pu en arriver là ? Je n’en avais pas la moindre idée mais je me sentais prête à mettre au monde un enfant. J’avais peur, très peur, mais je prenais cet enfant, comme une seconde chance, un moyen de combler le vide que la perte de ma maman avait causée, trois années plus tôt.

Papis m’avait demandé de n’en parler à personne, le temps qu’il s’organise. « S’organiser ». C’est le mot qu’il avait donné à ce qu’il s’apprêtait à faire.

Un après-midi de Vendredi, en dernière heure de cours, je me suis évanouie en classe. Je me suis réveillée deux heures plus tard aux urgences. L’infirmier qui s’était occupé de moi m’avait appris que mon malaise était dû à l’accès de pilules que j’avais pris.

 

- "Quelles pilules ? ", avais-je demandée avec peine, avant de me souvenir de celles que m’avait donné Papis pour éviter les nausées du matin, d’après lui.

 

– "Malheureusement, nous n’avons rien pu faire pour votre bébé. Nous n’avons pas encore réussi à joindre votre père. Nous vous gardons en observation jusqu'à demain matin. Si tout se passe bien, vous pourrez rentrer chez vous, mais avant, il va falloir qu’on réussisse à joindre un membre de votre famille." Je l’écoutais uniquement parce-que je n’avais pas la force de lui dire que ce qu’il racontait ne m’intéressait pas. Je pensais à mon bébé. Je ne m’étais rendue compte de rien, mais il avait réussi à me faire perdre mon bébé. Mon petit ami avait tué mon bébé.

 

J’avais la chance d’être seule dans la chambre. J’ai attendu que l’infirmier sorte pour prendre littéralement la fuite. J’étais ce soir là encore seule à la maison et pour la première fois je m’en réjouissais. Si tout se passait comme d’habitude, il n’allait y avoir personne à part moi à la maison durant tout le week-end ; et ce fut le cas. Je ne demandais jamais à mon père où il passait ses week-ends depuis la mort de maman. Il y avait comme un mur qui s’était érigé entre lui et moi. On essayait de cohabiter mais rien de plus. Je n’arrivais plus à lui parler, ni à le regarder dans les yeux comme avant. Au début il ne faisait que manger à la maison et au final il partait les vendredis soirs et revenait le lundi après le travail.

 

Le dimanche soir j’avais enfin eu la force de composer le numéro de Papis sans pour autant appuyer sur la touche d’appel, avant de reposer le téléphone. Silence radio ! Le temps passait et je ne cherchais plus à avoir des explications de sa part, je voulais tout simplement qu’il paye pour ce qu’il nous avait fait, à moi, et à mon bébé.

 

Je n’avais pas remarqué que je fixais, silencieuse, le mur, perdue dans mes pensées, jusqu’à ce que Fadiga soupire.

 

- Pourquoi me racontes-tu tout ça ?

 

- Dis-moi maintenant si tu crois en l’amour ? Parce que moi, je n’y crois plus !

 

Il s’était levé et avait fait le tour de la table. Il s’était arrêté derrière moi, fit tourner le siège pour que je lui fasse face, avant de se mettre à genoux et de commencer à déboutonner les boutons de ma chemise.

 

- Ce que je crois petite garce, je n’en ai absolument rien à foutre !

 

Je le laissais faire en souriant. Quand il arriva au quatrième bouton, l’alarme incendie commença à sonner. Il jeta instinctivement un œil au plafond avant de se retourner vers moi.

 

- Je ne pense pas qu’il va pleuvoir aujourd’hui ! Le système est en panne. Décidément, il n’y a pas grande chose qui marche dans cet hôtel.

J’avais commencé à reboutonner ma chemise quand il se leva et se dirigea vers la porte. Il essaya de l’ouvrir, en vain. Il se retourna vers moi alors et me jeta un regard foudroyant.

 

- Donne-moi la clé.

 

- Pas de panique. Il n’y a pas le feu ! Enfin si ! Il y’a le feu.

 

Je riais aux éclats en me levant quand il me gifla de toutes ses forces, ce qui me fit tomber sur le siège. Il commença à nouveau à déboutonner ma chemise.

 

- Donne moi cette foutue clé !

 

- Je lui ai changée de cachette !

 

Il m’attrapa par les épaules avant de m’attirer vers lui. Il commençait à avoir du mal à respirer mais essayait tant bien que mal de le cacher.

 

- Donne-moi la moi ou je te tue.

 

- Si je crève, tu crèves avec moi alors restes calme.

 

Il était considérablement énervé. Il se dirigea à nouveau vers la porte et tenta de la forcer.

 

- De la bonne qualité ! Je ne pense pas qu’elle va céder. Et puis il est où ton personnel ? J’espère qu’ils ne sont pas entrain de se casser sans se préoccuper du boss. Ils sont certainement entrain de se dire : « qu’il crève, on s’en fout ; mieux vaut sauver notre peau plutôt que celle de cet imbécile de nouveau riche qui se prend pour le centre du monde ! ».

Pendant que je parlais en faisant tourner mon siège sur lui-même, il était allé se réfugier derrière son bureau. Il avait ouvert le dernier tiroir et fouillait dedans.

 

- On cherche quoi ? Ça ? C’est seulement là qu’il se rendit compte que je lui pointais son arme.

 

- Tire ! Tire petite garce ! Qu’est-ce que t’attends ?

 

La fumée commençait à occuper la pièce et la chaleur était montée d’un cran. Il s’avançait doucement vers moi en jurant qu’il allait me faire regretter d’être né, avant de me tuer de ses propres mains. Je continuais à pointer l’arme vers lui. Il commençait à faire sortir de sa bouche grande ouverte, de petits bruits comme s’il s’efforçait à faire entrer dans ses poumons de l’air par tous les moyens

- On dirait un poisson hors de l’eau ! Je me demande qu’est-ce qui va te tuer en premier, une balle en pleine tête, les flammes ou ton asthme ?

 

Il était juste devant moi, mais n’arrivait à rien faire. Il avait du mal à se tenir debout et s’appuyait sur ses genoux pour tousser et essayer de respirer.

 

- Tu sais Fadiga, on dit « soyez proche de vos amis et encore plus de vos ennemis. » Quand je suis venue dans ton hôtel, c’était pour me rapprocher de toi, puis je suis tombée sur Malick. J’espère qu’il a eu droit à un prix d’ami pour toutes ses réservations. Ici, c’est un peu comme sa deuxième maison !

Il était tombé par terre et avait de plus en plus du mal à respirer. Je m’étais mise à genoux devant lui, l’arme baissée.

 

- Dis-moi ce que tu sais sur la mort de ma mère et je fais sortir d’ici vivant.

Il essayait de parler mais n’y arrivait pas.

 

- Dis-moi tout et je te laisse retrouver tranquillement ta petite famille.

 

- Rien !

 

- Tu mens ! Tu étais le confident de maman et je sais que c’est avec toi qu’il a passé la matinée du jour de sa mort. Tu sais forcément quelque chose !

Je ne m’étais pas rendue compte que j’étais entrain de crier pendant que lui commençait à fermer les yeux. Les sapeurs pompiers n’allaient certainement pas tarder à se pointer, il fallait qu’il parle, et vite.

 

- Qui a tué maman enfoiré ?

 

Il essayait de parler mais n’y arrivait toujours pas. Il n’allait certainement rien me dire. J’avais pris la clé rangée dans la poche arrière gauche de mon jean avant de courir vers la porte. Le moyen le plus sûr de quitter les lieux sans me faire remarquer, était de rejoindre le sous-sol et de passer par la porte de service à l’arrière du bâtiment.

 

Après toutes les peines que je m’étais donnée, je venais de perdre l’unique chance que j’avais trouvée pour découvrir la vérité sur la mort de maman.

 
Tu lui diras que tu...